Jamais contre, d’abord : La présence d’un corps
528 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Jamais contre, d’abord : La présence d’un corps , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
528 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Singulier, iconoclaste, hors norme, novateur, François Roustang est sans conteste l’une des plus grandes figures de la psychothérapie aujourd’hui. Pourquoi réunir ici trois de ses écrits qui ont paru successivement et précisément ceux-ci ? Parce qu’avec le recul il apparaît que La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste et Savoir attendre constituent non seulement un ensemble cohérent, mais presque une unité en ce qu’ils marquent, chacun à sa façon, une étape dans la réflexion de François Roustang autour de sa pratique, dans son interrogation sur ce qui pourrait la fonder, la rendre tout simplement possible. « Si vous souffrez, par exemple, d’angoisse, de peur ou d’insomnie, il ne faut surtout pas s’y opposer, il faut y prêter attention, les inclure dans votre corps, les intégrer dans et par vos gestes. Il faut seulement se demander si c’est efficace. Et cela l’est. » Agrémentée de textes inédits qui en soulignent la force et l’actualité, ces trois œuvres majeures font apparaître ce qui constitue la singularité d’une thérapie : l’intensité de la présence de l’hypnothérapeute, sa liberté et même sa négligence qui rendent aisés pour le patient l’accès à sa propre vitalité et l’adoption des circonstances. Thérapeute dissident de la psychanalyse, François Roustang mène depuis des années une réflexion radicale sur les conditions du changement. Elle l’a amené à redécouvrir la fécondité de l’hypnose pour produire une modification profonde de notre regard sur nous-mêmes et de notre rapport au monde. Sa trilogie La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste, Savoir attendre le range parmi les auteurs les plus originaux en France dans son domaine. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738165442
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , AOÛT  2015 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6544-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Ce volume contient :
 
 
AVANT-PROPOS
Le retour au présent
 
LA FIN DE LA PLAINTE
 
IL SUFFIT D’UN GESTE
 
SAVOIR ATTENDRE
 
POSTFACE
Agathe ou le « ne rien faire »
« Le corps humain est la meilleure image de l’âme humaine. »
Ludwig W ITTGENSTEIN , Investigations philosophiques .

 
Avant-propos

Le retour au présent

Pourquoi réunir aujourd’hui des écrits parus successivement et précisément ceux-ci ? Parce que avec le recul il apparaît que La Fin de la plainte , Il suffit d’un geste et Savoir attendre constituent non seulement un ensemble cohérent, mais presque une unité en ce qu’ils marquent, chacun à sa façon, une étape dans ma réflexion autour de ma pratique, dans mon interrogation sur ce qui pourrait la fonder, la rendre tout simplement possible. C’est ce que je voudrais indiquer ici brièvement. La même question s’y trouve en effet explorée et, pas à pas, approfondie.
« Installez-vous là, dans ce fauteuil, et ne faites rien. Ne faites rien d’autre que d’attendre autant que possible dans le confort. » À un visiteur qui souffre d’angoisse, de crise de panique, de maux de tête, de timidité, voire d’une douleur passagère ou chronique, comment un hypnothérapeute peut-il oser dire cela sans sourciller ou sans rire ? Si ce visiteur entend ce propos sans bouger, sans reprendre, comme on le faisait autrefois, sa canne et son chapeau ou, comme aujourd’hui, son sac et son parapluie, s’il va jusqu’à obtempérer, à se demander si le fauteuil est réellement confortable et à s’y installer, puis à s’y prélasser, bref s’il accepte de ne rien faire, on constate maintes fois que l’effet produit n’est pas quelconque, qu’il est même considérable, inattendu et, dans un certain nombre de cas, durable.
Comment est-ce possible ? Qu’est-ce qui est contenu dans le fait de ne rien faire ? Et qu’est-ce que cela produit ?
C’est tout simplement que je ne compte plus sur moi pour résoudre mes problèmes. J’abandonne la lutte parce qu’elle est toujours perdante. Qui va s’en charger ? Ce n’est certainement pas le thérapeute que je suis venu voir, car, une fois sorti de chez lui, je retrouve intacts mes ennuis. Ce sera moi, bien sûr. Mais comment cela, puisque je viens d’admettre mon impuissance, laquelle me montre l’illusion de ma puissance ? Ce ne sera donc pas le moi qui prétend, qui raisonne et qui veut. Celui-là a toujours perdu d’avance et il s’époumone en vain comme le rouleur de pierre arrivé en haut de la montagne. Ce sera qui alors ? Celui que je suis sans avoir eu à le demander, cet individu humain qui est arrivé parmi d’autres et qui n’a jamais à se donner l’existence, si ce n’est par ce petit conatus dont parle Spinoza, cette inclination à persévérer dans l’être.
Nous avons une certitude, celle d’exister, mais ce n’en est même pas une à proprement parler puisque nous n’avons jamais à la ratifier. Nous sommes cette évidence et c’est cette sorte d’évidence superflue que nous pouvons retrouver lorsque nous ne faisons rien, vraiment rien, si ce n’est d’être là, à cet instant. Si nous nous contentons de cela et même l’oublions. « Je veux considérer l’homme ici comme animal ; comme un être primitif à qui l’on accorde l’instinct, mais non le raisonnement », écrivait Ludwig Wittgenstein. C’est cette dimension qu’il nous faut retrouver.
Pourquoi ce retour constituerait-il le soin par excellence, le secret de toute guérison ? Ce retrait ne guérit de rien. Il ne fait pas revenir les êtres les plus chers, il ne fait pas repousser les membres arrachés, il n’efface pas directement les angoisses et les peurs. Il opère plutôt d’une façon détournée. Cette réduction réveille l’existence de l’individu humain comme animal, comme être primitif auquel il manque provisoirement le pouvoir de raisonner. En conséquence de cette perte, il devient interdit de passé et de futur. Celui qui s’est prêté au jeu du retrait ne peut plus appréhender que le présent. Le passé et le futur lui sont devenus inaccessibles. Il s’ensuit qu’il n’a aucun recul par rapport à la souffrance ou à la douleur et qu’il ne sait pas les éprouver. La clinique de l’hypnose le met constamment en évidence. Pendant la séance et même parfois après, les souffrances ou les douleurs ressenties auparavant ne le sont plus. Inviter à faire retour à la simplicité de l’individu vivant revient donc à le cantonner dans le présent et à faire disparaître la peine qui avait besoin de distance pour être éprouvée.
En ce sens, l’hypnose ne guérit pas, mais, par la fixation sur le présent qu’impose l’individualité animale, elle modifie la coloration de l’existence. Dans cet état, je n’ai affaire qu’au présent et je ne peux plus m’y opposer. Parce que je ne dispose plus du passé pour m’en plaindre et du futur pour en rêver. Je n’ai même pas, dès l’abord, la possibilité de le modifier, je suis contraint de l’adopter tel qu’il est, puisque je n’ai pas le choix. Il me faut bien m’en accommoder et le prendre pour ami. Avec bonne humeur, maintenant. Et, situation maintes fois constatée, cela ne s’arrête pas là : l’humeur de celui qui a fait cette expérience se communique à son entourage. Toute l’atmosphère s’en trouve modifiée.
Le « ne rien faire » s’est donc changé en « laisser se faire ». Laisser se faire quoi ? Il faut bien qu’il y ait un but. Voilà qui est embarrassant. Or le but est déjà atteint. C’est ce que je suis aujourd’hui dans les circonstances présentes. La réponse est donnée dans la question. C’est aussi bête que d’expliquer que, si je veux avancer en vue d’aller d’un point à un autre, il est préférable de mettre les pieds là où je suis. De toute façon, c’est de là qu’il faut partir.
Comment se mettre dans la tête, et bien sûr dans le corps et dans le cœur, que je dispose déjà de la réponse à la question que ma vie d’aujourd’hui semble me poser ? La réponse à la question, c’est ma forme de vie aujourd’hui, c’est la situation présente. Je n’ai donc pas à l’attendre : elle m’est donnée maintenant. La seule chose que j’ai à faire, c’est d’attendre sans rien faire que je m’y sois conformé. Ou que j’y sois conformé par ma seule attente.
D’où l’inutilité des formes d’ascèse et de souci de soi que proposent les techniques de développement personnel. On veut faire des progrès, mais ce n’est possible que si le chemin est déjà tracé, si nous avons déjà trouvé jour après jour les réponses. Ce sont les faits qui s’imposent ; ce ne sont pas nos efforts qui triomphent. Or non seulement le chemin existe déjà puisque nous sommes vivants en ce jour et en ce lieu, mais nous sommes déjà au but, puisque celui-ci consiste à prendre les choses comme elles sont, même s’il faudra les transformer ensuite. Mais ce n’est pas encore le moment. L’erreur serait de me projeter demain et de me demander si ma position actuelle dans la situation présente aura vraiment une efficacité heureuse.
Pour que ce genre de question ne se pose plus, pour en venir à laisser se faire, sans doute faut-il un certain entraînement, une certaine persévérance, une certaine obstination, mais c’est plutôt une question d’abandon, de confiance élémentaire ou bien plus encore de silence. Peut-être aussi le rire me sera-t-il donné par l’évidence de ma propre bêtise à compliquer les choses.
*
Ce livre est original dans la mesure où il prend à rebours ce qui caractérise la psychologie et les psychothérapies qui prospèrent dans nos sociétés. En général, une thérapie, quelle que soit son orientation, est faite pour se débarrasser d’un symptôme (tristesse, peur, culpabilité, frustration, etc.). Et, pour en être débarrassé, il faut se demander d’où il provient, quelle en est la cause. Comme elle n’est pas physique, on dira qu’elle est psychique. Résultat : on aura coupé en deux l’individu humain (qui est pourtant psychique sous la forme du physique et physique comme psychique). Ou encore à la question : pourquoi ce symptôme, on répondra souvent, dans le même style, par une recherche de la cause dans le passé. D’où une nouvelle coupure de l’individu entre le passé que l’on ne peut pas modifier et le présent. Tous les pourquoi conduisent donc immanquablement à multiplier les divisions à l’intérieur de l’individu humain. D’où la formule si souvent entendue : j’ai tout compris, rien n’a changé.
L’erreur de ces psychothérapies, c’est de rester fascinées par la règle qui veut que tout effet ait une cause. Car, si cette règle doit être appliquée dans les sciences exactes qui font varier causes et effets, elle ne convient pas au maintien en vie ou au mieux-vivre de l’être humain, tout simplement parce que dans ce cas elle vise à éliminer l’effet. Or cet être vivant a besoin, pour vivre ou survivre, de multiplier les liens et de recevoir sans discrimination ce qui constitue les liens. C’est bien cela que propose ce livre : si vous souffrez, par exemple, d’angoisse, de peur ou d’insomnie, il ne faut surtout pas s’y opposer, il faut y prêter attention, les inclure dans votre corps, les intégrer dans et par vos gestes. On pourrait dire simplement que, si les symptômes existent, c’est qu’ils manquent de contexte. Et c’est d’abord notre corps qu’il faut offrir comme un recueil à tout ce qui nous fait souffrir et que nous aurions le plus g

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents