Au fil des jours - Tome II
204 pages
Français

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Au fil des jours - Tome II , livre ebook

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Description

Bénédicte nous invite à suivre, dans ce deuxième tome d’Au fil des jours, son quotidien sous forme de constats, de réflexions, de remises en questions, de prières, d’un mercredi 6 mars à un jeudi 9 janvier.

Mais ce quotidien qui est évidemment le sien nous pousse à nous interroger en permanence sur notre propre quotidien et notre propre vision de l’existence.

Écrit comme un livre de bord ou une ligne de vie, ce deuxième tome raconte les thèmes chers à Bénédicte, sa découverte permanente de la vie religieuse et son chemin de foi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332909862
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-90984-8

© Edilivre, 2015
Au fil des jours
 
 
Mercredi 6 mars.
Dur de s’y remettre, non que je n’ai rien à dire, bien loin de la, mais je vais assez mal. Hier certains collègues bien intentionnés m’ont fait aimablement remarquer que j’avais grossi et que je devais faire attention à quelle robe je portais.
Je sais parfaitement que j’ai pris quelques « grammes » hélas, mes traitements médicaux font prendre du poids, mais cette accusation en règle m’a profondément atteinte d’autant qu’elle était anonyme. Ce n’était pas une affirmation « tu devrais faire attention » mais « certains se gaussent de toi » et cet anonymat des critiques est d’autant plus anxiogène qu’on ne sait à qui s’adresser. Mes collègues masculins étant bien loin d’être des apollons, de prime abord ils devraient se regarder dans le miroir.
Que voulez-vous, je suis une femme et mon image est un perpétuel sujet d’angoisse. L’idée d’être séduisante doit être hormonale ou génétique, ou plus certainement d’ordre éducatif, mais j’ai besoin, même si c’est virtuel, je suis fidèle y compris en amour, de potentiellement séduire. L’œil de l’autre importe, il me renvoie à mes plus profondes angoisses et les aides et soutiens n’y font rien, si on critique mon physique je fond en pleurs.
Hier soir, je n’ai même pas mangé et me suis couchée à 20 heures. Avec un somnifère. Le médicament qui serait responsable de ma prise de poids, mis à la poubelle. Je sais parfaitement que c’est un corollaire à ce traitement qui me stabilise mais je préfère m’angoisser et déprimer que de ne pas perdre la tonne et demie que me renvoie fidèlement mon miroir.
Ce miroir, quelle angoisse aussi, et la balance qui perpétuellement m’avoue mes excès de grignotage nocturne.
Comment faire ? Que faire ? Je ne suis pourtant pas un thon, mais mes rondeurs me déplaisent copieusement que j’en oublie ce qui motive cette prise de parole, mon séjour au carmel de Compiègne ou j’ai finalement eu le courage d’aller faire retraite.
Courage, le mot n’est pas trop fort, le dimanche ou je devais y aller, j’étais dans un état d’inquiétude extrême. Je ne croyais pas être capable de faire le pas. Il a fallu tout l’amour de ma compagne pour me sécuriser et me pousser à franchir le Rubicon.
Le Frère, lui aussi, sentant peut être mon hésitation, m’avait envoyé un message d’encouragement la veille.
Je ne me suis pas sentie en capacité de déplaire à ces personnes qui croyaient en moi. Je reconnais après coup que ma peur était exagérée et irraisonnée, mais je ne saurais être une autre personne que moi-même et mes angoisses sont parties intégrantes de mon vécu. C’est terrifiant mais c’est terriblement vrai. Hélas.
Ainsi donc, j’ai passé trois jours délicieux à côtoyer ces charmantes et accueillantes carmélites.
Aujourd’hui je ne vais pas vous conter cela par le menu, ce sera pour demain.
Mercredi 13 mars.
Une semaine s’est passée. Sans écrire. Pas envie, du temps mais pas le besoin.
3 jours hors du temps, 3 jours à oublier mon quotidien, c’est cela ainsi que l’extrême émotion que j’ai ressentie pendant cette courte retraite au Carmel de J*** que je vais essayer de vous faire partager.
Le dimanche 24 février je m’apprête à partir pour faire cette retraite que j’ai, totalement épouvantée, repoussée depuis des mois. Je suis morte d’anxiété et d’appréhension et il faut toute la fraternité du Frère G*** et l’affection d’AM pour que j’accepte d’honorer mon engagement vis-à-vis des sœurs de la communauté.
Sale temps pour voyager, la neige tombe dru et j’arrive, après une petite heure de route, au monastère sous un manteau de neige collante.
J’entre dans le bâtiment, et trouve à l’accueil une sœur à l’œil pétillant, elle me reçoit joyeusement et me met à l’aise de suite en me proposant une collation que serais bien incapable d’ingurgiter tant ma gorge est nouée De visu elle est d’un certain âge, toute tassée sous son habit.
Mon pygmalion dynamique me fait visiter les lieux, salle à manger spacieuse et claire, commodités diverses et deux cellules d’invités. Elle en ouvre une et me dit que ce sera mon logis. Ma foi, c’est une cellule spacieuse et claire qui donne sur les jardins en contrebas. Meublée simplement elle me convient parfaitement.
J’en profite pour vous faire part des horaires très précis que je trouve dans un document posé sur le bureau :
• 6h30 – 7h30 oraison
• Jusqu’à 8 h office de Laudes
• Petit déjeuner libre
• 11h messe
• 12h15 repas du midi
• 17h – 18h seconde oraison
• 18h – 19h office de vêpres
• Repas du soir
• 20h10 office de complies.
Ben ! Je ne serai pas inoccupée pendant ces trois jours. Je profite du temps qui me reste avant mon rendez-vous avec Sr A*** la prieure pour passer un bref appel téléphonique à ma compagne que je rassure. Tout va bien, je suis installée et bien à mon aise. ; Etrangement d’ailleurs.
C’est la même sœur qui me mène à un parloir où je dois attendre la venue de la Prieure. Une chose m’étonne beaucoup : l’écriteau sur les portes où est précisé « clôture » ça résonne comme « là commence l’intimité de la Communauté » moi qui n’ai jamais fréquenté d’aussi près un couvent, je suis très impressionnée.
Au bout de quelques longues minutes, apparaît la Prieure, souriante, avenante, elle aussi sans âge, je suis d’ailleurs frappée de cette impossibilité de donner un âge à une religieuse, peut-être est-ce le voile ou la présence continuelle de la prière qui les rend si harmonieuses. Elle me tend une main agréable et vive, s’assoit promptement, mon expérience précédente au carmel de M*** me poussait plutôt à me mettre sur mon quant à soi. J’avais tort, j’ai face à moi une femme empathique et affable, d’une intelligence évidente avec qui je converse de Thérèse, de frère G*** que nous connaissons toutes les deux et apprécions de même. Nous évoquons mon parcours, cela dit AM m’avait recommandé de passer sous silence ma période musulmane et mon homosexualité.
Ainsi donc, ma compagne est devenue mon compagnon, je vous avoue que ça m’a fait bizarre d’autant que mon oncle nous a élevées dans la haine du mensonge, qui a ses yeux n’était jamais tolérable. Etant petite, je devais avoir 10 ans, je lui ai menti, prisonnière d’une bêtise assez grave que j’avais commise, il s’est limité à me dire «  tu m’as profondément déçu  » ça m’a tétanisée beaucoup plus qu’une paire de gifles, je me suis juré de ne plus jamais y avoir recours. Je n’ai pas basé ma vie sur la tromperie. De plus ma relation avec Sr A*** ne saurait que se fonder sur la confiance, ici on laisse son passé de coté, on doit vivre l’instant tel que Jésus nous l’a recommandé. On doit être honnête jusqu’au bout, ne rien cacher, ne rien retrancher, alors être obligée de mentir m’a mise réellement et extrêmement mal à l’aise.
Elle entreprend ensuite de me parler de l’appel qu’elle a reçu, de ce qu’était le Carmel avant la réforme qui à beaucoup libéralisé l’ordre. Au travers de son exemple je commence à mieux cerner ce qu’est la vocation et par conséquent ce que j’éprouve à mon tour mais dont je ne lui parlerai pas. Je me limiterai à dire que j’envisage d’entrer dans l’Ordre Séculier.
En fin d’entretien nous évoquons la Grande Thérèse telle que me le décrit toujours Frère G*** sainte Thérèse d’Avila dont je viens d’acheter l’intégrale dans la Pléiade.
C’est une belle rencontre humaine, je ne me suis jamais sentie ni jugée ni soupesée, uniquement accueillie par un être humain, un vrai. Dans mon carnet c’est d’ailleurs cela que je noterai. Certaines personnes vous laissent le sentiment de vous écouter réellement, d’être en sympathie et en écoute auprès de vous, c’est ce que j’ai ressenti. Un échange riche et intense d’autant que réciproque.
17 heures, rendez-vous à la chapelle pour ma première oraison.
Elle m’apparait plus petite que dans les photos que j’avais vues mais j’aime sa sobriété. Au centre, l’autel, tout simple. Devant lui les stalles des sœurs et derrière, juste devant moi qui me tiens à la porte, les sièges pour les laïcs.
J’ai froid, ayant omis de prendre mon manteau je grelotte. Dans le chœur une personne prie à genoux, je m’étonne car elle n’est pas en habit et je me demande ce qu’elle fait là. Plus tard j’apprendrai qu’il s’agit d’une postulante. Pendant cette année de postulat elles restent en vêtements «  civils.  » Elle est très dévote et pendant mon court séjour elle sera toujours la première à la chapelle et ne jettera jamais un regard vers le public, déjà toute entière dans sa foi.
Je suis tellement impressionnée que je ne sais trop quelle attitude prendre ni où me placer. Au hasard je reste dans le fond de la chapelle. Tout est une première pour moi, être dans un couvent, faire oraison une heure entière, et l’office de Vêpres qui suit.
Je me fais toute petite, essaie d’être le plus invisible possible, la béotienne que je suis ne voudrait surtout pas commettre un impair.
L’heure d’oraison passée, le restant de la communauté arrive. Silencieusement, l’une après l’autre se place chacune dans sa stalle, l’organisation est bien réglée, je note beaucoup de fluidité dans ce rituel et ça me plait. Certaines me sourient et mon cœur bat plus fort alors. Ces petites complicités dureront tout le temps de mon séjour. J’ai le sentiment qu’elles souhaiteraient que je participe aux chants, mais trop tendue, je reste coite cette fois-ci.
C’est une expérience terriblement émouvante pour moi je suis en direct là où je souhaite être le plus au monde. Elles chantent et leurs voix apaisées me transportent. Quelles sont pieuses, je suis réellement en adoration ! Dans un état assez étrange, partagée entre l’idée que le Christ m’hab

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