Le Monde des autres
96 pages
Français

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Description

L'auteur, un immigrant suisse, avait des attentes envers son pays d'accueil. Est-il un autre monde ? Aujourd'hui, après 36 ans, il constate, il se souvient, et ça saute aux yeux : oui, un autre monde existe, il est visible, audible, sensible ! Un monde qui se croit au-dessus de la justice et des juridictions, un monde qui interprète les règles démocratiques à sa façon, un monde qui se fait nourrir par l'État, sans souci d'un travail efficace et bien fait. C'est tout un monde contre les travailleuses et travailleurs, qui eux, se trouvent chaque jour à leur place pour remplir leurs devoirs honorablement, tout au bénéfice de l'État et au bon fonctionnement de la communauté. C'est en 1979 que l'auteur s'envole avec sa famille pour le Québec. Investisseur, il reviendra dans ce témoignage amer sur son expérience du monde des affaires. Partisan du fédéralisme, il pose d'abord un regard critique vers les mouvements indépendantistes québécois, puis s'attaque au système judiciaire en évoquant différents scandales, avant d'évoquer enfin ses propres démêlés avec les tribunaux, après avoir porté plainte dans le cadre professionnel. Édifiante, l'autopsie clinique d'un système malade.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049480
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Monde des autres
Walter Hegetschweiler
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Monde des autres
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
Un autre monde
Un monde croche
Un monde différent
Un monde, qu’on aimerait meilleur !
 
 
 
Un monde, si autrement, que Mme Isabelle Maréchal souhaitait : quelqu'un tomberait du ciel, pour faire le ménage dans ce monde.
 
Émission Franchement Martineau , LCN, 5 fév. 2013
 
 
 
À mes petits-enfants :
Pour vous aider à mieux connaître le monde
 
 
 
Partie 1. Le monde politique et social
 
 
 
Personne ne quitte sa terre natale sans raison. Pour moi, c’était la situation économique qui en était la raison. L’urbanisme a pris de plus en plus de nos terres cultivables et je voulais continuer d’être un cultivateur ; plus tard passer ce flambeau à mes fils.
J’avais des attentes envers mon pays d’accueil. Est-il un autre monde ? Aujourd’hui, après trente-six ans comme immigrant, je constate, je me souviens – et ça saute aux yeux : un autre monde existe, il est visible, audible, sensible !
Attentes, rumeurs et vérités ?
1977 en Suisse : l’émigration d’un agriculteur avec sa famille était un événement particulier et l’intérêt à notre « cause » est devenu public. La nouvelle faisait le tour plus loin – beaucoup plus loin – que notre village ! Deux journaux publiaient plusieurs commentaires, tous dédiés aux risques d’une telle aventure. « Québec cherche des investisseurs ! » était devenu plus qu’une annonce de prospérité. On cherchait l’autre côté de la médaille !
Devenir fermier dans la province de Québec était considéré comme une aventure ; on discutait, parlait, écrivait des commentaires. On approuvait ou on critiquait. Des encouragements, comme des avertissements, nous sont parvenus de partout. Les derniers, nous les avons tous rejetés. On les considérait : des rumeurs.
De toute façon, une promesse d’achat était déjà signée, notre choix était fait – pour le Québec ! Nos critères favorisaient un investissement dans le secteur horticole, toujours en espérant continuer d’exercer notre métier, dans ce prometteur secteur agricole.
 
Mais en ce début d’immigration – qui était encore dans le stade d’émigration – nous avions appris beaucoup sur des événements douteux au Québec. Surtout en ce qui concerne les constructions de centrales électriques et infrastructurelles en vue des jeux Olympiques et ce, en plus d’un mouvement grandissant, proposant une séparation de la province de la fédération par déclaration unilatérale. Des exemples et de mauvaises images en lien avec des mouvements séparatistes en Europe ne manquaient pas : Pays basque et catalans en Espagne ; Irlande et Écosse en Angleterre ; Flandre et Wallonie en Belgique – et en Suisse, le Jura, où plusieurs fermes ont passé au feu, victimes des différences politiques en vue d’une éventuelle séparation du canton Bern.
Paroles et commentaires méchants : Tu vas te trouver dans un autre monde et je parie, tu reviendras un jour frappaient nos oreilles de façon blessante, surtout venant de la bouche d’un banquier, qui avait travaillé plusieurs années à Montréal.
C’était trop vrai, en supposant que tout serait bien normal et en règle, nous n’avions aucunement pris en considération la situation politique, ni le fonctionnement de l’appareil juridique au Canada. À ce stade de notre immigration, nous étions dans l’obligation de prendre la défense au profit de notre choix : avec raison !
 
Non, non ; ça ne devrait pas être vrai : les peuples civilisés d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale se sont dotés depuis longtemps des codes civils, qui se ressemblent et, surtout, respectent l’intégrité de chaque personne : Liberté, Égalité, Fraternité. Les principes d’une démocratie règnent aussi au Canada. Ça ne devrait pas être autrement, ce n’est pas un autre monde , disions-nous – et moi ?
J’étais convaincu. Alors… ? Je le suis encore – et ma femme aussi – notre place au cimetière est réservée. Deux fils ont fondé une famille et cinq petits-enfants fréquentaient, ou fréquenteront, l’Université. Nous sommes fiers et reconnaissants. Ça, c’est notre monde !
Dans un autre monde
Aujourd’hui, au printemps 2015, permettez-moi de commenter mes impressions, recueillies pendant les trente-six dernières années, sans oublier les nombreuses et honnêtes personnes, qui forment un peuple merveilleux, accueillant, tolérant et fier d’être canadien. Les gens qui se rendent tous les jours au travail et gagnent honnêtement leur salaire. Je vous salue sincèrement ! Je m’identifie à vous ; je suis très content de pouvoir vivre entre et avec vous. Je vous aime, vous formez un monde prospère dans un monde croche : désolé ! Mon vécu me permet de comparer – et faire ce constat : il y a deux mondes dans ce merveilleux pays.
Comparer ce qui est comparable ! Déjà ici, il faut faire une distinction. Là-bas, en Suisse, c’est la démocratie directe ; ici règne le système parlementaire. Les deux systèmes sont basés sur les principes d’une démocratie. Différent, mais fonctionnel et praticable ; aucun manque à détecter par une simple comparaison : les deux systèmes sont corrects et démocratiques dans leurs origines. Pourquoi alors les différences bien visibles ?
Bien entendu, une différence ne doit jamais être meilleure ou mauvaise à cause de son existence. Mais malheureusement, à mon grand regret, des différences existent. Des différences qui frôlent des crimes et la déstabilisation de la paix publique. Je vais les montrer, critiquer, dénoncer – tout en espérant soutenir les améliorations.
Immigrants allophones
Arrivés et déjà attitrés : « Immigrants-reçus », le 29 janvier 1979, à Mirabel avec ma femme, l’une de mes filles et un de mes fils, nous étions bien décidés à devenir de bons Canadiens. En plus, nous étions pleins de courage et pleins de volonté d’entreprendre une nouvelle étape de notre vie, en tant qu’agriculteurs/maraîchers. Tout changement était bien préparé. Le succès, tant souhaité, était basé sur l’assurance d’avoir pris la bonne décision et sur une volonté sans limites. Le tout couronné d’un grand optimisme, d’en arriver avec un engagement total.
Une très bonne expérience dans le secteur agricole et un investissement prévu de plus d’un demi-million de dollars devraient nous soutenir et assurer le succès.
Malgré notre enthousiasme, une lourde crainte se faufilait entre nos bagages. De bons amis ont voulu la minimiser, en ayant comme intention de nous encourager.
À la dernière minute de notre départ, ils nous ont dit : Concernant le mouvement de séparation et l’appareil juridique, ne vous faites pas de souci, ce ne sont rien que de vieilles histoires.
Vieilles histoires
Voilà, les « vieilles histoires » : je ne voulais rien savoir de ça – rien ! Rien de l’existence d’une « Commission Cliche » 1 et rien d’une tutelle pour mieux guider les syndicats des ouvriers. Rien non plus d’une « Crise d’Octobre » et d’un mouvement émergeant, propice à la séparation de la Belle Province – de « notre Canada ». Mais justement à mon grand étonnement, ce mouvement grandissait. Il s’imposait ; impossible de l’ignorer ! La séparation n’était pas une « vieille histoire », elle s’imposait par la présence d’un autre monde : le monde des séparatistes !
 
À la ferme, nous vivions à nos manières et elles étaient fort semblables à celles d’auparavant – et aussi à celles de nos nouveaux voisins. Nous espérions devenir citoyens du Canada ; travailler et vivre comme eux. Très, très vite, nous nous sentions acceptés et respectés parmi nos employés, nos clients et nos voisins. C’était « notre nouveau monde », qui nous accueillait sans réserve. Cela nous plaisait beaucoup, malgré les différences non prévues de tous les jours, au début de nos activités.
 
Le système métrique était officiel, mais non appliqué. Ça, par contre, c’était un tout autre monde. Nous étions forcés d’interpréter la température en degrés « Fahrenheit » et accepter les mesures standard en pieds, accompagnés de leurs 12 pouces, sur le chantier de notre nouvelle construction. Pour les semences, engrais et surfaces, on calculait en livres, tonnes impériales, arpents et acres. Tout un changement dans nos habitudes et versus le système métrique.
 
La politique était ailleurs, à l’extérieur de notre petit monde de tous les jours et ce, jusqu’au référendum de 1980, où des OUI et des NON s’affichaient partout en grosses lettres. À notre plus grande surprise, ces lettres étaient aussi fixées au mur de la grange de notre voisin immédiat – il était POUR, lui aussi : pour une sécession. Pour la séparation – et en conséquence : pour une division géographique en deux, du territoire canadien. Incroyable !
Un autre monde se manifestait par l’agissement de notre voisin et son entourage.
Êtes-vous pour ou contre ?
─ Êtes-vous pour ou contre ? me demandait l’entrepreneur, qui travaillait sur place.
─ Ma demande à la citoyenneté, avais-je répondu, s’adresse au gouvernement du Canada. J’aimerais devenir un bon Canadien , rien de plus .
 
Ma réponse l’étonnait visiblement, laissant un timide silence, qui signalait une division entre le pour et le contre et pour la première fois, je voyais un « Bon » et un « Pas-Bon » se cacher derrière le OUI et le NON. L’autre monde se faisait sentir ! Chaque fois, où la même question

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