La Petite Bourrique espagnole
132 pages
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La Petite Bourrique espagnole , livre ebook

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Description

Ce récit, autobiographique, est celui de ma vie d'enfant et d'adolescente blessée.
Éducatrice spécialisée dans la protection de l'Enfance, à 53 ans, après le décès de ma mère, je fais le point.
Je reviens sur l'enfant que j'ai été et sur ce lien fondateur qui n'a pas pu s'établir correctement avec une mère imprévisible.
J'évoque aussi les blessures de l'enfance d'une petite fille étrangère, fille d'immigrés, une enfant en échec scolaire ainsi que toutes les violences sournoises qui ont tissé l'incertitude de mon être.
Je reviens sur ces personnes, « tuteurs de résiliences » qui, parfois sans le savoir, ont reconnu en moi une capacité à m'épanouir, à devenir meilleure et m'ont apporté leur soutien.
Mais aussi sur mon naturel positif et optimiste qui m'a toujours permis d'aller plus loin et réussir ma vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334207645
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-20762-1

© Edilivre, 2016
Prologue
J’ai été une enfant souvent triste et malheureuse, et surtout, me sentant affreusement coupable de mon propre mal-être. En tout cas, c’est les souvenirs qui me reviennent de l’enfance.
Ce n’est pas toujours l’image que j’ai donnée à voir, car on me décrivait plutôt comme une petite gentille et sage.
Comment c’est arrivé ? Je n’en sais rien, certains disent : « J’ai eu une enfance heureuse, bercée de bons souvenirs. » Higelin, dans une interview sur France inter , le 12 octobre 2015, disait : « Si je dois garder un souvenir de l’enfance, c’est l’amour : l’amour de mes parents, l’amour de mes grands-parents… » Je n’ai aucun souvenir de ce genre de douceur.
Moi, lorsque je repense à mon enfance, il ne me revient immanquablement que cette sensation d’angoisse et d’oppression, sur laquelle j’ai l’impression de m’être construite. Même si j’ai, bien sûr, comme tous, eu des moments joyeux et que j’ai, comme chaque enfant, partagé des jeux et des rires, j’ai senti très tôt en moi ce malaise permanent qui me faisait me sentir différente des autres.
J’ai entendu récemment, également à la radio, que certaines personnes auraient une prédisposition naturelle au bonheur. Je crois en faire partie, car je suis de ceux qui ont toujours tendance à rechercher l’aspect positif des choses.
Je crois que cette prédisposition m’a sauvée, car j’étais persuadée de pouvoir construire mon propre bonheur.
Cependant durant des années, j’ai vécu dans une souffrance secrète. Le berceau s’est tissé peu à peu dans mon enfance, non pas par un seul événement traumatique, mais par une succession de petites choses, parfois anodines, mais assez percut antes pour laisser des traces indélébiles, qui ont fait de moi une adulte incertaine, parasitée de peurs, souvent plongée dans une souffrance qui m’engluait et dont je ne parvenais pas à me défaire. Comme une lourde chape de béton que je n’arrivais pas à dégager.
Certains signes de cette souffrance souvent refoulée me paraissent, avec le recul et l’expérience, comme des évidences que certains auraient pu mieux percevoir.
Aujourd’hui, je me sens prête à me débarrasser de ce que j’ai été : « La grosse, la petite bourrique espagnole… » ; l’enfant effrayée et insécurisée, et surtout, honteuse de ne pas se sentir digne des autres.
Pourquoi tout cela ? Comment se sont tissés ces fils de souffrance dans l’indifférence de tous ?
Il est tant de souffrances inutiles inculquées dès l’enfance par bêtise ou méchanceté !
Introduction
J’ai envie de commencer par :
« Bonjour, aujourd’hui j’ai 53 ans, et ces trois derniers mois, j’ai perdu mon utérus et ma mère… »
« Bonjour », d’abord parce que je viens vers vous, vous faire un récit.
Je viens à vous, vous faire part d’une expérience. Une expérience qui a été ma vie.
« Aujourd’hui j’ai 53 ans », c’est beaucoup, mais c’est le temps qu’il m’a fallu pour grandir.
« Grandir », ce mot peut paraître bizarre à 53 ans, mais c’est maintenant que je me sens libérée du poids de cette enfance qui a jusqu’ici pesé sur mes épaules.
« J’ai perdu mon utérus », oui, je viens d’être opérée et on me l’a ôté. Mais s’agit-il d’une perte ? D’après le corps médical : « non ».
Moi, je ne peux pas encore dire !
Mais il semblerait qu’après avoir mis au monde trois beaux enfants, (adultes à ce jour, qui plus est !), cet organe n’ait plus aucune utilité, et il est plutôt une source de tracasseries qu’autre chose. Par conséquent, je me plie à l’avis médical et décide de ne pas y voir de perte.
Quant à y voir une relation avec l’autre événement, c’est-à-dire le décès de ma mère, survenu trois mois plutôt, seul un psychologue, expert avisé, pourrait y voir un lien.
Ou bien, est-ce simplement parce que je me suis plus tournée vers moi-même, que j’ai pu enfin prendre le temps de m’inquiéter de certains dysfonctionnements de mon organisme et décider d’y faire apporter une réponse médicale.
« J’ai perdu ma mère », là, on touche à la plus grosse partie du sujet dont je vais vous faire le récit.
Pas la seule partie, mais une grosse, une énorme partie.
Mais le mot qui interroge, c’est « perdu ». Qui ai-je vraiment perdu ? Qui était pour moi cette femme que je nomme « mère » ? Et si l’on entend par « mère » une « MAMAN » : celle qui materne et soutien, celle qui regarde d’un œil bienveillant et protecteur sa progéniture, alors la question est plutôt : À quel moment ai-je perdu cette « maman » ?
Je n’ai pas beaucoup de bons souvenirs concernant les relations avec ma mère, quand je me replonge dans mon enfance.
Bien qu’il y ait eu dans notre relation des périodes plus calmes et d’autres plus tourmentées. Je n’arrive pas à retrouver « les bons moments » de cette relation fondatrice dans mes souvenirs d’enfance. Ma mère a vite été de façon inconsciente dans mon esprit quelqu’un d’imprévisible de qui le danger pouvait surgir sans prévenir. Malgré la cour que je lui faisais pour lui plaire, j’ai vite mesuré qu’elle attendait beaucoup de ses enfants, que je ne serais sans doute pas à la hauteur, et que je ne devais attendre d’elle que ce qui lui convenait de me donner.
J’ai des souvenirs. Mais la plupart de ceux qui me viennent à l’esprit lorsque je pense « souvenirs d’enfance » sont des souvenirs liés à l’angoisse.
J’ai essayé souvent de déterrer les bons moments. Des instants où je me serais sentie bien, heureuse, accompagnée, prête à m’ouvrir à la vie sous le regard bienveillant de ma mère. Mais je ne les retrouve pas.
Je me sens encore presque fautive de cette absence de souvenirs heureux.
Peut-être étais-je trop sensible ? Peut-être étais-je trop exigeante ? J’ai longtemps cherché quelle était ma part de responsabilité là-dedans.
D’autant plus ces derniers temps, lorsqu’après le décès, plusieurs personnes m’ont dit : « Il ne faut garder que les bons souvenirs. »
Est-ce que ce n’est qu’une évidence de n’avoir que des bons souvenirs des relations que l’on a eues avec sa mère ? Est-on responsable de ne pas retrouver les bons souvenirs que l’on a eus avec sa mère ? Pire, n’est-on pas coupable de ne pas avoir de bons souvenirs avec sa mère ?
J’ai ressenti comme une injustice, que l’on me renvoie encore ce poids et cette culpabilité, que j’ai traînés toute ma vie en ne comprenant pas pourquoi il en était ainsi entre nous.
Comment est-ce possible que la plupart des souvenirs d’enfance soient chargés de tant de souffrance ?
Mais comment se fait-il aussi qu’en plus de trente ans de vie adulte avec ma mère en vie, je n’ai pas non plus pu construire avec elle de « bons souvenirs » de femme ? Pourquoi toute m’a vie, je ne me suis sentie qu’une enfant insécurisée en présence de ma mère ?
Je suis peut-être fautive ? Mais quelle est cette faute ?
Je ne veux pas jeter tous les griefs sur celle que tout au long du récit, je nommerai « ma mère », car si je sais qu’elle a été pour beaucoup dans mes tourments, elle n’a pas été la seule.
J’ai été, comme tout enfant, plongée dans mon actualité, plongée dans mon quotidien, ce que je connaissais de la vie.
L’enfant vit au présent, il n’a pas beaucoup de références comparatives. Il ne réalise pas du bien ou du mal de la situation qu’il vit. Il est ici et maintenant… Il s’accommode de l’instant. Et surtout n’a pas les moyens d’envisager autre chose.
Adolescent, il se rebelle, tente des transformations, n’y parvient pas toujours.
C’est bien des années plus tard que j’ai compris l’impact de ce que j’avais vécu.
J’ai longtemps porté ma souffrance comme un lourd fardeau. Un sac en toile de jute rempli de pierres angulaires qui me meurtrissaient la chair. Autant de blessures de l’enfance qui ne pouvaient jamais se refermer, qui m’empêchaient d’évoluer, d’être moi-même.
Des marques du passé qui ne faisaient que laisser des traces malgré moi dans mon présent.
Les arêtes saillantes de ces souvenirs venaient régulièrement rouvrir les blessures anciennes qui ne pouvaient pas cicatriser. Aujourd’hui, je connais le nom de ces maux : humiliation, honte, culpabilité…
Je n’ai pas ou peu été battue, pourtant la souffrance que j’ai subie pourrait s’appeler « maltraitance ». Quand je dis peu, c’est relatif, mais en tout cas, les coups n’étaient que rarement portés par ma mère, elle avait su armer un poing plus puissant contre moi, mais ce n’est pas de ça dont j’ai le plus souffert.
Je ne cherche pas à culpabiliser qui que ce soit. Je ne cherche même plus à savoir les causes de ce que j’ai vécu comme des agressions.
Boris Cyrulnik parle d’un souvenir traumatique lorsqu’un souvenir douloureux revient sans évoluer de façon récurrente.
C’est bien aussi de cela dont je parle : ces cauchemars, ces angoisses, qui m’ont poursuivie, et qui durant ces deux dernières années, réactivés par la culpabilité devant cette mère souffrante s’avançant peu à peu vers sa fin, ont de nouveau aiguillonné mes nuits, les parsemant d’affreux hurlements, incompréhensibles pour mes enfants.
C’est bien de cela qu’il s’agit : de souvenirs douloureux qui inlassablement ont hanté ma vie, ont multiplié mes peurs, m’ont empêchée d’avancer à mon rythme. J’ai été submergée par des émotions que je retrouvais toujours intactes et toujours aussi paralysantes.
À chaque période de fragilité, je retombais profondément dans mes doutes, et m’enlisais dans des phases dépressives masquées. Pleurant en cachette pendant des heures et voulant afficher à l’extérieur une attitude invincible.
Et puis de temps en temps quelques rayons de soleil tellement lumineux qui m’ont permis malgré tout de ne pas sombrer et de me réaliser lentement à leur chaleur. Quelques personnes qui m’ont nourrie de leur gentill

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