Les Cahiers de Junius - Tome 3
320 pages
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Les Cahiers de Junius - Tome 3 , livre ebook

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Description

Souvent, l'amour du bien conduit un homme à dire la vérité aux puissances dont il redoute la vengeance, mais il n'a pas le courage de les affronter ouvertement. C’est la raison pour laquelle ce livre est écrit sous un nom anonyme, car si les pensées sont libres, « on a quand même des ennuis », disait judicieusement Karl Kraus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334037594
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-03757-0

© Edilivre, 2016
Toute représentation ou reproduction, partielle ou totale, sans l’autorisation explicite de l’auteur ou de ses ayants-droit ou ayants cause est illicite (loi du 11 mars 1957). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. La loi du 11 mars 1957 autorise cependant les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinée à une utilisation collective, d’une part, et d’autre part, les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration.
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle .
La culture situationniste
Avant-propos
Dès le début des années 70, je m’entichai de Guy Debord et du mouvement situationniste qui coïncidait avec ce que je pensais et vivais. Ce mouvement de pensée allait m’accompagner pendant toute une partie de ma vie. Je ne suis pas pour autant un archéo-situ. Et pour être encore un peu plus précis, même si j’appréciais les idées de Debord, je ne fus, je ne suis « rien ». Ni un thuriféraire qui agite l’encensoir ni un vilipendeur. Il se trouve que j’appréciais les idées de cet homme rare. J’aurais été heureux de faire partie de ses amis.
Les situationnistes étaient une bande de drogués et d’ivrognes parisiens qui mena une vie décousue et révolutionnaire. Je me projetai sur l’aventure situationniste de la période de 52 à 53 qui avait des traits communs avec ce que je vivais ailleurs de façon très individualiste et jalouse avec quelques très rares compagnons. Je me passionnai pour le soubresaut lettriste parisien du bistrot de la rue du Four. A défaut d’alcool, je me noyai dans la drogue et les errances amoureuses.
J’étais un électron libre rimbaldien comme Jean-Michel Mension ou Patrick Straram mais je n’eus jamais le caractère nécessaire pour aller jusqu’au bout de mon choix et être en cohérence avec mes idées. Je ne me suis jamais frotté à la vraie vie, en « montant » à Paris où tout se fait. Le côté timide de mon caractère m’incita à ne pas me mêler des affaires douteuses du monde et m’imbiba d’une idéologie qui me laissa en paix et satisfit mon illusion d’avoir préservé l’idéal révolutionnaire de ma jeunesse. J’étais apparemment rasséréné par ma vie provinciale et je suis resté dans mes billevesées. Ma flemme et mon dilettantisme obstruaient toute action ou engagement. Mon orgueil aussi. J’étais frappé d’aquabonisme. J’aimais trop la liberté libre ! Et puis un jour ancien je réalisais que toute cette aventure intellectuelle pseudo révolutionnaire ressemblait à n’importe quelle autre passion et prendrait sa place sur les rayonnages de l’Histoire manquée. Cependant en observant les symptômes du système totalitaire marchand, je crus comprendre que la notion d’intellectuel avait perdu tout sens et légitimité à la lumière de la violence révolutionnaire.
Prolégomènes nostalgiques
Je commencerai par évoquer La route du sud-ouest , un photo-métrage de 26 minutes réalisé en 2014 par Jean-François Brient, auteur également du film documentaire De la servitude moderne .
L’histoire, largement autobiographique, est centrée sur une rencontre amoureuse dans le cadre d’un groupe de révolutionnaires dans une ville d’Amérique du Sud. Mais ce photo-métrage est aussi une réflexion plus théorique sur la place de l’amour et de la révolution sous l’empire du système totalitaire marchand. Dans un monde atomisé où errent des individus narcissiques en quête du plaisir immédiat, l’amour est cette force qui se constitue en résistance et en acte subversif. Pour certains il s’agit d’un magnifique court-métrage dont le texte est très intéressant et les images superbes. Pour d’autres, s’il y a de belles images sur fond de Concerto pour violoncelle de JS Bach, ce court-métrage articule un ramassis de niaiseries post soixante huitardes absolument effarantes. Ces instants de grandiloquence vernale et de délire nihiliste seraient l’illustration d’une génération de loosers qui a tout raté et tout foiré et à laquelle j’appartiens.
A mes yeux c’est un petit film que j’apprécie qui s’inscrit bien dans le courant situationniste et les films de Debord par l’inspiration, les commentaires et même la voix. Je ne résiste pas à l’envie de rapporter les quelques lignes du prologue :
La vie brûle de se répandre à travers la diversité des sentiments et dans la beauté des rencontres possibles. Et ainsi de se retrouver dans cette somme de la diversité. Mais la réalité dont il faut partir est cette séparation entre chacun et tous. Dans l’amour, le séparé existe encore, mais non plus comme séparé : comme uni. Et le vivant rencontre le vivant.
Pourtant, l’harmonie enivrante des corps et des esprits n’a qu’un temps. Le tourbillon s’arrête et le courant emporte les êtres vers d’autres ciels étoilés. Ils continuent leur dérive mais ils ont été transformés. La beauté de l’amour ne réside pas dans la durée mais dans cette transformation…
Cette civilisation n’en finit pas de mourir. Mais à mesure que son déclin devient la manifestation la plus évidente de son existence, la recherche du plaisir immédiat et la réussite individuelle constituent l’aspiration de l’immense majorité. La soif de reconnaissance correspond parfaitement au processus général d’effritement de toute l’existence. Le narcissisme de ces temps bouleversés n’est rien d’autre que le côté subjectif du fétichisme de la marchandise. Lorsqu’une certaine idée de l’homme et du monde s’effondre, lorsque la marchandise envahit tout, l’espace comme les relations, la communauté disparaît et il ne reste plus que l’individu face à ce néant. Alors les hommes essayent de se construire un abri au milieu de ce champ de ruines. Cet abri, ils l’appellent le bonheur mais il n’est rien d’autre qu’une mystification de leur solitude…
Elle avait pris la route du sud-ouest. Je pensais à nous sans tristesse. Je marchais dans la nuit tombante, sentant le vent pénétrant tout mon être, juste cette phrase qui revenait comme un refrain : c’est bien plus beau lorsque c’est éphémère. Je sentais que quelque chose en moi avait changé…
Ainsi on comprenait mieux Guy Debord et ses choix de vie.
Telle est la vie des hommes. Quelques rencontres qui brillent d’un feu plus intense au milieu d’un ciel obscurci par la servitude. Et le projet, toujours renouvelé, d’écrire notre propre histoire.
Ceux qui parlent de révolution sans se proposer de bouleverser les relations amoureuses ne font que défendre la fonction oppressive du vieux monde. L’amour aussi, avec tant d’autres choses est à réinventer. Il s’agit de détruire les sentiments de propriété et l’illusion d’éternité qui perdurent dans l’amour. Entre la sexualité-marchandise et l’amour-possession, il existe une ligne étroite sur laquelle il faudra se mouvoir. Il nous appartient d’inventer ce jeu et le langage qui lui correspond.
Dans la continuité de cet exorde, j’aimerais encore évoquer De la servitude moderne, un autre film de Brient, qui n’est pas sans faire écho au Discours sur la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie.
Les passionnés nostalgiques de cette période peuvent également rencontrer quelques intellectuels qui évoquent Debord dans le très riche blog de Shige que je lis toujours avec grand plaisir.
Éric Brun docteur en sociologie de l’EHESS et membre associé du CESSP (Centre européen de sociologie et de science politique) a produit un livre : Les Situationnistes, Une avant-garde totale dans lequel il présente des portraits, des œuvres, des vidéos et des livres d’Alexander Trocchi, Michèle Bernstein, Constant, Asger Jorn, Guy Debord, Raoul Vaneigem, Isidore Isou, le Gruppe Spur, Jean-Michel Mension, Maurice Lemaître, Gil Wolman, Mohamed Dahou, René Viénet, Francis Deron, les Enragés de Nanterre, Christopher Gray, Bruce Elwell, Robert Chasse, Ed van der Elsken, Jacqueline de Jong, Les Lèvres nues, Ralph Rumney, Christian Sébastiani, Gabriel Pomerand, Maurice Lemaître, Mustapha Khayati, Jacques Spacagna, Gérard Joannès, Orson Welles, Karl Marx, etc.
« C’est la synthèse de référence sur un mouvement devenu légendaire, nous affirme l’éditeur . L’Internationale situationniste naît en 1957 de la rencontre entre plusieurs collectifs d’artistes européens, avant de se transformer au cours des années 1960 en groupe révolutionnaire. Elle est aujourd’hui reconnue comme l’une des dernières incarnations du modèle des « avant-gardes historiques ». Son principal penseur, Guy Debord (1931-1994), a été intronisé après sa disparition comme l’une des figures majeures des arts et de la philosophie politique des années 1950-1960. Première analyse sociologique du mouvement situationniste, cette histoire éclaire les parcours croisés des acteurs qui l’ont animé, décrypte leur relation à l’art et aux institutions artistiques, à la pensée marxiste et aux intellectuels, à la politique et au militantisme. En prenant parti pour une mise au jour lucide des pratiques et idées situationnistes, Éric Brun renouvelle notre connaissance des avant-gardes, de leurs formes de politisation et d’internationalisation, et engage une réflexion sur les apports et limites de ce courant subversif qui n’ambitionnait rien moins que d’établir une nouvelle civilisation.
De même, le

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