Entre silences et secrets
248 pages
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Entre silences et secrets , livre ebook

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Description

Isabelle Terzi a 52 ans et vit dans le Var, près de Cannes. Pour son premier livre autobiographique, l'auteur nous raconte une histoire sombre et abjecte en nous confiant une partie de sa vie, avec cependant beaucoup de pudeur et d'émotion. Sur son chemin semé d'embûches, où les décisions et choix furent difficiles et pas toujours bons, elle nous fait savoir que rien n'est irrémédiable, nous redonne le goût du bonheur et nous apprend avant tout que l'estime de soi a une part très importante dans la reconstruction de notre vie sentimentale, conjugale et professionnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2015
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342044522
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Entre silences et secrets
Isabelle Terzi
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Entre silences et secrets
 
 
 
À tous les enfants qui n’oublieront jamais.
 
 
 
Introduction
 
 
 
Mai 2014 :
 
Il semble que les choses resteront gravées à jamais, que l’on ne pourra oublier les forts moments de l’existence mais, parfois, certains souvenirs s’effacent.
Alors, je vais écrire afin de préserver mes souvenirs, souvent profondément enfouis et difficiles à retrouver, retenir tous ces moments, ces sentiments, toutes ces pensées, en les volant au temps qui finit toujours par estomper ou falsifier.
Pour ma fille, et pour apporter un nouveau témoignage, je vais relater cette histoire qui est le reflet exact d’une triste réalité, afin que l’on sache, enfin.
 
En toute sincérité.
IB
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. « Un berceau sans étoile »
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
J’avais du mal à dormir cette nuit-là. Au milieu de la nuit, j’ai entendu la clé dans la serrure de la porte d’entrée. Mon cœur s’est mis à battre anormalement. Je me suis dit que j’allais lui faire la surprise, il allait me trouver éveillée, j’allais lui dire bonne nuit en lui sautant au cou s’il venait nous embrasser, mon frère et moi. Pourquoi ai-je pensé cela ? J’avais treize ans et je ne l’avais jamais fait de ma vie… ! D’autant plus bizarre que dans notre famille, il n’était pas question de câlins et de bisous. Peut-être d’instinct avais-je voulu faire la paix avant qu’il n’y ait la guerre… Ses pas approchaient de notre chambre, la peur glaçait mon corps.
 
Je ne bougeai plus.
 
Jusqu’à ce qu’il ouvre la porte de notre chambre, je n’ai plus bougé. À cet instant-là, je m’étais convaincue que mon attitude n’avait d’autre but que celui de lui faire la surprise.
 
Quand la porte s’était ouverte, la terreur m’avait envahie. J’avais remonté sur moi les couvertures aussi haut que je le pouvais et j’attendais, le cœur battant, paralysée…
 
Du fond de la pièce, je pouvais sentir cette odeur d’alcool devenue quotidienne depuis quelques années maintenant.
 
Incapable de respirer, j’épiais les bruits. Je pouvais tout deviner : il avançait lentement d’un pas incertain… S’arrêta à la recherche d’un briquet dans ses poches… l’alluma…
 
Mon cœur battait à tout rompre. Je ne savais plus ce que je devais faire. Peut-être aurais-je dû me manifester ?
 
J’ai donc vu, ou plutôt entendu et senti. Il s’est rapproché très lentement de notre lit à étage, le briquet allumé. J’ai bougé pour lui dire bonsoir mais mon geste a été interrompu car il a éteint aussitôt son briquet et s’est immobilisé…
 
Moi aussi.
 
Il a attendu quelques instants, planté dans la pénombre au milieu de la pièce, sûrement pour vérifier que nous étions bien endormis et il a continué à se rapprocher tout doucement.
 
Au bord du lit, il retint sa respiration.
 
Suspendue dans mon geste spontané, ma terreur augmenta davantage. Pressentiment ? Instinct ? Je sentis alors qu’il descendait la couverture qui me couvrait. Je fis semblant de dormir. À ce moment-là, je voulais absolument savoir. J’avais, je crois, l’ultime espoir qu’il s’agissait d’un geste, du geste de tendresse, si longtemps attendu.
 
Il a allumé son briquet, a essayé d’ouvrir mon pyjama : je bougeai pour arrêter son geste… il a rapidement éteint et s’est tenu immobile et silencieux dans le noir.
 
Quand il a été sûr que j’étais bien endormie, il a fait une nouvelle tentative, a essayé de dévoiler ma poitrine tout en l’éclairant avec son briquet. Je me suis retournée dans mon lit. Il est parti.
 
J’étais terrorisée. Anéantie.
 
Je rajustai mon pyjama. Mon monde s’écroulait. Je paniquais. Cela ne pouvait être vrai !
 
Que devais-je faire ? Ce n’était sûrement qu’une erreur. Il était trop saoul, il ne savait pas ce qu’il faisait. Je vous en supplie Seigneur ! Faites que ce ne soit pas vrai !
 
Surtout ne rien dire à maman pour lui éviter de souffrir. Qu’elle ne sache jamais rien.
* * *
En m’éveillant le lendemain matin, j’étais une autre personne. À treize ans, j’étais, en un instant, devenue une adulte. Cauchemar ou réalité ? Si mon esprit connaissait le tumulte, mon corps, lui, était vide !
 
J’entrai dans la cuisine comme un fantôme pour prendre mon petit déjeuner.
 
Lorsqu’il nous rejoignit, son regard ce matin-là ne faisait aucun doute. Il avait compris que je l’avais surpris cette nuit-là !
 
Et j’ai su. J’ai su que cela ne s’arrêterait pas là…
 
Et de fait, ma vie à partir de ce moment fut une descente aux enfers.
 
 
 
Chapitre 2
 
 
 
Nous vivions en Alsace à cette époque, c’est-à-dire depuis 1972, depuis mes 9 ans. Mais précédemment et malgré mon jeune âge, ma vie avait déjà été assez mouvementée.
 
Je suis née à Nice où nous avons plus ou moins vécu jusqu’à mes 4 ans. Mon père, très instable, y a exercé les professions de carreleur, chasseur d’un grand hôtel, concierge d’un immeuble (enfin ça, c’était surtout ma mère !). Puis, suite aux événements de mai 1968 et à ses actions communistes, les forces de l’ordre l’ont, pour ainsi dire, obligé à se racheter et à intégrer la gendarmerie. Suite à cela, il a été muté et c’est comme cela que nous nous sommes retrouvés près de Paris, d’abord à Villiers-le-Bel et ensuite à Montmorency.
 
Suite à une longue série de frasques et d’aventures houleuses avec des femmes ou à cause de recel de malfaiteurs, la gendarmerie lui a « recommandé » de donner sa démission. Son côté manipulateur lui avait permis de passer au travers des scandales un certain temps mais ses histoires rocambolesques engendrées par une mythomanie pathologique l’avaient peu à peu mené à un point de non-retour.
 
Lorsqu’il ne travaillait pas, il partait toute la journée. On ne savait jamais où.
 
J’adorais mon père bien qu’il ne fût jamais tendre avec nous, ni même présent. Comme pour toute petite fille, il était grand, fort et il était mon héros, bien que j’eusse très peur de lui car il était plus que sévère, il était tyrannique.
 
Dans ma famille, le principe d’éducation n’incluait pas de donner de la tendresse et de l’attention aux enfants. Mon père avait interdit à ma mère d’être trop affectueuse avec nous, surtout avec mon frère, sinon elle allait en faire un « pédé ». Je n’ai que très peu de souvenir de tendresse avec ma mère, et surtout, jamais nous ne nous sommes dit « je t’aime ». Mon père, lui, ne s’intéressait à nous que pour punir, sévir et rabaisser. Il était exceptionnel qu’il partage avec nous des joies, des sorties. En fait, il était rarement avec nous.
 
Il arrivait parfois, lorsqu’elle osait, que ma mère, ces jours où il ne travaillait pas, lui demandât de nous prendre, mon frère et moi, pour que l’on passât un peu de temps ensemble. Cela ne l’enchantait guère mais, néanmoins, il lui arrivait d’accepter.

Je comprendrai plus tard, que nous avions été ses alibis…
 
Dans la voiture, il ignorait que nous étions là. Il effectuait alors un curieux rituel en se mettant à parler tout seul et à discuter. Parfois, il me semblait qu’il y avait plusieurs personnes ! Cela pouvait durer longtemps… Et, croyez-moi, même à huit ans, même habituée, je savais que cela n’était pas normal ! Je savais que mon père était malade…
 
Son monologue me mettait très mal à l’aise. Mon frère, à 5 ans, était trop petit, je crois, pour se rendre compte de quoi que ce soit. De toute façon, nous ne nous sommes jamais entendus et je ne crois pas avoir eu l’occasion d’aborder le sujet avec lui.
* * *
Nous avons donc quitté la région parisienne lorsque j’avais 9 ans, au milieu de l’année scolaire du CM1, pour atterrir dans un minuscule village alsacien appelé « Le Bonhomme », près de Kaysersberg, où mes parents prirent en gérance un hôtel-restaurant-bar dénommé « L’Auberge du Soleil ».
 
Puis, après avoir quitté Le Bonhomme suite à la faillite de l’auberge due en grande partie aux idées politiques communistes de mon père, nous avions atterri à Mulhouse dans un quartier populaire, proche d’une zone très sensible. J’avais alors entre 11 et 12 ans.
 
La maison d’un étage et un petit jardin sec étaient minuscules. Le hall d’entrée avait été transformé en cuisine, la salle de bain – nom bien pompeux – se résumait à un étroit couloir menant à une douche difficilement accessible.
 
L’humidité suintait et ma mère réchauffait nos lits en bassinant les draps avant de nous coucher et en ouvrant la porte du four de la cuisinière.
 
Après l’épisode de l’auberge, nous vivions dans la pauvreté et il arrivait souvent que l’on ne puisse pas régler nos factures et que l’on nous coupe l’électricité. La nourriture aussi manquait. Les cafés au lait avec tartines étaient courants le soir et parfois, même pour pouvoir avoir ces tartines, nous cherchions dans tous les pots, sous les meubles et dans n’importe quel endroit où l’on aurait pu trouver le centime qu’il manquait pour acheter une baguette de pain.
 
Nous avons vécu un an dans cet endroit mais c’est de l’hiver dont je me souviens surtout… !
 
Mes parents finirent par retrouver du travail et un jour, nous vîmes mon père arriver avec un carton plein de… yaourts ! fromages, fruits, pâtes… !
 
Ce fut jour de fête !
 
Si la situation financière s’améliorait quelque peu, nous étions, mon frère et moi, complètement livrés à nous-mêmes. Mon père partait toute la semaine et ma mère commençait sa journée à 5 heures du matin. La seule présence un peu réconfortante et sécurisante

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