Ars Longa, Vita Brevis
332 pages
Français

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Description

« Ma lumière viendra peut-être au fil de ces pages, et j'espère qu'elle vous éclairera aussi un peu sur la vie, somme toute banale, d'un homme qui a toujours essayé de faire ce qu'il devait, en fonction de sa conscience, et de rien d'autre. » Le récit autobiographique du Docteur Joseph L.V.G. Dormal se lit comme une véritable leçon de vie. Après la révélation de sa vocation et ses années d'études à Liège, le médecin généraliste évoque les patients auxquels il est venu en aide au cours de sa longue carrière. Avec professionnalisme, il a su faire face à des situations aussi périlleuses que cocasses. Élevé dans l'ombre de son frère défunt, ses souvenirs familiaux mêlent joies et peines, allant de la naissance de ses deux fils à la mort prématurée de son père. Le lien indestructible qui l'unit à Mimie, son « seul et unique amour », constitue le fil rouge de son parcours. Il reste une place dans son existence bien remplie pour défendre son attachement aux valeurs de la franc-maçonnerie et pratiquer le tennis et la guitare. L'âge venant, plusieurs problèmes de santé perturbent son quotidien, mais n'entament pas son moral et sa détermination à savourer chaque instant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342158113
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ars Longa, Vita Brevis
Docteur Joseph L.V.G. Dormal
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ars Longa, Vita Brevis
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
À ma femme
À mes enfants
À Guillaume, Manon, Margo et Alexis
 
 
 
« Fais ce que dois, advienne que pourra. »
Emmanuel Kant
 
Préambule
Je vais vous raconter une histoire. Comme je ne sais pas en inventer, ça sera l’histoire de ma vie.
Elle pourra vous sembler bien ordinaire peut-être. Elle ne l’est cependant pas autant qu’il n’y paraît… Et elle comporte encore de nombreux points obscurs que je ne parviendrai sans doute jamais à éclaircir.
 
Je suis toujours en quête de la vérité, qui seule pourrait me faire renaître, mais mes sources de recherche ont toutes disparu, et je n’ai plus que ma mémoire pour tenter de m’éclairer. Mais la vérité appartient à ceux qui la cherchent et non à ceux qui prétendent l’avoir trouvée.
 
Ma lumière viendra peut-être au fil de ces pages, et j’espère qu’elle vous éclairera aussi un peu sur la vie, somme toute banale, d’un homme qui a toujours essayé de faire ce qu’il devait, en fonction de sa conscience, et de rien d’autre.
 
Mon autre souhait est de laisser une trace de mon passage dans ce monde à mes enfants et petits-enfants, afin qu’ils connaissent un peu mieux l’histoire de leur famille. C’est toujours utile je pense, afin de ne pas répéter les erreurs du passé…
 
Gerpinnes, le dix juillet deux mille quinze
Enfance
Je suis venu au monde le deux février mille neuf cent cinquante-deux, dans une petite maternité privée du village de Mont-sur-Marchienne, joliment baptisée « Les Oisillons ». Elle devint plus tard une maison de repos pour personnes âgées, où j’aurais pu finir ma vie, mais elle a définitivement fermé ses portes il y a une quinzaine d’années.
 
Il faisait froid, et il avait neigé.
Ma mère avait fait une chute la veille sur le sol gelé, ce qui a sans doute accéléré mon arrivée. Il paraît qu’il n’y a pas eu de problèmes lors de l’accouchement, mais tout s’est précipité par la suite…
 
Le trois mars suivant, mon frère aîné Philippe est décédé de tuberculose, à l’âge de vingt et un mois. Le diagnostic, je ne l’ai connu ou deviné que bien après, alors que j’étais en premier doctorat de médecine. On m’a toujours fait croire qu’il était mort d’une coqueluche mal soignée…
 
Il faut savoir qu’à l’époque la tuberculose était considérée comme une maladie honteuse, qui ne touchait que les classes les plus défavorisées de la population. Il ne fallait donc pas en parler dans la maison d’un ingénieur civil, mon père, premier diplômé universitaire de la famille.
 
Je n’ai forcément plus beaucoup de souvenirs de cette prime époque de ma vie.
Ma mère m’a raconté plus tard qu’elle était tellement affaiblie et amaigrie qu’elle n’avait pas pu s’occuper de moi et que j’avais été placé en nourrice. Il n’est certes pas facile d’accoucher d’un second fils et d’enterrer le premier, un mois plus tard.
Elle m’a aussi avoué que mon père ne rentrait quasiment plus à la maison, ou alors très tard le soir et le plus souvent en état d’ébriété avancé. Il fréquentait sans doute les bistrots mal famés et les filles faciles des rues glauques de la Ville-Basse de Charleroi, mais cela n’est qu’une supposition de ma part, dont je n’ai jamais eu de preuves. Et je ne suis pas là pour juger.
Quoi qu’il en soit, je ne l’ai pas connu avant l’âge de deux ans.
Marchienne-au-Pont
Peu après ma naissance et la mort de mon frère, nous avons déménagé. Mes parents ont loué une maison de maître, à Marchienne-au-Pont, rue de Châtelet, juste à côté de l’Eau d’Heure.
C’est de là que datent mes premiers réels souvenirs de mon enfance.
 
L’entrée principale se situait au sommet d’un perron à double escalier et donnait accès à une grande pièce dont mon père avait fait son bureau. Nous ne l’utilisions jamais, et accédions à la maison par la porte du garage, une impressionnante porte ogivale en bois, peinte en vert foncé, et qui ressemblait à l’entrée d’un château fort pour le petit garçon que j’étais.

Quatre marches nous amenaient dans un hall immense, au sol et aux murs entièrement carrelés, d’une froideur glaciale. Par un étroit couloir, j’ai découvert ce qui allait devenir mon espace principal de vie jusqu’à la fin de ma première année primaire.
 
Une grande salle à manger, avec un salon en enfilade, et tout de suite à droite en entrant, la cuisine. De là, j’avais accès à un petit jardin en contrebas, avec une allée centrale dallée et de petites pelouses des deux côtés, le tout emmuré. C’est dans ce jardin que j’ai connu mes premiers jeux d’enfant solitaire, avec l’ombre de mon frère qui planait au-dessus de ma tête et semblait empêcher les faibles rayons d’un soleil trop rare de me réchauffer…
 
C’est dans cet univers aussi que j’ai découvert pour la première fois mes parents, enfin réunis.
Ma mère était femme au foyer et omniprésente pour moi. C’est elle qui m’a fait découvrir les livres et m’a conté mes premières histoires. Mais c’est mon père qui a rapidement pris le relais, et qui passait la majorité de ses soirées assis à côté de moi, dans le grand canapé vert dont le tissu rêche me piquait les jambes, à me lire les aventures extraordinaires du Capitaine Némo, de d’Artagnan et des trois mousquetaires, du Capitaine Corcoran et de sa tigresse Louison, et bien d’autres encore…
 
Un peu avant tout cela, j’ai vécu la scène primale. Elle a laissé un engramme indéniable dans ma mémoire, mais ne semble pas avoir perturbé mon développement psychologique par la suite.
Je dormais alors dans la chambre de mes parents. C’était une grande pièce, avec vue sur le jardin. Leur lit était disposé côté fenêtre ; le mien à l’opposé, contre le mur.
C’était un petit lit-cage de bois peint en rose, qui avait été celui de mon frère avant sa mort. À sa tête, il restait une incrustation de bois représentant un éléphant. Lui avait arraché la première à force de la manipuler, et celle dont je vous parle n’était plus très bien fixée. Je m’amusais donc à la faire tourner, ce qui m’aidait à m’endormir.
Une nuit, j’ai été tiré de mon profond sommeil par des soupirs, des gémissements et des cris étouffés. Comme dans un rêve, j’ai cru deviner le grand lit d’à côté agité d’une houle étrange, puis je me suis rendormi.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que mes parents faisaient l’amour…
 
 
 
C’est à cette époque que j’ai eu la révélation de ma vocation. Devenir médecin ! C’est notre médecin traitant, le Docteur Stillemant, qui a tout déclenché. Bien involontairement sans doute et sans le savoir. Je lui en serai toujours redevable.
 
Quand ma mère l’appelait, c’était la plupart du temps pour moi.
Je n’étais pas souvent malade, et jamais gravement, et je pouvais donc guetter son arrivée à travers la fenêtre du bureau de mon père, seul moment où on m’en autorisait l’accès.
 
Il garait sa splendide Studbaker devant la maison et traversait la chaussée, avec sa petite trousse à la main.
J’étais à la fois un peu effrayé – c’était quand même un Docteur – et fier, puisqu’il venait me soigner.
 
Il ne m’a jamais fait mal, sauf un peu pour les vaccins, et s’est toujours montré d’une patience d’ange avec moi, même si j’étais souvent un garnement capricieux.
Il m’a toujours consolé, et souvent guéri de maladies qui auraient fort bien pu guérir toutes seules.
 
De tout cela m’est resté le principe même de ce que doit être la conduite d’un médecin : « Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours. »
 
Merci Docteur Stillemant…
 
 
 
À deux ans et demi, je suis entré à l’école maternelle qui se trouvait à quelques pas de la maison, après le pont sur l’Eau d’Heure.
 
En franchissant la rivière tous les jours, je me suis vite aperçu qu’elle dégageait une odeur peu agréable et présentait des couleurs fort variables d’un jour à l’autre, et pas très naturelles. Tantôt grise, tantôt vert pomme, parfois ocre voire rouge vermillon.
La pollution était déjà en marche…
 
Cela mis à part, je garde un souvenir ému de ma première institutrice, Mademoiselle Bolle.
La brave dame a cru que je savais lire dès le premier jour de classe ! J’avais apporté mon tout premier livre, que mes parents m’avaient lu et relu des centaines de fois.
 
Je le connaissais par cœur, et j’avais enregistré les sons qui amenaient à tourner une page. Pour quelqu’un qui ne savait pas, j’étais donc capable de lire à un âge où certains apprennent seulement à parler !
 
Ma mère a tout expliqué à Mademoiselle Bolle et je n’ai plus été considéré comme un « phénomène », mais il n’empêche qu’à la fin de mes études maternelles, je savais lire et écrire déjà presque sans fautes. Tout cela a été consolidé après ma première année primaire, sans grandes difficultés.
 
Actuellement, on est bien loin du compte au niveau des premières études, et c’est bien triste.
Réveillez-vous, les enseignants, et mettez les programmes qu’on vous impose au feu et leurs concepteurs au milieu ! Apprenez aux enfants ce qui leur sera indispensable dans la vie : lire, écrire sans fautes et compter.
Et aussi comprendre, analyser, se faire sa propre opinion et pouvoir en changer.
Il n’est jamais trop tôt pour commencer !
 
Au début de notre installation, quand mon père ne rentrait pas souvent, c’est ma grand-mère paternelle, Vale

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