Chroniques cadastreuses
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Chroniques cadastreuses , livre ebook

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Description

Comment peut-on être fonctionnaire ?
C’est simple, il suffit de passer un concours... et de le réussir ! Ensuite, c’est à vous de jouer. Marie Goélette va vous donner, sous forme humoristique, un aperçu de ce monde déroutant pour quelqu’un arrivant du privé.

« Une pépite, c’est un livre où le lecteur plonge immédiatement, embarqué pour un aller simple dans le monde de l’auteur... Pour son deuxième ouvrage, très attendu de son fan-club de la première heure, Marie Goélette va verser dans le récit [...] de sa carrière de fonctionnaire, avec de nombreuses anecdotes plus que croustillantes, narrées comme elle seule sait le faire, avec beaucoup d’ironie, de sens critique, et une causticité à toute épreuve. Le tout dans un humour décapant. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414152018
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15199-8

© Edilivre, 2017
Exergue

« Quand on se parle à soi-même, on écoute ce qu’on dit »
(J.C. VANDAMME, acteur, metteur en scène, penseur et philosophe contemporain)
C’est à vous que je parle, mais j’ose espérer que vous m’écouterez quand même…
Dédicace

Pour Isabelle
Prologue Ou : comment devenir fonctionnaire
Si ce qui suit vient à être publié un jour, je risque fort de devenir le nouveau Salman Rushdie, parce que tous les syndicats de France et de Navarre vont illico lancer une fatwa contre moi. * Mais je continue de penser que ce serait fort dommage de ne pas vous faire profiter de mes découvertes anthropologiques dans l’étude d’une tribu très fermée, puisqu’il faut passer un concours pour avoir le droit de l’intégrer : l’homo sapiens (?) fonctionnarius franchouillardensis . Et encore, tout ce qui suit ne sera qu’un aperçu de ce qui se passe dans la Fonction publique. Tout ce qu’en a dit Courteline est vrai, archi-vrai et même en-dessous de la vérité. Si c’est votre premier voyage de l’autre côté du miroir – je veux dire du guichet – vous aurez probablement du mal à me croire, mais je peux vous jurer que tout est vrai. Vu à ma manière, assaisonné au jus de citron (quand je suis gentille) ou au vitriol (lorsque collègues et/ou usagers m’ont vraiment gonflée), mais vrai, car je l’ai vu, vu de mes yeux vu, vous dis-je. Pas besoin d’inventer quand la réalité est aussi gratinée. Vous entrez dans un autre monde. Un monde parallèle. Comme dans une célèbre série télé, ce n’est pas votre vision qui est déréglée, je prends le contrôle de ces pages : soyez prêts à tout.
De quoi me plains-je ? On m’avait prévenue : « L’Administration est une mère pour les fainéants, une p… pour ceux qui la servent » . Plusieurs personnes de mon entourage ayant connu privé et public m’avaient mise en garde. Surtout ne travaille pas trop, ni trop vite, sinon tu vas être mal vue. D’abord des collègues, parce que la comparaison risque de leur être fatale, et aussi des chefs, parce que l’essentiel est de se conformer aux modèles déjà en place, de se glisser dans le moule, et surtout de ne pas faire de vagues. La pire des choses à faire étant bien entendu de prendre des initiatives. Ce mot ne fait pas partie du vocabulaire de la Fonction publique. Comme quelques autres, il est tabou. Il vaut mieux connaître le vocabulaire à éviter : rendement, rémunération au mérite, initiative, heures supplémentaires, ouverture des services au public le samedi matin, et plus récemment service minimum … Mais j’en oublie sûrement. Vous ne le saviez probablement pas, mais dans cette tribu, ce sont des gros mots que vous devez éviter de prononcer.
Petite parenthèse : pour le service minimum ça s’explique : c’est déjà ce que fait une grosse moitié des effectifs tout au long de l’année, juste le minimum, alors en prononçant ces mots, nos dirigeants ont touché un point sensible. Refermons la parenthèse.
Et cette mise en garde, c’était ben vrai, comme aurait dit la mère Denis.
Pourquoi, mais pourquoi ai-je présenté ce fichu concours ? Oui, pourquoi ? Certains jours de déprime, tout au début de ma brillante carrière d’agent d’assiette et de constatation (ça en jette, hein ? Et en plus maintenant on dit agente parité oblige et c’est le terme officiel), oui, certains jours de déprime je me suis demandé pourquoi je n’étais pas restée au chômage, puis au RMI, soignée gratos grâce à la CMU, et grappillant de ci de là quelques autres allocations. Eh bien, bêtement, je voulais retrouver du travail, voilà. Il existe une caste d’originaux qui préfèrent travailler plutôt que vivre aux crochets de la société, et j’en fais partie.
Il faut dire qu’après cinq longues années de galère à errer entre les offres d’emploi bidon de l’ANPE, les visites à l’Assedic munie de mon cahier répertoriant mes demandes, et du classeur avec les réponses (à peine dix pour cent des premières, tout ça pour prouver que je cherchais vraiment du travail), les stages de formation arrachés de haute lutte au « conseiller » de cette même ANPE qui n’en voyait pas la nécessité (évidemment, il était casé, lui), les réponses aux annonces des journaux et les candidatures spontanées, je désespérais de retrouver du travail un jour. Tout ça pour obtenir difficilement un emploi à mi-temps payé un demi-smic, et encore grâce à une aide du maire de mon « village ». J’étais prête à tout. Ou presque. À part faire le trottoir, devenir danseuse nue au Crazy Horse , ministre, ou dompteuse de fauves, je crois que j’aurais pris à peu près n’importe quel boulot. Même conduire le camion des poubelles ou vendre des légumes sur les marchés ne m’aurait pas rebutée. Parce que pour finir chez les frères Rapetout à Paname puis à Betterave Gulch, croyez-moi, il faut être totalement désespéré. J’aurais encore préféré un emploi de caissière à Carrefour, au moins c’était près de chez moi, ce qui m’aurait évité de déménager, mais impossible : j’étais trop qualifiée ! Là aussi (aux Impôts) d’ailleurs, mais je ne suis pas la seule. C’est souvent à ça qu’on reconnait les « jeunes » agents. On tente divers concours et celui qu’on réussit ne correspond que rarement à notre niveau d’études réel. Pas comme les anciens pour qui ce fut le contraire à une certaine époque. Le sujet sera développé plus tard. Je vous expliquerai le fonctionnement de la machine à démotiver si vous avez tenu jusque là.
Bien sûr, en retirant le dossier d’inscription au concours, je savais que je risquais de me retrouver à Pantruche-la-Merdique (ça c’est pas de moi mais de San Antonio alias Frédéric Dard), ou dans l’une de ses banlieues pourries en cas de réussite, mais quand on arrive à huit cents demandes pour des clopinettes, que faire ? C’était vraiment pour prouver que j’avais tout fait pour trouver un travail, même les concours administratifs. Pour moi, on passait ce type de concours en sortant du système scolaire, en fonction du diplôme qu’on venait d’obtenir. On avait encore les divers sujets d’examen bien frais dans la tête, et on était armé pour réussir. Mon bac datant un peu, je me suis présentée au concours d’agent (niveau brevet), en touriste, décontrastée (comme disait Garcimore), et sans y croire le moins du monde. Quand un des sbires préposés à la distribution des copies et à la surveillance des épreuves nous a annoncé qu’on était environ trente mille inscrits pour quatre cent cinquante places, il y a eu des soupirs de désespoir dans l’assistance, suivis de quelques départs. Au point où j’en étais, autant rester là. On était en novembre, la salle était chauffée, et ma voiture bien garée un peu plus loin sur le parking de la Cité Administrative ne risquait pas l’ombre d’un PV. J’avais avec moi le casse-dalle de midi, bref, autant de bonnes raisons de rester, même si je ne pensais pas réussir. Quand il y a autant de monde pour si peu de places, un concours ne veut plus dire grand-chose, ça devient une loterie. Il fallait avoir de la chance pour être admis. Et de la chance, à cette époque sombre de ma vie, j’en manquais cruellement. En sortant, j’avais bonne conscience puisque j’avais essayé. Après tout, comme le dit la pub du loto « Cent pour cent des gagnants ont tenté leur chance » , alors, advienne que pourra. J’ai même tenté dans la foulée deux autres concours que j’ai ratés, sans doute pour m’y être également rendue en touriste.
Of course , une fois mes copies remises, j’oubliai le tout. Ce n’était qu’une tentative parmi tant d’autres qui avaient échoué, je n’en étais plus à une près. À 46 balais bien sonnés, quelques kilos en trop et encore un enfant à charge, pas la peine d’espérer trouver un job. Quand on daigne vous répondre c’est pour vous dire que vous n’avez pas le profil (et c’est quoi le bon profil à votre avis ?) ou que vous êtes trop qualifiée pour le poste. Ça fout les boules mais c’est comme ça. L’ANPE m’a même conseillé de faire un faux CV pour répondre à certaines annonces. Donc, si par hasard on est retenue pour un entretien, on apprend un peu plus tard que c’est la minette équipée d’une minijupe ras-la-touffe qui a décroché le poste. Même si elle est con comme un balai, même si elle ne sait pas écrire papa sans faute d’ auretograffe , elle fait joli dans le paysage, et c’est ça qui compte. Le bon profil, vous l’aurez deviné, c’est BCBG (beau cul belle gueule). Même si c’est sans la moindre intention de harcèlement sexuel par la suite, le côté esthétique est le critère numéro un. Le numéro deux étant l’âge. Découragement garanti pour toutes celles qui n’ont pas la silhouette de Claudia Schiffer ou de Naomi Campbell, mais plutôt celle de Maïté la cuisinière, ou de Laurence Boccolini. Si vous avez passé la trentaine, et qu’en plus vous avez le pif d’Alice Sapritch ou le menton des frères Bogdanoff, ce n’est même pas la peine de chercher un boulot. Ceux qui sont comme moi passés par la case chômage savent de quoi je parle.
J’aurais pu échouer et ne jamais devenir fonctionnaire, et alors qui peut dire où j’en serais aujourd’hui ? Je ne le saurai jamais, et ça ne m’empêche plus de dormir. Mais au début, ça m’a demandé plus d’efforts pour m’adapter que lorsque je travaillais dans une agence de voyages à Rome. Parce que là, à Paris et chez les Frères Rapetout, j’étais réellement en pays étranger.
Et par sécurité, j’ai changé les noms et les lieux, comme ça, même si mon bouquin tombait dans les mains d’un des personnages, il pourrait toujours dire : « Ce n’est pas moi » !
* Trop tard, le jour de gloire est arrivé, c’est publié.
1 Gratte-papier : une vocation
« Les énarques, c’est des mecs, tu leur donnerais le Sahara, au bout de six mois il faudrait im

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