Coupable...de n être pas aimée
204 pages
Français

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Coupable...de n'être pas aimée , livre ebook

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Description

Le récit autobiographique de Charlène Sudiman retrace le long et douloureux combat mené par une femme pour l'acceptation de soi. Après avoir enduré durant des années le mépris de son mari, elle finit par ne plus supporter de se sentir incomprise et décide de quitter son foyer. L'origine de sa dépression remonte à son enfance malheureuse, quand l'indifférence, voire l'agacement de ses parents à son égard la poussent à croire qu'elle n'est pas digne d'être aimée. Sa vie durant, elle cherche comment combler ce manque affectif et développe un fort sentiment de culpabilité. Alors même qu'elle a honte de sa féminité, elle tente par tous les moyens de correspondre au modèle d'épouse et de mère de famille parfaite qu'elle s'est fixé. Ce n'est qu'en brisant le silence qui entoure les raisons de son « si profond mal-être » pour entreprendre une psychanalyse, qu'elle parvient à dénouer les liens qui la rattachent trop étroitement à sa mère. Enfin libérée de ses peurs, elle peut devenir une femme émancipée et fière de l'être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334226905
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-22688-2

© Edilivre, 2016
Dédicace


À mes fils
Je hais mon âme, misérable et gémissante, qui endure avec patience, tordue ou tressée par d’autres mains.
Karin Boye
1
J’ai écrit ce livre par nécessité.
C’était le seul moyen à ma portée pour exprimer la souffrance intime qui me tenaillait depuis des années et que je ne parvenais pas à extérioriser.
Il m’était impossible de mettre des mots sur mon mal que je ne comprenais pas. De ce fait, je me croyais anormale, ou coupable, et j’en étais particulièrement honteuse, si bien que c’est en secret que j’ai rédigé ces pages.
En même temps, j’avais le sentiment que mon histoire sortait vraiment du commun, qu’elle était réellement poignante aussi, et c’est pourquoi il me semblait extrêmement important d’en laisser une trace.
Il me tenait à cœur, surtout, que mes proches apprennent un jour le si profond mal-être qui avait été le mien. Ceci à commencer par mon mari, qui paraissait si terriblement indifférent à ma souffrance.
C’est probablement à cause de cette indifférence que j’ai fini par perdre totalement pied et c’est donc à partir de là que j’ai commencé mon récit.
Depuis plusieurs années, déjà, je m’enfonçais dans une dépression sans nom et je ne comprenais pas du tout ce qui m’arrivait.
J’avais en moi une peur terrible, bien qu’il me soit impossible de définir celle-ci. J’avais peur des réactions de mon mari et peur de m’exposer au risque d’être condamnée.
Je ne savais pas de quel genre était cette condamnation, mais j’avais peur.
Et puis j’avais honte aussi.
Je me sentais coupable et c’est dans ces conditions extrêmement pénibles, que j’ai finalement décidé de quitter mon mari.
Nous étions mariés depuis vingt-deux ans et, au préalable, nous avions été fiancés pendant six ans. C’est dire combien nous avions engagé et construit de choses ensemble.
Pour commencer, deux enfants sont nés de ce couple et ce sont eux également, en me séparant de mon mari, que j’ai quittés, malgré le fait qu’ils représentaient toute ma vie.
Ils étaient la seule chose qui donnait réellement un sens à cette vie.
Ensuite, point important, nous avions aussi construit une villa, en partie de nos mains, et je tirais une extrême fierté de sa réalisation, parce que grâce à elle, à mon mari et à mes enfants, j’étais une épouse et une mère, ce qui me donnait le sentiment d’avoir un certain statut sur terre.
Dès lors, contrairement à ce que j’avais vécu jusque-là, il me semblait être « quelqu’un ».
Mon désespoir a été tellement immense lorsque j’ai dû adopter – comme unique solution à la souffrance que je ressentais – la décision de quitter tout cela, qu’il m’a été impossible de vraiment le décrire.
Je « mourais » littéralement de cette conjoncture, mais je ne pouvais plus faire autrement car mon état de santé, morale et physique, était par trop dégradé.
C’est la raison pour laquelle aussi, je ne pouvais pas emmener mes fils. Je n’en avais plus la force physique, mais aussi, je n’en avais pas les moyens financiers.
Je me suis donc trouvée dans l’obligation de les laisser à leur père qui, pourtant, d’après mes impressions personnelles, ne s’en occupait pas, ou alors tellement peu.
Il faut dire qu’heureusement Etienne et Sébastien n’étaient plus des enfants puisqu’ils avaient à ce moment-là, 19 et 16 ans.
Malgré cela, j’avais tout de même le sentiment extrêmement culpabilisant de les « abandonner ».
D’un autre côté, j’étais obligée de reconnaître que mon statut de mère, tant désiré pourtant, ne parvenait plus à me rassurer. Certes, j’aimais mes enfants plus que tout, mais même avec eux, j’avais le sentiment d’être leurrée.
Je leur consacrais la majeure partie de mon temps et il me semblait ne pas en être vraiment récompensée car j’étais trop en manque d’amour. Ceci de la part de n’importe qui d’ailleurs, ou peut-être étais-je incapable de le ressentir ? Incapable moi-même de le donner ? Et sans cesse je m’en culpabilisais.
Ainsi, toute ma vie n’était que culpabilité et, à ce moment où j’avais décidé de quitter le domicile conjugal, celle-ci a encore été décuplée.
Pourtant, je n’avais rien fait jusque-là de si répréhensible et je ne comprenais pas cette « faute » que je m’attribuais.
Je remplissais mon rôle d’épouse et de mère du mieux que je le pouvais et je ne comprenais plus rien de ce qui m’arrivait alors que j’avais tant désiré réussir mon couple et surtout la cellule familiale qui en était issue. J’avais un immense besoin d’être rassurée par cette unité et ma peur était atroce de me retrouver seule.
Il m’était impossible pourtant de revenir en arrière, car le fait de rester auprès de ce mari qui déniait ma souffrance, accentuait celle-ci au maximum.
Déjà je ne pesais plus que quarante-deux kilos alors que j’en pesais soixante quelque temps auparavant et ceci parce que je ne mangeais pratiquement plus, espérant ainsi disparaître peu à peu.
J’avais envie de mourir, j’avais envie aussi que l’on prenne ma détresse en considération, mais il n’y avait personne pour prendre mes menaces au sérieux.
Il y avait longtemps que j’allais mal et que personne ne semblait s’en rendre compte. C’est la raison pour laquelle j’avais déjà, de nombreuses fois, écrit des lettres à mon mari pour essayer de lui faire comprendre ce que je ressentais.
Mais Gérard restait fermé à ce genre d’appel, sans doute parce que mon mal-être était plus psychologique qu’autre chose et qu’il n’admettait rien de ce qui était psy.
Il est vrai que je ressentais un mal fou à exprimer mes pensées, que je ne situais pas réellement moi-même. J’évoquais en permanence « quelque chose » de vague et d’ancien, lié à mon enfance et qui me faisait mal.
Je me plaignais constamment, à peu près à propos de tout, alors qu’en apparence j’étais entourée de bien-être. Mon mari, passablement excédé, me le répétait d’ailleurs souvent. Il prétendait ne rien pouvoir me donner d’autre que tout ce que j’avais reçu jusqu’ici, c’est-à-dire principalement une grande aisance matérielle.
J’étais désespérée parce que je ne parvenais pas à faire comprendre que ce n’était pas à ce niveau qu’une souffrance m’atteignait.
Dans l’enfance déjà, je n’avais manqué de rien, ce qui ne m’avait pas empêchée de me sentir malheureuse.
Il y avait en moi autre chose qui me taraudait et que je ne savais dire. Si bien que j’avais beau rassembler mes idées, j’avais beau réfléchir, j’avais beau me remémorer les grands moments de notre vie, notre mariage fastueux, nos charmants enfants et notre belle progression matérielle, je n’étais pas heureuse. Mais je ne comprenais pas la raison de cette tristesse constante.
Une seule chose était certaine, qui me perturbait depuis des lustres : c’était en moi que se trouvait l’erreur et il fallait que je sache d’où me venait cette persuasion.
Pourquoi étais-je convaincue – tout en éprouvant une angoisse profonde – qu’il était impossible de m’aimer ?
Il me fallait répondre à cette question, car je savais que sans cela je ne serais plus jamais tranquille.
Or, comprendre, c’était remonter à l’origine de mon mal : mon enfance, et c’est la raison pour laquelle j’ai repris ma vie depuis ses débuts.
Il restait ma honte trop grande de mon abnégation que je pensais être due à mon état de femme.
Toutes mes pensées conscientes étaient axées sur cette idée : « Être femme est un handicap épouvantable dont elle souffre toute sa vie. La femme doit lutter et lutter encore pour faire entendre sa voix. »
Toute ma vie, toutes mes pensées, tous mes actes sont dirigés dans ce sens, avec cette certitude, profondément ancrée dans ma conscience, de me croire une infirme d’être née fille.
Étant du sexe féminin, et malheureuse, j’ai été persuadée pendant des années que ce sexe-là seul, souffrait de son état.
La femme était à mon sens un véritable sacrifice humain et le monde entier, les lois, les hommes et même la nature qui l’obligeait à souffrir – je songe ici à l’accouchement par exemple – étaient ligués contre elle.
Si bien que mes pensées se sont arrêtées à cette injustice qu’il m’était impossible d’accepter.
Je sais avoir détesté mon mari pour la simple raison qu’il était homme.
Cependant il restait une contradiction énorme dans ce raisonnement, et c’était le couple qui m’avait servi de modèle.
Le seul couple qui avait rempli mon enfance, c’est-à-dire mes parents, dans lequel au contraire, j’avais décelé depuis longtemps une terrible injustice à l’égard de mon père. C’était lui, la victime dans ce couple, et ma mère l’élément écrasant.
C’était elle, la femme intransigeante, catégorique, sévère qui l’empêchait d’être heureux. Du moins, par le fait qu’elle criait constamment sur lui, j’en étais totalement persuadée.
Mais alors, pourquoi, tout en maudissant cette mère toute-puissante et impitoyable, telle qu’elle l’était aussi, envers nous, ma sœur et moi, était-ce vis-à-vis de l’Homme, du Mâle, que je conservais ce sentiment de crainte, cette sorte de répulsion, cette impossibilité à l’aimer ou simplement même à lui faire confiance ?
Et pourquoi, finalement, avais-je cette impression que l’homme, n’importe quel homme, était là sur terre dans le seul but d’interdire à la femme d’être heureuse ?
Quels étaient cet homme et cette femme, qui m’avaient mis en tête ces idées ?
Qui avait fait de moi ce que j’étais ?
La femme, à mon sens, et malgré le modèle offert par mes parents, était élevée dès son plus jeune âge pour accepter ce sentiment de sacrifice qui lui incombait automatiquement du fait de sa féminité et donc de sa maternité future.
Être femme, c’est être mère et, effectivement, c’était inscrit comme ça, tout au fond de moi.
Depuis mon enfance,

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