Comme une vie qui s en va
100 pages
Français

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Comme une vie qui s'en va , livre ebook

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Description

Cette histoire est celle d’une anonyme, d’une femme ordinaire, comme il y en a beaucoup et qui se reconnaîtront en elle. Odette, sous la plume de l’auteur, décrit ici, avec des mots simples et beaucoup de tendresse, ses souvenirs d’enfance, la guerre, sa jeunesse, sa vie d’épouse et de mère, ses joies, ses peines, et puis la mort.

« Une histoire de vie simple et sensible, un témoignage qui traverse la Grande Histoire. » Anne le Borgne-David (Au plaisir de vous lire)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414083633
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08361-9

© Edilivre, 2017
Préface
Ma grand-mère, Odette Vernier-Liébaux, est décédée accidentellement en 1993, à l’âge de soixante-trois ans. Mon grand-père l’avait quittée quatre ans plus tôt, des suites d’une longue maladie. Le chagrin n’a dès lors jamais quittée Odette, et elle s’est réfugiée dans l’écriture. Elle avait pour rêve de publier le roman de sa vie, dont elle avait commencé la rédaction. Hélas, elle n’a jamais pu le mener à terme. Les circonstances en ont décidé autrement.
Mon père, Dominique Vernier, a conservé précautionneusement ses brouillons. Une cinquantaine de pages jaunies, tapées de ses mains sur une vieille machine à écrire mécanique, sont encore dans la boîte grise dans laquelle elle les avait rangées. Aujourd’hui, il a décidé de les sortir des oubliettes et de redonner vie à ma grand-mère.
Cette histoire est celle d’une anonyme, d’une femme ordinaire, comme il y en a beaucoup et qui se reconnaîtront en elle. Odette, sous la plume de mon père, décrit ici, avec des mots simples et beaucoup de tendresse, ses souvenirs d’enfance, la guerre, sa jeunesse, sa vie d’épouse et de mère, ses joies, ses peines, et puis la mort.
Sur la première page, elle avait inscrit en lettres majuscules : UNE VIE PARMI TANT D’AUTRES . Titre qu’elle voulait probablement donner à son autobiographie. Celui que mon père a retenu, il l’a découvert dans ses dernières lignes, lorsque, assise face à la mer, elle écrivit : comme une vie qui s’en va .
Oui, car peu de temps après avoir posé ces mots sur le papier blanc, sa vie s’en est allée, comme le sable qui fuyait entre ses doigts.
Vanessa Genot-Vernier
Dédicace


À mes enfants et petits-enfants qui me donnent la force de vivre, de lutter et d’aimer.
Prologue
Tout ce qui m’a été donné.
Tout ce que j’ai reçu.
Tout ce que je n’ai pas eu.
Tout ce que j’éprouve.
U n grand vide et un désespoir sans fin m’envahissent. Cet amour si plein de rêves, d’espérance, de tout, n’est plus et ne sera plus. Je suis seule. J’ai peur du silence. Il m’étouffe, il me glace, il me prend tout entière. C’est le néant, l’oubli et, peut-être déjà, la mort.
Si le pouvoir m’était donné de le revoir quelques minutes, quelques secondes, de lui redire que je l’aimerai au-delà de l’éternité, plus rien n’aurait d’importance que cette passion que je garderai bien cachée tout au fond de mon être.
Pourtant… !
Ils m’appellent, ils sont là, je les regarde, je les vois. Il faut que je bouge, que je résiste, que je vive encore, pour eux, pour ces bras qui se tendent vers moi, pour tout l’amour que je lis dans leurs yeux.
Oui, je lutterai. Ils me donneront la force, et aussi la joie, de continuer à vivre et à aimer.
Première partie Mon enfance
C ‘est un petit village de la Côte-d’Or qui me vit naître un beau jour de juillet, et je crois que c’est la raison pour laquelle j’aime tant le soleil.
La famille, déjà comblée par deux enfants, m’accueillit avec joie. Robert était l’aîné, Ginette la cadette.
De mon enfance, il me reste des parcelles faites de bonheur.
Je la revois, je la revis de nouveau, si intensément qu’il me semble que tout va recommencer.
Mon père, agent de la SNCF, était un homme grand, robuste. Sa voix rude et autoritaire intimait le respect et l’obéissance. Il avait cependant un cœur d’or.
Ma mère, très douce, effacée, mais extrêmement coquette, était toujours là pour calmer nos chagrins d’enfants, nous veiller lorsque nous étions malades, nous entourer d’amour et de tendresse. Elle était la plus merveilleuse des mamans.
Robert était mon meilleur ami. Il représentait tout. Il était le plus fort, le plus beau de tous les grands frères. Je me sentais tellement bien avec lui. Lorsque nous nous trouvions ensemble, rien ne pouvait m’effrayer, la peur et les craintes s’envolaient.
Certains jours d’été, blottie contre sa poitrine, assise à califourchon sur le cadre de son vélo, je l’accompagnais à la pêche.
La Tille, rivière paisible qui traversait le village était notre refuge. L’eau était si limpide que je voyais mon image s’y refléter.
C’était tellement magique !
Notre canne à pêche n’était qu’une simple baguette de noisetier munie d’un bouchon et d’un hameçon. Tout au bout, se balançait un ver de terre. C’est à grand peine que nous en dénichions dans un coin du jardin. Un vieux pot à lait rempli d’eau servait de goujonnière aux pauvres vairons qui étaient assez bêtes pour se laisser prendre.
La brise, le soleil jouaient avec les feuilles des grands peupliers. Les oiseaux gazouillaient. C’était le paradis.
Notre friture était le plus souvent bien maigre, mais nous n’étions jamais déçus.
« Même pas de quoi nourrir un chat », disait notre mère. Nos éclats de rire résonnaient alors dans toute la maison.
* *       *
Comme il était beau, mon village, avec ses maisons serrées les unes contre les autres, – comme si elles voulaient se tenir chaud, se protéger des intempéries –, son clocher d’ardoise et, tout autour, des champs de blés dorés, des prairies de velours vert.
Nous allions glaner dans les champs fraîchement moissonnés. C’était à celui où à celle qui rapporterait la plus grosse gerbe.
Les volailles se régalaient.
Il y avait également ces bouquets tricolores, composés de coquelicots, bleuets et marguerites, que nous étions si heureux d’offrir à notre mère.
Notre récompense, c’était son sourire. C’était si simple, si merveilleux.
Je me souviens de la cueillette des fruits sauvages, des fraises et des framboises avec lesquelles notre mère préparait de délicieuses confitures, des prunelles que notre père distillait et dont il tirait une liqueur succulente.
Nous cherchions des champignons, chanterelles, bolets ou autres espèces comestibles et en remplissions de pleins paniers.
J’aimais par-dessus tout la forêt, son silence, ses parfums. Là, je respirais à plein poumons, je rêvais. Cette immensité verte m’attirait.
Nous aimions goûter dehors, assis sur les escaliers de bois de notre modeste maison. Notre mère nous préparait de grands bols de « trempotte », doux breuvage fait d’un peu de vin additionné d’une grande quantité d’eau sucrée. De larges tranches de pain complétaient notre repas.
Que c’était bon !
J’adorais aussi l’arrivée du soir. Le soleil s’en allait et je regardais s’allumer les étoiles. Mes yeux commençaient par en découvrir quelques unes et puis c’était le rêve, le firmament. J’aurais voulu m’endormir là, tout près d’elles. Le vrai paradis, il devait être là. Je le saurai bien un jour. Maman me prenait la main et m’aidait à regagner mon lit.
« Comme c’est beau !
– Oui, mais maintenant, il faut dormir. »
* *       *
J’étais une petite fille très capricieuse et coléreuse. Mais je crois que je me suis un peu assagie depuis le jour où mon père, exténué par mes cris, me saisit par le fond de culotte et fit le geste de me précipiter dans le puits. Ce trou béant, si profond, cette eau si sombre allaient m’engloutir. J’en fus terrorisée.
En évoquant ce puits, un autre souvenir me revient.
J’avais environ six ans.
Notre commune installait l’eau courante dans tous les foyers. Les rues étaient creusées par de profondes tranchées ; de longs tuyaux venaient s’y loger.
Jusqu’alors, nous utilisions l’eau du puits. Elle était pure et fraîche, même en saison chaude. La vie moderne allait tout transformer, elle nous apporterait le confort à domicile. Imaginez : il suffirait d’ouvrir un robinet et l’eau jaillirait en abondance. Plus de corvées avec les seaux parfois si lourds à porter, quelle révolution !
En ce début d’après-midi, donc, alors que le déjeuner était terminé et que l’heure de l’école n’avait pas encore sonné, je m’étais assise sur l’un de ces tuyaux. Les travaux m’intriguaient et, de nature curieuse, je ne m’aperçus pas que cette canalisation était enduite de goudron. Dans quel état m’étais-je mise !
Notre père, qui bénéficiait d’un jour de repos, se fâcha, et j’eus droit à une fessée exemplaire. C’est alors qu’en voulant me protéger, j’ai heurté le coin d’un meuble de la main et me suis foulé le pouce. Lorsque mes parents s’en rendirent compte, ce fut une grande pagaille : les cris de ma mère d’un côté, les excuses de mon père de l’autre, et moi qui continuais à pleurer.
Sur son vélo, mon père m’emmena au bourg voisin, chez le rebouteur.
La suite de cette histoire est que je fus chouchoutée pendant un certain temps et gavée de friandises.
* *       *
Du temps de mon enfance, les vêtements neufs se portaient uniquement le dimanche. Les autres, plus simples ou usagés, étaient utilisés les jours de semaine.
Or, ce dimanche-là, alors que le printemps éclatait de toute sa beauté, Robert décida de m’emmener dans la forêt.
« Viens avec moi, me dit-il, j’ai repéré un nid de pies et je voudrais aller voir si les petits sont éclos.
– Mais nous portons nos habits du dimanche, maman ne nous donnera pas la permission !
– Ne dis rien, nous ne resterons pas longtemps, elle ne s’apercevra pas de notre absence. »
Il était vrai que nos parents recevaient des amis ; ils étaient de ce fait très occupés.
Nous voilà donc partis. Robert, vêtu d’un costume flambant neuf. Moi, portant une ravissante robe de mousseline blanche, ainsi qu’un mignon béret posé de biais sur la tête.
Arrivés à l’orée du bois, Robert me montra le nid perché au sommet d’une branche d’un énorme chêne.
« Comme il est haut !
– Je monte, tu attends. »
Habile, il grimpait, grimpait, je n’osais plus le regarder. Tout à coup, crac ! Le pantalon se déchira. Mon frère redescendit furieux : tout cela pour rien, les petits n’étaient pas encore nés.
« Qu’est-ce que je vais dire à maman ? »
Je ne sus que répondre

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