Anita Conti : 20 000 lieues sur les mers
213 pages
Français

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Anita Conti : 20 000 lieues sur les mers , livre ebook

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Description

Anita Conti, pionnière de l’océanographie, grand photographe et écrivain, a sillonné les mers froides et tropicales à bord des bateaux de pêche et marqué près d’un siècle de vie maritime. En 1939, première femme embarquée au service de la Marine nationale, elle participe au déminage du port de Dunkerque, avant de partir pour l’Afrique où l’attendent missions humanitaires, chasse aux squales et décolonisation. Sensibilisée au problème de la faim et au gaspillage des ressources, elle s’élance vers l’Atlantique Nord à bord des terre-neuvas avant de rejoindre Cousteau au Musée océanographique de Monaco…« Il faut cesser de piller l’océan », « Nous devons penser aux générations à venir »… Cette femme au destin exceptionnel avait pressenti la nécessité du développement durable. Son combat est plus que jamais d’actualité.À partir d’archives inédites, Catherine Reverzy nous livre le magnifique portrait d’une femme hors du commun, libre et passionnée, dont la vie fut entièrement tournée vers l’océan. Catherine Reverzy est psychiatre et écrivain. Elle est l’auteur de Femmes d’aventure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 septembre 2006
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738188618
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CATHERINE REVERZY
ANITA CONTI
VINGT MILLE LIEUES SUR LES MERS
 
© Odile Jacob, septembre 2006 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8861-8
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Première partie. LE TEMPS DES SPLENDEURS
1. Un entourage stimulant, une éducation européenne
1900-1914 : la mer et les voyages dès l’enfance
1914-1918 : une adolescence pendant la guerre
2. En quête d’un vrai soi
1921-1929 : conquérir son indépendance
1930-1934. Lettres, arts et sciences : une créativité foisonnante
3. L’océan et l’océanographie : de la passion à la connaissance scientifique
Une femme chez les océanographes (1934-1939)
Vers le nord, les mers froides
Seule avec tous ces marins ?
Deuxième partie. LE TEMPS DE L’AUDACE
4. Dans la mêlée
Des chalutiers aux dragueurs de mines (octobre 1939-mai 1940)
Dunkerque : mai 1940
Cap sur l’Afrique
5. Espoirs et Désillusions
Une océanologue au service des hommes (1942-1945)
1945-1949. La Guinée, les pêcheries. L’homme est un prédateur
Troisième partie. LE TEMPS DES RÉCOLTES
6. Revenir à soi
Retour d’Afrique (1949-1952)
7. Témoigner : Racleurs d’océans
L’élan
Naissance d’un écrivain
Retombées
8. Se souvenir : Géants des mers chaudes
Retour à l’Afrique
Aventure et questionnement
9. À la poursuite du requin pèlerin
Observer
S’engager
10. 1962-1970 : de Monaco à l’aquaculture
L’aube de la solitude
Pionnière de l’aquaculture
11. Transmettre L’Océan, les Bêtes et l’Homme
Confession d’une femme de mer
Océanologue et visionnaire
Quatrième partie. LE TEMPS DES SOLITUDES
12. Une vieillesse ardente
Quand le temps s’accélère
Faire face
Conclusion. Courants et contre-courants
Notes
Sources
I) Archives du fonds Anita Conti conservées aux Archives municipales de Lorient
II) Archives privées
III) Témoignages
IV) Ouvrages et publications d’Anita Conti
V) Livres, brochures et articles de journaux publiés sur Anita Conti
VI) Cassettes vidéo et filmographie
VII) Documentation personnelle
VIII) Documentation Internet
Bibliographie
Table des sigles
Index géographique
Index des noms propres
Index des noms de bateaux
Index de la faune, de la flore, de l’environnement
Remerciements
DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Crédits photos
Introduction
 
24 mai 1940. Les Allemands commencent à pilonner Dunkerque. Les panzers, campés sur les falaises, tirent sur les navires. Ordre est donné de se replier sur Douvres. Dans l’avant-port et sur les plages, les troupes anglo-françaises sont évacuées par gros temps. Sous le feu de la Luftwaffe, plus de mille bateaux font la navette. Quais et rivages sont jonchés de cadavres. Derrière les incendies des réservoirs et les murs de fumée, au loin, on ne voit même plus la ville en flammes. L’étau se resserre. C’est l’enfer. L’horreur de l’attente sur les plages, où les troupes dressent des hôpitaux de fortune.

  Sur place, à bord des chalutiers réquisitionnés, repeints en gris : Anita Conti. Mandatée en journaliste par le ministère de la Marine, mais aussi parfaitement amarinée, formée à l’océanographie, connaissant les fonds, les courants et les dérives, elle est la première femme affectée sur les bateaux militaires. La quarantaine au regard pétillant, courageuse, déterminée, elle galvanise les équipages : marins-pêcheurs et commandants de bord lui font confiance. Au moment du déminage du chenal de Dunkerque, en novembre, elle était là, déjà, avec eux. On avait tenté de la dissuader, mais… « À terre pendant que mes camarades courent des risques, endurent des souffrances quotidiennes ? » Impensable. Trois fois, tandis qu’elle était sur le pont, les bateaux avaient sauté sur des mines. Elle avait sauvé ses pellicules, heureusement. En ces jours terribles de mai, au milieu des hommes qui se ruent vers les bateaux, ce n’est pour elle que le travail qui continue. Dans ces petits carnets qu’elle porte toujours sur elle, elle note, très brièvement, ce qu’elle voit, entend, tout ce qui la traverse. Les ponts fracassés, les coques qui explosent, le crépitement des mitrailleuses, le silence qui suit dans lequel pointent des voix. Entre les mots qui disent la dureté du combat, surgissent des lignes poignantes et l’émotion de cette femme, dont la fierté, elle l’écrivit, fut d’accompagner les hommes jusqu’au bout :

« Dans le bombardement féroce, les pâles visages d’archanges tombés. Je me penche sur l’un d’eux, charmant, gêné : “Ah ! Vous êtes venue me regarder mourir ? Aidez-moi…” Et il se détendit doucement 1 . »
Aujourd’hui, les chiffres nous donnent la mesure du courage et de la douleur : huit jours durant, ils furent près de 350 000 à embarquer grâce aux marins et aux aviateurs français et britanniques, infatigables. Quarante-huit mille hommes furent sauvés, 6 000 périrent en mer… Rommel captura plus de 50 000 soldats, dont douze généraux. L’armée de la Somme dut céder. Ce fut la débâcle… Les Allemands envahirent la Bretagne, prirent Saint-Malo, Brest, Lorient et toute la côte.

  Avant que la ligne de démarcation ne coupe la France en deux, Anita Conti traversa la France en voiture, en vélo, parfois même à pied, direction Marseille et les côtes d’Afrique, où les bateaux de pêche et une tâche immense l’attendaient.

  De l’océan aux rivages, le destin d’Anita Conti (1899-1997) s’est construit sur l’eau, dans l’eau, à la croisée d’une personnalité hors du commun et des événements du XX e  siècle. De la génération des pionniers de l’océanographie, elle est un phare de l’histoire maritime française trop peu connue, et qui pourtant nous concerne tous, comme tout ce qui touche à l’océan. Ses travaux maritimes, ses articles de vulgarisation scientifique, ses photographies et ses films, enfin son œuvre d’écrivain de la mer constituent un témoignage irremplaçable des efforts des générations précédentes pour explorer et protéger ses ressources. Les médias ne cessent aujourd’hui de nous sensibiliser à la surexploitation des espèces marines, au réchauffement de la planète, à la pollution des eaux et rivages. Nous l’avons compris, la biodiversité des écosystèmes marins s’affaiblit à un rythme inquiétant, l’acidification des mers est telle que certains organismes ne pourront bientôt plus y subsister, la boucle du Gulf Stream qui tempère l’Europe a vu son débit se réduire de 30 % depuis 1957. Nous le savons, de grands programmes, comme celui d’Eur-Océans, doté de 40 millions d’euros sur quatre ans, sont actuellement en cours pour tenter de comprendre ces effets sur les ressources des fonds marins qui tardent de manière angoissante à se reconstituer. Mais nous ignorons, pour la plupart d’entre nous, que, dès les années 1920, les océanographes et l’Institut des pêches, le très officiel OSTPM, l’ancêtre d’Ifremer, dont Anita Conti fut une des personnalités les plus brillantes, avaient tiré la sonnette d’alarme. Si bien que la faire mieux connaître à travers ses travaux et ses combats, évoquer sa passion pour le monde des eaux qui est aussi celui du songe, ses espoirs et ses déceptions, témoigner de son audace et de sa liberté d’être, c’est, sous un angle original, nous interroger sur notre lenteur à prendre conscience de la gravité des problèmes que nous léguerons aux générations à venir, sur nos difficultés à progresser individuellement et collectivement vers plus d’humanité.

  Anita Conti fut aussi, et cette part d’elle-même n’est pas des moindres, l’amie solide et généreuse des marins-pêcheurs, qui l’appellent aujourd’hui encore « La Dame de la Mer ». Des bateaux, des lycées maritimes portent son nom. Tous se souviennent ou ont entendu parler d’elle comme d’une femme « très humaine », doublée d’une « scientifique ». Mais savent-ils qu’elle fut une relieuse d’art de grande renommée dans les années 1930, et renonça à ce talent, qu’elle considérait comme un « luxe inutile », pour se tourner vers l’océan ?

  J’ai voulu retracer l’histoire d’Anita Conti, tant il est vrai que les grands destins nous inspirent, nous élèvent et, pour certains, peuvent nous servir d’exemple. J’ai chronologiquement suivi et donc mêlé sa vie publique, sociale, professionnelle, et sa vie personnelle : elles sont inséparables. Et cette dernière jusqu’aux abords de ces paysages intérieurs que seules la force du langage, la richesse des images qui renvoient à l’élément liquide nous permettent d’entrevoir, de nommer. C’est là que nous rencontrerons Anita au plus près de sa vérité, celle d’une femme à la fois exceptionnelle et proche de nous. Nos traversées de l’existence ne se font-elles pas entre lumière et ombre, surface et profondeur, tempêtes et accalmies ? Qui de nous n’a touché le fond, refait surface, embarqué pour des lieux inconnus ou rêvé devant l’horizon ? Ne devons-nous pas souvent compter avec des vents contraires, voire subir les vents dominants ? Ne sommes-nous pas continuellement portés, influencés par toutes sortes de courants ? Enfin, raconter la vie d’Anita Conti, c’est prendre le parti de situer l’être de chacun de nous à l’interface du masculin et du féminin, de l’audace et de la sensibilité, de la volonté agissante et de la réflexion, voire de la rêverie. C’est mesurer aussi combien choix et engagements peuvent être complexes pour qui, riche de passions et de talents, aspire à se réaliser.

  Ni marin ni océanographe, j’aime les côtes, les vents, les ports. Promeneuse de toujours, je suis aussi grande consommatrice de poisson frais. J’avais lu Racleurs d’océans, Géants des mers chaudes, L’Océan, les Bêtes et l’Homme – ces trois livres, plusieurs fois réédités, qu’Anita Conti écrivit dans la seconde moitié de sa vie, quelques-uns de ses cent cinquante articles, parus dans la grande presse et dans des revues spécialisées. J’avais vu plusieurs expositions qui ont permis, à Dunkerque, Bordeaux, Lorient, Paris, de découvrir quelques-unes de ses 60 000 photographies, à l’origine à visée documentaire, pour certaines reconnues aujourd’hui comme des œuvres d’art. J’av

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