J irais mourir pour vous...
146 pages
Français

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J'irais mourir pour vous... , livre ebook

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Description

Nous sommes en 1945 : alors que les Français célèbrent le bonheur de vivre retrouvé, Guy Gervois, 17 ans, s'engage pour l'Indochine. Il décide, au péril de sa vie, d'aller combattre les ennemis de la France en Extrême-Orient. Il nous raconte l'enfer de façon absolument exacte, sans exagération ni modération.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342055122
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J'irais mourir pour vous...
Christian Ferrand
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
J'irais mourir pour vous...
 
Avertissement
Ce livre est le récit d’un de nos courageux soldats, de deuxième classe, engagé à dix-sept ans, en 1945, dans les conflits d’Extrême-Orient.
 
Il a été rigoureusement écrit à partir de l’exposé précis du narrateur avec l’accord préalable que tout devait être absolument authentique.
 
L’auteur a suivi scrupuleusement ce qui lui a été décrit, afin de renforcer l’intérêt de ce témoignage.
 
En toile de fond, chronologiquement, les évènements historiques de l’époque.
 
Malgré tous les soins apportés à la rédaction de cet ouvrage, de rares erreurs, de noms ou de dates, peuvent subsister.
Remerciements
Merci à Guy Gervois de nous avoir patiemment confié ses souvenirs, durant les périodes de 1933 à 1954 et plus particulièrement, ceux de son engagement en Extrême-Orient.
 
 
Merci à Hubert Mainard de l’active participation à la réalisation de cet ouvrage, sans laquelle il n’eût existé.
 
 
Merci à Christiane et Gérard Payan pour leur amicale aide.
Première rencontre
Le 8 mai 2016, la France célèbre le 71 e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
À Pierrevert, l’hommage est rendu par les élus et les associations patriotiques devant le monument aux morts sur le cours de la libération. En présence d’André Boitel, président de la FNACA, de Jean-Philippe Fontana, conseiller municipal, une gerbe est déposée par André Mille, maire de Pierrevert, et Stéphanie Colombero, conseillère départementale, en mémoire des combattants tombés pour la France.
 
Un homme est là, droit, immobile. Son regard, légèrement filtré par des lunettes photosensibles, semble se perdre dans de lointains cauchemars. D’une taille moyenne, il accuse une corpulence rassurante avec des gestes lents et économes qui trahissent ses 89 ans. Sa veste, bleu clair, échancrée jusqu’au dernier bouton, laisse apparaître une cravate sombre, un peu courte. Un calot rouge et vert, légèrement incliné sur le côté, rappelle son ancienne appartenance à un corps militaire. Son visage, plutôt imposant, légèrement renfrogné et sérieux, est figé par son écoute attentive. Son charisme naturel est empreint de dignité. Le drapeau de la hampe qu’il agrippe solidement bouge à peine sous la légère brise.

Il porte sur sa poitrine un faisceau de médailles.
 
Que de sacrifices, que d’efforts, que de souffrances, que de tortures faut-il avoir connus pour arborer de telles décorations ?
 
Un homme comme des milliers, est parti vers des terres inconnues se battre pour les siens, se battre pour la France, sachant que la mort le suivrait, tentant de le surprendre sur un sol étranger, au détour d’une route, sur le bord d’un ruisseau, abandonné dans une carcasse fumante, grimé de rouge contre un arbre mort. Il quittera les siens pour les rendre plus libres, après des embrassades douloureuses et des regards fuyants.
Comment est-il possible que l’éclat des médailles, les couleurs de leur ruban, n’inspirent plus à nos yeux que des questionnements, que des regards furtifs, perplexes et soupçonneux, comme pour oublier pour ne pas prendre part en évitant l’égard ?
 
Ma décision est prise : à défaut d’action héroïque, j’irai écouter le bruit des canons de la bouche de ce témoin, j’irai faire parler les médailles, j’irai dire mon admiration, j’irai combattre l’oubli et je vous ferai part de ce qui m’a été dit.
 
Son nom est Guy Gervois. Je suis impatient de le rencontrer.
 
Vous le trouverez sous le platane, assis sur le banc, place du 2 décembre à 14 heures, m’a-t-on informé.
 
 
C’est à peine si je le devine, protégé par l’ombre épaisse d’un arbre qui fut planté, juste après la libération, par des prisonniers allemands :
 
— Bonjour… Monsieur Gervois ?
— Oui… !
— Je suis Christian Ferrand.
Lors de la cérémonie du 8 mai, j’ai été touché par le nombre impressionnant de médailles qui ornaient votre poitrine. Je me demandais si vous seriez disposé à me les raconter.
 
L’homme me dévisage, me sonde quelques secondes…
 
— Je n’ai rien à cacher… Tenez, asseyez-vous si vous le souhaitez…
 
Je suis rassuré par sa sérénité. Il aime cette place qui a vu de nombreuses réunions de voisins où chacun venait boire ou offrir l’apéro. Il parle du calme des lieux, de la fraîcheur que lui procurent les ramures du grand arbre. Il respire la paix. Son regard est affable sa voix douce mais ferme. Je suis conforté par l’excellence de sa mémoire indispensable à mon projet.
 
Le livre que vous tenez entre vos mains décrit une partie très importante de la vie de Guy Gervois telle qu’il me l’a racontée. Elle allait le marquer au fer rouge pour le restant de ses jours.
 
Je l’ai laissé raconter son histoire sans aucune contrainte, totalement libre, voguant de sa plus jeune enfance, des moments les plus doux, aux plus cocasses jusqu’aux plus durs, à l’écoute entière et attentive d’une vie d’homme qui suscite le respect.
Je rappelle, compte tenu de l’importance que cela revêt, que nous nous sommes accordés sur le fait que ce qui allait être écrit devait être indispensablement, indiscutablement et absolument authentique, sans exagération, sans modération : C’était la condition « sine qua non » indispensable à l’intérêt de ce témoignage.
 
Je crois que cette condition a été scrupuleusement respectée.
 
Un homme l’a vivement agacé :
 
— Quelles sont ces breloques que tu portes ?
 
Il a chancelé un moment au souvenir de ceux qui ne sont pas revenus. Celui qui appelait sa mère exposant ses boyaux fumants, l’autre cloué contre l’arbre, et celui-là dont on a cherché la tête séparée de son corps et que l’on a reconnu grâce à sa barbe.
 
Lors de cette altercation, des témoins, des policiers étaient présents :
 
— Vous devriez porter plainte ! lui a-t-on conseillé.
— Non, rétorqua-t-il. C’est un pauvre bougre… Il ne sait rien !
 
Cette anecdote a redoublé mon désir d’œuvrer pour rétablir, selon mes sobres moyens, l’honneur de tous ceux qui se sont battus pour que l’on vive, pour défendre la grandeur de la France au moment même où ses intérêts en Extrême-Orient étaient en péril. Merci à eux, aux vivants et aux morts.
 
Que ce modeste ouvrage vous rappelle l’étendue de leurs dons.
Abandon du père
Guy Gervois est né le 24 septembre 1927 à Dijon, second d’une famille de huit enfants. Son père les a quittés alors qu’il avait quatre ans. Il s’en souvient comme si c’était la veille. Il le voit partir avec sa démarche à la fois leste et pesée, semblant fuir l’éventualité de revenir sur sa décision.
 
Son père les abandonne, fuit mère et enfants ! Sa sœur a un an. Elle apprend à marcher en se cramponnant sur le couvre-lit blanc de son grand-père, le même dit-il, que celui qui aujourd’hui orne ma couche , glisse ses petits doigts dans les trous de la broderie pour se tenir droite comme si elle comprenait que désormais, elle n’aurait plus recours aux bras de son géniteur, qu’il faudra redoubler d’efforts et se battre pour pourvoir au manque paternel.
 
Le père s’en va à jamais, ils ne le reverront plus.
 
Les gendarmes sont venus. Ils ont attaché leurs chevaux au marronnier, celui autour duquel Guy avait aménagé un petit jardin, devant leur maison à Yzeure. Ils ont pris les renseignements auprès de grand-père et de mère. Ils ont questionné :
 
— Pourquoi est-il parti ?
Ils ne s’entendaient plus… ! Ils ne s’entendaient plus… !
 
Alors la tristesse s’est abattue sur cette modeste maison au toit de chaume, au mur en torchis, au sol de terre battue. Comme si le grand chêne protecteur avait largué les amarres, les grandes ramures repliées vers le sol, dégoulinant de lassitude, il avait fui, le pas pesant, sans se retourner. Il avait dodeliné de sa coiffure hirsute en signe de dépit, il s’en allait sans savoir où, sans savoir pourquoi, comme un vagabond déguenillé qui vogue vers l’inconnu.
 
Le père avait pourtant une très bonne réputation dans le village, c’était un très gros travailleur qui ne s’arrêtait jamais. Toujours dans les champs, dans la culture.
Il n’avait qu’un seul défaut, il aimait jouer aux palets. Ce sont de petits disques d’acier qu’il s’agit de jeter au plus près d’une ligne tracée au sol. Alors le dimanche il aimait se distraire avec ses collègues. Oh, ils ne jouaient pas d’argent car ils n’en avaient guère, le perdant offrait à boire. Le père qui était fort à ce jeu rentrait, le soir ou plutôt la nuit, un peu éméché. Mon grand-père qui habitait avec nous, reprend Guy, était très mécontent. Avec ses enfants il était agréable, gentil. Je n’ai pas le souvenir d’une seule gifle, contrairement à notre grand-père qui nous a élevés après son départ. Il était dur et autoritaire, il est vrai que nous étions plus âgés.
Puis, il est parti, parti loin des siens, comme pour fuir sa pesante vie faite d’efforts et de sacrifices, comme pour abandonner l’enclume qui, depuis des lustres, écrasait son dos au point de lui faire abandonner l’amour des siens… Allez savoir…
 
La police l’a retrouvé. Il a été envoyé dans la légion pour avoir quitté le foyer. La Serbie pour nouveau lieu de villégiature.
Préadolescence
Nous sommes le 30 janvier 1933, en Allemagne, Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich par le président Paul Von Hindenburg 1 qui n’a pas pu empêcher son ascension politique.
 
Guy qui a 5 ans, est bien trop jeune pour imaginer les conséquences que cet

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