Back Hurt
204 pages
Français

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Description

Parcours au cœur de la douleur et des hôpitaux, ce témoignage relate, non sans ironie, deux ans de souffrance. Un regard souvent impertinent sur le monde médical et une réflexion ancrée dans l’actualité, ponctués d’un humour parfois grinçant.
Jacqueline Marcel s’indigne contre les médecins qui n’investiguent pas suffisamment les causes, les troubles et les retombées des douleurs chroniques mais également contre les politiques qui ne délient pas assez les cordons de la bourse. La lecture de ce récit permettra peut-être aux praticiens d’appréhender avec davantage d’humanité les malades qui leur sont confiés. L’auteur souhaite avant tout qu'à la lumière de son témoignage les patients (patients ou impatients), les souffrants et les « souffreurs » se sentent un peu moins seuls !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414064472
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06445-8

© Edilivre, 2017
Back Hurt

Ce mal au dos qui vous ronge, qui vous grignote jour après jour… ne pourrait-on pas, histoire de se montrer plus « sérieux », le nommer « Back Hurt » par exemple ?
Sous la forme d’un parcours dans les allées des hôpitaux mais surtout au cœur de la douleur, ce récit relate non sans ironie, deux ans de douleur, une parenthèse ténébreuse dont j’espère avoir tiré quelques enseignements…
Exergue

Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. C’était une connerie. Du moins dans son acception banale et contemporaine. Au quotidien, la souffrance n’endurcit pas. Elle use. Fragilise. Affaiblit… L’âme humaine n’est pas un cuir qui se tanne avec les épreuves. C’est une membrane sensible, vibrante, délicate. En cas de choc, elle reste meurtrie, marquée, hantée. »
(J-C Grangé, Le Passager)
Prologue
Mal au dos, mal du siècle, j’ai la chance, depuis l’âge de vingt ans d’être indiscutablement de mon époque ! Je suis une championne modernité !
Je ne connais pas l’horreur de la peste des heures les plus noires du Moyen Age, pas la lèpre, pas la petite ni même la grande vérole qui ont ravagé le dix-huitième siècle, je n’ai aucun membre arraché comme les malheureux combattants de la Grande Guerre, pas de cancer, pas de sida, j’ai juste mal au dos. Juste ça, ce mal qui passe pour une fatalité, que tout le monde évoque et que personne n’écoute vraiment, juste mal au dos, un mal sournois, invisible, peu spectaculaire, pas contagieux et… pas franchement grave puisqu’on n’en meurt pas !
J’ai, selon la formule consacrée, tout pour être heureuse : un mari, Jean, qui, anachronisme à notre époque (je peux bien me permettre ce petit écart à une pratique contemporaine répandue…) est aussi le père de mes trois enfants, enfants devenus adultes avec lesquels j’entretiens des relations complices, deux petites-filles de quelques mois. Veine supplémentaire, je pratique dit-on le « plus beau métier du monde » : je suis institutrice maternelle.
Ah ! Je vous entends déjà : « Institutrice maternelle : mauvais pour le dos ça : toujours penchée, toujours porter etc. » . Il est vrai que dans ma profession nous souffrons toutes plus ou moins du dos mais ce n’est pas notre apanage exclusif, c’est également la réalité d’autres métiers : coiffeurs, infirmiers, maçons, carreleurs, couvreurs… que ceux que j’oublie me pardonnent…
Quelques enseignants souffrent des cordes vocales régulièrement mises à rude épreuve, d’autres slaloment entre rhumes et autres bronchites attrapés auprès des petits. Enfin, un nombre non négligeable explose de vouloir trop bien faire et souffre de cette nouvelle maladie, infiniment moderne elle aussi, dénommée Burn-Out.
Tiens, pourquoi utiliser un anglicisme ? Plus efficace ? Il faut reconnaître que cela pose mieux. Énoncer « la maladie de l’épuisement professionnel » est assez lourd, plutôt long, cela ne le fait pas comme on dit aujourd’hui ! L’anglais permet ici d’exprimer une notion complexe en un seul mot ou presque.
La langue anglaise possède souvent une concision expressive et imagée incontestable. Les anglicismes s’incrustent de plus en plus dans notre langue. Qui oserait se targuer de ne jamais y recourir ?
Burn Out : explosion, c’est bien de ça que souffrent ces malades, ils explosent littéralement.
Mais alors, le mal de dos, pas celui que chacun ressent de temps à autre ou suite à un mouvement malencontreux mais celui qui vous ronge, qui vous grignote jour après jour… ne pourrait-on pas, histoire de lui donner plus de « sérieux », le nommer « Back Hurt » par exemple ? Blessure du dos en français… Ah, oui, cela sonne bien ça Back Hurt, beaucoup plus « trendy », in english cela prend tout de suite une autre allure !
Les dictionnaires médicaux pourraient le définir comme suit :
Back Hurt : Le syndrome du Back Hurt se caractérise par des douleurs dorsales lancinantes et omniprésentes qui s’installent de manière lente et sournoise. Ce syndrome douloureux s’accompagne généralement d’une série de symptômes d’ordre psychologique : dévalorisation de soi, épuisement, dépression. Le Back Hurt n’est pas à confondre avec le Back Pain qui lui englobe les maux de dos occasionnels causés par un effort ou un mouvement inapproprié.
Eh oui, sans nul doute, si dès le départ je m’étais présentée à une consultation en déclarant « Docteur, vous devez m’aider, je souffre de Back Hurt », c’est sûr, j’aurais attiré davantage l’intérêt et ces derniers mois auraient sans doute été différents sous bien des aspects. Mais non, comme tout le monde j’ai piteusement avancé : « Docteur, j’ai mal au dos », presque un lieu commun. J’ai eu droit, en retour, à un regard complaisant, quelque peu goguenard car, comme je l’ai précisé plus haut, le mal au dos étant le mal du siècle il en perd, par sa banalité, l’importance pourtant intolérable qu’il revêt pour ceux qui en souffrent.
Back Hurt…
Décidément, il aurait peut-être suffi d’un peu d’anglais et la face de ma vie en aurait été changée !
Contact
Depuis des années, j’ai mal au dos… un mal qui m’accompagne tous les jours, un inconfort permanent, un ennemi intérieur redoutable, destructeur, invisible mais devenu une partie de moi. Je l’accepte avec fatalisme, rien d’insupportable, une gêne lancinante ; parfois la crise, un lumbago, le vrai, vous savez celui qui vous plie en deux de mal et ne vous laisse aucun répit !
Depuis des années, visites répétées chez des généralistes durant lesquelles, inlassablement, je reçois ce sempiternel et horripilant conseil, énoncé du ton sentencieux de celui qui vient de découvrir la pluie : « Vérifiez votre literie voire changez-la, cela ira sûrement mieux ! » . Si je les avais tous écoutés, le Roi du Matelas et ses concurrents auraient, c’est certain, fait fortune sur mon dos ! Toutes les consultations se déroulent suivant un procédé immuable : piqûre de cortisone et ordonnance d’anti-inflammatoires, un petit myorelaxant le soir et du paracétamol si vraiment ça fait très mal. Non, non docteur, cela ne fait pas « vraiment » mal, c’était juste une visite de courtoisie ! Je vous en prie…
Ce scénario s’est répété dix fois, cent fois peut-être, je ne sais pas, je n’ai pas compté… et j’ai continué, des années, presque sans y penser, pour ne pas gêner, parce que « Je n’avais pas le temps », pour ne pas ressembler à une mauviette. J’ai ainsi commis l’immense erreur de laisser Back Hurt grandir jusqu’à ce qu’il devienne incontrôlable…
Les dix bonnes raisons de ne pas s’absenter du boulot quand on a « juste » mal au dos, je les connais toutes, je les ai faites miennes. J’en ai fait mon Code de bonne conduit e. Oui, tels les dix commandements, ces articles sortis tout droit d’un mélange de sentiment de culpabilité et de ma vision de la conscience professionnelle m’ont poursuivie pendant des années, années de déni, d’effort et de douleur.
Art 1) Tout le monde a mal au dos. Je mords sur ma chique.
Art 2) Si tu t’absentes, tu vas ennuyer les collègues. Je poursuis mes efforts.
Art 3) Si tu t’absentes, tu vas perturber les enfants, les parents te les ont confiés, ils comptent sur toi ! Je continue.
Art 4) Si tu t’absentes, tu vas donner une mauvaise impression aux parents, la réputation de l’école pourrait en pâtir ! Je prépare mes leçons.
Art 5) Si tu t’absentes, tu vas gamberger chez toi, mauvais pour le moral. Je vais bosser et je pense à autre chose.
Art 6) Les radiographies n’ont rien décelé de bien grave. Je cesse de me plaindre.
Art 7) Le scanner a décelé une anomalie discale, tant pis, prends des anti-inflammatoires ! J’avance.
Art 8) La scintigraphie a démontré un vilain tassement discal ! Je me redresse, c’est l’âge !
Art 9) La résonnance magnétique confirme un problème, et alors ? J’avale des médocs !
Art 10) S’arrêter ? A quoi bon ? N’y prête pas attention, cela n’arrangera rien ! Je persiste.
Pourquoi ne pas les proposer en annexe au vadémécum du jeune enseignant ? Possible que je perçoive des droits d’auteur !
Durant trente ans, mon existence fut émaillée d’épisodes de bien, de mal, de mieux. Pendant ces années j’ai eu l’occasion de rencontrer moult médecins, généralistes comme spécialistes et une légion de kinésithérapeutes et autres ostéopathes. Par aucun je ne me suis réellement sentie comprise. D’après eux, je souffrais de maux au dos communs à la majorité de nos congénères.
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager divers commentaires désobligeants ressentis comme d’incontestables affronts : « Tout le monde a mal au dos, Madame, il faut prendre votre mal en patience » , « Faites du sport » , « Perdez du poids ». Et le meilleur : « Vous connaissez l’adage, Madame : « En avoir plein le dos », et bien votre mal peut s’avérer d’ordre psychosomatique, réglez d’abord vos problèmes . »… Et pan ! Véritables camouflets, l’impression que les toubibs portent un jugement sur la validité de ma souffrance : insupportable !
Un simple mal au dos ne présente évidemment pas une menace pour la vie du patient, cependant, lorsqu’il s’installe longtemps, trop longtemps, il se découvre à ce point nuisible qu’il empoisonne tout ce qui constitue son existence.
Quel a été le facteur déclenchant du mal qui me ronge aujourd’hui ? Je l’ignore et, tout bien considéré, je m’en fous !
Je sais bien qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Les clichés rappelés avec un tact implacable par les toubibs présentent probablement du sens. N’a-t-on pas tendance, face à une mauvaise nouvelle, à se voûter, à faire le dos rond pour se protéger ? « Porter le poids du monde sur des épaules » indique bien la manière dont le corps fait écho au mental. Je tiens malgré tous ces

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