Homosexualité le tabou rural
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Description

La grande majorité des homosexuels ruraux ne s’adonnent pas à leur sexualité, ils n’ont aucune identité. Au village, ils dissimulent leur ambiguïté sexuelle qui doit rester secrète. Plus de 90% d’entre eux mènent une existence hétérosexuelle apparente, mariés ou non, avec ou sans enfants, car rares sont ceux qui restent célibataires : la société ne leur laisse pas le choix et les juge sans appel. Dénonçant les dérives du microcosme rural exacerbant les discriminations et le mal-être, le cri de révolte de Benoît Vogel, entre essai et témoignage, étude de mœurs et sociologie pure, dresse un état des lieux effrayant autour d’une petite poignée d’irréductibles stigmatisée comme nulle part ailleurs : ces homosexuels qui assument leur sexualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748368802
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Homosexualité le tabou rural
Benoît Vogel
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Homosexualité le tabou rural
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
En France, le nombre d’homosexuels s’élève à plusieurs millions, et sur notre globe à plusieurs centaines de millions. Dans tous les pays, riches de l’OCDE ou pauvres du Tiers-monde, paradis sociaux tels que le Danemark, l’Espagne et la France, ou pays de régime totalitaire comme la Corée du Nord, la Birmanie et la Biélorussie.
De nombreux articles rédigés, ouvrages édités, discussions, émissions télévisées ou radiophoniques à ce sujet, toujours un tabou, même en l’an 2010. Une personne sur dix est homosexuelle et on en trouve dans chaque famille. « Il y en a de plus en plus » est une expression usuelle. Ce jugement est erroné puisque les homosexuels sortent désormais de l’ombre.
Pour dissimuler leur sexualité, les homosexuels se marient.
Les homosexuels représentent une minorité de personnes dans notre société. Au sein de cette communauté évolue à son tour une minorité, celle constituée d’individus qui s’affirment, assument leur sexualité. La grande majorité des homosexuels ruraux ne s’adonnent pas à leur sexualité, ils n’ont aucune identité. Au village, ils dissimulent leur ambiguïté sexuelle, elle doit rester secrète. Plus de 90 % d’entre eux mènent une existence hétérosexuelle apparente, mariés ou non, avec ou sans enfants, car rares sont ceux qui restent célibataires. Un homme homosexuel vit en compagnie d’une femme, une femme homosexuelle en compagnie d’un homme. Le regard de la société en est la cause. En zone rurale, la plupart des habitants se connaissent. Les gens vivent, évoluent en ayant conscience de la proximité de leurs voisins, en symbiose, en harmonie. L’individu rural craint le regard de l’autre, et le qu’en-dira-t-on. Il mène rarement l’existence à laquelle il aspire. À la campagne, vivre en fonction de son voisinage est l’adage, le voisinage conditionnant l’existence. « Je désire avant tout être intégré dans la société. » L’intégration est la clé ou le ciment qui permet d’avoir de bonnes relations amicales, professionnelles, avec sa famille, avec ses collègues de travail ; l’intégration ou le désir d’être accepté par la masse des gens.
Notre société rurale impose une norme sociale, un homme, une femme, des enfants. L’individu se doit de satisfaire à ces critères sociaux, la famille étant un gage d’intégration. Cette société met à l’écart tout être humain qui refuse de se plier à cette règle, à ce modèle. Notre société rejette les individus qui quittent les sentiers battus. Elle méprise, condamne toute initiative singulière. Les individus, qui se comportent différemment et que l’on nomme marginaux, dérangent. Le respect des valeurs communes procure l’intégration au plus grand nombre : vivre en hétérosexuel. L’homosexualité est aux antipodes de cette philosophie. Que décide dans ce cas l’homosexuel rural ? Vivre, assumer sa sexualité avec tout le courage nécessaire ? Vivre avec la peur de provoquer le rejet, d’être montré du doigt, non intégré, totalement ignoré ? Renoncer à sa sexualité, mener une existence d’hétérosexuel avec famille pour ne pas avoir à redouter le mépris, l’exclusion que subissent les gens hors norme ? L’homosexuel rural a opté pour un choix, la grande majorité d’entre eux jouent un rôle en vivant avec une personne du sexe opposé. Moins de 10 % des homosexuels affirment leur particularité sexuelle. Contre vents et marées, un océan d’hypocrisie m’entoure et risque de m’emporter si je ne crois pas, si je ne m’accroche pas dur comme fer à mes convictions. Mais j’y parviens, bien que péniblement. Assumer mon homosexualité est contraignant, éreintant, je vis à la campagne et me sens rejeté. Cependant, c’est mon choix dont il s’agit, être avant tout loyal envers moi-même, naturel. J’estime être également loyal envers la société face à mon entourage, même si cette conduite s’avère souvent vaine, non bénéfique. Mis à l’écart, je souffre, souffrance qui serait majorée si je vivais avec une femme. Je ne suis pas hétérosexuel, je ne veux pas, je ne peux pas me glisser dans la peau d’un hétérosexuel. Je ne veux pas, je ne peux pas faire semblant. Ma conscience s’y oppose. En zone rurale, la franchise dérange ; l’hypocrisie arrangeante, conciliante, est le précepte à suivre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Comment dissimuler son homosexualité
 
 
 
Comment dissimuler son homosexualité à la campagne
 
 
 
S’unir, le mariage, l’union libre, vivre avec une personne du sexe opposé.
Avoir des enfants. Je tiens à préciser qu’un couple, un homme et une femme homosexuels latents, tend à se briser plus fréquemment de nos jours, le temps de mettre au monde un ou plusieurs enfants que pourront se partager les deux membres au cas où ils se séparent. Vivre seul avec un enfant est toujours une garantie d’intégration à la campagne davantage que le fait de vivre en solitaire.
Un jeu de rôle quotidien à tenir, à respecter, un comportement spécifique et permanent à arborer pour véhiculer une image d’hétérosexuel apparent.
Ne jamais aborder l’homosexualité, ne jamais évoquer ce thème dans les discussions.
Le cas échéant, fustiger en société, en public, un homosexuel qui assume sa sexualité, le but recherché étant de dissiper tout doute préjudiciable à l’orientation sexuelle que l’on veut véhiculer. Ce genre de comportement est fréquent, une attitude lâche, hypocrite, qui fait des homosexuels latents d’habiles comédiens. Parfois ceux-ci franchissent les limites respectables en attaquant de front l’homosexuel révélé, en lui faisant subir des insultes, des agressions verbales et occasionnellement physiques.
Un vocabulaire fréquemment utilisé pour se protéger : « je suis hétéro moi, mais je n’ai rien contre les homos », « eh, je ne suis pas pédé moi, j’ai une femme et des gosses », « t’as vu il est pédé, c’est un pédé ça », « t’es homo, je te respecte mais moi ça ne m’intéresse pas », « sale pédé », « ma femme est satisfaite de moi sexuellement », « oh, tu ne te mets pas à côté de moi », « attention, il est pédé ». J’ai toujours qualifié ces remarques de sommet en matière d’hypocrisie, entendre de telles paroles sortir de la gorge d’un homosexuel qui se dissimule.
En public, observer copieusement, regarder exagérément une personne du sexe opposé, une femme si le voyeur est un homme et de préférence à hauteur des parties intimes, ces œillades et leurs indispensables commentaires grivois : « putain, t’as vu ce cul », « hmm, y a du monde au balcon », « tu viens, il reste encore de la place sous la table », « qu’est-ce que tu fais ce soir ». Ces tentatives de séduction, draguer une serveuse au comptoir d’un restaurant, en ayant pris bien soin de jeter un regard sur sa silhouette, doivent toujours faire diversion, mais les auteurs de ces scènes passent aujourd’hui pour des machos ringards. Toutefois véhiculer une image d’hétérosexuel sexiste remporte toujours beaucoup d’adhésion et a pour but de remiser au placard à secrets l’homosexualité latente qui sommeille et qui est susceptible de pouvoir se réveiller à tout moment, si la vigilance du ou des protagonistes venait à faiblir.
Évoquer, étaler sa vie sexuelle « hétérosexuelle », présenter une image idyllique de sa vie familiale, conjugale : « je suis un homme comblé et heureux » et « je le fais savoir ». Le statut d’hétérosexuel prétendu est le jeu permanent qu’exerce obstinément l’homosexuel rural caché afin d’être bien intégré dans sa communauté. C’est un acteur émérite, infatigable, persévérant.
 
 
 
Le pot-aux-roses découvert, ils retournent leurs vestes
 
 
 
Personnellement, je n’ai pas de problèmes avec les hommes hétérosexuels, mais exclusivement avec les homosexuels qui dissimulent leur sexualité, des individus latents que je peux côtoyer en public, en présence de leurs amis, de leurs compagnes ou simplement seuls. Les homosexuels, qui désirent mener leur sexualité au grand jour, doivent s’attendre à essuyer des réactions d’opposition, des propos, des comportements méprisants de la part d’homosexuels latents dont le comportement phobique consiste à dissimuler leur véritable identité. De telles attitudes sont empreintes de lâcheté, car ces individus souhaitent ne faire planer aucun doute sur l’orientation sexuelle qu’ils ont choisi de mettre en avant, ils doivent dissiper tout malentendu, toute défiance, des agissements traîtres. Homosexuels dans leur âme, ils vivent cependant en compagnie de femmes pour atteindre l’objectif qu’ils se sont fixés : vivre en hétérosexuels face à la société, face à leurs proches, au travail, près de leurs amis, dans cette communauté rurale normative. Des homosexuels latents ont souvent tenté de me séduire dans des lieux publics pour divertir leur entourage, leurs proches. Tantôt une main de l’un de ces amuseurs m’effleurait le fessier, tantôt une chaussure pointure 43 heurtait ma cheville. Concentrer l’attention sur moi, encore un rituel bien rôdé, un jeu, des faux jetons, une vraie comédie. Le regard de l’autre en société peut être le pire des supplices.
En l’espace de trois années, j’ai dû me présenter plusieurs fois devant un tribunal, devant un juge. La justice m’avait accusé de harcèlement sexuel envers des hommes majeurs, certains d’entre eux m’avaient pourtant transmis leur numéro de téléphone portable afin que je puisse les contacter. J’avais rencontré ces hommes mariés dans des cafés de villages, j’étais convaincu de leur homosexualité. Ces indi

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