J ai pas ma place...
124 pages
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J'ai pas ma place... , livre ebook

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Description

« Les mains de Flora tremblaient : - Est-ce que je vais pouvoir dessiner, demain lundi, à l'École ? Il ne faut pas que ça se voie ! » Ce récit témoigne d'une période douloureuse de la vie d'une mère et de l'acharnement obstiné de l'amour maternel. La si fragile Flora, sa fille, vivra son âme d'artiste, confrontée aux brutalités de la vie et aux multiples blessures qui vont l'enfoncer dans l'alcoolisme. Sous l'emprise de ses démons, Flora recherchera fébrilement une place dans sa famille et dans la société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342056457
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J'ai pas ma place...
Wanda Koméza
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
J'ai pas ma place...
 
 
 
Tous mes remerciements à mon amie Marie-Bernard Coma pour son aide et son soutien.
 
 
 
 
« Il me semble nécessaire de dire que j’ai commencé la rédaction du manuscrit non pas pour en faire un mémoire mais un récit qu’il me faudra un jour rendre comme un devoir… »
 
Je me souviens de ce temps-là. Celui de son enfance. Ce temps-là, d’où me reviennent les meilleurs souvenirs de ma plus jeune fille.
Je me rappelle les journées de vacances dans notre maison des Landes. Seule avec mes deux filles. Nous vivions, attachées l’une à l’autre, de longues journées enveloppées dans un temps magique.
Dans cette maison brune, entourée de pins, de catalpas et d’arbousiers, tout au fond d’une impasse d’où s’échappait un sentier forestier sombre et sinueux qui sentait les aiguilles, les fougères et les fleurs de coton des alisiers.
Les après-midi de calme et de tiédeur, nous prenions nos vélos, ma grande fille, toute brunette, leste et rapide au-devant de moi. Nous suivions les sentiers, les chemins, les petites routes des Landes, derrière toi ma grande. Tu ne m’attendais pas, parfois, tu t’en souviens ? Et ta petite sœur, la si fragile Flora ? Elle était là, oui, mais si petite encore !
Assise dans mon dos, sur le porte-bagages, calée dans un gros coussin. Ses mains crispées, accrochées à ma ceinture et je ne voulais pas lui crier qu’elle m’étouffait. Je ne voulais surtout pas qu’elle me lâche  : il me fallait sentir, souffrir son empreinte dans mon dos la sentir vivre, vibrer, exister. Elle était là, avec moi, tout contre moi, ma fille.
Et puis, elle lâchait ma ceinture, tapait des mains, des pieds, s’agitait, déséquilibrait mon grand vélo. Elle criait, hurlait, appelait sa sœur, sa grande sœur, qui s’éloignait d’elle, là-bas, au loin, bien loin devant.
Je n’ai jamais cessé de me réjouir pleinement de tous ces instants de pur bonheur, d’intense harmonie avec la nature qui nous entourait, qui nous accueillait toutes les trois et qui nous protégeait.
Je n’ai jamais cessé de recueillir tous ces plaisirs, ces instants de bonheur parfait, de les rassembler, de les conserver bien enfouis dans ma mémoire, bien accrochés dans chaque parcelle de mon cœur.
Il me suffisait ensuite, à la fin des vacances, redevenue prisonnière de l’autre maison hostile, il me suffisait d’oublier ce qui m’entourait et de tout écrire, et encore écrire, ne penser qu’à écrire. Je rêvais à ces jours de vacances.
Je me souviens de ce temps-là. Les chemins, les petites routes des Landes, toutes droites le long des forêts, nous amenaient au lac, à l’étang de Soustons. Parfois, au bord d’une clairière, parfois devant les marches d’une petite chapelle en dentelle de bois.
Souvent, il nous fallait descendre de notre vélo, admirer cette nature exubérante, ces hauteurs de pins qui nous donnaient le vertige. Nous promener le long de ces chemins incomparables dans la forêt des Landes.
Beauté dorée des buissons de genêts et d’ajoncs fleuris de boutons d’or tels des papillons.
Beauté froide des alignements de troncs, de pins tous haut perchés, fixant vers le ciel leurs cimes d’aiguilles balancées par le vent.
Souffles de l’Océan, là-haut, au-dessus de nous, dans les sombres frondaisons.
Sous les roues de nos vélos, les écailles sèches des pignes craquaient, éclataient sous la chaleur.
Et soudain, au bout du chemin, la lumière s’élargissait, le sentier d’aiguilles devenait une piste de sable doux et lisse.
C’étaient les dunes.
T’en souviens-tu Flora ?
Flora n’a rien oublié. Elle s’en est allée loin de notre monde, emportant avec elle tous ses souvenirs d’enfance accrochés à chaque parcelle de sa mémoire.
 
Le 26 avril, à 7 heures du matin, naissait Flora.
Sur le faire-part, il est inscrit :
« Estelle est heureuse de vous annoncer la naissance de sa petite sœur Flora. »
Son enfance fut joyeuse, agitée, confortable. En présence de sa sœur affectueuse, attentive, et de leur complicité dans les jeux et les disputes.
Elle montrait un attachement particulier envers sa sœur, une recherche continuelle de la présence de sa sœur.
Flora était en demande d’affection. Plus qu’une autre enfant de son âge ?
J’admirais sa vitalité, son excitation, ses joyeuses réflexions pleines d’humour, de poésie.
Sa fantaisie, ses talents artistiques. Ses créations, ses dessins, ses peintures, ses poésies.
Son imagination, ses excès de folie.
Devinait-elle la moquerie de son père ?
 
Dis, maman, tu savais ce que répétait mon père ? Oui, souvent, même devant toi ! Tu t’en souviens… ? Dis, maman ! Qu’il ne m’avait pas voulue, qu’il préférait un garçon. Il ne me voulait pas. Tu le savais qu’il préférait Estelle ? Pourquoi ? Tu t’en souviens, dis ?
 
Oui sa lucidité lui fit deviner rapidement la préférence insistante de son père envers sa grande sœur, ainsi que le dédain légèrement moqueur de son père envers elle.
Tout ce qui me touchait, tout ce qui me choquait, Flora le ressentait aussi.
Avec sa générosité, sa sensibilité, son amour de la nature, des animaux.
Avec ses sensations d’éblouissement devant toutes les beautés, toutes les harmonies, toutes les merveilles.
Je suis certaine que Flora a vécu avec bonheur les deux années de Cours Moyen dans ma classe. Elle, sur son petit banc, sage et studieuse et moi, face à elle et ses copines, sur mon estrade.
D’où je descendais si souvent pour passer, m’arrêter derrière elle, pour la contempler, avec l’envie si forte de caresser ses cheveux et de l’embrasser.
Il ne reste rien de ces instants, Flora ne peut plus s’en souvenir, Flora n’est plus.
Ne restent que ses cahiers d’école, ses poésies, ses dessins, ses peintures et tant de photos.
Cette période de son enfance, ces deux années d’école et toutes ces journées de vacances dans sa maison des Landes ; ce sont là des souvenirs qui n’appartiennent plus qu’à moi !
Je les revis si souvent, de si loin dans le passé, alignés en continu dans ma mémoire, alignés, soulignés dans toutes les pages de son histoire. L’histoire de Flora.
Ce que la vie lui devait.
Ce que la vie lui a retiré.
Je me souviens de ce temps-là.
Chaque journée dans la maison des Landes où nous vivions toutes les trois, soudées l’une à l’autre. Rien que nous trois, en harmonie avec la splendide nature qui nous enveloppait.
Chaque instant de ces journées, chaque matin où je venais pousser les rideaux de leur chambre rose, où je leur caressais les cheveux pour les réveiller.
Chaque soirée où je m’asseyais au bord du petit lit, un livre de contes ouvert sur les genoux, devant leurs yeux curieux. Chaque fou rire, exclamation de joie, de surprise lorsque j’ouvrais les mains sur des petits jouets malicieux qui sautaient sur les draps.
Je craquais de tendresse et de fierté en les promenant, habillées de leurs si jolies jupes tellement originales et sophistiquées, ces vêtements uniques que je n’ai pas retrouvés sur aucun autre enfant.
 
J’aimais tant respirer leurs cheveux, lorsqu’elles avaient joué, couru, circulé à vélo dans l’impasse, criant, hurlant leur plaisir, en compagnie de leurs deux voisines et copines. Oui je m’en souviens.
Et puis du temps a passé. Flora a tellement grandi, elle s’est éloignée de moi durant ses longues années d’étude en faculté. Section Arts Plastiques où elle excellait. Ses cartes, ses lettres me parvenaient rarement, très courtes, brèves et qui ne me montraient pas la vérité. C’est ce que j’ai deviné, mais bien plus tard. Je n’ai pas su lire entre les lignes.
Je n’ai pas compris ses points de suspension…
Sa dernière carte m’annonçait son déménagement, sans m’indiquer la nouvelle adresse. Allait-elle me la révéler plus tard ? Je ne connaissais pas non plus son numéro de téléphone. J’ai espéré longtemps un autre courrier, de bonnes nouvelles, bienfaisantes ? Mais rien.
Alors, un jour de colère, j’ai envoyé une petite carte à ma fille, à son ancienne adresse.
« Je veux te voir, je suis ta mère, tu n’en as qu’une ! »
 
Et là, enfin, Flora a répondu une longue lettre.
 
 
Le 2 mai
 
Aujourd’hui, j’ai reçu dans une enveloppe de réexpédition du courrier, ta carte. Cette année, je te réponds.
Cela fait des mois que je tergiverse, que j’hésite à reprendre contact avec toi, non pas que l’idée ne me soit pas toujours restée présente à l’esprit… Mais bon, je n’en étais pas là où j’en suis aujourd’hui. Ta carte, un coup de téléphone à mon homme pour l’en informer, ma situation actuelle m’ont décidée. Je prends la plume.
Alors, voilà, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Il y a 13 jours aujourd’hui, j’ai eu un accident de voiture. La voiture est morte, moi non, puisque je t’écris… Je suis restée là, avec mon « léger » traumatisme crânien et une entorse aux cervicales qui devrait guérir dans deux mois, je l’espère ! Cela aurait pu être pire. Ce n’est pas grand-chose, mais cumulé à d’autres, cela devient beaucoup.
Il y a 4 mois, ma sœur nous a gentiment mis dehors. Cela s’explique : la maison de famille de Morcenx, étant devenue joliment habitable et donnée en usufruit il y a quatre ans par mon père, ma sœur m’a simplement dit qu’il fallait que je « dégage ».
C’était au cours d’un repas « familial » et comme d’habitude toujours houleux.
Plus tard, son compagnon trouvait un travail dans la région, tout près. Ma sœur et lui arrivaient à Morcenx, alors que nous, nous partions en pleine campagne dans une maison avec jardin, en location

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