Le Bleu de mes maux d amour
342 pages
Français

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Le Bleu de mes maux d'amour , livre ebook

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Description

Printemps 1962, Sarah se tient sur le ponton du bateau amarré dans la baie de Saïgon. Demain elle débarque dans ce pays inconnu.
Les yeux dans le vide de sa vie, sa main se crispe sur cette lettre qu'elle n'aurait jamais voulu recevoir.
Que réserve le destin à cette jeune fille, décidée à retrouver la trace de son père adoré disparu si mystérieusement ?
L'avenir lui fait peur quand une main se pose sur son épaule... un jeune Asiatique tout de noir vêtu lui sourit... et toute son existence va s'en trouver bouleversée.

« Ni un roman d'amour, ni un roman d'aventure mais un roman de vie, juste l'envie de me replonger dans les mots d'amour que m'écrivait mon père avec ses yeux bleu azur. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 février 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334086844
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08682-0

© Edilivre, 2016
Dédicace


Nos enfants sont notre plus belle réussite et réussir leur éducation notre plus grand défi.
Ce manuscrit est dédié à Sarah que j’aime par-dessus tout.
Le crucifix des espoirs
Un soleil de plomb, le peloton d’exécution qui arme le prisonnier. On entend au loin des cris d’enfants, un ordre strident, une envolée d’oiseaux. Un homme, le visage buriné par la souffrance, au regard bleu azur, qui fixe l’horizon, une larme qui coule le long de sa joue, une salve qui détonne dans un bruit étourdissant, les balles qui transpercent l’air, des flots de sang rouge vif qui jaillissent et le détenu qui titube pour en finir par chuter lourdement face contre terre, puis le trou noir. Je me réveille en nage. Ma main se resserre sur le mouchoir en soie de mon père. Il me manque tant. Le chagrin m’inonde à en perdre comme trop souvent, ce soir, le sommeil.
Je me lève, enfile un vêtement, me passe la figure sous l’eau et monte sur le pont désert du bateau bercé par le cliquetis de la marée. Nous arrivons demain à Saigon après douze jours de traversée. J’allume une cigarette. L’embrun de l’océan iodé me rafraichit le visage. Je lève les yeux et ce soir le ciel a rendez-vous avec la pleine lune et sa constellation d’étoiles qui illuminent une mer d’huile. Son reflet ondulé dans l’eau donne à cette dernière une couleur noire, une couleur d’encre noire. Partout autour du bateau, des pics et des voûtes, des éruptions montagneuses jaillies des profondeurs de la mer qui s’érigent majestueuses et semblent à la fois nous défier et nous montrer la voie. Le silence, ce soir, est de cathédrale, juste violé par intermittence par le frémissement des voiles sous la brise. A l’horizon, on devine, sous la brume, la côte vietnamienne illuminée par des milliers de lanternes, comme à en laisser penser à un début d’embrasement des collines bordant l’océan.
Une nuée d’hirondelles virevoltent soudainement au-dessus de ma tête avant de tournoyer, en accélérant leurs battements d’ailes, autour du mât du bateau comme à vouloir l’enlacer. Je lève les yeux pour les observer quand la silhouette imposante d’un rapace transperce le ciel étoilé. Un prédateur à me dire que les contrariétés sont rarement solitaires à toujours s’enchaîner les unes aux autres pour au final en faire rimer avenir avec vieillir. Une brise s’est subitement levée et des nuages menaçants se sont décidés à cerner la lune. Ils l’entourent et semblent vouloir l’éteindre telle l’eau sur le feu. Un brin superstitieuse, j’ai toujours été sensible aux signes annonciateurs de nos destins et l’atmosphère pesante qui règne ce soir ne me dit rien qui vaille quant à ma journée à venir.
Je saisis dans ma poche la lettre que j’aurais aimé ne pas recevoir. Je la déchire en mille morceaux à les jeter par-dessus bord. J’observe les bouts de papier virevolter légers dans l’air avant de s’enfoncer dans les eaux de la baie. Nos émotions négatives nous font vieillir avant l’âge et, ce soir, je me sens si fatiguée, telle une vieille personne assise derrière sa fenêtre à scruter vainement le gris horizon, une fin d’après-midi d’automne, quand le vent enlace les arbres à en faire mourir ses feuilles et les transformer en squelettes inanimés. Douze interminables jours de traversée à tourner en rond sur le pont du bateau et à imaginer la vérité que je ne veux admettre pour en finir par me mettre le moral plus bas que terre, aussi profond qu’un puits sans fond. Je savais par avance que ce voyage vers la quête de mon sombre passé serait une épreuve autant douloureuse qu’inévitable.
– Bonsoir, quel spectacle magnifique, n’est-ce pas ?
Je me retourne, un jeune homme asiatique, tout de noir vêtu, aux longs cheveux liés et pieds nus, me dévisage. Il tient dans la main une bougie à la flamme chancelante sous la brise de la nuit. Les effluves de jacinthe qui s’en dégagent inondent le pont du bateau. Son visage m’est inconnu. Son ombre sur le ponton sous la flamme de la bougie me semble infinie. Il fait un pas en avant, sourire aux lèvres.
– Oui, lui réponds-je sèchement.
Je ne suis pas d’humeur ce soir à engager la conversation. Je lui donne congés car demain, j’ai rendez-vous à la prison de Buôn Me Thuôt pour récupérer les effets personnels de mon père. J’ai très longtemps hésité à effectuer ce voyage. Je n’en attends à la fois rien et tant de choses. Je n’ai aucune idée de ce que je vais y découvrir. Peut-être y trouverai-je des réponses à mes angoisses ?
De retour dans ma cabine, je m’allonge sur mon lit. Je retire la fine gourmette en or que m’a offerte la semaine dernière Mme Honoré, l’une de mes patientes préférées. La vieille dame vit seule avec son chat dans son petit appartement parisien depuis la mort de son époux il y a presque dix ans. Une peine à en avoir conservé ses cendres dans une petite urne noire à ne la quitter. Elle ne se déplace jamais sans elle, posée sur son chevet de sa chambre quand elle dort, sur la table de la cuisine quand elle dine ou dans son cabas quand elle part faire quelques emplettes. Comme elle me le dit toujours, c’est sa façon de l’avoir toujours avec elle. Il était dans le négoce de café. Son appartement est empli d’œuvres africaines, de masques, statuettes ou amulettes souvenirs des maintes voyages qu’il a effectué sur ce continent. Ses deux fils vivent en Amérique, alors je suis en quelque sorte la compagnie qu’elle attend chaque midi derrière sa porte. Je passe chaque jour lui soigner les varices qui la font tant souffrir, les mains toujours chargées d’une religieuse qu’elle savoure autour d’un thé après ses soins. Son chartreux sur les genoux, ses lunettes rondes sur le bout du nez, la photo de son défunt mari en haut de forme posé au milieu de la table et une tasse de thé à la main, elle me parle de la vie à me lire les poèmes qu’elle a écrits la veille à toujours me faire rire ou pleurer des émotions qu’elle pose dans ses mots. J’aime sa compagnie, sauf à devoir poursuivre ma tournée de soins. Et quand je me lève à devoir la quitter, elle s’agite à me proposer de reprendre une tasse de thé et m’interroger sur mes amours à toujours chercher un prétexte pour relancer la conversation. La solitude de la vieillesse est parfois prégnante.
Je déteste la nuit et l’attente du sommeil. Elle sera longue alors, comme j’en ai pris l’habitude, je saisis ma plume et mon cahier et j’exhorte mes mots et sans doute aussi mes maux avec madame l’insomnie, ma convive chaque soir. J’aime pourtant la vie, je suis d’une nature optimiste et gaie et en même temps, j’aime aussi cette mélancolie et cette tristesse qui engendrent une forme de beauté que j’apprécie tant. J’ai toujours aimé l’arrivée de l’automne, quand les arbres se meurent et le vent qui siffle à travers ses branches annonce le chant des solitudes. Tout être humain à son côté ombre et je puise mon inspiration dans les entrailles de mes sombres tourments. J’ouvre délicatement ma précieuse petite bouteille d’encre aussi noire que les larmes de mon âme du soir. J’y plonge ma plume à déposer mes maux sur une feuille immaculée. Ce soir, la fine pointe de ma plume glisse avec aisance sur le grain du papier, sous un doux crissement, telle une agréable mélodie. Cette nuit, la pensée de Mme Honoré m’inspire.
Le crépuscule d’une vie.
Une fin d’après-midi d’automne à l’orée de la nuit tombante,
Quand le ciel pleure ses larmes d’une souffrance pesante,
Quand les arbres couleur ocre se meurent à en devenir des squelettes inanimés,
Quand la bise vous caresse le visage à en creuser un sillon d’espoirs consumés,
Arque bouté sur un banc, un vieux monsieur, fatigué, au crépuscule de sa vie,
Le visage buriné par le temps qui passe se retourne sur son passé et survit,
Il pense à tous ces proches tant chéris et trop tôt disparus,
Emportés par Madame la mort avec ses fourches crochues,
Son cœur meurtri pleure toutes les souffrances de sa vie,
Et une larme creuse une ultime ride sur sa joue meurtrie,
Un enfant le dévisage, les yeux emplis d’espérances,
Mais il n’attend patiemment juste que la délivrance,
Qu’une main se pose sur son épaule chancelante,
Et lui fasse quitter ce monde d’étoiles filantes,
Il ressent la mort approchée,
Et il se sent juste enfin apaisé.
Je suis réveillée au petit matin par l’appontage vigoureux du bateau au quai. Un coup d’œil rapide par le hublot de ma cabine me fait comprendre que nous sommes enfin arrivés à destination. Une toilette sommaire, le temps de faire ma valise, j’ouvre la porte de ma chambre à en découvrir un objet accroché se balancer, un crucifix à la tête manquante, un seigneur crucifié et décapité et en dessous, un dessin. Un scorpion muni d’une seule pince grande ouverte, tout de rouge, comme peint sur le bois avec une goutte de sang déposée sur le bout d’un doigt. Je scrute en vain le couloir désert, décroche l’objet en bois et l’enfouis dans la poche de ma robe. Je reprends ma route à me retrouver sur le quai du port de Saigon.
Le soleil est déjà haut dans le ciel, ses rayons me brûlent la peau. Tout autour de moi, un spectacle majestueux. Des bateaux, une nuée de bateaux de pêche multicolores à perte de vue. Ils semblent se défier mutuellement avec leurs proues en forme de dragons. J’ai l’impression qu’ils me dévisagent avec leurs yeux exorbités et leurs griffes acérées ! Leur lent balancier porté par la marée, à s’élever au-delà de l’horizon, puis à sembler s’abaisser à mes pieds, ressemble à une danse d’intimidation. L’odeur du poisson frais a envahi l’atmosphère. Elle me donne la nausée, je retiens ma respiration, je me fraye un passage à travers des centaines de personnes

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