Je n ai rien oublié
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Description

« Il ne fallut pas longtemps au Maigret de la cité pour trouver le coupable. L'inspecteur au béret frappa à la porte de notre appartement et narra à ma mère les faits regrettables de l'incident de la veille. Ma mère fit celle qui tombait des nues, mais en réalité, elle était bien habituée à entendre raconter les bêtises de son garnement de fils. Je m'étais, pour ma part, bien gardé de lui raconter quoi que ce soit. Ma mère me prit par la main pour aller chez Coco-bel-œil, afin de connaître la vérité qui, d'après mes dires, accusait le Coco de m'avoir incité à brûler le courrier. Il n'y eut aucune suite judiciaire, car personne ne porta plainte, mais je crois que mes parents versèrent un dédommagement financier aux victimes, qui d'ailleurs ne changèrent jamais les boîtes. Je ne me souviens que des raclées que me donna ma mère et de celles de mon père, qui finissaient toujours par : “Jean arrête, tu vas finir par le tuer !” » Empreint d'amertume et de sensibilité, le récit de souvenirs de Gilles Duluc nous plonge dans une jeunesse tourmentée, marquée par le désamour et les quatre cents coups. À travers ses blessures et son regard d'enfant d'alors, l'auteur livre, de Bondy au Sud de la France, une chronique authentique et attachante des années 50 et 60.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342051209
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je n'ai rien oublié
Gilles Duluc
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Je n'ai rien oublié
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Préface
 
 
 
J’ai connu Gilles Duluc il y a une dizaine d’années, d’abord en allant voir des chiots Jack Russell dont il était producteur, ensuite professionnellement. Gilles Duluc est un spécialiste de tous les problèmes électriques que vous pouvez rencontrer sur une automobile et il effectue les contrôles techniques des chronotachygraphes des camions.
Il fait autorité dans ces domaines. Je dois dire qu’il est très bien secondé par une épouse qui l’encourage et le modère dans ses excès.
Rien ne le disposait à l’écriture, sauf une mémoire d’éléphant et une certaine aptitude pour raconter des histoires.
Un jour, il m’a fait lire quelques passages du récit qu’il était en train d’écrire. Je fus surpris par la justesse des mots, je fus obligé de convenir qu’il avait un don réel pour l’écriture.
Il raconte des souvenirs d’enfance, les bons et les mauvais. Tout nous laisse à penser qu’il a été très traumatisé par son père, il se sentait mal-aimé, était prêt à faire toutes les bêtises pour susciter l’intérêt des siens.
Son récit est frais et évoque Le Temps des porte-plumes , film délicieux de Daniel Duval. L’action se situe en 1954 dans l’Allier. Un gamin de neuf ans, Pipo, pupille de la nation, est confié à Christian et Cécile, un couple de paysans. Personne ne s’occupe de lui, Pipo est lui aussi prêt à tout faire pour être remarqué.
Comme pour Gilles, son passé est douloureux… Il lui faut régler ses comptes de petit garçon traumatisé par le « désamour ».
Voir un grand gaillard, comme on dit « une grande gueule », avec une telle sensibilité est chose rare, d’autant plus qu’il n’y a pas plus doux que lui, même si par la taille, il impressionne. Gilles est toujours là pour les siens, je devrais même dire pour tout le monde.
C’est un homme de passion, il va au bout de ses choix, il collectionne les vieilles voitures et anime avec succès un club « Rétro mobile » et, depuis peu, s’est mis à la photographie ; les débuts sont flatteurs et encourageants, ses clichés montrent une sensibilité exacerbée. À suivre avec intérêt…
Son récit est vivant et permet au lecteur la vision des lieux et en les fermant, il est possible de sentir les odeurs et de voir les couleurs.
Par moments, Gilles nous emmène un peu sur les sentiers de Vipère au poing . Certains lecteurs y percevront les mêmes émotions, d’autres y retrouveront des descriptions de Jules Renard dans Poil de carotte .
Je pense que son récit interpellera et ne laissera pas le lecteur indifférent.
Bravo Gilles, je suis fier d’être ton ami.
François Lavergne
 
 
 
 
 
 
La totalité du contenu de ce manuscrit est le fruit de mes souvenirs, d’une période de ma vie vue avec des yeux d’enfant et décrite grâce à ma mémoire d’une soixantaine d’années.
Les faits se sont tous déroulés comme je les ai vécus et ressentis, certaines personnes pourraient les critiquer et dire que cela ne s’est pas passé tout à fait comme cela.
Bien sûr, mais il n’en reste pas moins que mon esprit a conservé des instants inoubliables, que je veux bien partager et si des esprits forts contestent la vision de mes aventures. Qu’ils lisent ce témoignage comme un roman et qu’ils n’en fassent pas toute une histoire.
 
Lecteur, vous qui allez cheminer dans les corridors de ma mémoire, ôtez de votre esprit la locution proverbiale : « Qui aime bien châtie bien » car ne dit-on pas aussi : « Dis-moi comment tu traites ton chien, je te dirai qui tu es » ?
G. D.
 
 
 
Origines
 
 
 
Un beau jour d’avril 1955, il fait souvent beau en avril, j’ouvris les yeux pour la première fois à 6 h 30.
Le 14, au Perreux-sur-Marne, je fis la connaissance de Jacqueline et du sein maternel, sein généreux qui me marqua profondément, au point de définir mon idéal féminin avec une poitrine comme celle des magazines de mode.
Naissance banale, sans problème, quatrième du nom, la routine des accouchements, la mise au monde qui ravissait toujours ma mère car elle ne se limita pas à quatre : mes parents ont osé faire « six » enfants. Contrainte ou pas, Jean, mon géniteur de père, avait sûrement le revolver près de la ceinture. Confirmation par la suite par mes tantes : Jean était un coureur de jupons à ses heures.
Famille du côté maternel originaire de la Marne et du côté paternel des Vosges et de la région narbonnaise. Jean Duluc, mécanicien automobile de son état, avait rencontré Jacqueline Michel, bonne à tout faire, sur les boulevards parisiens. Il faut dire qu’à cette époque, les Allemands occupaient notre beau pays.
Me voilà, le quatrième petit nouveau d’une future fratrie de six enfants avec trois aînés, deux sœurs et un frère, tous sans exception affublés d’un diminutif plus ou moins niais, faisant appel à un vocabulaire « duluquien », tout droit sorti de l’imagination paternelle.
Je fus donc affublé de mon pseudo « Biloute », qui veut dire en langage nordique « petite bite » – logique, je viens juste de voir le jour, je suis trop petit et trop mignon, mais vous verrez que cela ne durera pas, ni pour mignon, ni pour petit.
Je vous laisse juge, ma sœur aînée (Joss ou mon néné) mon aînée si vous préférez, ensuite Pupuce, mon frère Fifi, moi et ma petite bite, puis Vivi, mais plus couramment Totoche – changement de surnom lié uniquement à un accident de vélomoteur mais je vous en parlerai plus tard – et la toute dernière Catou, plus communément la préférée (Catou les droits). Sans oublier bien entendu mon Bichon, surnom donné à mon père par son Kiki de femme : voilà dans quel contexte familial je fis mes premiers pas.
Du Perreux-sur-Marne, dans une maison dont je ne garde absolument aucun souvenir, mes parents emménagèrent à Bondy, au 5 de la cité des Saules, à l’angle de la rue Auguste-Blanqui. Ma vie commença vraiment à Bondy, à la cité des Saules. Maurice Duluc, mon grand-père, artilleur pendant la Grande Guerre, électricien de profession, possédait avant 1940 une automobile car la famille Duluc, originaire du Sud-Ouest, avait les moyens. Maurice Duluc, après le décès de sa première femme, épousa la bonne. Cela faisait beaucoup rire ma mère, qui ne manquait pas de pousser la chansonnette (« il a épousé la bonne »), ce qui avait le don d’agacer considérablement Jean.
Avant de connaître ma Jacqueline de mère, en 1946, Jean avait fait la connaissance sous l’Occupation d’une autre Jacqueline, dont le père tenait un garage automobile en plein Paris. Jean, jeune mécanicien plein d’avenir, avait refusé de prendre la succession du garage, si généreusement proposée par le propriétaire, ainsi que la main de sa fille. Je pense qu’elle devait être laide, très laide… (Petit détail qui m’a été soufflé par ma mère !)
Jean se refusait d’acheter un quelconque objet à crédit car, à ses yeux, il était honteux et déshonorant d’acheter sans argent.
Je ne sais trop comment, mon père a trouvé un travail de mécanicien à la SNCF, toute mon enfance a été bercée par les voyages gratuits en train. Grâce à lui, je connais beaucoup de choses sur la vapeur et la locomotive 230 c Pacific et son tender, le diesel électrique, l’autorail, la Micheline, ainsi que le magazine « La Vie du rail », la miniature ferroviaire est toujours mon jouet de préférence.
Il faut préciser que je connais très peu de choses sur mon père et ma mère. Ma vie a pris une autre tournure en octobre 1964, lorsque je fus séparé de ma famille pendant de longues années et ce jusqu’à mon service militaire.
De mon père, je garde quelques souvenirs pas très agréables ; notre relation a toujours été conflictuelle, avec un rapport de force quasi permanent. Les tourlousines que m’administra mon paternel étaient légion. Oui, mes parents m’ont battu, pas comme plâtre ni tous les jours, mais chaque fois que je faisais une bêtise. Il ne connaissait pas d’autre méthode pour élever les enfants, que la baguette, discipline et respect.
Travailleur et courageux était Jean mais, pour les questions de vie de famille, tout reposait sur les épaules de ma mère. La vie au quotidien n’était pas facile, nous avions de petits moyens et tous les jours, au moment des repas, nous portions une attention toute particulière aux couverts posés sur la table ; quand il y avait des petites cuillères, cela voulait dire dessert à la fin du repas.
Alors, en chœur, nous mangions le mets délicieux préparé par notre mère, en prenant soin de retourner notre assiette pour économiser la vaisselle.
Il n’était pas rare de consommer le soir un cacao dans un bol de lait fumant, recette de Jacqueline agrémentée de pain et de beurre. Il est vrai que nous n’avons jamais connu la faim.
Il y avait toujours une assiette de plus à table, au bout, à l’opposé, face à mon père ; c’était celle du pauvre, comme disait Jacqueline, sûrement pour conjurer le mauvais sort et se rassurer en pensant qu’il y avait certainement des gens plus pauvres que nous.
Dans les périodes fastes où les fins de mois avaient été généreuses, les repas étaient agrémentés de diverses nouveautés et Jacqueline faisait beaucoup d’efforts pour sa tribu.
Une fois, un pari stupide s’engagea entre mon père et ma sœur aînée, à propos d’un pot de confiture maison ; c’était à celui qui avalerait la totalité du récipient, boca

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