Chausse-trappes
404 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Chausse-trappes , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
404 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Cet ouvrage pourrait être un remake du célèbre Mes Prisons, de Silvio Pellico, tant il est vrai que les personnages, ici davantage des paumés que des truands dangereux, vont de cellule en cellule dans autant d’établissements pénitentiaires français.

Un témoignage direct et objectif, dont l’intérêt est d’aller au-delà car son champ d’exploration rejoint l’intérieur de l’âme et pose la question de la délinquance et de la rébellion de ceux qui ont quitté les rails de la société.
On peut même se demander si l’écrivain Albertine Sarrazin aurait pu exister sans la prison, et si, à plusieurs reprises, elle ne s’y réfugie pas inconsciemment en ne faisant rien pour éviter l’arrestation qui l’y renvoie. À ses côtés, Julien joue le rôle accordé par le destin : de connaître le grand amour salvateur, celui qui sera toujours le premier message d’espoir de chacun.
Albertine avait évoqué dans sa trilogie L’Astragale, La Cavale et La Traversière, trois romans autobiographiques, son périple exceptionnel. Il manquait la comparution à la barre du témoin principal. »
(J.-P. Gaubert)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332828446
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-82842-2

© Edilivre, 2018
Exergue


« J’ai mis un pied – bloqué – dans la vie d’un voyou et tout m’y surprend, tout m’y intrigue ».
Albertine, à propos de Julien
Avant-propos
Dans ce livre, le « récitant » est Julien, Zizi, Lou, des livres d’Albertine Sarrazin, elle-même est Anne, Anne-Marie, Anick, Albe, Albertine, la Môme, enfin.
Pourquoi la vie nous rend parfois un peu fous, quelquefois véritablement fous ? Il appartiendra au lecteur d’y voir clair, dans sa propre vie. Les coups du sort – les mauvais coups du sort – ne sont pas toujours raison suffisante pour tout expliquer. Il n’en demeure pas moins qu’il existe un acharnement du destin sur certains êtres. Acharnement épaulé par l’énorme bêtise humaine qui ne sait que crier « Haro ! » – écho sans fin, définitif – après le premier faux pas.
Le lecteur verra aussi, combien Albertine Sarrazin, écrivain autobiographique à 99 pour cent, disait-elle, est aussi un fin romancier.
Malgré tous les salauds qui m’ont rendu le cœur maussade, l’optimisme congénital a repris le dessus. À peine levé, je chante tous les matins, en grâces d’avoir résisté à tous ces coups de matraque et passé à travers toutes ces chasses à courre.
Introduction
Ce livre est celui de Julien Sarrazin, et de personne d’autre…
JULIEN
Julien Sarrazin est né le 10 octobre 1924, septième (et premier garçon) d’une fratrie de onze enfants. Julot, le second mari de Louise (sa mère), boucher de profession a fait tous les métiers. De logements en logements la famille manque de stabilité, et dans ce climat, les enfants poussent comme ils peuvent. « Ce qui nous faisait envie – les envies de gosses – on le volait » écrit Julien, devenu Zizi, selon l’habitude de Julot de baptiser ses enfants : Zozo, Zaza, Zézette, etc… Déjà, se dessinait sa vocation.
Seule sa mère est admirable : « Qu’elle ait pu nous élever tous avec si peu de moyens restera toujours pour moi un profond mystère. Elle s’occupait de tout et de tous avec une rare vigilance. Personne ne lui mentait, elle devinait et voyait tout… ». Elle sera toujours « une lionne pour ses enfants ».
Julien, intelligent, apprend un métier dans une école où il rentre sur concours. Pour le reste, la rue fait son éducation avec ses règles implacables.
Julot, après quelques ennuis judiciaires, mais gracié en 1921, finit par rejoindre Amiens et s’y fixer avec sa famille. Suite aux bombardements de 1940, la population est sur les routes. Au sein d’un groupe de 28 réfugiés, Julien et son frère Georges, investissent les maisons abandonnées pour nourrir femmes et enfants… Ils ne reviendront chez eux que trois mois plus tard.
Pour survivre et se nourrir, Julien, qui a alors trouvé du travail comme mécanicien dans un garage, fauche de l’essence aux Allemands et commence à se livrer à un tas de trafics « pour faire bouillir la marmite ». Il « visite » ensuite, avec son cadet Georges, les wagons dans la gare de triage. Au fond, ils appliquent la consigne des tracts lancés par les Anglais : « Volez, pillez, mais n’allez pas travailler en Allemagne ».
Sa tranche d’âge visée par le S.T.O., il se prépare à passer en Espagne. La Police Judiciaire qui vient d’arrêter un comparse l’attend au retour de Paris. Elle trouve un revolver Smith et Wesson dans « sa caverne d’Ali Baba » qu’il n’a pas eu le temps de vider.
Écroué le 5 mars 1943 à la Maison d’arrêt d’Amiens, il comparaît le 28 juillet devant le tribunal spécial sous l’inculpation de vols à main armée : « Notre tour arrive, le frangin qui n’avait pas dix-sept ans à l’arrestation se morfle cinq ans de travaux forcés, moi quinze ans… ». Julien Sarrazin naîtra de cette condamnation.
À partir de janvier 1944, il purge sa peine à la prison de Melun où les conditions de survie sont telles que les détenus se révoltent le 24 août lors des combats de la libération. Julien voit son frère cadet, Georges, tué par une balle allemande alors que tous deux tentaient de traverser la Seine en barque. Lui-même est repris, le corps de son frère dans les bras.
Après la Libération, sa peine sera réduite en septembre 1945 de quinze à dix années de réclusion. Il raconte dans « Contrescarpe » cette période de sa vie.
Affecté à l’imprimerie administrative de Melun, il creuse un souterrain de juillet 1945 à janvier 1946. Dénoncé par un codétenu à la veille de « se faire la belle », condamné à trois mois de mitard (cachot), il réussit à s’évader en juin 1946. Mais deux mois plus tard, à nouveau dénoncé par « le milieu » au sein duquel il essaie de trouver sa place, il est arrêté à Paris. Après de nouveaux mois de mitard au cours desquels il perd 18 kilos, il change de vie, devient un prisonnier modèle, sorte de sage qui abandonne un dernier projet d’évasion et accepte son sort. Il se cultive, s’abonne aux Nouvelles Littéraires, et lit les philosophes.
En janvier 1949, il écrira au Garde des Sceaux pour solliciter une atténuation de sa peine, voire une mesure de grâce ou de liberté conditionnelle : « Je prends l’engagement, promet-il, de bien me conduire dans l’avenir et vous remercie à l’avance de tenir compte que les faits ont été commis dans mon extrême jeunesse alors que je ne connaissais pas la portée exacte de mes actes ». Il n’y sera donné aucune suite.
Plus tard, dans une lettre au directeur de la prison à propos de l’attitude du surveillant-chef, il écrit le 11 juillet 1952 : « Je hais la prison et tout son système. Cela n’a qu’un but : amoindrir l’individu, l’abaisser, le ravaler à l’état de rampant… avec environ cinquante jours à faire, je suis toujours au spécial ! Le chambardement journalier dans la cellule, montrer son cul chaque soir, etc. ».
Il sera libéré en janvier 1953. Sans doute, ne revient-on pas à la vie civile des « caves » après dix années de « cabane », sans que la prison n’ait laissé des traces indélébiles. Julien ne doit pas être confondu avec Mesrine. Il ne joue pas avec les armes à feu, mais se présente « casseur », plutôt Arsène Lupin. Arrêté en juin 1953 (pour vols), il retrouve la liberté en décembre 1955. Arrêté, à nouveau, en mars 1956, libéré en décembre, il entame, début 1957, une double existence : employé par une compagnie d’assurances dans la journée, voleur la nuit pour, plaidera-t-il, nourrir sa famille.
Cette année-là, le 19 avril, la rencontre fortuite qu’il va faire avec Anne-Marie après son évasion de la prison-école de Doullens, où elle purge une peine de 7 ans, va donner un sens à sa vie. Elle lui inspire, 14 ans plus tard, l’écriture du « Chausse-Trappes ».
ALBERTINE
Albertine Damien, née le 17 septembre 1937, à Alger, recueillie par l’assistance publique, est adoptée en février 1939 par un couple âgé, sans enfant, résidant à Alger. Elle deviendra Anne-Marie R.
Le « père » est médecin-colonel, la « mère », surnommée Mother, est une ancienne infirmière bénévole. Originaires du sud-est de la France, ils s’efforceront de donner à la petite fille la meilleure éducation. Après dix années passées à Alger, ils viendront, en 1947, prendre leur retraite à Aix-en-Provence.
En fait, le courant ne passe pas entre eux, alors qu’elle possède tous les dons. Elle suit une scolarité chaotique dans plusieurs établissements, d’abord dans le public, puis dans le privé.
Son caractère devenant de plus en plus violent, elle est confiée à l’Institut Lochabair, à Cannes, où elle restera six mois. Elle est renvoyée pour rejoindre le lycée d’Aix en octobre 1952 et après une nouvelle fugue, est placée d’office au Bon Pasteur, à Marseille, le 20 novembre de la même année.
À Marseille, Anne-Marie est vite classée dans une section de « filles difficiles ». Elle vit cette période quasiment comme une incarcération et « s’évade » le jour de son oral au Bac en 1953. Elle rejoint alors Paris en auto-stop, et vit d’expédients, pratiquant notamment la prostitution à la sauvette.
En novembre 1953, Émilienne, son amie de cœur du Bon Pasteur la rejoint. Leur complicité renforce leur dérive dans la délinquance. Les vols se succèdent (une boite à musique et une pince à écrou, plusieurs plans de Paris, un livre, des croissants, une gourmette, des fruits, un cendrier, une paire de clips, un carnet, des jumelles…).
Les jeunes filles ont besoin d’argent et vont se rendre à Aix-En-Provence, au domicile des parents adoptifs d’Anne-Marie, où elle dérobera le révolver 6,35 de son « père ». De retour à Paris, elles font un hold-up, le 18 décembre 1953 dans un magasin de confection et braquent la commerçante. Prise de panique, Emilienne tire presqu’à bout portant et lui « fracasse » l’humérus droit. Elles la poussent dans une penderie, s’enfuient en s’emparent de 500.0000 francs. Leur signalement est vite communiqué à la police qui les arrête le surlendemain. Elles comparaitront devant la cour d’assises des mineurs le 22 novembre 1955. Verdict : 7 ans d’incarcération pour Anne-Marie et 5 ans pour Émilienne.
Anne-Marie rate de peu son suicide le soir du verdict. La psychiatre Christiane Gogois Myquel qui va la découvrir quelques semaines plus tard à la forteresse-école de Doullens où elle est alors dirigée en janvier 1956, dressera ce portrait sans complaisance : « Elle était ronde, immobile, figée, semblait-il, et grasse – des joues, du ventre, de grosses lunettes de myope, pas de taille, fagotée dans la robe grise 1 trop longue. Ce n’était pourtant pas une insignifiante boulotte crépue – tout cela était trop voulu, trop forcé… Bien sûr elle était comédienne comme toute adolescente qui se cherche, tantôt écolière studieuse, puis chef de bande ou bécassine, reine de Saba, adorable jeune fille… Elle mentait bien, mais cela n’avait pas d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents