LA DERNIERE VOLONTE DE GILLA
169 pages
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LA DERNIERE VOLONTE DE GILLA , livre ebook

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Description

Ceci est une histoire vraie, racontée en guise d’hommage. Cet ouvrage a été rédigé pendant onze longues années au cours desquelles, mon souci majeur était de rassembler tous les éléments qui feront ressortir le caractère original de l’histoire, ainsi que de rétablir la vérité sur une version longtemps restée abusée. Cependant, il est à noter que tous les personnages clés de l’histoire,
porteront des noms d’emprunt dans le souci de préserver l’anonymat.
Sous forme d’un parallélisme, je me permets d’établir une connexité entre l’histoire du célèbre philosophe grec SOCRATE âgé de 70 ans à sa mort, et l’histoire jusqu’ici peu connue de mon héroïne Gilla, âgée alors de 23 ans à sa mort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 139
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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RAY-ANNE FRANCE NGO YAMB
LA DERNIERE VOLONTE DE GILLA
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AVANT PROPOS
Ceci est une histoire vraie,ƌaĐoŶtĠe eŶ guise d’hoŵŵage. Cet ouvrage a été rédigé pendant onze longues années au cours desquelles, mon souci majeur était de rassembler tous les éléments qui feƌoŶt ƌessoƌtiƌ le ĐaƌaĐtğƌe oƌigiŶal de l’histoiƌe, aiŶsi Ƌue de ƌĠtaďliƌ la vĠƌitĠsur une version longtemps restée abusée.CepeŶdaŶt, il est à Ŷoteƌ Ƌue tous les peƌsoŶŶages ĐlĠs de l’histoiƌe, poƌteƌoŶt des Ŷoŵs d’eŵpƌuŶt daŶs le souĐi de pƌĠseƌveƌ l’aŶonymat.
Sous foƌŵe d’uŶ paƌallĠlisŵe,je ŵe peƌŵets d’établir une connexitéeŶtƌe l’histoire du célèbre philosophe grec SOCRATE âgé de 70 ans à sa mort, etl’histoiƌe jusƋu’iĐi peuconnue de mon héroïne Gilla, âgée alors de 23 ans à sa mort.
Gilla est une belle jeune fille de dix-huit ans qui vientd’oďteŶiƌ soŶ ďaĐĐalauƌĠat, la vie lui souƌit sur tous les plaŶs Đaƌ tout Đe Ƌu’elle touĐhe seŵďle se tƌaŶsfoƌŵeƌ eŶ oƌ; par ailleurs, elle semble ġtƌe uŶe asĐğse iŶtelleĐtuelle pouƌ soŶ pğƌe Ƌui l’Ġƌige au ƌaŶg de« Socrate au féminin ». Étant également un modèle pour ses cadettes ainsi quepouƌ plusieuƌs de ses ĐousiŶes d’uŶ âge supérieur ou égal au sien, la belle de dix-huit ans verra son destin basculer du jour au lendemain loƌsƋu’elle va dĠĐideƌ de dĠfieƌ le staŶdaƌd du ĐĠliďat Ƌui ƌğgŶe au seiŶ de sa faŵille.
Après plusieurs menaces prémonitoires des uns et des autres, suite à son engagement marital, les éloges aux limites prétentieuses que lui voue son père,Ŷe l’aideƌoŶtcependant pas à échapper à son funeste et tragique destin. Alors, tout comme ce fut le cas de Socrate qui avait le choix de vivre en renonçant à sa passionafiŶ d’avoiƌ la vie sauve, la belle Gillafit pƌeuve d’uŶ stoïĐisŵe saŶs Ġgal loƌsƋu’elle fut ĐoŶfƌoŶtĠe au même dilemme : renoncer à se marier pour sauver sa vie, ou se marier et périr.
Toutefois, au-delà de la similitude de leurs histoires respectives face au dilemme auquel ils furent chacun confronté, il se dégage un autre point commun entre Socrate et Gilla ; en effet, le chiffre « 9 »ƌevieŶt à la deƌŶiğƌe positioŶ Đhez l’uŶ Đoŵŵe Đhez l’autƌe suƌ leuƌ ƌespeĐtive année de dĠĐğs Ƌui est de l’aŶ 399chez Socrate, et 2009 chez Gilla.
En fin, mon ouvrage soulève la problématique centrale sur le questionnement suivant : Quelles peuvent être les limites ou les défaillances de la mise en pratique de la tradition devant à la religion ?
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PARTIE1:EFFERVESCENCE PRÉCOCE
Par une find’après-midi de juillet 2004, le temps était relativement beau à Yaoundé la belle capitale aux sept collines de mon pays. Le soleil, bien qu’allant se coucher, dispensaitune lumière d’hyacinthe tandis que, les chants desoiseaux qui s’apprêtaient à rejoindreMorphée, nous empêchaient de suivre, maman et moi, notre émission préférée du samedi à la télévision.
A ces bruits horripilants des oiseaux, se joignit la perturbante sonnerie du téléphone portable de maman. Nous sursautâmes brusquement car,l’inquiétude et l’impatience noushabitaient depuis quatre jours parce que Gillan’avaittoujours pas donné de ses nouvelles.
Maman et moi étions assises sur le canapé du salon et, malgrél’angoisse qui guidait sa gestuelle au moment de décrocher l’appel entrant, je restaisereine, un peu comme si je savaisà l’avance que ce qui suivrait ce coup de fil, serait une bonne nouvelle. Aussitôt que maman s’enquit de son portable, aussitôt elle appuya sur la touche verte du clavier de l’appareil,afin de valider l’appel:
«Maman, J’ai eu le BAC!!!!» s’écria la personne à l’autre bout du fil:c’était Gilla ma grande sœur, que dis-je, c’était Gigi. Ma grande sœuravait grandi avec ce petit nomqu’on lui avait affectueusement donné en famille. Tandis que ses amies et camarades la connaissaient sous le nom de Gilla, pour nous, à la maison comme en famille, elle demeurait notre Gigi. Ce pseudonyme assez intrigant désignait le symbole du « Génie Incontesté de la Grandeur Intellectuelle »d’après notre père. Avec fierté, et après quatre jours de sueurs froides, de suspenses et de silence,ma sœur aînée venait de délivrer nos cœursen nous annonçant qu’elle avaitobtenu le baccalauréat Tchadien.
Le visage illuminé de joie, maman se mit à louer le Seigneur tout en poursuivant sa conversation avec masœur. Pendant ce temps, je comptais déjàen silence le nombre de jours qui s’écrouleraient, pour que je revoie ma Youyou, comme je l’appelaisaffectueusement pour la flatter.
Quand est-ce que nos résultats sortent là-bas à Yaoundé ? demanda-t-elle à maman.
Je ne sais pas mais,la rumeur court que d’ici la semaine prochaine,l’office du Bac va vous libérer ; en passant Lyse a-t- elle réussit ?
Oui !
Quand comptiez-vous revenir ?
Il se pourrait que nos relevés sortent dans deux semaines, donc avec un peu de chance on pourra remonter avant le début du mois prochain. Comment vont Papa, Emess et Anna ?
― Ton père s’est déplacé hier pour lesde son cousin au village, Emess est allée à la obsèques choralecomme d’habitude donc,je suis seulement avec Anna.
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― Tu n’es pas allée à ta réunion ce samedi ?
Non Ma’a Gi, j’ai fait envoyer mon argent ce matin parce que je ne me sentais pas bien, le médecin m’a prélevé dix-huit de tension hier,ce n’est pas bon signe donc, il faut que je me repose
Un silence de quelques secondes s’enquit des deux femmes, puis Gigi relança leur échange avec des paroles d’assurance comme à l’accoutumer.
Je pense que tes dix-huit de tension étaient liésà l’anxiétépar rapport à mes résultats. Désormais sois apaiséeMaman, ça va aller.
Maman effectua un soupire accompagné d’un léger sourire qui marquait sonapaisement, puis les deux femmes continuèrent la causette une dizaine de minutes encore, avant que maman ne me cède le téléphone.
J’avais hâte d’entendrede nouveaula voix de ma grande sœur, hâte qu’elle me décrive à partir du téléphone, la ville de N’Djamena dans laquelle sa copine lyse et elle, se trouvaient. Cette ville qui leur avait accordé son hospitalité pendant plusieurs semaines, cette ville qui les avait gratifiées du diplôme de fin d’études secondaires. Je voulais qu’elle me donne les détails du paysage, de la sociabilité et l’accueil de ses habitants, en passant par l’ambiance qui y régnait. Je voulais davantage savoir sur la culture de ces gens dont ma sœur étaitl’hôtequels étaient leurs goûts ; musicaux ? Est-ce que la célèbre danse ivoirienne le couper décaler était aussid’actualité dans ce pays comme c’était le cas dans le mienà cette période ?
J’avais encore au bout de mes lèvres, une panoplie de question qui, malheureusement ne fut pas posée faute de temps.Toutefois, dans notre échange, nous parlâmes de l’essentiel, grande était sa joie d’entendre que jepassaisen classe supérieure avec un tableau d’honneur à l’appui. J’eus droit aux plus belles promesses de cadeaux dont une petite fille de mon âge pouvait désirer.
Il ne restait plus qu’à compter les semaines qui s’écrouleraientpour que je revoie de nouveau ma youyou.La quiétude qui avait regagné nos cœurs, avait subitement enlevéen nous le souci de savoir quels étaient les résultats du baccalauréat de notre pays. Désormais, il nous venait en tête, la penséeselon laquelle, en cas d’échec ou de réussite, ces résultats n’empiéteront plus sur nos états d’esprit car, dans tous les cas Gigi et Lyse étaient déjà des bachelières reconnues par l’officedu baccalauréat tchadien.
J’étais habitée d’uneeuphorie sans pareille, rien qu’àl’idée de revoir ma sœur aînée dans un futur proche. Son absence à la maison avait rendu le climat moins convivial, surtout pour moi qui avais l’habitude de bénéficier de ses largesses à chaque service que je pouvais lui rendre.Néanmoins, dans mes rêveries, je ne pouvais nier une évidence : les choses ne seraient plus jamais comme avant,d’autant plusqu’à cet instant, je ne pouvais imaginer quelle était l’université qu’elle choisirait. Dans tous les cas, je pressentais bien quesa réussite devait créer un climat d’éloignement entre elle et moi. Désormais, cela était plus que certain, la vie à cinq que menait paisiblement ma
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famille au quartier Nlongkak à Yaoundé, devait être plus ou moins modifiée par le départ imminent de ma grande sœursous le toit familial.
Ainsi, nos parents pouvaient d’ores et déjàcompter sur leur toit, deux élèves à savoir : Emess mon aînée de cinq ans,qui venait de rater son BEPC pour une seconde fois au lycée d’Elig-Essono, et moi qui passais en classe de cinquième au collège Charles et Thérèse Mbakop.
Gigi notre aînée restait toujours l’exemple à suivre en matière de bravoure et de réussite scolaire, surtout grâce à son parcours académique qui semblait presque irréprochable. Cela faisait constamment l’objet desrivalités entre mes deux aînées, quoiquel’écart d’âge entre elles ne fût que d’une seule année.Il était facilement perceptible de constater lalongueur d’avance sur le plan scolaire, qui démarquait Gigi d’Emess.Papa se servait de cela pour créer des comparaisons entre elles, en valorisantl’une, au détriment de l’autre. Il était facile de percevoir le malaise que ces comparaisons engendraiententre mes sœurs quelques fois.
Bientôt, ces comparaisons ne faisaient plus seulement partie de nos cuisines internes, maisc’était devenu «l’hymne national» de papa en famille. Lorsqu’il faisait face à un de ses neveux ou une de ses nièces d’un âge supérieur ou égal à celui de Gigi, s’il s’agissait d’uncasd’échec scolaire, directement le nom de Gigi ne tardait pas à être mentionné comme une référenced’ascèse intellectuelle. Papas’estimaitd’ailleurscomme étant un « privilégié », du faitd’être legéniteur de Gigi.
Il y avait tout de même une vraisemblance dans ces éloges que papa faisait à l’endroit demon ainée, elle avait quelque chose de spéciale en elle que personne ne pouvait nier, cela devait sans doute être lié à son charisme et à son intelligence. Elle remplissait tous les critères de l’aînée par excellence, la bonne grande sœur que tout le monde rêverait avoir.
Bien qu’étant encore une jeune fille en fin de période d’adolescence,son comportement d’aînée autoritaire et insaisissable parfois, montrait à suffisance la maturité qui émanait d’elle.Son allure si soignée, dévoilait très bien « son audace » de vouloir brûler les étapes, afind’intégrer le monde « des grands ». Àces traits de caractère qui la particularisaient, s’ajoutait son affriolante beauté dueà sa plastique plus que parfaite. La nature l’avait favorisée d’un buste assez épanouit, qui se familiarisait facilement à tous les vêtements dont son corps acceptait en êtrel’hôte.Aux yeux des parents, elle était perçue comme « une adulte» dans la peau d’une adolescente.Ils ne pouvaient cependant pas justifier comment leur fille aînée, jadis «le bébé d’hier», était subitement devenue «la femme mature d’aujourd’hui » ; pourtant, elle était tout simplementsous l’emprise «d’une effervescence précoce ».
Pour une tailled’environ 1m69,Gigiavait une silhouette moyenne qui faisait de son corps, l’ami du vêtement. Sa peau claire était ornée d’un pelagedocile et abondant, surtout au niveau de ses jolies jambes arquées,qui lui donnaient l’allured’une footeuse. Les traitsde son visage trahissaient le doux métissaged’une beauté à la fois bassa, de par sonsourire ravageur, et à la fois yambassa de par ses fossettes et son gabaritqu’elle avait gracieusement hérité de maman.
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Parfois, elle laissait prévaloir un côté « hitlérien », etd’autrefois, un « esprit mère Thérésa » s’emparait d’elle. Elle arrivait toujours à nous imposerses divers programmes télévisés, ses préférences musicales et son courant de pensée qui était un savant mélange du cartésianisme, et du socratisme.
Àl’opposé, Emesssa cadette d’un an, avait quelques centimètres demoins qu’elle. Elle avait une couleur ébène, une silhouette légèrement plus enrobée que celle de Gigi, et de grands yeux aguicheurs, semblables à ceux de la célèbre chanteuse ivoirienne Monique Séka.
De même que Gigi, Emess avait également des pieds arqués,recouvert d’un pelage naturel et abondant, c’était un héritagetoujours venant de maman. Son style vestimentaire était assez conformiste et classique, le tissu-pagne était son allié fidèle. À travers ce style vestimentaire, elle rendait un vibrant hommage à Garoua, cette région du Nord Cameroun située dans le département de la Bénoué, qui nous avait vu naitre.
L’autre raison pour laquelle Emess aimait se vêtirainsi, était liée à son appartenance à une chorale nordiste chrétienne où, tous les uniformes étaient confectionnés à base de ce textile. Ainsi, moins extravagante que notre aînée, Emess avait une simplicité apparente. Cependant, il y avait un paradoxe entre la simplicité qu’elle semblait montrer, et le caractère de fauve qu’elle n’arrivait jamais à camouflerlorsqu’elle perdait sa maitrise.
Elle avait une nature impulsive et très gueularde ;le genre de grande sœur dont on a toujours besoin comme renfort en cas de litige. Elle avait une énergie incroyable lorsqu’il fallait sechamailler, elle ne perdait jamais son souffle, cette endurance devait être due à ses nombreux exercices de vocalise au sein de sa chorale. Il lui était facile de commencer les chamailles à six heures du matin, et y mettre « un stop » à six heures du lendemain. Toujours était-il qu’elle se sentaitincomprise, elle adoptait alors cette attitude comme moyend’autodéfense.
Lavie à cinq que menait ma famille au quartier Nlongkak à Yaoundé n’étaitpas toujours de tout repos comme nos parents le faisaient croire à leur entourage. Bien qu’à vue d’œil, nous semblions constituer « la famille parfaite », Comme dans toutes les maisons, il existait parfois des tensions, surtout entre mes sœurs. LorsqueEmess portait main sur moi parce qu’elle estimait que j’étais fainéante, Gigi venait toujours à la rescousse.
Prétextant que Gigi et les parents me dorlotaient trop, Emess avait une attitude plus rude envers moi, voulant à la rigueur me punir de l’avoir enlevé sur son trône de dernière-née qu’elle avait occupé durant cinq longues années avant ma venue au monde. Elle et moi, depuis notre tendre enfance, avions toujours eu des rapports conflictuels à cause de ce puéril prétexte.Je n’avais pas passé un concours pour bénéficier des privilèges liés à ma position de benjamine, mais je me sentais gratifiée d’être «l’intouchable de nos parents». Par ailleurs, ce que je trouvais plaisant n’étant également pas bien perçu tant pour Emess, que par mes tantes maternelles qui, pour la plupart, avaient toujours à redire sur la manière dont nos parents m’élevaient.Elles avaient une image figée
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de moi comme étant « la paresseuse petite Anna toujours dans les jupons de sa Maman ». La plupart venait à se demander si j’étais capable de frire, ne serait-ce qu’une omelette.
Cette immunité que me conférait ce rang, me laissait souvent afficher ma mauvaise foi lorsqu’il me fallait désister lescommissions d’Emess,d’autant plusqu’ellesétaient toujours sans pourboire. Cette fâcheuse habitude que j’avaisdéveloppée vis-à-vis d’elle, affectaitbeaucoup ses rapports avec Gigi qui me donnait toujours raison à chaque désaccord entre Emess et moi. Néanmoins, les mésententes entremes deux sœursétaient pour la plupart de courte durée. Il suffisait que l’une des deux ait une sortie ou un rendez-vous galantqui devait se faire à l’insu de nos parents, et aussitôt, la complicité entre elles, refaisait surface.L’une avait l’obligation de couvrir l’autre,et vice versa. C’étaitleur mot d’ordre afin de tromper la vigilance des parents. Gigi était la locomotive centrale de ce genre de manigance, pourtant, elleconnaissait l’impact de ses choix sur nous, beaucoupplus sur Emess qui suivait ses pas à la lettre.
Nos parents mettaient plus de rigueur sur l’éducation de Gigià cause de son statut d’aînée, et parce qu’elleétait un modèle pour Emess et moi, mais encore plus pour Emess qui suivait ses traces au détail près. Puisque Gigi avait choisi l’option «Espagnol » comme langue vivante au secondaire, Emess avait fait de même. Il en était de même en ce qui concernait le choix des établissements scolaires.
Cette référence que notre aînée incarnait à nos yeux,n’était pas toujours perçued’un bon œil par certains de nos oncles et tantes paternelles. Ceux-ci arrivaient à créer un climat de comparaison et de rivalité entre Gigi, et mes quatre autres aînées que papa avait eu de ses précédentes unions.
En effet, bien que Gigi fût l’aînée de nous trois, elle était classée au rang de quatrième parmi tous enfants de notre père, et troisième au rang des filles aînées. Par rapport à nos frères consanguins, Gigi avait eu la grâce de bénéficier de la présence de papa, et de son éducation complète. Dès lors, le mécontentement de mes grands-parents se fit ressentir car pour eux, ils estimaient que mes frères consanguins étaient lésés au bénéfice de Gigi.
Ce mécontentement de mes grands-parents dû au favoritisme que manifestait leur filsà l’égard de Gigi, entraina un climat discriminatoire. Pour eux, le choix allait en faveur de mes trois aînés, tous issus de la même génitrice, et vivant dans un continent différent du nôtre.En dehors d’assurer la fonction de l’ainée model, un nouveau challenge se présentait devant Gigi, il lui fallait faire ses preuves devant nos grands-parents afin que ceux-ci changent leur vision à son sujet. Il est en clair que l’en jeu serait énorme car, pour eux,leur considération pour nos frères consanguins, compensait l’absence et la distance depapa à leur côté ; comme si cela ne suffisait pas, un énième défi se présenta à Gigi, une rivalité masquée entre elle et Zuzu la première semence de papa.
Zuzu était le fruit des amours de jeunesse de papa, dece fait, elle avait une différence d’âge considérable avec nous toutes. Sa mère était uneressortissante de la région de l’ouest Cameroun, plus précisément dans la localité de Mbouda était une amie très proche à ma tante Dora la cadette de papa.
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Pendant de nombreuses années, le King avait méconnul’existence de Zuzu car, elle avait grandi auprès de sa génitrice et de son beau-pèrequ’elle avait longtemps considérécomme étant son père biologique. Ce ne fut qu’àun âge nubile qu’elle apprit enfin la véritéetl’existence du King, notre père. Si jusqu’àcet âge elle n’avait jamais eu vent de l’existence de son père biologique, sa génitrice y était pour beaucoup ; en effet, en 1973 lorsque papa obtint son brevet, la mère de Zuzu l’avait déjà dans ses entrailles. Ironie du sort, nos grands-parents avaient décidé de gratifier leur fils aîné d’un voyage en Europe, afin de poursuivre son cursus scolaire.Àcette époque, c’était un luxe qui n’était pas à la portée de tout le monde. Seuls les parents d’une bonne classe sociale pouvaient offrir à leur progéniture un tel privilège. La réjouissance était à son comble chez papa, tandis que chez la mère de Zuzu, c’était une nouvelle «dévastatrice ». Comment une élève comme elle, pouvait expliquer à ses parents, qu’elle avait un retard d’un breveté à qui, les parents s’étaient permisd’offrir un voyage en Europe comme cadeau de réussite à son examen?
Dès cet instant, il était facile de lire entre les lignes du destin, le départ de papa pour l’Europe clarifiait totalement la situation entre la mère de Zuzu et lui. Cette dernière devait être appelée à élever son enfant seul, tout en supprimantl’utopie selon laquelle, elle devait rester attendre son amour de jeunesse, dans l’espoir de son retour triomphant.
Néanmoins, après le départ du Kingpour L’Europe, le temps passa assez vite. L’amour de jeunesse de papa mit au monde une fille qu’elle prénomma Zuzu. Elleresta davantage liée à sita Dora qui l’aida à se faire connaitre au sein de la famille. Cependant, pour établirl’acte de naissance du nouveau-né, à la mention du nom du père, le grand-père maternel de Zuzu fit mettre son nom afin d’éviter la mention PND(père non déclaré).C’était aussi un moyenpour lui de camoufler le vide que le King avait laissé dans la vie de sa petite fille. Ainsi, Zuzu grandit avec le nom de son grand-père maternel sur son acte de naissance à la place de celui de son père biologique, sans flairer le moindre malaise,jusqu’àce qu’un homme daigneprendre sa mère pour épouse.
Le beau-pèrede Zuzu l’élevera comme son propre enfant,du moins jusqu’à ce qu’il ait d’autres enfants avec sa maman, elle commencera à se sentir lésée, et le temps des questionnements sans fin arriva. Sa première intrigue eut un lien direct avec le nom inscrit sur son acte de naissance à la mention du nom du père. Nourrissant de désir de connaitre toute la vérité sur ses origines, elle nourrira l’ambition de rassembler tous les éléments lui permettant au temps opportun de chercher son véritable géniteur.
Au cours des années qui avaient succédé le départ de papa, lui aussi avait pu refaire sa vie tout autantque la mère de Zuzu. Il s’était unis par les liens sacrés du mariage à uneeuropéenne, et de cette union était nés trois magnifiques trois enfants dont deux filles, et un garçon.
Malgré toutes ces années qui ne cessaient de se succéder, le désir de Zuzu restait inchangé, il ne lui restait plus qu’à élaborer une stratégie infaillible pour réussir à se faire accepter par son géniteur biologique une fois que celui-ci serait au courant de son existence.L’enjeu s’avérait énorme pour
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