Au 13 rue du merle noir
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Au 13 rue du merle noir , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Ton parcours et l'histoire de l'atelier me semblent suffisamment intéressants pour en faire le récit ; assurément, tu devrais en faire un livre ! » Ainsi donc son ami Pascal, sans le vouloir, malgré toute la prévenance qui le caractérise, inflige à l'auteur de ces lignes l’épreuve de la feuille blanche.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334227988
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-22796-4

© Edilivre, 2016
Prologue
« Ton parcours et l’histoire de l’atelier me semblent suffisamment intéressants pour en faire le récit ; assurément, tu devrais en faire un livre ! »
Ainsi donc mon ami Pascal, sans le vouloir, malgré toute la prévenance qui le caractérise m’inflige l’épreuve de la feuille blanche. De tout son long, elle s’étale sur mon bureau en narguant mon stylo dont le peu de fébrilité n’a d’égal que l’impressionnant fouillis de mes pensées.
En une quarantaine d’années d’activité et tant de choses à dire, comment n’oublier personne dans l’expression de ma gratitude à l’égard de tous ceux auxquels je dois la pérennité de mon projet.
Comment développer toute la richesse de ma relation avec les merveilleux artistes que j’ai rencontrés. Je me suis enrichi de leur culture. Les flûtes que nous construisons leur ressemblent. Amateurs ou professionnels, plusieurs sont devenus amis. Pour les plus proches, j’éprouve une sincère affection.
Comment ne pas ennuyer le lecteur dans une sorte de chronologie soporifique des événements qui ont jalonnés mon histoire ?
Imprégné de ma réflexion qui s’ordonne peu à peu, je fixe du regard cette feuille blanche telle un minuscule écran. Je ressens alors le besoin de m’approprier le film dont je m’apprête à livrer le scénario : vie personnelle, vie professionnelle, ne rien éluder. Évoquer pudiquement, comme pour en guérir les failles qui ont jalonnées mon parcours. Mais aussi, sans excès, évoquer mes joies et satisfactions nombreuses.
Savoir, sans fausse modestie, dire que je suis fier de tous les acteurs du projet : nos flûtes sont présentes dans un peu plus de vingt pays, la formation professionnelle que j’ai dispensée pendant de nombreuses années a porté ses fruits et ma succession, maintenant accomplie, est particulièrement réussie.
Il est un peu plus de vingt-trois heures. Mon stylo inopérant, ma feuille toujours immaculée, il est temps de remettre à plus tard un éventuel début de commencement de mon premier opus. Le sommeil et les rêves dans lesquels je plonge de façon coutumière viendront à mon secours.
Exergue


Pour une nuit, le temps d’un rêve, je m’appelle Romain
Au 13 rue du merle noir
 
 
C’est la fin juin. À quatorze ans, Romain vient d’obtenir son certificat d’études primaires. Il est admis au collège d’enseignement technique qu’il découvrira à la prochaine rentrée.
Romain est de ces personnages qui pensent par leurs mains.
Pourtant, c’est avec la musique que cet habile bricoleur en herbe construit ses rêves. Pour lui c’est certain, il deviendra musicien professionnel. Alors avec ferveur et détermination, il commence l’étude de la clarinette à l’école municipale de musique.
Dans la petite maison d’ouvrier qui abrite toute sa famille, le quotidien n’est pas toujours facile. Juste trois pièces et une cuisine où sa grand-mère et sa mère s’affairent le plus souvent à préparer les repas, et où la table sur laquelle sept couverts sont régulièrement dressés occupe l’essentiel de l’espace.
Cela n’empêche nullement qu’il y fait bon vivre : le tricot, Radio Luxembourg et la lecture rythment les soirées. De temps à autre, le tourne-disque Teppaz restitue ce qu’il peut des œuvres de compositeurs russes mais aussi de Berlioz, Beethoven et d’autres dans la salle à manger qui fait aussi office de chambre pour les trois frères.
Chaque samedi, Romain visite le marché aux puces, accompagné de son frère. Mais cette fois c’est seul qu’il enfourche son cadeau de certificat d’étude, un vélo flambant neuf, pour s’y rendre.
Arrivé sur place, il déambule au milieu d’objets hétéroclites lorsque sa curiosité naturelle le fait s’arrêter devant le stand d’un libraire. Un carton contient entre autres paperasses une gravure représentant un homme assis, le dos courbé sur son établi, qui l’intrigue particulièrement. L’œuvre assez détaillée permet d’imaginer qu’il s’agit d’un orfèvre.
– Tu la veux, gamin ? Je te l’offre, lance alors le libraire à Romain, qui est tout surpris et intimidé par son ton peu amène.
L’homme est âgé et pas très soigné. Son étal de vieux bouquins, gravures diverses et feuillets épars n’inspire pas vraiment confiance. Cependant Romain accepte l’offre en remerciant le libraire. Reprenant courage, il le questionne sur l’origine de la gravure et surtout le métier qu’elle évoque.
– Oh, je ne sais pas, répond le libraire, agacé. Un orfèvre, un bijoutier, un métier manuel très délicat certainement, poursuit-il, visiblement lassé par la présence du gamin. Cependant celui-ci ne bouge pas, et réussit à capter le regard du libraire.
– Tu veux être orfèvre ? lui demande-t-il après un temps d’arrêt.
– Non, non, répond Romain. Je vais apprendre la mécanique de précision comme mon frère aîné, mais je serai musicien professionnel.
– La mécanique de précision, c’est un métier. Mais musicien professionnel je ne crois pas, lui rétorque le libraire en tirant une bouffée de sa pipe vissée sur le coin droit de sa bouche.
Romain fait mine de n’entendre que la première partie de la réponse pendant qu’il sort d’autres feuillets du carton sous les yeux du libraire. La douceur de ses gestes et l’agilité de ses mains étonnent le vieil homme. Dans le carton, une autre gravure, celle-ci en couleur, attire l’attention de Romain. Élimée mais encore lisible, les couleurs pastellées par le temps, elle représente un oiseau jouant une flûte. Romain est sensible à la poésie qui s’en dégage.
– Eh bien tu vois gamin, tu as déniché ce qui t’intéresse : la mécanique et la musique ! Je t’avoue que je ne connais pas l’origine de ces documents ni de quoi il s’agit. Ça ne doit pas être bien important. Si ce carton t’intéresse tu peux l’emmener.
Le vieil homme éprouve une attirance paternelle à l’égard de Romain, sans doute à cause de sa ressemblance avec son dernier fils qu’il n’a hélas pas revu depuis plus de trente ans.
De retour à la maison, Romain examine soigneusement les feuillets du carton. Les uns comportent des notes et d’autres des schémas auxquels il ne comprend pas grand-chose. Ils sont datés et numérotés. Visiblement il en manque beaucoup. Il se demande pourquoi il a emporté tout cela. Songeur, il pose la gravure représentant l’homme à l’établi sur la bibliothèque au-dessus de son lit en se promettant de revoir le libraire pour tenter de compléter le contenu du carton.
* *       *
L’été apporte une parenthèse. En dehors de quinze jours au bord de la mer avec sa sœur et son frère aîné, Romain passe ses vacances à bricoler et à étudier la clarinette quotidiennement.
Romain est pressé, il progresse très rapidement. Sans doute veut-il prendre une revanche sur sa prime enfance : plus souvent malade qu’en bonne santé jusqu’à l’âge de douze-treize ans, il sait qu’il a commencé l’étude de la musique tardivement. Pour lui, la musique c’est du sérieux. Il a maintenant confiance en lui et aborde la rentrée avec enthousiasme. De surcroît, il a hâte de revoir le libraire du marché aux puces, qui n’est pas venu au marché de tout l’été. Sa patience est récompensée à la mi-septembre.
– Bonjour gamin, alors cette rentrée au collège ?
– Un peu dur, mais ça va. Vous souvenez-vous du carton que vous m’avez offert au mois de juin ? Son contenu est très incomplet et je n’y comprends pas grand-chose. Me permettez-vous de regarder si vous possédez un autre carton dont le contenu compléterait le mien ?
– Si tu veux, mais je n’ai pas le souvenir d’un carton contenant de tels documents. D’ailleurs, je ne me souviens pas plus de l’origine de celui que je t’ai offert. Cela dit si tu le souhaites, viens à ma boutique, enfin ma sorte de boutique, il se peut que tu y trouves ton bonheur.
– Je vous en remercie, répond-il sans hésiter. Où est-elle ?
– Au 13 rue du merle noir. Viens sans prévenir, je ne bouge guère de chez moi, sauf pour venir sur ce marché.
Romain acquiesce en remerciant le libraire. Il ne flâne pas plus longtemps : les devoirs et la clarinette occupent maintenant la plus grande partie de ses week-ends.
* *       *
Au collège, tout se passe bien. Les notes sont bonnes, surtout en dessin industriel. Les exercices qu’il exécute dans cette discipline ne sont pas sans lui rappeler les schémas que le libraire lui a confiés. Il en sélectionne quelques-uns pour les soumettre à l’appréciation de son professeur.
– Ces dessins représentent différentes phases de la fabrication de montages mécaniques, lui indique-t-il. Ils sont destinés à la réalisation de pièces sur des machines de mécanique de précision telles des tours, des fraiseuses et des perceuses.
L’expertise du professeur encourage Romain à continuer ses investigations. Quel lien ces dessins ont-ils avec la gravure ?
* *       *
Un dimanche après-midi, malgré le travail important qui lui reste à faire, Romain se rend au 13 rue du merle noir, impatient d’assouvir sa curiosité.
La bâtisse, située en centre-ville, souffre de l’usure du temps. La porte principale n’a vu ni menuisier ni peintre depuis longtemps. Il n’y a pas de sonnette. La porte vitrée et la vitrine attenantes sont condamnées par un amoncellement de vieux bouquins. Romain sécurise son vélo avec l’antivol et enfonce la clé d’un geste déterminé dans sa poche. Il se donne un peu plus de courage et frappe fortement à la porte. Après un moment qui lui paraît une éternité, la porte s’ouvre doucement.
– Tiens, voilà mon musicien professionnel. Comment vas-tu gamin ?
– Très bien, merci.
– Je devine pourquoi tu es là. Allez, entre.
Le couloir étroit traverse toute la demeure. Romain suit le vieil homme en refermant la porte derrière lui avec peine. Dans la pièce principale qui donne sur la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents