Incarcération d un esprit libre
232 pages
Français

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Incarcération d'un esprit libre , livre ebook

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Description

« Je suis autiste atteint du syndrome d'Asperger (une forme d'autisme de haut niveau). Il paraît que je suis intégré et adapté socialement et professionnellement, bien qu'imparfaitement et bien que je ne sache pas trop ce que ces mots veulent dire. Par ce récit, à 53 ans, cadre bancaire, je lève le voile sur mon secret et vous livre à visage découvert, sans réserve ni artifice, qui je suis mais, surtout, qui je veux continuer à être. Je vous offre un témoignage authentique ainsi que ma vision d'un monde artificiel, d'une société qui préjuge et qui rejette la différence. Je vous emmène tout au long de ce livre dans “mon monde”, avec mes réussites, mes échecs, mes joies et mes souffrances, dans l'espoir d'entendre d'autres voix se lever et crier : “je suis autiste”. Dans l'espoir de voir des esprits s'ouvrir et reconnaître, enfin, notre potentiel et surtout nos valeurs, qui sont aussi notre force. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342054149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Incarcération d'un esprit libre
Alain Pecquerie
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Incarcération d'un esprit libre
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Annonçons-le  Coming out
J’aimerais dire que je ne pleure plus, que le fait de savoir, de comprendre, d’avoir mis à la lumière du jour ce qui depuis des années me tourmente, ça allait atténuer mon chagrin, combler ma solitude et me rendre plus forte pour affronter « le spectre », accepter et ne plus essayer de le combattre pour être heureuse, le regarder en face, m’adapter et l’apprivoiser. Je croyais que j’étais assez forte pour y parvenir, pour m’abandonner à sa cause, mais chaque fois que je crois y arriver, il me fait un croche-pied et c’est la chute. On repart à zéro. C’est un retour à la case départ en permanence. Un pas en avant et deux en arrière.
 
Et pourtant, je suis encore là. J’ai envie de fuir, de m’échapper, de baisser le rideau… mais je suis encore et encore… là, toujours là. Je me sens si petite et si faible en réalité face à ce spectre magnifique et terrible à la fois, que j’admire et que je déteste en même temps. J’aimerais être intelligente, sûre de moi et forte pour le porter, le soutenir, l’accompagner dans cette société puérile. J’aimerais être comme ces femmes qui savent se battre pour une cause, qui défendent d’arrache-pied leurs idéaux contre vents et marrées. Mais je me sens une toute petite femme, qui a perdu confiance en elle, qui se laisse envahir par les problèmes des autres, qui a du mal à dire non, je ne suis pas une Jeanne D’arc, je ne suis pas une guerrière et pourtant je me bats, je me bats parfois jusqu’à l’affrontement. On ne touche pas à mon « clan ».
 
Je suis une femme tout simplement, qui lutte en silence contre ses propres démons du passé, qui a besoin d’être rassurée, protégée, qu’on lui dise qu’on l’aime, et combien je suis importante à ses yeux. Je voulais « partager » ma vie avec lui, marcher la main dans la main, se comprendre d’un seul regard, ne faire qu’un. Je ne voulais pas vivre à côté de lui mais… avec lui. Si nous partageons des valeurs profondes, telles que la sincérité, la confiance, le sens de l’intégrité, beaucoup d’autres choses nous opposent dans la façon de percevoir notre réalité sociétale et pourtant… je suis encore… et encore… là, toujours là. Il me faut aussi vaincre tous les jours mes propres faiblesses intérieures, mes blocages personnels, mon moi profond, mes attentes, mes espoirs, mes frustrations, tout ce qui me concerne, moi, rien que moi.
 
Aujourd’hui, je ne sais plus ce qui m’attache à lui à part nos enfants, quoiqu’en fait si, je le sais… Tout le reste… Car il est en moi et je suis en lui, on ne fait qu’un, mais pas ensemble. Est-ce que je l’aime ? Oui, je l’aime. Est-ce qu’il m’aime ? Je le crois aussi. Mais dois-je continuer à sacrifier ma vie de femme pour autant ? Mes projets, aussi simples et banals soient-ils, dois-je me résigner ? Me taire ? Cacher le spectre ? Dois-je continuer à me justifier devant les autres de ses attitudes parfois « bizarres » ? Ou au contraire, doit-on « le dire » ? Et après ?…
 
Comment continuer à avancer dans un tel brouillard. Comment continuer à m’occuper de mon fils adolescent, de son éducation, dans une telle confusion ? Et de ma fille, devenue adulte qui se pose des questions sur elle-même ! Qu’est-ce que j’ai raté ?
Une chose est sûre, nous formons tous les quatre ce merveilleux « clan », unis à jamais par ce même spectre qui nous bouscule, qui nous oblige à communiquer en permanence, bien au-delà des trivialités mondaines. C’est notre plus grande richesse.
 
Mais, si on « le dit », si on parle, aucun retour arrière ne sera envisageable. Il nous faudra affronter le regard des autres. Comprendront-ils ? Ma réponse je l’ai au fond de moi-même… Non ! Car ceux qui savent aujourd’hui, et qui acceptent, ne comprennent pas ses réactions quand elles leur tombent dessus, même pas ceux qui sont directement concernés. Il devrait se contrôler, pensent-ils ! Si seulement ils savaient ! Quelle incidence dans son travail ? Nous ne pouvons pas nous permettre de le perdre, comment ferions-nous financièrement ?
 
Mais, avons-nous réellement le choix ? N’avons-nous pas le devoir de faire avancer, à notre niveau, le monde, les mentalités, chacun d’entre nous avec ce qui nous est donné ? Mais, serai-je assez forte pour assumer pour moi, pour lui et pour mes enfants à la fois ?
 
Il m’oblige par la même occasion à me remettre en question sur le sens que je donne à ma vie. Il dit que « les autres » ne sont pas responsables de ne pas comprendre. C’est donc à nous, de leur expliquer et de faire avancer les mentalités. Je n’ai donc pas le choix, j’espère simplement que je trouverai la force en moi de te suivre.
 
Je veux aussi te dire merci, merci de l’être que tu es, un papa merveilleux et un époux fidèle. Toujours plus fort que le vent, plus fort que la pluie, que les intempéries et que les marrées que tu as trouvés sur le grand océan de la vie, où tu as été projeté avec ton bateau sans boussole et sans lumière, où tu as avancé à l’aveugle… souvent à la dérive mais toujours à flot. Tu as su gagner la terre ferme et tu t’es posé dans nos vies. Depuis, toi aussi tu es là, encore et encore là… toujours là, comme un phare qui nous guide. Merci.
Ana
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
Par une belle journée inoubliable de 2002, une émission télévisée présente par le menu une description très détaillée du Syndrome d’Asperger, une forme d’autisme de haut niveau. Mon épouse, Ana, s’empresse de me faire part de ce qu’elle vient d’apprendre, comme une illumination. L’excitation est palpable dans sa voix. Pour elle, pas de place au doute ! Je réponds à la plupart des critères énoncés, des troubles qui caractérisent cette forme d’autisme.
 
Le choc pour nous ! Fut-ce un soulagement ou un coup de massue ? Un peu des deux. Mais pour les proches, ceux qui en souffrent au quotidien, une révélation, un commencement d’explication, une excuse mais aussi un verdict sans procédure d’appel ! Ce n’est pas une maladie, le syndrome d’Asperger relève du handicap !
 
Une semaine, c’est le temps qui sera nécessaire pour que je sorte du gouffre dans lequel cette nouvelle vient de me plonger. Elle sonne pour moi comme une condamnation mais explique aussi tous mes échecs, mes difficultés, mes souffrances silencieuses, les contraintes auto générées. Tant de choses deviennent… logiques, parfaitement explicables !
 
Il m’a déjà été donné d’être qualifié de bizarre, d’être traité de débile, d’autiste. J’ai bien conscience d’être différent de mes pairs. J’ai clairement en tête les épreuves auxquelles j’ai pu être confronté par le passé pour me fondre dans le moule, mais là, à la lumière de cette explication (et si j’étais atteint du syndrome d’Asperger ?) tout prend soudain un nouveau sens.
 
En même temps, quelles perspectives m’offre cette vérité toute neuve ? Que vais-je bien pouvoir en faire ? Est-il possible que cette hypothèse soit démontrée ?
Tout d’un coup, quarante années s’éclairent ! Oh, pas d’une lumière blanche, éblouissante, limpide, mais plutôt celle d’une modeste bougie. Une simple lueur blafarde qui filtre par les persiennes de mes souffrances silencieuses. Une étincelle qui commence à éclairer un jour nouveau, une renaissance. Sa faible chaleur, sensible pour autant, offre l’espoir d’envisager un avenir plus dégagé dans une dynamique de progrès. Mais le doute, insidieusement, s’immisce en moi. Cette justification est presque trop belle pour être vraie. Ne serais-je pas en train de l’endosser trop facilement comme une excuse qui cacherait un autre mal tout aussi profond, moins justifiable, moins pardonnable ?
 
Cinq années s’écouleront encore avant que je ne fasse un pas vers une association. Passer « du vouloir au faire ». Puis cinq ans de plus pour entamer une analyse avec une psychologue. Et alors tout s’accélère ! Je comprends que le diagnostic peut apporter aux autres, peut-être plus que pour moi seul. Je contacte un CRA (Centre Ressources Autisme). Dès lors, plus de répit. Il me faut des réponses factuelles, des solutions, des conseils avisés. Comment entrouvrir certaines zones de cette carapace qui m’aliène dans mon mutisme, mes rigidités, mes blocages ? Comment faciliter la vie de mes proches, qui, tout en sachant, subissent mes travers ?
 
À la lumière de biographies de célébrités atteintes de ce syndrome, je me demande si j’ai envie de me reconnaître dans leur parcours de vie ? Lorsque je m’immerge dans l’histoire d’Albert Einstein, réputé avoir été atteint du syndrome d’Asperger et auquel je me garderais bien de me comparer, je note beaucoup de points en communs quant au comportement, aux déficiences tant sociales que familiales. Cet homme était un handicapé du sentiment, des émotions. Il avait un réel problème face à l’autorité, était inflexible et cheminait dans sa vie sur une ligne qu’il ne pouvait envisager autrement que rectiligne. En même temps, suis-je atteint de ce syndrome ou d’autisme sur un autre point du continuum ? La réponse à cette question va-t-elle changer quelque chose dans l’attitude des autres à mon endroit ? Aurais-je enfin une reconnaissance qui me permette de m’exprimer pleinement, sereinement et en tombant les masques ? Serai-je en mesure d’aller au bout de ce que je veux apporter aux autres ? Mes proches souffriront-ils moins de mon manque d’empathie ? Arriverai-je un jour à exprimer cette hypersensibil

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