Élue de base
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Description

« Ce sont trois raisons fortes qui me motivent pour me lancer dans ce grand défi. Tout d'abord, je pense qu'au vu de son comportement, notre maire n'est pas digne de sa fonction. Pour moi, occuper un poste de député et de maire oblige à montrer l'exemple dans beaucoup de domaines. Or, sa façon de traiter son équipe et le personnel de la mairie me paraît indigne. Elle ne semble pas avoir réagi, malgré les critiques qui ont suivi depuis mon “coup d'éclat”. Me présenter face à elle est, pour moi, une façon de lui rappeler qu'elle a failli, qu'elle continue de le faire et que si elle ne réagit pas, elle va tout perdre, y compris son poste de maire. Même si un récent sondage réalisé à sa demande par la Sofres semble plébisciter son action ! En second lieu, j'ai été confrontée de très près dans le milieu du travail à ces nouvelles méthodes de management des hommes et des femmes, basées sur la manipulation et le règne des peurs. Elles me choquent et je mène aussi sûrement un combat plus large en me révoltant contre l'attitude de notre maire. Enfin, je me dis que j'ai été en quelque sorte sauvée de la disgrâce par une forme de médiatisation de ce qui s'est passé au conseil municipal du 20 septembre 2004 et je me fais un devoir moral d'en être digne et d'aller jusqu'au bout de mes convictions. » Apparue sur la liste des municipales de 2001 à la faveur de la parité, l'auteure décide de partager son expérience d'élue locale. Présentant sa propre liste aux élections de 2008 à Caen, victime de harcèlement, elle livre une chronique acide mais réaliste du microcosme de la scène politico-médiatique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342055047
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Élue de base
Martine Frémont
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Élue de base
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Remerciements
Tout d’abord, je tiens à remercier la personne qui m’a invitée à raconter cette expérience. Faire ce travail pouvait présenter un intérêt d’un point de vue personnel, mais pas seulement. Aujourd’hui, tandis que nous commençons à nous interroger sur nos pratiques en politique, ce récit a valeur de témoignage de l’univers qu’une élue de base a découvert au moment de l’ouverture à la parité.
 
Bien évidemment, je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenue dans les moments de doute, les passages difficiles et les campagnes.
 
Enfin, pour celles avec lesquelles je n’ai pas été très tendre, qu’elles sachent que ce modeste ouvrage n’a pour but que de mettre en évidence nos modes de fonctionnement et les résultats qui en découlent. Je les remercie par avance de ne pas trop m’en tenir rigueur. Qu’elles se rassurent, j’ai déjà été largement pénalisée !
 
Puissions-nous nous laisser inspirer par l’année de la miséricorde !
Rencontre avec un journaliste du journal hebdomadaire « Liberté »
Certes, l’idée m’avait déjà traversé l’esprit, mais en même temps, cela me paraissait ridicule, inutile. Qui donc pourrait être intéressé ? Si ce n’est que cela pouvait être important pour moi-même. Oui, l’envie m’avait déjà effleuré l’esprit, d’écrire ce que j’avais vécu pendant ce mandat municipal 2001 – 2008 dans notre bonne ville de Caen. Et puis, en été 2008, j’ai été contactée par un journaliste du Journal Liberté, que j’avais côtoyé au cours de mon mandat et de mes campagnes électorales. Il souhaitait faire un débriefing après ce qui avait été pour moi, il faut bien le dire, une aventure pas si banale que cela.
Comme tout bon journaliste, il utilise quelques méthodes pour gagner ma confiance et m’encourager à avancer sur ce sentier. Il me rappelle, entre autres, que cela fait bien longtemps que nous nous connaissons en réalité. Il m’a connue lorsque j’ai créé mon entreprise à Caen, alors que je lançais une activité de mise à disposition de bureaux, secrétariat, traduction. Il me rappelle qu’à mes débuts, j’allais afficher des annonces à l’Université de Caen pour proposer des services de dactylographie de mémoires aux étudiants. Il m’aurait aperçue là… Je me souviens, en revanche, qu’il était venu se renseigner dans mes bureaux pour lancer un projet de création d’entreprise à l’issue de ses études. Il choisira finalement une autre voie.
Au fur et à mesure de notre entretien, il passera du concept de débriefing à celui d’un grand article, pour arriver à celui d’un écrit plus long. Il n’aura pas trop de difficultés à me convaincre. Nous convenons que je lui fournirai des papiers et que nous nous rencontrerons plusieurs fois pour faire le point.
Et pourtant, et pourtant… La première fois que j’avais lu un article qu’il avait écrit sur mon « coup d’éclat » du 20 septembre 2004, j’avais été furieuse contre lui. Il avait présenté le sujet comme un « psychodrame sans précédent mais digne des contes de la folie ordinaire », au travers duquel je m’étais perçue au premier abord comme mi-folle et mi-violente. Il évoquait tour à tour ma « hargne », mes « humeurs », ma « furie ». Ce qui m’avait beaucoup heurtée sur le moment car j’avais le sentiment personnel, certes de ne pas avoir ménagé mon maire, mais d’avoir toujours eu le souci de ne pas franchir la ligne rouge. Et puis, je savais au plus profond de moi-même que ce que j’avais dit n’était pas qu’une vue de mon esprit. Même si, bien évidemment, j’avais tout à fait conscience d’avoir accompli quelque chose de peu ordinaire.
 
Dans le même journal, le caricaturiste Chaunu nous avait représentées, Madame le maire Brigitte Le Brethon et moi-même en « pétroleuses », pistolets à la ceinture, prêtes à dégainer. Il est vrai que, dans le même temps, se tenait la Foire de Caen sur le thème de la Californie. Cependant, je ne me retrouvais pas dans ce contexte de violence, même si je dois reconnaître que je n’avais pas été très tendre…
Pour moi, ce que j’avais déclaré se situait au-delà de la rivalité, de l’agressivité. Je n’ai jamais eu l’intention de détruire ou de tuer. J’avais l’intime conviction que ce que j’avais osé faire était beaucoup plus grave que cela. J’entends grave au sens solennel du terme.
Les mois, les années passeront et les écrits resteront dans la mémoire de l’ordinateur. Aujourd’hui, l’actualité vient de frapper à la porte de ma propre mémoire. Nous sommes début mai 2016 et des femmes viennent de dénoncer certains agissements de leurs collègues dans le monde politique, dont des faits de harcèlement, et cela réveille tout ce que je croyais avoir couché sur le papier pour l’éternité.
Alors, cette fois-ci, je suis décidée à tout reprendre et à le partager.
C’est grâce à la parité que j’ai été élue au sein du conseil municipal de Caen, la ville dans laquelle je suis née, puis du conseil communautaire de l’agglomération caennaise dénommée Caen-La-Mer. À l’origine, je n’étais pas forcément favorable à cette loi du 6 juin 2000 qui imposait la parité sur les listes de candidatures pour les élections municipales dans les villes de plus de 3 500 habitants. Or, c’est grâce à cette loi que j’ai eu l’opportunité d’accéder à ce mandat. Alors merci aux femmes qui se sont battues pour la faire voter. Je ne sais pas si d’autres femmes ont écrit sur cette première expérience, en tout cas, je n’en ai pas, ou peu, entendu parler.
Dans ma précédente vie, après un diplôme d’assistante de direction trilingue, j’ai exercé mon activité professionnelle en Allemagne. Puis j’ai lancé et dirigé une petite société de prestations de service auprès des entreprises, dans le domaine du secrétariat et de la traduction, une sorte de « centre d’affaires international », appliqué à l’échelle d’une ville de province. Si ce modèle existait déjà à Paris, il revêtait un caractère innovant à Caen. À l’issue de cette période, qui a duré une quinzaine d’années, j’ai eu envie de m’occuper de mes enfants, puis de me tourner vers une expérience nouvelle. Parfois, dans l’entreprise, j’avais déjà certains échanges avec des clients, qui les poussaient à dire : « Je vous verrais bien vous engager en politique ». C’est vrai que l’actualité et les sujets de société m’ont toujours intéressée, et ce, de manière croissante, comme j’avançais en âge et en expérience.
 
Alors, comment suis-je passée du souhait à la concrétisation de celui-ci ? Qu’ai-je découvert, appris, comment ai-je réagi et agi ? Voilà ce que je vous propose de partager.
Mon attirance pour l’action municipale
On m’a souvent posé la question de savoir comment j’avais débarqué dans la vie publique caennaise. Mon attirance pour l’action municipale remontait à une dizaine d’années. Autant j’ai toujours eu du bonheur dans mon entreprise, malgré les difficultés à surmonter parfois, autant j’ai toujours eu le sentiment diffus que ma vraie vie était ailleurs. Difficile d’expliquer cette impression lointaine !
Lorsque j’ai cessé mon activité, après une quinzaine d’années d’exercice, j’ai ressenti le besoin intense de marquer une pause, de faire « retraite ». Comme si je devais me tourner vers d’autres rivages. Je ne savais pas lesquels précisément. Suivra une période d’intériorisation après une vie sociale active, au cours de laquelle j’ai plus de temps à consacrer à mes enfants, à la lecture. Entre autres, je découvre les éditoriaux de notre sénateur-maire de l’époque, Jean-Marie Girault. Je suis très sensible à ses écrits. Je les trouve empreints d’un grand humanisme. Cela me touche beaucoup. Quelque chose me dit qu’un jour j’aurai un lien avec cette vie au service des citoyens, après celle au service de mes clients.
J’ai toujours aimé suivre l’actualité de mon pays et aussi celle du monde. Tandis que je travaillais sans relâche, je me souviens du plaisir que je prenais lorsque je me rendais une fois par semaine dans une crêperie ou un salon de thé et que je pouvais ouvrir tranquillement mon magazine d’information préféré. Je percevais ce moment de délectation comme une récompense.
Dans mon enfance, j’ai toujours connu mes parents s’intéressant à la vie dans le pays et ailleurs dans le monde. Ma mère disait qu’elle avait tout appris dans les magazines féminins et, qu’à son époque, c’était le support de l’évolution de la condition des femmes. Tandis que mon père, en tant que fonctionnaire et syndicaliste, se tenait toujours en éveil par rapport à l’actualité du monde social et du travail. Ces fibres-là, conjuguées, devaient avoir tissé quelque chose en moi.
Jamais je n’ai été tentée d’entrer dans les rangs d’un parti politique. Mon goût de l’indépendance et de la liberté m’en aurait plutôt écartée.
Et pourtant, la vie publique m’attire. À tel point, qu’à l’approche de 2001, je me dis « conseillère municipale, pourquoi pas moi ? » À l’origine, je n’étais pas forcément favorable à la loi du 6 juin 2000 sur la parité qui vise à « favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». Je pensais que ce droit devait se conquérir par l’engagement. Mais aujourd’hui, je redis merci aux femmes qui se sont battues pour l’imposer. Car, sans cette loi, la parité resterait sûrement, aujourd’hui encore, un vœ

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