Shevanti ou le chemin des possibles
298 pages
Français

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Shevanti ou le chemin des possibles , livre ebook

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Description

On découvre l’héroïne du récit, Shevanti, en 1969, sur la plantation de citronniers de son père, sur l’île de la Trinité-et-Tobago, à l'âge de 7 ans. Née d’un père trinidadien, descendant d’esclaves africains, et d’une mère de descendance indienne, elle est le reflet du métissage de la population trinidadienne. Son père l’adore mais ne comprend pas pourquoi elle s’intéresse tant à l’école. Naît alors un combat entre ce père fier de son lopin de terre et cette petite fille qui a de grandes ambitions. Shevanti bénéficie du soutien indéfectible de sa mère, de sa grand-mère et du directeur de son école.
L’auteur nous entraîne dans le labyrinthe d’un parcours exceptionnel, où le courage et la détermination triomphent. À travers vents et marées, Shevanti fait tomber les frontières de la discrimination et de l’impossible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334106283
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-10626-9

© Edilivre, 2015
Note de l’auteure
Le roman que vous vous apprêtez à lire est basé sur une histoire vraie. Toutefois, les noms ont été changés afin de respecter et de préserver la vie privée des personnes qui ont inspiré mes personnages. Plusieurs lieux et événements relèvent de la fiction.
Blanchisseuse, Trinité-et-Tobago 1969 Les vacances d’été
Ce sont les vacances scolaires ! Grimpée dans l’immense chêne de sa cour arrière, son arbre préféré, Shevanti, tourne une à une les pages du gros dictionnaire qui repose sur ses petites cuisses basanées, en prenant bien soin d’y lire tous les mots. Le feuillage la tient à l’abri des rayons brûlants du soleil d’après-midi. À 7 ans, elle a une soif d’apprendre peu commune et ici, dans son arbre, à l’abri des critiques de son papa, de l’incompréhension de sa maman, et loin de son grand frère, elle est heureuse. Il n’y a qu’auprès de sa grand-mère Lakshmi qu’elle se sente bien. Elle ne la gronde jamais. Elle lui raconte des histoires fascinantes d’un pays lointain qui s’appelle l’Inde, et Shevanti est toujours captivée par les récits de sa grand-mère.

– Grand-mère, lui demande Shevanti, qui a quitté son arbre, pourquoi t’es née en Inde et ton papa et ta maman, ils ne sont pas restés là-bas ?
– Parce qu’il n’y avait plus de travail dans mon pays pour les gens de notre caste.
Voilà pourquoi.
– C’est quoi une caste, grand-mère ?

– Tu es bien jeune pour que je t’explique tout ça, ma petite. Les castes, c’est comme une échelle où tu retrouves, tout en bas, les gens les plus pauvres, qu’on appelle les « intouchables », sur la deuxième marche de l’échelle, ce sont les paysans et les artisans, sur la troisième marche, on retrouve les commerçants, les marchands et les petits fonctionnaires, sur la quatrième marche ce sont les guerriers et les législateurs et sur la marche la plus haute, trônent les brâhmanes, ou si tu préfères, les prêtres.
– Et toi, grand-mère, sur quelle marche tu étais alors ?
– Sur la plus basse, la première marche, petite Shevanti. Nous étions très pauvres et ne trouvions plus de quoi nous nourrir.
Le visage de Shevanti se rembrunit.
– Est-ce que tu t’en souviens grand-mère ? Comment vous avez fait pour venir jusqu’ici ?

– J’étais très jeune, mais je me souviens que nous dormions sur le trottoir à Bikaner, non loin de Delhi en Inde, et que j’avais le ventre creux, car nous n’avions rien à manger. Malgré tout, nous devions trouver du lait pour nourrir les rats, car ils sont des divinités en Inde. Et un jour, nous avons pris un bateau, mon père, ma mère, mon frère et mes trois sœurs. C’était très sale et ça puait. Il faisait toujours noir et très chaud. On nous donnait de l’eau pas très propre pour boire et du pain ranci pour manger. Beaucoup de gens vomissaient, c’était dégueulasse. Et puis, deux de mes petites sœurs sont mortes et les matelots ont jeté leurs petits corps par-dessus bord. Mon père et ma mère pleuraient. La traversée était interminable. Puis, nous avons fini par arriver.


Mes parents se sont trouvé du travail dans les plantations de coton et de canne à sucre. Ils travaillaient 14 à 16 heures par jour pour presque rien, mais au moins, nous étions nourris et logés. Depuis le milieu du XVIII e siècle, l’esclavage a été aboli sur l’île, mais nous étions les nouveaux esclaves, sauf que nous étions payés et qu’il était « officiellement » interdit de nous frapper. On nous appelait « Les Douglas ». Et petit à petit, nous nous en sommes sortis. Et voilà, moi je suis ici depuis ce temps. J’ai rencontré ton grand-père, qui était aussi Indien, sur une plantation de canne à sucre, et nous nous sommes mariés.
Soudain, Shevanti entend son père qui l’appelle. Elle doit aller aux champs cueillir les citrons. Elle n’en a pas du tout envie, mais elle n’a pas le choix. Elle déteste les citrons ! Elle embrasse sa grand-mère sur la joue et va rejoindre son père. Kyle son grand frère, est prêt. Il a un grand panier accroché dans son dos et attend que Shevanti monte dans l’escabeau, cueille les citrons et les dépose dans son panier. Malgré ses mains toute menues, Shevanti sait manipuler le sécateur et couper la tige au plus près de l’écorce, pour ne pas blesser le fruit. Elle a bien appris sa leçon, bien qu’elle déteste ce travail. Mais elle a fait un pacte avec son père : si elle vient travailler au champ avec Kyle et lui, il la laissera lire tous les livres qu’elle désire dans son arbre, et elle pourra aussi s’inscrire au marathon de l’île qui aura lieu très bientôt. On ne peut pas dire que Shevanti soit sportive, mais elle adore courir et dans son groupe d’âge, elle est championne.
Brendan, le père de Shevanti, a beaucoup de difficulté à suivre sa fille. Pourquoi est-elle si avide d’apprendre et de faire des choses qui ne lui serviront à rien, lorsqu’elle prendra sa relève avec Kyle, dans la plantation ? Personnellement, il serait plus sévère avec elle, mais Kimaya, sa femme, et Lakshmi, sa belle-mère, lui laissent tout passer.
Après que son travail au champ soit terminé, Shevanti court demander à sa mère si elle peut aller à la bibliothèque du village à vélo.
– D’accord, Shevanti, mais je veux que tu sois revenue pour le souper. Tu m’as comprise.
– Merci ! Merci, maman ! Promis. Je reviens pour le souper.
Kimaya regarde sa petite fille enfourcher sa vieille bicyclette, l’air heureux, et elle sourit. Si jeune, et si allumée ! Certes, elle lui ressemble physiquement, avec sa peau brune, légèrement verdâtre, ses grands yeux de geai aux cils fournis et ses longs cheveux noirs et lisses. Elle a toutefois la négritude des traits de son père : les ailes du nez légèrement écartées et les lèvres pulpeuses. Mais leur ressemblance s’arrête là. Alors que Kimaya était soumise, obéissante et ne se posait aucune question quant à son avenir, qui semblait déjà tout tracé, Shevanti est rebelle et curieuse. Kimaya admire sa fille en silence. Dans son cœur, elle sait qu’elle fera son chemin dans la vie, mais elle est loin d’être certaine que ce sera le chemin que Brendan veut qu’elle emprunte.
Kyle est plus docile et a une admiration sans bornes pour son père. Il observe toutes ses consignes à la lettre et intègre tous ses conseils et ses enseignements. C’est pour lui un honneur de savoir d’ores et déjà que la plantation lui appartiendra, avec sa sœur, bien sûr. Il déteste l’école, mais Kimaya tient à ce qu’il se rende en 12 e année, ce que ne comprennent pas Brendan et Kyle. Planter, entretenir et cueillir des agrumes ne demande pas une 12 e année. Pour eux, c’est du temps perdu. Chaque fois que Shevanti entre dans la petite bibliothèque de Blanchisseuse, c’est comme si elle franchissait les portes du paradis. Le silence y règne, la pièce est baignée de soleil, et les étagères débordent d’histoires fabuleuses. Elle s’y balade tranquillement, effleure les livres, les regarde avec adoration, avant d’arrêter son choix sur LE PETIT PRINCE de Saint-Exupéry et LE LIVRE DE LA JUNGLE de Rudyard Kipling. Soudain, elle regarde l’heure. 18 heures ! Maman va me gronder. Elle se précipite sur son vélo et pédale à toute allure, ses deux nouveaux bouquins dans le petit panier fixé aux guidons de sa bicyclette.
Tout le monde est déjà assis à table lorsqu’elle entre dans la maison. Elle fait vite pour se laver les mains et rejoindre sa famille. Son père, qui prend sa dernière gorgée de Carib (bière locale) la regarde avec de gros yeux, et le soupir de Kyle en dit long. Kimaya, qui n’a pas envie d’une discussion désagréable pendant le souper, s’empresse de dire à Shevanti :
Je t’ai préparé ton repas préféré, Shevanti : un macaroni Pie (gratin de pâtes, d’œufs et de fromage) et tu pourras boire un sea moss (milk-shake à base de fruits et d’algue séchée) au dessert.
Merci maman ! Je vais me « pour lécher ».
Toutes les têtes se tournent vers Shevanti. Kyle lui lance un regard interrogateur, tandis que son père lui répond brusquement :
Mais qu’est-ce que c’est que ce mot ? Mademoiselle utilise maintenant un langage de riches que personne ici ne comprend ?
– Mais non papa ! C’est un nouveau mot que j’ai trouvé dans le dictionnaire et j’ai tout de suite aimé comment il sonnait à mes oreilles et…
Lakshmi la coupe pour ajouter :
– Et ça veut dire se régaler, se délecter.
– Où avez-vous appris ça, vous Lakshmi ? Toujours bien pas à l’école – ? la questionne Brendan.
– Dans les livres, mon cher Brendan, dans les livres. – Et elle tape un clin d’œil à sa petite-fille.
Shevanti, qui veut changer de sujet, demande tout bonnement à son père :
– Papa, est-ce que toi, tu as déjà été un esclave ici ?
Brendan, les yeux écarquillés, s’étouffe avec sa bouchée.
– Un esclave ! Mais peux-tu me dire où tu as pris ça ? Je vous jure que cette enfant va me rendre dingue.
– C’est grand-mère qui m’a raconté qu’avant, il y avait des esclaves sur l’île et ils travaillaient dans les plantations de coton et de canne à sucre, mais pas dans les citrons.


– Bon, comme je ne veux pas que tu colportes n’importe quoi sur les origines de ta famille, je vais te raconter brièvement d’où je viens. Avant que Christophe Colomb ne débarque sur Trinité en 1498, l’île ne comptait que des amérindiens, des Arawak et des Caraïbes. Pendant plus d’un siècle, l’île ne fut pas colonisée, mais les Espagnols procédèrent à plusieurs raids esclavagistes, décimant grandement la population indigène. Tu sais, Shevanti, l’homme blanc a toujours eu peur de tout ce qui n’est pas de la même couleur que lui. Shevanti écoute son père religieusement, qui se livre pour la première fois à de telles révélations. Kyle demande plutôt à sa mère la p

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