Au-delà du métier Mémoires d’ingénieur
248 pages
Français

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Au-delà du métier Mémoires d’ingénieur , livre ebook

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Description

Ingénieur, un si beau métier ! Une vocation ? Une illusion de jeunesse ?

L’auteur se souvient : la réalité des relations humaines au sein des entreprises industrielles, la rigidité des organisations, la lourdeur des systèmes hiérarchiques, les intrigues et manigances suscitées par les ambitions personnelles qui finissent par déboucher sur des accidents et des drames.

Que lui reste-t-il en fin de vie de l’enthousiasme d’origine ? Les réminiscences de quelques réussites ? L’estime de quelques rares collègues retraités comme lui ? Peu importe ! Si ce n’est le souvenir amer des tués et des blessés graves, ces victimes sacrifiées sur l’autel de la vie industrielle.

Une lueur d’espoir malgré tout ? Le rêve d’une prise de conscience chez tous les dirigeants et cadres d’entreprise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332760791
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76077-7

© Edilivre, 2015
Dédicace


A la mémoire de ce grand-père mort en usine, et que je n’ai pas connu.
Avant-propos
J’ai tardé longtemps à raconter mon histoire. En partie par désintérêt pour l’écriture, en partie par manque de temps, en partie par paresse aussi. Ce qui m’a finalement décidé, c’est la multiplication des accidents et grandes catastrophes de ce début de millénaire.
Ce livre n’est donc pas un roman ; ce n’est pas une œuvre d’imagination. Il doit être considéré comme un témoignage, une contribution historique en quelque sorte sur des événements qui ont eu lieu dans le courant de la deuxième moitié du vingtième siècle. L’histoire qui y est racontée est la mienne. Rien n’a été imaginé. Tout ce que j’y rapporte concerne des faits réels, des situations vécues. C’est tout spécialement le cas pour les dialogues et propos tenus en réunions que j’ai reproduits aussi fidèlement que la mémoire me le permet. C’est toute une vie, une vie professionnelle avec ce qu’elle peut avoir de petits bonheurs, de grandes déceptions et de profondes blessures.
Pour les accidents graves, attribuables à des fautes ou négligences ayant entraîné des victimes, j’ai cité le nom des témoins susceptibles de confirmer les faits décrits pour le cas où il s’avérerait que l’un ou l’autre lecteur intrigué voulût s’assurer de la véracité du récit.
Ce livre, je l’ai écrit comme un combat, un combat contre l’indifférence en matière d’accidents sur les lieux du travail, un combat destiné à mieux sensibiliser les dirigeants des entreprises industrielles aux aspects humains de la sécurité et à l’impact de la gestion des ingénieurs et cadres sur cette question si douloureuse.
Ce livre, je le dédie à toutes les victimes d’accident du travail et à leurs familles tant éprouvées par ces drames et qui bien souvent, ne comprennent ni le pourquoi ni le comment de ce qui leur arrive, mais en subissent toutes les souffrances ; à tous ces inconnus qui, contrairement aux grandes catastrophes minières et industrielles, ne font pas la une des journaux. Les média n’en parlent pas. Ou si peu. Je le dédie également à tous les ingénieurs et cadres qui doivent faire face à bien des obstacles et contraintes pour défendre leur dignité dans le monde implacable des grandes entreprises.
Si j’ai tant hésité à l’écrire, c’est aussi à cause d’une considération atavique pour une de ces entreprises qui a hérité d’un nom illustre et à laquelle j’ai consacré la partie la plus longue de ma vie professionnelle. Malgré les déboires et les désillusions, j’ai conservé pour les descendants des fondateurs une estime certaine, car contre vents et marées, au travers des vicissitudes du vingtième siècle, ils ont su conserver au sein de cette société une part de l’esprit humaniste de leurs ancêtres. Une part seulement, hélas !
Devenue plus grande au fil des ans, cette société a dû évoluer, se transformer pour faire face aux contraintes de la vie économique et de ce fait, a perdu bien des aspects paternalistes de ses origines, ces aspects qui lui donnaient un cachet si particulier. Cette évolution d’une entreprise familiale en société anonyme, confrontée à une lutte quotidienne pour les résultats, pour la survie, ne manque pas de susciter une certaine confusion dans l’esprit de ses collaborateurs. Le nom, celui d’une famille à la renommée prestigieuse, ne manque pas d’entretenir des malentendus au sein du personnel qui s’imagine encore trop souvent pouvoir accorder une confiance quasi aveugle à ses dirigeants.
Pour ce qui concerne la problématique des accidents du travail, l’évocation de quelques cas vécus en illustrera, autant que faire se peut, toute la complexité. On se rendra compte que les causes sont loin d’être toujours aussi simples que celles qu’on évoque au cours des séminaires destinés aux responsables de la sécurité dans les usines.
Incidemment, le document permet aussi de comprendre les raisons qui dans des circonstances particulières, poussent des employés et cadres à la dépression, voire au suicide comme on a pu le voir en ce début du XXI e siècle dans un grand Groupe en France.
Il me reste à émettre un souhait. Puisse ce témoignage inspirer tous ceux, patrons et cadres d’industrie, qui ont encore le souci de la sécurité du personnel et des installations dont ils ont la responsabilité.
Première partie Origine et début d’une carrière
Chapitre 1 Naissance d’une Vocation
L’enfance
On ne peut comprendre une vie d’homme avec ses rêves, ses ambitions, ses réalisations, ses petites lâchetés aussi, sans se référer à son enfance, à l’époque qui l’a modelée, aux croyances et à l’éducation auxquelles elle a été soumise. Qui n’a des souvenirs de son enfance qui le suivent tout au long de la vie ?
Je suis né tout au début du mois de mai 1940, quelques jours à peine avant l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes. Ma mère, issue d’une modeste famille d’un de ces villages de Gaume où l’on vivait depuis des siècles dans le strict respect de la religion et des traditions rurales, était, jeune fille, venue travailler à Bruxelles où elle s’était mariée et établie. C’est surtout elle qui a marqué ma petite enfance.
Fidèle à ses origines, elle veilla dès mon plus jeune âge à m’imprégner de cette éducation traditionnelle qu’elle-même avait reçue, en m’enseignant les premiers rudiments de la religion et de la morale des gens simples. Ainsi me furent transmises ces valeurs familiales d’honnêteté et de respect d’autrui qui peuvent paraître désuètes de nos jours mais auxquelles je suis resté attaché.
La religion, elle la pratiquait d’une foi profonde dans une observation naïve des prescriptions et artifices accumulés au fil des siècles et une considération respectueuse pour tous les intervenants ecclésiastiques. Le Pape surtout dont les paroles étaient sacrées méritait notre plus grand respect ainsi que notre Sainte Mère l’Eglise. Si elle honorait volontiers tous les Saints du Paradis selon les circonstances de la vie où il était d’usage de les invoquer, Sainte Rita, patronne des causes désespérées, bénéficiait d’une dévotion particulière. Elle lui vouait une vénération toute spéciale avec l’espoir que la Sainte intercéderait en sa faveur pour la soulager des maux qui l’accablaient. Elle attribuait sa mauvaise santé aux privations subies dans l’enfance, pendant la première guerre mondiale, car l’occupant avait assigné son village en « zone de guerre » pendant toute la durée du conflit. Au fil des ans et à mesure de la dégradation de sa santé, ce culte finit par se muer en une véritable bigoterie.
Elle voyait la main de Dieu dans tous les grands drames et souffrances de l’humanité. Le naufrage en 1912 du Titanic fut un de ces exemples souvent invoqué pour mon édification. Elle y voyait l’intervention divine qui avait puni les hommes de leur orgueil, eux qui avaient eu l’audace de déclarer que même Dieu n’arriverait pas à couler le navire qu’ils avaient construit. On sait aujourd’hui ce qu’il en est des causes techniques de la catastrophe depuis que des investigations sous-marines ont ramené quelques morceaux d’acier de la coque.
Elle me parlait avec tendresse de son père dont elle conservait, pieusement dans le tiroir d’une commode, quelques souvenirs épars et dérisoires : une carte d’identité défraîchie, une vieille pipe ébréchée, une blague à tabac en cuir tout craquelé par l’usage, une photo de mariage des aïeux jaunie par le temps, etc. Je n’ai donc pas connu ce grand-père maternel. Il est mort dans un accident du travail en usine, l’année précédant ma naissance. Le peu que j’en sais, je l’ai appris par ma mère qui me racontait, tout petit, les circonstances de sa mort.
Comme c’était souvent le cas à l’époque en milieu rural, la famille vivait en économie mixte, un peu d’agriculture et d’élevage pour l’essentiel de la nourriture, un emploi en usine pour le solde des besoins. Le père, ouvrier frontalier du sud du pays, travaillait dans une usine sidérurgique de la région de Longwy. Un jour de 1939, lors d’une ronde dans les installations, il avait glissé d’une passerelle en surplomb d’une cuve contenant des scories en cours de refroidissement. Dans la chute, il avait agrippé le bord du réservoir et était resté suspendu, au-dessus des scories encore toute rougeoyantes du feu qui les avait enfantées. Le temps que les compagnons de travail interviennent pour le secourir et le remonter et le voilà brûlé sur tout le corps. Les ouvriers qui l’ont ramené à la maison ont raconté que, lorsqu’ils l’avaient saisi par les bras pour le remonter, la peau leur avait glissé des mains en se détachant des muscles. Il n’a pas tardé à mourir.
Cette histoire m’a accompagné tout au long de la vie et il m’en est resté une sensibilité aiguë aux drames des accidents du travail et aux pénibles conséquences pour les familles. Après le décès du mari, l’aïeule était venue vivre à Bruxelles chez nous, de manière à libérer sa petite maison au village ; le loyer, joint à la pension de veuve, lui assurant un revenu juste suffisant.
Au regard des conventions sociales, ma mère restait imprégnée d’une déférence atavique envers tous les notables. Elle accordait une confiance aveugle à chaque personnalité investie d’un pouvoir quelconque. Dans cette tradition si typiquement rurale, elle nous inculquait une soumission respectueuse à l’autorité que donne le savoir. Malgré toutes les désillusions de la vie, il m’en est toujours resté quelques traces ; le plus souvent à mes dépens.
Elle me transmettait les concepts historiques et les idées qu’elle avait elle-même hérités de ses parents. Dans ce contexte social du début du s

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