Je me souviens
160 pages
Français

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Description

Je vais continuer à essayer de réaliser tous ses projets, jusqu'au jour où mes forces m'abandonneront. Je continuerai pour que le nom de Pascale ne soit jamais oublié. Je continuerai jusqu'à ce que son association soit reconnue, jusqu'à ce que les enfants qui en bénéficient, sachent reconnaître son nom et son visage. Je continuerai jusqu'à ce que le nombre d'enfants heureux grâce à elle soit tellement important qu'ainsi elle aura sa propre famille. Je continuerai jusqu'à ce que le Seigneur en ait assez de cette association et de moi, et qu'il me rappellera à lui pour nous retrouver. Je continuerai jusqu'au bout...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342038101
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je me souviens
Fédélic Della Ragione
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Je me souviens
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Je suis à côté d’elle, je lui tiens la main. Le médecin vient de passer et elle lui a dit dans un murmure : « J’ai soif, j’ai toujours soif. »
 
Après le départ du docteur, je prépare un thé froid et j’essaye de lui donner à boire, mais elle n’est déjà plus là. Elle est déjà partie. Elle est déjà dans le coma. Je pose mon verre de thé et je prends sa main inerte dans la mienne, nous sommes en contact. Il parait que quand on meurt, on revoit tout son passé, je suis en contact avec elle, et je le vois aussi.
 
Je la revois petite, lorsque nous nous promenions et qu’elle me donnait sa petite main, je réglais mon pas sur le sien pour qu’elle n’ait pas à courir. Je la revois plus grande, quand elle avait un chagrin d’amour et qu’elle se blottissait dans mes bras pour que je la console. Des déferlantes de souvenirs m’assaillent en quelques secondes. J’ai l’impression qu’ils veulent tous sortir de ma mémoire comme à travers un entonnoir, mais je n’en vois que des bribes.
 
Je me penche sur Pascale et elle râle en respirant. Mes larmes tombent toutes seules, je sens qu’elle veut à tout prix rester encore un peu. Je sens la profondeur de l’amour que j’ai pour elle et pourtant je m’entends lui dire en pleurant : « Va-t’en, ne lutte plus, tu as été plus forte que la chèvre de Mr Seguin, tu es allée jusqu’au bout de tes forces, ne lutte plus, pars, sois égoïste, ne pense plus à notre chagrin, pars rejoindre tous les gens que tu as aimés, ils t’attendent. Fais-moi un dernier plaisir, pars les rejoindre et ne te retourne pas. » J’ai senti son souffle s’amenuiser. Encore un souffle… Encore un… Et ce fut le silence. On n’entendait plus que mes pleurs. Elle s’est éteinte comme une bougie dont la mèche est arrivée en bout de course, il n’y avait plus de cire pour l’alimenter.
Je sens sa main refroidir tout doucement. J’appelle Monique pour lui annoncer que sa petite fille adorée est partie. Elle vient en pleurant s’allonger à ses côtés et la prend dans ses bras.
 
Ça y est, elle n’est plus là. Je pense déjà qu’il faudra l’annoncer à Frédérique et Shirley, et je pleure d’avoir à leur faire de la peine dès leur réveil. Je pleure sur ma petite princesse. Je pleure sur notre vie. Je me rappelle la mort de ma sœur Anna, il y a déjà quarante ans ; elle n’en avait que vingt-sept. Je pleure sur la mort de mes parents, de mes grands-parents, je pleure sur la mort d’un oncle de mon épouse, un tonton dont j’aimais beaucoup l’esprit et la sagesse. Je pleure un ancien voisin qui, par sa générosité, m’a fait changer de vision sur l’ensemble des êtres humains. Je pleure sur tous mes morts, et je sens cette plaie dans mon cœur, cette plaie qui s’est tant de fois ouverte et fermée à chaque fois que j’ai eu ces gros chagrins. Je la sens s’ouvrir à nouveau, mais là, j’ai la certitude qu’elle ne se fermera plus. Cette plaie est tellement béante qu’une partie de mon cœur s’en est allée à travers elle .
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
J’avais raison, cela s’est passé il y a trois ans et ce trou ne s’est jamais refermé. Bien sûr j’essaye de vivre ; il me reste mon épouse Monique, Frédérique et Shirley, deux filles formidables et aimantes, elles arrivent à me faire oublier, parfois, l’abîme que j’ai dans le fond du cœur.
 
Quelle belle vie nous avons eue ! Nous étions les rois du monde ! Nous vivions modestement, mais cela nous suffisait. Bien sûr, nous étions ambitieux, et nous en voulions toujours un peu plus, mais nous n’étions ni envieux, ni jaloux. Évidemment, nous rêvions toujours d’un monde meilleur, nous votions avec conviction, tantôt à droite, tantôt à gauche, en pensant chaque fois que la vie s’améliorerait.
 
J’ai rencontré Monique le 3 juillet 1965 au bal de l’Humanité. J’avais dix-huit ans, elle en avait dix-sept. Nous avions gentiment fricoté, comme cela se faisait à cette époque mais, comme je n’étais pas très sérieux, je l’avais laissée dès le lendemain. Cependant j’avais gardé d’elle un excellent souvenir, et tout au fond de moi, je crois que j’en avais déjà le béguin. Le temps a passé, et je l’ai finalement recontactée un lundi matin de septembre. Ce jour-là, je décidai de téléphoner à la pharmacie où elle travaillait. D’habitude, elle ne s’y trouvait jamais le lundi matin, mais – hasard ou destin ? – elle était d’astreinte ce matin-là. Si le téléphone avait sonné dans le vide, je ne crois pas que je l’aurais rappelée.
Nous nous sommes mariés le 20 janvier 1968. Nous étions fauchés : la robe de mariée était d’occasion, il n’y a pas eu de voyage de noces, mais nous étions heureux. Nous profitions des plaisirs simples de la vie et, dès que je touchais ma paie, nous allions manger « Au Roi de la Frite » et nous allions au cinéma. Je suivais des cours du soir afin d’améliorer nos conditions de vie.
 
Le 12 mars 1969, Frédérique est née. L’été suivant, nous avons quitté Le Havre pour Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir, pour des raisons professionnelles. Monique a mis au monde notre petite Pascale le 23 décembre 1971. Shirley est arrivée beaucoup plus tard, les aînées avaient respectivement neuf et sept ans.
 
Quand mes filles sont nées, à chaque fois, je les ai prises dans mes bras et je les ai aimées dès le premier regard ; je ressentais cette lourde responsabilité m’échoir, et je savais que dorénavant, rien ne serait plus important à mes yeux que leur bonheur. Rien n’avait autant d’intérêt que ces trois kilos d’amour à l’état pur que je tenais dans mes bras. À chaque fois, j’ai su que ce petit bout de chair allait m’octroyer une énergie nouvelle, grâce à laquelle je me surpasserais. Jamais je n’ai eu un regret quant à leur présence dans notre vie, je savais qu’elles allaient chambouler nos petites habitudes, mais je ne regrettais pas leur venue. Cela nous apportait tellement d’amour, que la peur de la fatigue, des problèmes financiers ou autre chose, était balayée d’un revers de tendresse.
 
Quand elles ont grandi, qu’elles ont fait leurs premiers pas, elles nous faisaient rire avec leurs premiers mots d’enfants, leurs petits bras qui nous entouraient le cou, tous ces moments de vie sont des souvenirs que je garderai en moi jusqu’à mon dernier souffle.
Plus tard, les filles devaient avoir respectivement deux, neuf et onze ans, nous n’avions pas beaucoup de moyens, mais tous les samedis nous allions au « restaurant » : nous prenions un sac avec du pain, du fromage et un dessert, et nous nous rendions au « FLUNCH ». Chacun avec son plateau, nous choisissions un plat chaud à notre convenance, c’est-à-dire pas trop cher, et nous nous installions. C’était une ambiance festive et nous attendions avec impatience ces samedis qui avaient un petit goût de bonheur.
 
 
 
Chapitre 2
 
 
 
Mes parents sont nés en Italie, dans un petit village près de Naples. La vie les a déplacés jusqu’ici, en Normandie, mais nous sommes restés proches de nos racines italiennes.
 
Tous les ans, j’emmenais ma petite famille en Italie et ce voyage durait au moins trois mois ! Nous en parlions facilement un mois avant ; les filles me demandaient sans cesse de «  raconter les vacances  », et presque tous les soirs, je leur expliquais que nous prendrions le train et que dès que nous arriverions, nous irions chercher une «  gelato » . Elles demandaient : « Quel parfum ? ». Bien sûr, j’en rajoutais un peu, mais nous vivions déjà cette période de vacances. Chaque mercredi, Monique les emmenait à la gare. Elle les asseyait un moment dans un train en partance, et le soir, toutes les trois rêvaient de ces vacances.
 
Puis arrivait le jour du départ, et là, quelle joie ! Quand nous arrivions à Naples, il y avait toujours un oncle ou un cousin pour venir nous chercher. Nous nous entassions dans sa voiture, et là, l’odeur du sol chaud, les klaxons et le parlé fort des napolitains nous sautaient au visage, comme pour nous dire : « Ça y est, vous êtes en vacances ! »
 
Les filles étaient folles de joie et l’exprimaient en parlant fort aussi entre elles. Moi je demandais des nouvelles de la famille à mon chauffeur et le temps du trajet passait très vite. Vingt kilomètres plus tard, nous arrivions dans le village de ma famille, Bacoli, au pied de l’immeuble où mon oncle Ferdinande habitait et où mon père avait hérité d’un petit appartement d’environ quarante mètres carrés avec un balcon, juste à côté de celui de mon oncle.
 
Après avoir dit bonjour à toute la famille, nous rangions nos affaires et tous les quatre ensemble, nous descendions vers le centre du village, qui était une place tout près d’un lac, «  abache mare morte  », ce qui signifie «  en bas de la mer morte  ». Nous allions directement prendre une glace et la commerçante qui tenait ce petit kiosque me reconnaissait. Il fallait alors que je présente ma famille ; s’ensuivaient tous les : « elles sont belles », « elles te ressemblent », « elles ont grandi »… Et nous pouvions finalement prendre nos glaces, avec bien sûr beaucoup d’hésitation sur les parfums, car les filles auraient voulu goutter à tous les bacs ; ce dilemme était toujours présent le premier jour.

Puis, pour le premier soir, nous mangions avec mon oncle, ma tante et leur dernier garçon, Carlo. C’est eux qui nous invitaient, mais nous mangions sur notre balcon, et eux sur le leur, il y avait juste une grille qui nous séparait.

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