Charme de l’étrangetéSéduction du changement
148 pages
Français

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Charme de l’étrangetéSéduction du changement , livre ebook

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Description

Récit autobiographique mélangeant passé et présent, réflexions et images à travers le monde, écrit pendant une des transitions de ma vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414298624
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-29863-1

© Edilivre, 2018
… Bogota, San Francisco, Paris, San Juan, New York, Hongkong, Berlin, Paris… puis à nouveau l’une de ces destinations et de nombreux retours vers le pays natal, la Colombie…
Pourquoi Eponine, oiseau voyageur, passe-t-elle constamment d’un pays à l’autre ? Il n’est pas évident de la suivre au long de ses pérégrinations.
Il est toutefois un fil conducteur : chaque pays évoque un souvenir de nature, un moment émotionnel spécifique d’après des scènes vécues ou entrevues qui s’impriment de manière indélébile dans son souvenir au long de son parcours de vie. Chacun de ces moments est prétexte à se pencher sur un sujet grave, sur la nature de l’homme, sur la vie, sur l’amour. Et c’est toujours intéressant parce que la femme est entière et généreuse.
Il est une constante dans son être : son attachement inconditionnel à la vie, à la nature, aux animaux. Une vive répulsion pour la conduite guerrière de l’homme et la violence en général, le rejet des pensées toxiques, le besoin et la capacité de tirer le meilleur des individus et de conserver de vrais amis sur la terre entière.
Cependant, le lecteur curieux aimerait en savoir davantage sur les raisons qui lui font quitter un endroit pour un autre : rupture, mal-être, fin d’une expérience, besoin d’ailleurs, blessure ? A la fois exposée et s’exposant aux regards de tous, à la fois édifiant une paroi invisible comme une vitre mais réelle entre elle et son lecteur donnant envie de lire une suite qui pénétrerait encore plus avant le mystère de sa personnalité…
Micheline Domancich
Charme de l’étrangeté - Séduction du changement


Charme de l’Étrangeté Séduction du Changement
A la Terre


Elle était assise, habillée en Chinoise, sur l’encadrement d’une fenêtre blanche qui flottait sur une mer immense et presque solide. En plein soleil elle mangeait du riz avec des baguettes d’argent.
« Heureux de vous avoir connue, » disait une voix. « Je vous souhaite le meilleur, mais vous n’avez pas besoin de mes souhaits, vous êtes, comme une pierre, belle et dure. » « Belle et dure ! » se dit-elle, un peu froissée… « mais si je suis faite d’eau ! »


Dans l’indolence avec laquelle mon regard traverse la petite fenêtre de l’avion pour pénétrer un brouillard suspendu à un bleu éclatant dans lequel je m’enfonce, perdue, trouvée, à la rencontre de l’inconnu, un haïku frémissant se laisse entendre au-delà des règles et des syllabes.
Non, je n’ai pas peur, seul mon être crie affamé
Non, je n’ai pas faim, simplement je suis femme
Apparemment morte une femme nue repose sur un lit en fer dans une serre transparente à demi-pleine de feuilles. Les premières notes d’une flûte la poussent à se lever doucement encore endormie, la poussent à traverser la vaste salle pour se plonger dans une baignoire remplie de fleurs. Eurydice et Ophélie. Leur amour les conduit à la mort… et la mort… n’est-elle le contraire de l’amour ?
J’avais fait le deuil de ma mère à Spéracédes. En Provence, où les parfums sont nés. Submergée dans la grotte du jardin entre les feuilles de cet automne, ma douleur et ma rage ont conçu la pièce de théâtre présentée à Berlin un mois après.
Neuf mois avant je parcourais l’Europe en chantant, dans une voiture louée…
« I’ll be coming down the mountains when I come,
I’ll be coming down the mountains when I come,
I’ll be riding six white horses, I’ll be riding six white horses,
I’ll be riding six white horses when I come . »
Mon amour m’attendait au milieu des amis dans cette maison enchantée, parfumée, où le rituel de la cuisine était une cérémonie majeure. Des plats exquis se succédaient sur la grande table au soleil. Euphorique, je goûtais les odeurs, les couleurs, la chaleur de cette table. Ces repas restent dans ma mémoire comme les plus gourmands de ma vie. J’étais amoureuse de lui et de sa musique. Il commençait à m’aimer. Nous faisions l’amour sans arrêt, éperdument, comme si nous sentions la mort à venir, comme si nous savions que l’amour est le contraire de la mort. Ce fut le commencement d’une relation amoureuse qui vingt ans après vient de se terminer. Non pas tout à coup mais lentement, comme un ballon qui perd de l’air imperceptiblement et nous surprend un jour aplati sur le sol.
Les années ont tissé une faible toile entre la jeune fille que j’étais et la femme que je suis. La mort de ma mère, la pièce de théâtre, la maison à Spéracédes ont pris un parfum aigre-doux délavé. Les tours de New York sont tombées, la poussière couvre des centaines de cadavres et ouvre une porte à la guerre. Une et une autre fois, comme un disque rayé, je les ai vues s’écrouler de loin, avec mon père, sur l’écran d’une télévision à Bogota. Je venais d’enterrer ma chienne, mon père est mort une semaine après. A San Francisco la porte, qui depuis un temps se balançait entre mon amour et moi, s’est fermée définitivement, apparemment sans bruit…
La douleur, c’est quoi ? Être amoureux, c’est danser précairement sur une vague, sous l’ivresse des nuages. Aimer, c’est regarder l’autre dans le plus beau des miroirs. Par choix, par curiosité, et surtout parce que c’est possible. Ce n’est pas toujours possible et parfois c’est possible et devient impossible… J’ai pris un avion pour l’Europe où j’ai passé un temps de mon enfance et mon adolescence. Un ami musicien m’offre un travail à Puerto Rico, l’enregistrement d’une ancienne musique encore vivante jouée par des maîtres… Ainsi commence ma vie de nomade…
Chemin
Sur une musique lourde de rythme et de chagrin, dansant de tout son corps un jeune noir conduit son redoutable véhicule à une vitesse affolante entre mer et palmiers et me dépose dans la vieille ville de San Juan. Puerto Rico, la nonchalante et chaude gentillesse des ses gens, les rues éclatantes de musique où l’ancienne culture se fait sentir.
Il pleut depuis trois jours sans arrêt. La ville s’habille en reflets. Les petites ruelles sont pavées de briques en céramique bleue ! L’eau en libre course forme de minces rivières que les filles sautent en riant. Le vent malin s’accroche aux parapluies.

Dans un bistrot sale sentant la cuisine, le tabac et l’alcool qui se remplit le soir à n’en plus pouvoir, je monte et descends des échelles instables, réglant l’éclairage. Avec ma petite caméra je suis partout ; sur l’estrade, derrière le piano, au-dessus des tambours, sur les tables. Une foule ivre de musique est en transe.
Il y a quelques semaines je me trouvais dans les champs où l’hiver chantait sa chanson de cygne. Chanson jamais entendue… mais ne dit-on pas que la mort d’un cygne redresse son cou pour éclater en une lamentation d’une telle puissance qu’elle transforme à jamais ceux qui l’entendent ? A l’aube, le givre costumait les champs, le monde était paré de dentelle, chaque brin d’herbe découpé sur le point de s’effriter.
De San Juan à New York un paysage d’hiver presque japonais se dessinait à travers le brouillard. La pluie dense et têtue rendait l’atmosphère irrespirable. New York, ville immense, fantastique, belle malgré sa blessure. Ses tours de cristal et d’acier survivantes portaient la nuit avec aisance. Pareille à un ballon à moitié dégonflé pas très sûr de ses contours, une drôle de lune jaune faissait semblant de danser sur un seul nuage long et fin. Au lever du jour les rues sont peuplées par les ramasseurs d’ordures et par les ivrognes, au regard vide, chemin perdu, qui demeurent collés contre les murs. Comme dans toute grande ville… humanité costumée, parade de tristesse, danse macabre de solitude si émouvante dans son besoin d’oubli.
Je marche par ses venelles respirant les odeurs. Là où la mer lèche la ville la Statue de la Liberté prend forme contre le jour. Comme si je flânais sur une énorme bête, moi, minuscule fourmi qui à peine la chatouille, je sens le réveil de cette métropole.
Bogota, San Francisco, Paris, San Juan, New York San Francisco, Bogota via Miami où les rues le long des marigots éloignent les crocodiles sous la lourdeur d’un ciel tropical… San Francisco, Hongkong, Berlin, Paris… les distances donnent le vertige.
A San Francisco depuis une semaine j’organise le transport de mes dernières affaires qui traverseront la mer vers l’Allemagne. Un peu épuisée, un peu étonnée, je ferme les yeux pour retrouver un matin ensoleillé à Paris. L’image reste. On ne choisit pas, la vie arrive. On marche comme on peut.
Avec ses ponts que j’aime tant, San Francisco se tient comme une énorme araignée sur la mer. Il fait beau. La mer lance sans cesse contre les rochers un message qui me semble important mais impossible à déchiffrer. Ici j’ai conçu mes projets artistiques, j’ai créé pour la joie de la recherche et de la découverte. En partant je suis consciente d’abandonner une carrière théâtrale qui fleurit… assise sur une petite chaise, je joue avec un groupe de musiciens. J’écoute. Mon corps devient un instrument dont les mouvements silencieux à l’oreille font partie intégrante de la partition. Je sais que cette écoute me manquera le plus.
La création n’est qu’un vomissement halluciné, un renversement de matière colorée par la nourriture que nos sens engloutissent . Une écoute pénétrante… justement quand on pense à quelque chose d’impénétrable… la seule réalité est l’étrangeté. L’art existe pour la rappeler, pour faire vivre… Vivre doit venir de vibrer. Vibrer devant l’impénétrable. Une fois le chemin commencé, à chaque pas l’obscurité grandit.
Je cueille une fleur. Je veux la garder dans l’eau, vivante, mais pour voyager c’est encombrant. Je la mets dans un livre avec une fourmi qui lui mange l’âme et qui s’échappe dans un avion, traînant la fleur

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