Les blessures de Lou
50 pages
Français

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Description

Ce livre est un double miracle !








Le premier est tout simplement que son auteur ait survécu à des années de maltraitance infligée lors de sa petite enfance. Mais Lou, cette fillette martyrisée possédait un instinct de survie hors du commun, et bien que brisée physiquement et psychiquement, elle fut sauvée de l'anéantissement.








Le second est qu'elle nous livre ce témoignage bouleversant alors que sa reconstruction psychique n'est toujours pas terminée, plusieurs décennies après son calvaire.








Grâce à sa volonté et au dévouement de l'ensemble du personnel médical et paramédical qui lui a redonné foi_ en l'Homme, Lou peut en partie affronter le monde des adultes, ce monde qui par la faute d'un monstre sadique, lui paraîtra néanmoins toujours plus ou moins hostile.








Véritable message d'espoir que ces pages, prouvant que la lumière surgit toujours au bout du tunnel pour ceux et celles qui ne baissent pas les bras.








Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342356106
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35609-0

© Société des Écrivains, 2022
Préface

Lou Spitzberg m’a demandé d’écrire la préface pour la réédition de son livre et j’en suis flattée.
Selon un rapport de 2016, la maltraitance infantile en France tue un enfant tous les deux jours. Plus de la moitié d’entre eux a perdu la vie sous les coups d’un parent ou d’un proche. Le nombre d’appels au 119 a été en hausse de 20% lors du premier confinement pendant la crise sanitaire du COVID en mars 2020.
Dans ce livre il s’agit d’une histoire de maltraitance, c’est celle de Lou. Si elle n’est pas morte sous les coups, il s’en est fallu de peu et elle garde un lourd handicap psychiatrique et physique.
Quand Lou avait 23 ans, elle est arrivée au « centre national d’entraînement à la réflexion vécue par le jeu corporel ». Elle était en demande de suivi psychomoteur et c’est sans doute cet intitulé qui a retenu son attention. L’association a changé de nom et s’appelle aujourd’hui « Méthode Cécile Patin » https://methode-cecile-patin.com. Cécile Patin était masseur-kinésithérapeute et maître de gymnastique éducative et corrective. Elle a développé un procédé psychopédagogique, basé sur le jeu corporel, afin d’aider des enfants en difficultés d’apprentissage. Je continue de pratiquer la technique de ma mère, je suis éducatrice sportive et formatrice.
L’accompagnement de Lou Spitzberg s’est fait au fil du temps et cela fait maintenant trente-quatre ans que je l’accompagne. Il y a eu de nombreuses interruptions allant parfois jusqu’à 14 ans. Elle a toujours refusé le travail en groupe privilégiant le suivi individuel. Depuis le temps que nous nous connaissons, nous avons établi une relation proche de la connivence, nous sommes toutes les deux grand-mères.
La première demande de Lou était essentiellement psychomotrice, elle aimait jouer dans le gymnase. Un jour elle m’a demandé de l’aider à ne plus se perdre, ce que l’on comprend quand on lit son histoire. Sa dernière demande, après 9 ans d’interruption, était de réciter le compte à rebours de 10 pour le clamer avec tout le monde au jour de l’an.
Quelles que soient les failles, les manques ou les complexités de Lou, mon principal objectif est de lui donner le plaisir d’apprendre, de l’aider à accepter de ne pas réussir. On parle là de bientraitance pédagogique !
Lou souhaite que le lecteur découvre ses progrès et ce qu’elle est aujourd’hui. Je vous invite donc à en prendre connaissance à la fin du livre mais après avoir découvert son histoire.


Agnès IRRMANN PATIN
Avril 2021
Les origines
La petite Lou est née dans une famille foraine, ses ancêtres étant des manouches originaires de l’ex-Yougoslavie. Les Manouches constituent un des trois groupes dont l’ensemble forme les Tsiganes, les deux autres étant les Roms et les Gitans.
Les manouches ne se distinguent guère des autres tsiganes que par la moustache ou la petite barbiche qu’arborent la plupart des hommes. Les plus pauvres sont vanniers et voyagent encore en voiture à cheval. Les autres sont forains ou récupérateurs de ferraille. Dans le passé, ils ont longuement séjourné en Allemagne et certains portent des noms germaniques, tandis que les Sinfi portent des patronymes rappelant leur longue présence dans le Piémont. Tous ont une véritable passion pour la musique et beaucoup sont recrutés dans les célèbres orchestres tsiganes. Parmi les plus célèbres, Django Reinhart, le peintre Torino Zigler et les familles Bouglione et Zavatta.
De ces premiers jours la petite ne garde bien sûr aucun souvenir mais elle pense avoir été heureuse, élevée au milieu d’une ribambelle d’enfants composée d’une importante fratrie, avec trois ou quatre sœurs, ce qu’elle ne sait toujours pas avec certitude, et trois frères, ses demi-frères ou demi-sœurs étant par ailleurs très nombreux.
Lou avait été placée chez Thierry, un ami forain de son père Pascal, et ce dès l’âge de neuf mois. Elle sait aujourd’hui que ses parents s’étaient séparés pour une raison qu’elle ignore et ignorera toujours. En revanche, elle avait aperçu chez son père une photo de sa mère, cette mère qu’elle n’a pratiquement pas connue. La photographie la montre comme une femme très belle, brune aux yeux noirs, la peau mate, assez grande, avec un visage lumineux et souriant.
Lou ne s’explique pas pourquoi elle n’est pas restée avec sa mère et pourquoi celle-ci l’a abandonnée. Car chez les manouches l’enfant est sacré et reconnu comme un roi, et les femmes sont habituellement très maternelles. Dans la culture séculaire des gens du voyage, les enfants représentent tout pour eux et c’est ce qu’ils ont de plus cher au monde.
Son père était né en Yougoslavie. Il était forain, ce qu’il a été jusqu’à sa mort. Il était de grande taille, les yeux noirs. Apparemment, jusqu’à ce qu’il place Lou, il s’occupait bien de ses enfants à sa charge. Et si la petite n’avait pas été placée, peut-être n’aurait-elle pas subi tant de déboires ?
Mais pour Lou il n’en fut pas ainsi et sa maman, quand la petite eut six mois, avait refait sa vie avec un homme qui lui donna par la suite six autres enfants. Ce n’est qu’il y a neuf ans que Lou apprit que sa mère était partie habiter New York.
Les enfants qu’elle avait eus avec le père de Lou, elle ne s’en était jamais vraiment occupée, et ils sont donc tous demeurés avec leur père quand elle le quitta. Lou faisait partie de ce lot de bambins et très vite son père se sentit débordé avec tous ses gamins à charge.
Dans cette même période, il avait contracté une dette importante consécutive à l’achat d’un manège. C’est alors qu’il avait décidé de confier un de ses enfants pour faire face à cet impératif. Bien qu’il lui ait affirmé par la suite que c’est le sort qui l’avait désignée, ce dont Lou doutera toujours, il l’avait placée chez Thierry.
Il ne faut pas oublier que les enfants des manouches n’appartiennent pas seulement aux parents mais à la tribu, donc à tout le monde. Ces enfants, la plupart du temps, vont à l’école, à l’exception dans certains camps, d’écoles ambulantes, les cours étant délivrés dans un camion par des instituteurs qualifiés.
Lorsque le père est absent pour cause de décès ou toute autre raison, c’est le frère aîné qui décidera. Chez les manouches la couleur rouge n’est pas acceptée pour les vêtements ou toute autre chose, car à leurs yeux elle représente l’impureté.
La patronne de tous les gens du voyage est sainte Sarah, et pour eux elle est sacrée. Ils vont chaque année au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer, rassemblement important pour leur communauté. C’est à cet endroit qu’ils se retrouvent et se revoient après une séparation pouvant souvent s’avérer très longue.
En général pour symboliser la pureté, ils ne portent que des bijoux en or, le seul métal reconnu comme précieux et pur chez eux.
Autre coutume, si un manouche décède à l’intérieur d’une caravane bien de fois, celle-ci est brûlée.
À peine placée chez Thierry, l’enfant fut très tôt martyrisée par celui-ci. Pourtant elle était un beau bébé aux yeux bleus et aux cheveux blond foncé, mignonne et bien potelée. Bien qu’ayant été confiée, elle pouvait espérer être traitée comme la grande majorité des petits manouches, si ce n’est avec amour, du moins avec le minimum d’attention. Mais la malheureuse se trouvait placée entre les mains d’un monstre, un de ces individus pour qui faire le mal à plus faible que soi s’avère une jouissance perverse.
Le calvaire
Pour Lou la maltraitance a réellement débuté dès qu’elle eut deux ans. C’est à cette période que Thierry prit conscience de son léger handicap aux jambes qui la retardait dans l’apprentissage de la marche et la fatiguait énormément quand elle marchait. Se sentant comme déshonoré et floué, ayant hérité d’un enfant handicapé, comme s’il s’agissait d’un objet abîmé, il a commencé petit à petit à lui faire subir certains sévices, la giflant, la punissant et l’enfermant dans la caravane toute la journée pendant qu’il travaillait. Cette situation s’est vite aggravée au fil des mois.
La petite innocente, habillée de culottes en coton se désespérait en tapant des pieds à la porte de la caravane qui était sans cesse sur la route. Elle criait et pleurait sans succès, les gens n’étant pas en mesure de constater ce qu’elle subissait du fait de la vie de nomade qui était sienne.
Un jour, particulièrement excédé par le vacarme que produisait l’enfant dans la caravane, son tuteur est entré, la soulevant et la projetant au fond de la caravane sans tenir compte des nombreux objets qui la décoraient. Elle retomba lourdement au sol, et se mit à saigner de la tête et du nez en gémissant. Énervé, il la saisit et la projeta au sol une seconde fois. Évanouie, il l’abandonna sans remords et repartit en fermant la caravane à clef. Reprenant rapidement connaissance, la gamine se remit à crier alors que l’intérieur du véhicule était rouge de son sang.
L’homme revint plus tard pour constater les dégâts, soi-disant parce que la petite avait fait exprès de salir les meubles avec son sang. Il trouvait que les pleurs et le ton de sa voix étaient trop perçants !
Il aurait pu l’emmener à l’hôpital car elle avait un besoin urgent de soins. Mais si cela avait été le cas, il aurait été confondu à son arrivée aux urgences et l’enfant lui aurait été retirée. Aussi il gambergea jusqu’à trois heures du matin et décida d’enfermer Lou dans le placard de la caravane, n’oubliant pas de lui administrer d’autres coups en prime. Tout cela pour étouffer ses cris afin que personne ne puisse venir s’apercevoir de son état. Ce forfait accompli, il alla se recoucher comme si de rien n’était.
Le lendemain en prenant son petit-déjeuner tout en fumant, toujours e

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