La Guerre en culotte courte dans la vallée de Courbet
134 pages
Français

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La Guerre en culotte courte dans la vallée de Courbet , livre ebook

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Description

Voici dans cet ouvrage de véridiques aventures de gosses qui se déroulent à Vuillafans (Doubs), bourg voisin d’Ornans, dans la vallée de la Loue que Courbet affectionnait tant. Vuillafans se trouve également proche de Durnes, où l’instituteur Louis Pergaud mûrit, entre 1903 et 1904, ce qui deviendra La guerre des boutons.

Mais ici, pas de guerre des boutons avec les gosses d’une commune voisine. C’est le village lui-même, une bourgade sans paysans, peuplée d’ouvriers, de commerçants et de fonctionnaires et dont les enfants sont libres pendant les vacances, qui sert de chaudron aux bouillonnantes et authentiques aventures qui agitent le petit peuple des gosses en culottes courtes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334211277
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21125-3

© Edilivre, 2016
Dédicace

A Marcel, amoureux fou de Vuillafans, qui a été la mémoire du groupe et sans qui ces pages ne seraient pas ce qu’elles sont
A Michel, mon frère
A Guy le Niçois, adorateur de Vuillafans
A Claude, l’autre mémoire du groupe
Qui nous ont quittés
A Jean, notre chef bien-aimé
Qui tous furent au cœur de ces aventures
A Albert, à Bernard, à François, à Henri, à Jacky, à Luc, à Michel B. et à tous les Vuillafanais qui, de près ou de loin, ont participé à cette épopée villageoise
Ce témoignage, sans nostalgie, d’une civilisation disparue
La Guerre en culotte courte dans la vallée de Courbet

La vallée de la Loue, vous connaissez ? Non ? Réfléchissez : c’est la vallée de Courbet, qui en a peint les longues falaises dans L’enterrement à Ornans , qui s’est plu à en montrer les sous-bois cachés où viennent boire les biches et qui a été fasciné par le spectacle de sa source jaillissant d’une grotte ombreuse. Vous connaissez Courbet, donc vous connaissez la vallée de la Loue !
Alors, vous allez connaître Vuillafans, bourg situé à huit kilomètres d’Ornans, et qui est également distant d’une dizaine de kilomètres d’un autre village, Durnes, où l’instituteur Louis Pergaud mûrit, entre 1903 et 1904, ce qui deviendra La guerre des boutons .
C’est donc à Vuillafans, entre 1940 et 1945, qu’il se passe de drôles de choses chez les gosses de ce bourg sans paysans, peuplé d’ouvriers, de commerçants et de fonctionnaires. Mais ici, pas de guerre des boutons avec un village voisin : c’est le village lui-même qui sert de chaudron aux bouillonnantes et authentiques aventures qui agitent le petit peuple des gosses en culottes courtes.
Nous
Nous avions un chef, jamais désigné comme tel avant la création d’une phalange héroïque dont il sera question plus loin, une sorte de chef naturel en somme, qu’aucun scrutin n’avait porté au pouvoir, mais dont l’aura était acceptée comme une évidence. Jean, un peu plus âgé que la plupart d’entre nous, un peu plus grand également, déjà sportif dans l’âme, sinon dans les faits car nous n’avions alors aucune possibilité d’exercer d’éventuels dons, Jean donc était le chef incontesté, sans toutefois tenir en tutelle sa petite troupe. L’autoritarisme n’était pas dans son caractère et, sur certains points, il n’était pas toujours le meilleur, comme au football où certains l’égalaient, et d’autres même le dépassaient. D’ailleurs il n’est pas bon qu’un chef domine dans tous les domaines, les failles qu’il laisse apparaître permettant à sa troupe, ou du moins à certains de ses gens, de se tenir presque à sa hauteur et donc d’en partager, dans une certaine mesure l’aura. C’était un chef sage, une sorte de chef Sioux serein qui savait à la fois calmer l’ardeur de son escouade, lorsque les projets de celle-ci risquaient de produire des retombées collatérales trop lourdes, ou laisser libre cours à son impétuosité lorsqu’il sentait qu’il ne parviendrait pas à retenir certains des chiens fous de sa meute qui entraînaient irrésistiblement celle-ci vers quelque aventure audacieuse, voire téméraire. Sa mère, qui l’adorait, lui permettait tout ou presque, sauf de rentrer sale, ce qui l’obligeait parfois, préalablement à sa rentrée, rue Gérard où il habitait, à des lavages et des séchages rapides, généralement insuffisants, qui pouvaient lui attirer quelques doux reproches. Quoi qu’il en soit, il était de tous les coups, ce qui évidemment renforçait son prestige.
Aux côtés de Jean, Marcel tenait la place d’un incontestable adjoint. Son statut de « fils de l’instituteur » aurait pu lui faire prétendre égaler ou peut-être même remplacer le chef. Il ne l’ambitionnait pas, car son caractère aventureux lui faisait préférer la place de second, où il pouvait donner libre cours à une imagination fertile en projets plus ou moins risqués. Son ascendant s’appuyait donc sur de tout autres bases que celles de Jean, en ce sens qu’il tenait à la fois de l’intrépidité de ses projets, de sa ténacité à les réaliser et de son audace à résister à l’autorité, qu’elle soit celle du garde-pêche ou du garde-champêtre ou encore de son père. Vis-à-vis de ce dernier, la résistance devenait d’autant plus héroïque que son statut de fils de l’instituteur lui donnait droit, non pas à quelques faveurs, mais à de belles engueulades et à de solides raclées de la part de son géniteur, celui-ci ne voulant surtout pas laisser croire qu’il pourrait favoriser en quelque manière son rejeton. Marcel n’avait pas son pareil pour repérer sur un chemin un objet perdu ou mieux, pour découvrir de petites merveilles dans la décharge où, en bord de Loue, au sortir du village, les gens venaient jeter leurs ustensiles usagés. Marcel excellait également dans l’art du braconnage et savait mieux que quiconque sortir de l’eau, d’un air triomphant, une truite encavée sous une grosse pierre, ce qui lui vaudra quelques problèmes, mais n’anticipons pas…
En dessous de ces deux chefs incontestés, la situation était plus confuse. On pouvait peut-être y distinguer un premier cercle, composé de « soldats » plus ou moins régulièrement présents sur le front. Parmi ceux-ci, on comptait Claude, spécialiste de l’allumage des feux, au point d’être appelé, par certains du moins, « molette », en référence à la molette des briquets à essence de l’époque, qu’une pression du pouce faisait tourner et frotter contre une pierre à feu, friction provoquant ainsi l’étincelle génératrice de la flamme. Selon la légende, Claude aurait réussi à allumer un feu à l’aide de la seule étincelle jaillie de la pierre à feu, sans l’intervention de la flamme générée par la mèche imbibée d’essence ; technique évidemment digne de nos ancêtres des cavernes ! Cependant, l’assiduité de Claude dépendait fortement des autorisations de sa mère qui parfois l’empêchait de rejoindre la troupe, soit qu’elle eût quelques travaux à lui proposer, soit qu’elle jugeât que le plan de campagne de la journée était trop risqué. Alors intervenait Jean qui, ayant généralement la confiance des parents, venait apaiser ses craintes et l’assurer du caractère raisonnable et réfléchi du projet. Claude, d’un naturel discret mais avec de fulgurants éclats de rire, était, malgré sa réputation usurpée d’homme du feu, un peu le modérateur de la troupe, une sorte de surmoi collectif qui tentait de calmer les ardeurs les plus déchaînées.
Du point de vue des autorisations de sortie, mon cas relevait un peu de celui de Claude. Certes, contrairement à lui, les occurrences d’un travail à faire à la maison étaient beaucoup plus rares pour moi mais, comme lui, dès qu’il s’agissait de partir une journée entière, et hors des frontières de la commune, l’autorisation maternelle devenait nécessaire, l’argument étant que j’étais plus jeune d’une année ou deux que la plupart des autres. Le laissez-passer était toutefois assez facilement obtenu mais, si une résistance maternelle inopinée se manifestait, j’en appelais à Jean qui mettait en jeu tout le prestige de son âge et de sa modération pour vaincre les dernières résistances. Ses assurances et réassurances ayant fait sauter les derniers verrous, et muni des ultimes recommandations, je giclais hors du logis familial pour rejoindre une troupe impatiente et trépidante. Parmi les plus jeunes de la bande et d’un naturel inquiet, j’étais un suiveur, accroché aux basques des grands ; à l’aise lorsque l’objectif de l’après-midi ou de la journée se maintenait dans des limites raisonnables, je mourais de peur lorsque les risques grossissaient à l’horizon, comme lors d’une razzia sur quelque pommier ou cerisier ou lorsqu’un incendiaire projetait de mettre le feu au flet (grandes herbes sèches) ou pire, lorsque le risque allait jusqu’à une possible intervention du garde-champêtre ou encore, plus gravissime, des gendarmes ! Mais, honneur oblige, je suivais, la peur au ventre, tout en implorant les plus intrépides de freiner leur ardeur ou de modérer leurs objectifs.
Comptait encore dans ce premier cercle, Albert, le plus jeune de tous, qui suivait lui aussi, mais avec une incroyable intrépidité, malgré son âge tendre. Il était, comme Marcel, fin découvreur de trésors et habile braconnier. On se moquait sans vergogne de son léger bégaiement qui lui faisait déformer son prénom en « Sabert », surnom qui lui était resté. A sept ans, il participera à l’épopée de Fallerans qui sera relatée en son temps. Henri, vif, nerveux, un peu marginal par rapport à la troupe, grand lecteur, cas presque unique parmi nous, et grand admirateur, Dieu sait pourquoi, de Henri de Lespinasse de Bournazel, un brillant officier colonial inconnu de nous ; ce qui l’amenait à détester Pétain, non pour des raisons politiques, mais parce qu’il suspectait le Maréchal de malveillance envers son idole. Il fera partie du club très fermé de la SV, les Scouts de Vuillafans, mais pas très longtemps comme on le verra. Jacky sera lui aussi du cénacle de la SV mais, comme Henri, un peu en électron assez libre. D’un naturel timide, couvé par sa mère, cornaqué par son père qui voulait en faire un coureur cycliste, il venait épisodiquement participer aux actions de commando de l’équipe. Dans ce premier cercle, j’hésite à placer un grand ami de petite enfance, Luc, qui alors que j’intégrais le premier cercle des grands, resta un peu à l’écart, sa mère ne lui donnant des autorisations qu’au compte-goutte ou peut-être lui-même se sentant plus attiré par le garage de son père que par nos épopées.
Par ailleurs, la logique voudrait que mon frère Michel ait fait partie de ce premier cercle : or sa présence était épisodique. C’était moins l’âge qui le séparai

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