De la tente à Paris
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De la tente à Paris , livre ebook

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Description

Notre père, Elhadj, se retrouve ainsi, malgré lui éjecté de sa kheïma ancestrale, de sa tente nomade vers un pays inconnu. Il traverse la Méditerranée et se retrouve en terre de France ; il y restera une année de 1947 à 1948 comme ouvrier à l’usine Usinor, il ne résiste pas à la nostalgie ; pendant son congé annuel il décide de revenir au bled, de récupérer sa femme et son fils âgé de dix ans et de rejoindre son poste de travail à Montataire.

Elhadj restera jusqu’en 1964 et quittera avec sa famille le pays d’accueil. Entretemps, son fils s’est familiarisé avec l’encrier et la plume et il narre aujourd’hui, cette période passée loin du sol natal, il raconte Paris et parle de la liberté.

Paris, à célébrer avec ses ébats et ses débats, un « pari » difficile à honorer.

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Informations

Publié par
Date de parution 29 janvier 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334050258
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-05023-4

© Edilivre, 2016
Présentation
Notre père Elhadj, se retrouve ainsi, malgré lui éjecté de sa kheïma ancestrale, de sa tente nomade vers un pays inconnu. Il traverse la Méditerranée et se retrouve en terre de France à Montataire dans l’Oise ; il y restera une année de 1947 à1948 comme ouvrier à l’usine Usinor, il ne résiste pas à la nostalgie ; pendant son congé annuel il décide de revenir au bled, de récupérer sa femme et son fils âgé de dix ans et de rejoindre son poste de travail à Montataire.
Elhadj, restera jusqu’en 1964 et quittera avec sa famille le pays d’accueil. Entre temps, son fils s’est familiarisé avec l’encrier et la plume et il narre aujourd’hui, cette période passée loin du sol natal, il raconte Paris et parle de la liberté.
Paris, à célébrer avec ses ébats et ses débats, un « pari » difficile à honorer.
Résumé du tome précédent: la vie nomade, le bateau
Dans les Hauts Plateaux du Centre de l’Algérie c’est la vie nomade, parfois rude, dans une nature des plus capricieuses, mais c’est une existence heureuse, prospère en des espaces immenses où le Bédouin se suffit à lui-même.
Mais les guerres mondiales 1918 et 1945, la colonisation, la Révolution nationale qui gronde, la sécheresse, la mort du Cheikh(le grand-père) viendront tout chambouler et ouvrir toutes béantes les portes de l’exil vers la France ; du moins pour les hommes encore valides.
Dédicace
Je dédie cet écrit à tout parent,
Chacun selon son rang,
A mes amis et puis à ceux,
Qui liront ces quelques pages,
Et qui, j’espère en sages,
En excuseront les dérapages,
Pour n’en garder qu’une belle image.
Abdelkader Khaldi
Le départ vers la France
Quant à nous, ma mère et moi-même, nous étions dans notre kheïma (tente), au lieu dit Sédara,
Près de Rocher de Sel et c’est ainsi, qu’un beau jour de ce mois de juillet 1948 le destin frappe à notre porte : mon oncle nous extirpe de notre maison de poil (beit achaar) et nous mène,
tambours battants à la station de chemin de fer de Rocher de Sel « El baraqua » distante à deux miles delà. Et ce fut le plus beau jour de notre vie : ici, le train venant de Blida dans un grincement de rail s’immobilise et ô miracle ! Mon père en descend tel un Lion de l’Atlas sortant de sa tanière ; il est beau, comme rajeuni, souriant, bien nippé, fort de sa jeunesse, de sa réussite. Notre trio est comme au Paradis, Dieu merci !
Quelques minutes d’arrêt et la locomotive tousse, siffle et nous invite à remonter en direction de Djelfa où l’on passe la nuit chez la famille. Au petit matin, le père, l’émigré, nous dirige de facto au photographe : on attend « que le petit oiseau sorte » et puis, plus loin c’est le chaouch, le planton du « Bureau Arabe » qui nous accueille afin de retirer différents documents, dont les cartes d’identités. Le lendemain, on retourne vers nos terres de Sédara à l’autel « diouane Ouled Abdennébi », là, dans nos camps sont installés deux kheimas voisines ; l’une de mes oncles paternels et l’autre celle de mon grand-père maternel le cheikh Bensaadi : alors, commence la kermesse familiale, l’accueil en tambour et trompettes, ou « bendir et kaïta », en l’honneur de notre prodige de père.
Mais, la foire, cette joie, ne durera que le temps d’un feu de paille, la séparation encore elle, avec son cortège de pleurs reprendra sa place et viendra tout déchirer ; la mère de l’émigré sait que maintenant son fils Elhadj, partira pour longtemps, quant aux parents de ma mère, cheikh Bensaadi et la vieille Rahma, en leur unique et seule fille, ils perdent à l’orée de leur vieillesse leur dernier soutien. Les pauvres vieux fondent en larmes, inconsolables ; mais ils pardonnent à leur Fatna, car pour eux le bonheur de leur fille chérie, passe avant leur chagrin ; d’ailleurs après que le Tout Puissant l’est comblé d’un fils héritier, le petit vieux, celui que j’aimais tant, s’éteindra une décennie plus tard.
Et puis, inéluctablement, un matin très tôt c’est le départ : mon père, ma mère et moi-même ainsi que mon oncle qui nous accompagne, on se rend à Hassibahbah afin de passer une dernière nuitée, le temps de faire les adieux au reste de la famille.
Par un matin ensoleillé, toute une armada tribale, solennellement, nous escorte à l’unique station ferroviaire du village, quant à moi discrètement j’accompagne ma mère qui porte encore son traditionnel voile blanc, haïk, « bou aouina »(un œil), qui couvre tout le corps de la femme pour ne lui laisser que l’œil pour épier.
Le train tel un teuf-teuf, se fait désirer, enfin arrive et s’arrête en bruit de ferraille ; le temps de s’approvisionner en produits de chauffage, tels que le bois, le charbon et l’eau ; puis le chef de gare fièrement, devant la tribu, siffle le départ. Alors, tous nos amis émus et perplexes nous crient tous en chœur, un mot que l’émigré venait de leur apprendre : iriouar ! (Au revoir !) à la prochaine rencontre, inch’Allah.
Le train, « el machina » prend de la vitesse, je suis assis et en apothéose tout défile devant mes yeux : la terre, le djebel (mont) et ses pins, l’alfa, les bergers, leurs moutons et leurs Kheimas Noirs des Ouled Rahman, tout semble nous rendre un dernier salut. Père, m’annonce les douars et les villages qui rapidement se succèdent : Ain-Ouessera (Paul-Gazelle), Ksar El Boukhari (Boghari), Brazza, Berrouaghia, Benchicao, Médéa-ville, La Chiffa, Mouzaia et la ville des Roses, Blida.
Là, tout le monde descend pour une pause-café ainsi qu’un changement de rail pour Alger.
Alger
Voilà la capitale : devant nos yeux s’impose Alger immaculée de blancheur, soulignée du Bleu de la Méditerranée, El-Djazaïr elle marque le début de l’Algérie, la limite de l’Afrique et le saut vers l’Occident, pour ceux qui peuvent voler de leurs propres ailes…
A peine descendus de la loco, on grimpe quelques marches et on se retrouve devant la Casbah, dans une grande esplanade ; le temps de trouver un hôtel, notre émigré en connaisseur des lieux, nous dépose à « Plaçat El Aoud » (la place du cheval), c’est la statue qui représente un officier des forces armées françaises, en l’occurrence le Duc Philippe d’Orléans, cette stèle se trouvait anciennement à la Place du Gouvernement, le Duc en tenue militaire est monté sur son cheval, le sabre brandi en avant, dirigé vers la mosquée d’en face (Djemaa El-Djedid), ce geste signifierait le combat contre l’Islam.
Donc, le paternel nous laisse à l’ombre de l’effigie, à « la Place du cheval », je contemplais les gens qui passaient, grouillaient sans cesse, s’entremêlaient, semblaient se tamponner ; ils couraient dans tous les sens comme fous : c’est enchantant et troublant de vivre ainsi.
Ils étaient de toutes les couleurs, des blancs, des noirs, des bronzés, « des hommes bleus » peut-être nos Touaregs, ces passants étaient de tout format, tout gabarit, gros, gras, grands, petits, maigres, handicapés, enfin des créatures humaines !
Il y avait parmi eux des hommes, des femmes voilées, d’autres femelles vaquaient à visage découvert et supportaient mal le soleil brûlant, blanches comme neige, elles risquaient de fondre au soleil !
Luxueusement, à la mode habillées, elles étaient belles, trop belles pour ce décor populaire, certainement des Françaises, venues, grâce à leur charme conquérir l’Afrique du Nord !
Malgré tout cet enchevêtrement de gens et de véhicules hétéroclites pétaradants et vrombissants, mon parrain réussit à nous récupérer et à nous conduire vers l’hôtel qui sentait désagréablement l’odeur du poisson. Père, nous permet de nous détendre pendant deux jours, de visiter Alger et de contempler la mer, notre Méditerranée : elle parait comme un lac, belle, calme, plate, trompeuse ; car,
Sous les vents qui viennent du large, de l’Occident, elle peut se déchaîner,
Et emporter bien des pêcheurs intrépides et des pauvres familles endeuiller.
La Méditerranée, cette éternelle Bleue restera de tous les temps, n’en déplaise aux dénigreurs, un lien entre les peuples et les nations ; seuls les mauvais esprits,
Tracent des frontières imaginaires qui séparent,
Mais avec le temps, la faim toujours répare.
Encore, quelques embrouillardes administratives et douanières et hop ! C’est l’embarquement.
Tristement, le bateau mugit une dernière fois, lâche ses amarres et comme par enchantement, glisse lentement sur l’eau et quitte la baie,
Il laisse derrière lui les poissons et les blanches mouettes
Qui se nourrissent de ses seules miettes.
El-Djazaïr s’éloigne comme une déesse dans sa robe blanche,
Et disparait comme un rêve dans, l’immensité de la Méditerranée.
La traversée
Quant aux passagers, dès qu’ils abandonnent la terre ferme, tout commence à balancer et c’est là qu’on perd l’apesanteur et vient la peur.
Dans le ventre de leur bateau, un mastodonte de navigation, les marins nous fourrent gens et bagages ; à l’intérieur il fait sombre, l’endroit est étroit, presqu’un tombeau avec en sus le lourd bruit de la machine qui bat comme un cœur.
Difficilement, il faut se faire une place, ma mère fait connaissance avec une Kabyle, une jeune femme avec son chérubin de bambin, cette dernière est très dégourdie, elle déballe et commence à pomper un petit appareil à pétrole (babor) qu’elle allume et avec lequel sans gêne aucune, elle prépare café et soupe ; solidaires, les femmes par les gestes et les rires communiquent. Elles se comprennent et partagent leur misère commune ; l’une, ne connait aucun mot de berbère et l’autre ignore la langue arabe. La Berbère est très en colère, avec une seule adresse en poche, elle veut rejoindre son ingrat de mari qui est en France et ne veut plus revenir au douar ; elle est persuadée

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