Journal imprévu d un banquier : Une aventure, un métier (1943-2000)
110 pages
Français

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Journal imprévu d'un banquier : Une aventure, un métier (1943-2000) , livre ebook

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Description

Comment un jeune haut fonctionnaire, fuyant les lâchetés de l’Occupation, rejoint la France libre… Comment un Inspecteur des finances se retrouve en Indochine et à Shanghai, en pleine révolution chinoise, puis à Washington, lorsque s’est mis en place le plan Marshall… Comment un banquier en poste en Afrique du Nord traverse les péripéties qui ont précipité la décolonisation… Comment le président d’une banque moyenne participe à la naissance de ce qui est devenu aujourd’hui l’un des plus grands groupes financiers au monde : la BNP… Des années 1940 aux grandes batailles économiques d’aujourd’hui, le chemin suivi par Pierre Ledoux fut tout sauf celui d’un banquier ordinaire. En voici le récit, parcours historique autant que témoignage sur un métier. Pierre Ledoux fut membre de la mission financière française en Extrême-Orient et attaché financier à Washington, où il participa à la mise en place du plan Marshall, avant d’entamer une carrière bancaire qui le conduisit à la tête de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI). Peu après la fusion de la BNCI et de la CNEP, qui donna naissance, en 1966, à la BNP, il devint président de cette dernière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738137425
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JANVIER  2001 15, RUE SOUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-3742-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À ma femme,
Avant-propos

Des hommes hors du commun, des personnalités de grande envergure ont le droit et même le devoir de raconter les événements auxquels ils ont été mêlés et qu’ils ont souvent eux-mêmes provoqués. Toutefois, les choses peuvent être vues d’une façon moins noble et, sans être une personnalité exceptionnelle, il peut être justifié de porter témoignage d’événements vécus d’une manière simple et directe et de contribuer à mettre en lumière la vérité du passé.
C’est dans cet esprit que ces notes de route ont été écrites, en essayant de les rendre le plus objectives possible. Les faits relatés sont le reflet des temps vécus, des décisions provoquées par des hommes responsables et finalement d’une époque constituant une riche tranche d’histoire.
Ce récit a pour but d’apporter un témoignage professionnel et de déceler les réalités dont il est le reflet au cours de la période allant de la catastrophe de 1940 aux temps actuels. Les étapes parcourues ont été marquées par une grande diversité, mais elles ont été aussi vécues avec les mêmes préoccupations d’objectivité et d’efficacité et constituent un ensemble où métier et aventure se rejoignent constamment.
Vivre des événements d’une grande actualité et pouvoir s’y manifester sont les premiers traits de mes activités. Des possibilités m’ont été offertes d’intervenir dans la Libération du pays et dans les efforts de la reconstruction, de connaître certaines conséquences de la guerre en Extrême-Orient et aux États-Unis, d’être confronté aux difficultés de l’Algérie et à la position de l’Islam, d’analyser les différentes phases d’une économie en évolution. Ce furent là autant d’occasions d’être présent dans le déroulement d’une partie de notre histoire, de remplir des fonctions utiles, de tirer des leçons profitables, de dégager des enseignements dont la valeur historique peut être largement exploitée.
L’expérience que j’ai acquise en participant à ces événements a enrichi les connaissances utiles à l’exercice de mon métier. On aborde alors l’autre aspect de mon parcours consistant à mieux pénétrer la vie d’une entreprise, ses conditions de fonctionnement, ses coulisses, des règles de gestion dont il ne faut pas s’écarter. Ces objectifs ont guidé mes activités bancaires en tenant compte des caractères dominants d’un établissement de crédit. Une banque est d’abord une communauté d’hommes et de femmes, fondée sur un objectif précis, ayant ses traditions et sa culture ; sa force repose sur la valeur de son personnel et l’esprit qui l’anime ; le facteur humain devient prépondérant dans la poursuite du développement et donne aux problèmes de la formation toute leur ampleur.
Mais une entreprise constitue aussi une création continue qu’il convient d’adapter constamment aux changements du marché dans lequel elle fonctionne ; l’influence des évolutions internationales est à cet égard primordiale. La recherche d’horizons nouveaux force à anticiper sur les modifications susceptibles d’être envisagées et donc oblige à une certaine audace, pour renverser les routines et introduire des innovations ; il faut quand même reconnaître que les risques d’erreurs sont nombreux ; ils doivent être appréciés et mesurés grâce à des qualités de jugement dont l’insuffisance peut entraîner de graves déboires.
Ces préoccupations ont trouvé leur place dans la création de la BNP ; la fusion réalisée il y a trente-quatre ans a représenté par sa dimension un enjeu difficile et fascinant à la fois.
Dans toutes les hypothèses un sentiment de curiosité a incité à aller voir sur place les problèmes intéressants et nouveaux surgissant de l’actualité ; elle a souvent été le moteur d’initiatives heureuses. Elle a joué un rôle permanent dans l’itinéraire qui a été suivi.
CHAPITRE PREMIER
La participation à la libération

Une évasion par l’Espagne
Le train de Bayonne vient de s’arrêter en gare de Morcenx, halte prolongée. Des agents de la Gestapo montent dans les wagons pour contrôler les papiers des voyageurs et notamment des jeunes. Cette visite aboutit à des arrestations ; un certain nombre de garçons sont priés de descendre du train et sont rassemblés sur le quai ; ils vont partir vers un destin tragique.
Un de mes vieux amis, Jacques Verdeaux, et moi, avions décidé de partir de l’autre côté ; il vaut mieux être deux dans des opérations de ce genre afin de s’encourager mutuellement. Nous avons pris le train à Bordeaux ; si par une curiosité malsaine les Allemands avaient visité nos bagages, d’ailleurs très réduits, ils auraient trouvé des souliers de montagne qui auraient pu les inciter à approfondir leurs investigations. Heureusement, il n’en a rien été, et ils se sont contentés de nos explications sur les raisons jugées normales de ce voyage. Les fonctions que j’exerçais dans l’Inspection des Finances justifiaient un déplacement à Bayonne, but déclaré de ce voyage, rendu nécessaire pour des raisons administratives tout à fait impérieuses. Quant à mon camarade, il allait voir un ami malade à Orthez. Nous venions de franchir un premier obstacle dans l’aventure que nous avions décidé de tenter.
La décision de partir en direction du sud reposait sur des raisons profondes ; j’avais été frappé par l’effondrement de la France en mai 1940 ; tout se dérobait sous nos pieds ; en quelques semaines la nation avait basculé. Assommé par ces événements, j’ai été dès l’armistice convaincu de la nécessité de réagir. J’ai eu assez rapidement des contacts avec des représentants de la Résistance qui m’ont d’emblée parlé de faire sauter des ponts et de faire dérailler des trains. J’avoue qu’ils ne m’ont guère inspiré confiance et j’ai cherché une autre voie. Les événements de novembre 1942, le débarquement en Afrique du Nord, l’absence de réaction de Vichy à ce moment-là, le sabordage de la flotte à Toulon, m’ont définitivement décidé à accélérer le départ ; il m’a semblé que la meilleure façon de jouer un rôle utile était de rejoindre l’armée, ce qui était conforme à mes convictions et à mon tempérament. Ce projet conduisait à s’évader en Espagne et à parvenir ensuite en Afrique du Nord. Mais quels moyens pouvait-on envisager ? Parmi les recherches auxquelles je me suis livré, j’ai finalement trouvé une piste qui avait l’air solide et qui passait par Orthez. Cette ville était donc le premier but à atteindre.
Arrivés dans cette ville, nous nous sommes rendus à bicyclette à l’adresse où l’on devait trouver les consignes. Une grande déception nous y attendait. On nous a fait savoir qu’il s’agissait sûrement d’une erreur. Notre piste était morte ; nous avons appris beaucoup plus tard que les personnes qui devaient nous aider avaient été arrêtées.
L’espoir de partir s’était réduit, mais il ne fallait pas abandonner nos objectifs. Nous avons pensé que, disposant de moyens personnels de locomotion, nous pouvions aller jusqu’à Pau retrouver des amis, que nous mettrions au courant et qui peut-être nous aideraient dans nos recherches de filières.
Arrivés à Pau, sans avoir rencontré de contrôles, qui auraient pu mettre fin à notre expédition, nous avons constaté que nos amis comprenaient parfaitement nos motivations ; grâce à eux nous avons trouvé un début de piste utile à explorer. Il s’agissait d’une filière plus ou moins contrôlée par le gardien du musée de Pau. Cette orientation nous a paru fort singulière, mais n’ayant rien d’autre en vue nous sommes allés rendre visite audit gardien, un vieux Béarnais à l’air méfiant, à qui nous avons à demi-mot exposé nos objectifs. En grand mystère, il nous a introduits dans sa maison, a essayé de nous juger, nous a interrogés sur nos buts et nos intentions ; nous avons eu l’impression que l’examen avait été satisfaisant et qu’il se sentait davantage en confiance ; il nous a donné rendez-vous pour le lendemain afin de prendre des décisions plus précises. À la vérité, la sincérité qu’il a alors manifestée nous a paru écarter le risque d’une dénonciation.
Nous étions bien décidés à recourir à cette solution qui tombait du ciel et sur laquelle nous n’avions pourtant aucune garantie. Avec le recul des années, on se rend compte de l’importance et des conséquences d’une telle décision prise dans des conditions imprévues et rapides. Ce sont des circonstances de ce genre qui donnent une direction nouvelle à l’existence et entraînent d’autres étapes ; cela s’appelle le destin. Ce jour-là, j’ai pris un risque, mais j’ai aussi saisi ma chance.
Le lendemain, notre gardien nous a expliqué ce que nous avions à faire : prendre un billet de chemin de fer aller-retour pour Arudy, dans la vallée de Laruns, et descendre à la gare de ce village un mouchoir à la main.
Nous fîmes des adieux émus à nos amis ; j’avais pris soin auparavant d’envoyer une lettre au chef du service de l’Inspection des Finances, afin de lui expliquer très respectueusement, et en termes voilés, qu’il risquait de ne pas me voir dans les délais prévus pour la prochaine tournée.
La nouvelle étape de notre expédition ayant été bien précisée, nous prîmes la direction de la gare de Pau avec des allures de promeneurs ; le train était rempli de Palois qui allaient se changer les idées du côté de Laruns

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