De Jean-Zay à Paul-Lafargue
290 pages
Français

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De Jean-Zay à Paul-Lafargue , livre ebook

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Description

L'ouvrage relate la vie d’engagements associatifs, syndicaux, politiques, professionnels, électoraux et bien évidemment personnels de l'auteur, tant les uns et les autres furent – et demeurent toujours – intimement liés. À travers ce récit, on découvrira l’histoire de plusieurs communes, de lieux emblématiques de l’histoire syndicale étudiante et professionnelle en Ile-de-France ; certains moments-clefs des mouvements politiques sur le plan local, départemental, régional ou national, pour la période couvrant les années 1970 à 2017. Avec une grande partie qui concerne Draveil, ville où l’auteur fut élu et responsable politique.

De l’anecdote aux grands moments, un « feuilleton » autobiographique qui renvoie à une vérité : les seules batailles perdues d’avance sont celles que l’on ne mène pas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414350711
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanPascal Bonsignore
De JeanZay à PaulLafargue
Une vie faite d’engagements
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Une vie d’engagements
Quel rapport entre un Ministre du Front Populaire et le gendre de Karl-Marx, auteur du célèbre «Droit à la Paresse» ? Aucun à priori, sauf que cela résume une trajectoire militante, la mienne. Cet ouvrage relate une vie d’engagements : associatifs, syndicaux, politiques, professionnels, électoraux et bien évidemment personnels, tant les uns et les autres furent – et demeurent toujours – intimement liés. Au travers de ce récit, le lecteur découvrira l’histoire de plusieurs communes, de lieux emblématiques de l’histoire syndicale étudiante et professionnelle en Ile de France ; il retrouvera certains moments-clefs de l’histoire des mouvements politiques sur le plan local, départemental, régional et national, pour une période couvrant les années 70 à 2017. Quand on s’engage politiquement, syndicalement ou associativement, on a toujours des comptes à rendre, toujours des obligations de résultats ; la différence, c’est que le résultat n’impacte pas l’engagement au plan professionnel, puisque ce n’est pas le cas… Disant cela, j’exclue les « professionnels » de la politique, celles et ceux
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qui doivent obtenir des résultats pour préserver leur gagne-pain. Une « exclusion » qui n’est pas formelle, mais bien politique au sens où je l’entends, où je l’ai toujours entendu : un engagement est « gratuit » à défaut d’être désintéressé, puisque son intérêt réside justement dans la conviction profonde que l’on ressent d’être en phase avec son projet social, et aussi dans mon cas avec son orientation professionnelle. Mais précisons bien : le choix professionnel pourra découler du choix politique, pas l’inverse quand on parle d’engagement profond, permanent, d’engagement idéologique affirmé. Cela faisait longtemps que je voulais écrire ce livre, raconter vie politique et professionnelle – qui se sont souvent rejointes sans pour autant s’emmêler. D’autant que j’ai toujours pris soin – et le hasard, qui fait bien les choses, y a veillé – de ne pas confondre emploi salarié et engagement militant. Il ne s’agissait pas pour moi de vaincre le « vice » par la « vertu » ; non, beaucoup plus pragmatique, presque « intéressé » : dans un boulot, on a des comptes à rendre à ceux qui vous paient, eux-mêmes ayant des comptes à rendre à ceux qui les dirigent (patrons ou électeurs). Obligations de résultats en somme : on se doit de répondre à l’exigence de rentabilité (mais pas au sens financier, pécuniaire du terme). Ce livre n’a aucunement l’ambition d’être pour autant un ouvrage d’Histoire (avec un grand H) ; il se veut modestement le récit d’une vie d’espoirs, d’idéaux, de satisfactions mais aussi de désillusions ; il me permet de comprendre pourquoi j’ai suivi ce chemin depuis la fin de mon adolescence jusque l’âge de la retraite, et pourquoi je continue. Malgré tout, malgré tous ; plutôt grâce à toutes et tous : amis, famille, camarades, collègues, confrères,
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concitoyens. En un mot, celles et ceux qui ont donné du sens à ces engagements : ceux d’une vie ni exemplaire ni extraordinaire. Une vie qui est – et sera – sans nulle doute celle de millions d’anonymes : celles et ceux qui en définitive, font vraiment l’Histoire.
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Marx au lycée
J’ai 14 ans et je suis en Seconde au lycée de Sfax, dans le sud de la Tunisie. Mon père, contremaitre mécanicien, travaille dans une usine de traitement de phosphates, récemment nationalisée. Pas de politique à la maison. Et pourtant… A la demande du prof de philo, je me rends à la bibliothèque afin d’emprunter un livre pour réaliser un exposé. Je tombe sur recueil de pensées de Karl Marx, que je lis d’une traite. Déjà, je « subissais » les quolibets (dont je n’avais cure…) des fils de profs et d’ingénieurs français, car je préférais à leur compagnie celle de mes potes tunisiens rencontrés au club nautique ou à la Maison des jeunes, et avec lesquels je réalisai un film de fiction relatant un régime dictatorial avec ses exactions et ses exécutions sommaires. Déjà… Plus tard, j’ai appris que l’un de ces potes, Nejib, avait fait de la taule dans les geôles bourguibistes, accusé d’atteinte à la sureté de l’État. Plusieurs années qui avaient fait de ce costaud, adepte des arts martiaux et sportif accompli, un homme brisé, affaibli et désabusé. Je n’ai
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jamais réussi à le revoir, même des années plus tard, même en cherchant assidument. Récemment, j’ai été contacté par l’une de ses sœurs sur le Net : le lien est (presque) rétabli… Revenons à Marx. Je présente mon exposé en cours, m’attirant évidemment les rires de ceux qui pensaient que le communisme était une hérésie… Peu m’importait, sauf que mes parents furent convoqués par la direction du lycée qui les a alertés sur mes lectures « dangereuses » (mais pourquoi alors avoir permis de lire ce bouquin à la bibliothèque ?). Bref, rien d’autre ne pouvait mieux me convaincre de poursuivre… Mon père n’a rien dit sur le moment, se contentant de m’enjoindre d’obéir aux profs – ce que j’avais fait en présentant mon exposé. J’ai su beaucoup plus tard qu’il assistait en secret à des réunions syndicales de l’UGGT dans les arrière-salles des cafés, à l’invitation des ouvriers tunisiens de son usine avec qui il entretenait des relations fraternelles. J’ai 16 ans et je suis en Terminale C (l’ancêtre de S, je crois), la classe avec 9 heures de maths et 6 heures de physique-chimie par semaine, c’est vous dire si j’étais peu prédestiné à la littérature ! Suite à un mouvement de mécontentement au sujet de la nourriture à la cantine, nous sommes quelques uns à convaincre les autres de faire grève du repas du midi. Le proviseur s’adresse à nous en nous enjoignant de rentrer sans attendre, les élèves obéissent sauf nous. Ce qui lui fit dire : «bon, voyez, ça n’a pas marché, faites comme les autres »; une injonction à laquelle je me suis juré de ne jamais obéir. Nous restons dans la cour et sautons le repas. Cour de philo : la prof demande un exposé sur une pensée du 19° siècle ; je choisis le marxisme sans surprise. «? »Tiens tiens, le marxisme, et pourquoi donc  me
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questionne-t-elle. Je lui explique maladroitement le partage des richesses, le refus de l’individualisme, de l’exploitation, la recherche du mieux-vivre pour ceux qui travaillent ; évidemment, elle me reprend et me corrige, m’invitant à me concentrer sur l’aspect philosophique et non pas politique. J’ai appris ensuite qu’elle était la sœur d’Alain Krivine, dirigeant de la Ligue communiste (devenue LCR, avant la scission et le NPA, mais ceci est une toute autre histoire…). Je me souviens d’une amie de mes parents parlant d’un médecin en Tunisie qui se disait communiste : «il se dit communiste et il a une voiture ! ». Marrante, cette vision réductrice d’alors – qui n’a que très peu évolué de nos jours… Je me rappelle lui avoir répondu que ce n’était pas incompatible, sans pouvoir lui en dire plus hélas, et avoir entendu : «eh oui, il est communiste» en parlant de moi avec désespoir sans doute. Mais tout en me procurant cet étrange sentiment de déranger, et d’en être assez fier. Déjà… Je n’ai pas eu de sujet sur Marx au baccalauréat, mais… ère au bac de Français, en 1 , je tombe à l’oral sur une question à propos du Contrat social de Rousseau, auquel je trouve de nombreuses similitudes avec le communisme. Ce qui m’a valu une excellente note, et le bac en cadeau ! Fin de l’épisode tunisien.
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