La Facture
296 pages
Français

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Description

« "Enfant précoce, enfant curieux", des mots qui résonnent encore à mes oreilles ! Ces louanges qui me furent sans cesse prodiguées entre quatre et onze ans, ne furent pas pour autant des paroles apaisantes car les réponses fournies à mes questionnements se réduisaient brutalement aux châtiments corporels... Sordide abîme sans fond entre les paroles et les actes !

Demeure toujours en moi le bruit immuable du moulin à grains des frères Gui Nino de la cité Nicolas, qui a bercé mon enfance. Quand il lâchait du lest, on entendait à vingt-cinq mètres, dans une "école improvisée", des cris d’enfants assourdissants, dont le mien !

Un simulacre de vie, dans lequel les enfants payaient une facture qui n’était pas la leur. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 5
EAN13 9782334236775
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hassan Bakhsiss
La Facture
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L’histoire est authentique, le narrateur relate des événements vécus. Pour préserver leur droit à l’anonymat, les noms de certains protagonistes de cette histoire ont été modifiés.
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Remerciements
Mon triplet pour le grand chelem ! Primo ! Mon amour et ma gratitude à ma tendre épouse et à mes deux enfants qui ont fait de ma vie une piste d’envol vers ce que je suis devenu de mieux. Grâce à eux et au regard qu’ils ont posé et posent sur moi, ils ont pu allumer le soleil intérieur qui nous illumine ensemble. Je leur suis redevable des torrents de tendresse et d’amour qu’ils ont su libérer en moi. Secundo ! Je dédie ce récit, également, à mes parents, à mes compagnons de fortune, à mes camarades d’enfance, à tous mes proches que j’aime. Et tertio ! Je salue mes amis(es) qui ont cru en moi et qui ont soutenu cette initiative. Dans leur confiance et sincérité, j’ai puisé le courage et la force de vaincre mes vieux démons en apprivoisant les émotions négatives qui bloquaient mon épanouissement personnel et par ricochet, mon dépassement de soi. J’adresse mes plus vifs remerciements à : *Latifa MAOULOUDI, écrivaine et poète. *Mohammed EL QOCH, enseignant, poète et artiste peintre.
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*Majid BLAL, écrivain. *Abderrazak BAHRAOUI, écrivain *Driss EL BAOUCHARI, traducteur. * Tous ceux et celles qui ont apporté leurs brindilles à ce récit et qui n’ont été avares ni de leurs conseils ni de leurs encouragements. Hassan BAKHSISS
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Préambule
On les reconnaît bien, les petits anges de la Cité Nicolas dans cette mystérieuse école de quartier, une curieuse institution improvisée, dans laquelle ils apprennent exclusivement à mémoriser et à réciter sans comprendre, 1 une école appelée « Msid », indigne, qui se targue d’être « coranique », mais qui n’en a ni les traits ni les apparences, une sorte d’école « underground » qui dissimule son jeu. Tous les bambins ont en commun des figures balafrées et des têtes ornées de ces multiples cicatrices qui me rappellent les miennes et qui proviennent certainement des mêmes châtiments, rançons des efforts exigés pour un bon apprentissage. À force de proximité quotidienne sur une natte, les petits développent beaucoup d’affinités, se connaissent et reconnaissent les signes comportementaux des uns et des autres. Ils se reconnaissent, car ils sont capables de rester assis sur une natte pendant la majeure partie de la journée, jambes croisées, dans des postures à ankyloser les membres en permanence. 1 Msid : école coranique traditionnelle, ce mot est parfois orthographié, M’sid, M’cid, Mside…
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Dans un lieu fermé sans ciel, ils se reconnaissent, car ils ne peuvent pas réciter sans hocher la tête. La facture est trop lourde à leur âge ! Durant sept ans, au sein d’un univers où chaque jour ressemble au suivant, j’ai suivi leur itinéraire poignant et authentique, marqué par les cris de douleur qui se noient dans la cacophonie des lectures répétitives sans fin. Un véritable simulacre de vie ! Je ne voulais pas cultiver la haine et la rancœur, j’ai préféré rêver en contemplant l’océan et les bateaux, le long des rivages de Mohammedia, la Marocaine. J’avais très vite compris que j’étais pris dans une spirale infernale et que pour trouver ma place dans le monde des autodidactes, il fallait redoubler d’efforts. À sept ans, je devais me glisser dans la peau d’un adulte. Traumatisé par cet enseignement, j’ai été très vite habité par l’ambition de devenir professeur, un horizon qui me paraissait alors inaccessible. Je voulais être enseignant pour accompagner des enfants et leur inculquer l’amour d’apprendre. Ainsi, pourrais-je combler mes lacunes et m’initier au dessin avec eux. Je rêvais d’enseigner en France pour m’acquitter de ma dette envers ces merveilleux coopérants qui s’étaient expatriés pour nous ouvrir l’univers du savoir. Le rêve que je nourrissais discrètement était de m’extirper de la mêlée quotidienne et de voyager dans un funiculaire monoplace vers une destination inconnue, une voie parsemée de joies, de déceptions, d’aventures, de rencontres que je partage affectueusement en mémoire de mes compagnons du « Msid » et de tous les professeurs qui m’ont tant marqué. Mes professeurs étaient consciencieux et soucieux de notre réussite, j’ose espérer qu’un jour je pourrai leur montrer mes dessins… J’ai sciemment écrit mon roman en diptyque. Dans la première partie, je retrace le destin bouleversant d’un enfant
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écartelé entre son bien-être et l’insistance ardente de ses parents qui le contraignirent à suivre les cours d’un impitoyable maître « éclairé ». L’aura qui émanait de ce dernier semblait être pieuse. Ses rayons de lumière m’ont étrangement conduit tout droit vers l’obscure baraque du vieux barbier de quartier, que je prenais alors pour la maison de Dieu. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je fus persuadé pendant plusieurs années que Dieu était ce vieux barbier qui pratiquait la saignée. Incohérence ou erreur d’aiguillage, dans les deux cas, le ratage fut pitoyable, que Dieu me pardonne ! Lorsqu’on est enfant, on souffre de ne pas être à la hauteur des attentes paternelles. La torpeur et l’ennui de l’enfant réfractaire que j’étais ont été si douloureux que j’ai choisi de mettre à nu cette vie absurde, dans un récit sans complaisance et de la disséquer avec le scalpel de ma plume. À force de se sentir enfermé dans une coque qui se resserre de plus en plus autour de soi, on fait inéluctablement jaillir la vérité, se dévoile alors un univers insoupçonné empreint d’incohérences. La deuxième partie du roman, moins tourmentée et plus gratifiante, entremêle le passé, le présent, les rencontres et les mystères de la vie. Porté par une farouche détermination, avec un bel et nouvel élan existentiel, je me suis lancé à corps perdu dans mon projet de vie : réaliser mon rêve insolite de devenir professeur. J’ai vécu ma vie de palier en palier, mais aujourd’hui, une interrogation demeure toujours : réaliser son vœu suffit-il à effacer définitivement sa souffrance ?
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