Lettres pour l au-delà
276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Août 1967. Geneviève a dix-neuf ans, Gérald seize. Un mariage, moins de trois ans après. Le jeune homme servant comme tambour major dans l'armée, le couple sera amené à voyager. Six années à Berlin, puis cap sur l'autre bout du monde, destination Nouméa. La famille s'agrandit, les projets de concrétisent, jusqu'à un jour d'hiver 1999, où Gérald succombe d'une leptospirose... Entre carnet de souvenirs et journal intime écrit au jour le jour, l'auteur partage quarante années de vie, de rêves, de rires et de larmes. Une palette de couleurs, d'impressions, où se dessinent des personnages qui finissent par nous sembler étrangement familiers. Une histoire d'amour, de famille, de liens, où tout se construit et se reconstruit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748371543
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres pour l'au-delà
{:name=>Geneviève
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Lettres pour l'au-delà
 
 
 
 
 
 
 
Je suis née à Fontainebleau en Seine et Marne. Mon père, gendarme en Indochine ne m’a connue que deux ans plus tard.
Dès son retour il a été muté à Orléans, où j’ai passé ma prime jeunesse. En 1967, nouvelle mutation, direction la Touraine et plus précisément Tours où mon histoire débute.
Tours août 1967
J’avais 19 ans. Nous arrivions de vacances, du camping du Grand Crohot, près d’Arcachon.
Nous étions bronzés, mes parents, mes sœurs, mon frère et moi.
Six jeunes filles qui descendent d’une voiture familiale et un petit garçon !
 
Par manque de logement, nous avons été logés dans un HLM public quartier du Sanitas, près de la gare de Tours. Il y avait du monde devant ce bâtiment aux murs sombres et tristes, surtout des garçons.
Parmi eux, Gérald, qui a l’air d’un petit voyou avec ses cheveux un peu longs pour l’époque et ses yeux rieurs. Je dois avouer que je ne l’avais absolument pas remarqué à ce moment-là. Il faut dire que j’étais très timide et réservée. Signe de mon éducation stricte. Mes loisirs se partageaient entre la lecture et la poésie. J’écrivais des poèmes pour mes camarades de classe qui voulaient attirer l’attention d’un garçon. J’étais scribe en poésie.
Je portais une petite robe orange, à fleurs et j’avais les cheveux longs : Gérald a toujours aimé mes cheveux longs que je garde encore actuellement.
Nous ne nous sommes pas fait d’amis dans ce quartier mais j’avais croisé Gérald à plusieurs reprises, je pense qu’il avait programmé ces rencontres. Plus tard, j’ai su qu’il avait dit à ses copains en me désignant : « cette fille sera ma femme ! » Il était poli et toujours souriant.
La famille s’est donc installée dans cet appartement au 1 er étage ; celui-ci était grand, sombre et ma mère ne l’aimait pas. Mais nous étions logés par la Gendarmerie et nous devions prendre ce qu’elle nous proposait.
En cette fin du mois d’août, les vacances se terminaient, mes sœurs et mon frère étaient inscrits à l’école ; quant à moi, en âge de travailler, ma mère m’avait trouvé un poste chez Michelin, à Joué-lès-Tours comme aide-comptable J’avais mon bac commercial en poche, l’avenir devant moi et beaucoup d’illusions et de rêves.
Je prenais le bus de l’usine pour aller tous les matins à Joué-lès-Tours et je rentrais par le même autobus le soir.
J’avais un vélo que je rangeais dans le sous-sol. Un jour où j’en avais besoin, je l’ai trouvé dégonflé. J’allais le regonfler quand Gérald est arrivé et m’a proposé de le faire à ma place. J’ai accepté tout en l’observant et je pense que ce fut le début de notre amour.
Nous nous sommes souvent revus en cachette et ceci pendant longtemps. Mes parents n’auraient pas accepté de me voir fréquenter ce garçon. Pour nous voir, tous les moyens étaient bons, j’allais chercher le courrier à la boîte aux lettres au rez-de-chaussée et lui en faisait autant. J’étais son aînée de trois ans, mais je ne le savais pas encore : je croyais qu’il avait mon âge !
Il était apprenti mécanicien et il aimait ce qu’il faisait : il était fou des voitures (Yaël notre fils tient de lui, il a le même regard et la même passion de la mécanique) ; Gérald venait souvent devant le bâtiment avec un véhicule emprunté au garage dans lequel il travaillait, et il choisissait toujours les belles voitures. À seize ans, il conduisait sans permis ! Il avait une mèche rebelle qui lui allait bien, de longs cils, bien plus longs que les miens, il était beau.
Avec mes sœurs, à cette époque, nous avions une petite complicité ; elles aimaient bien Gérald et elles acceptaient de sortir le week-end avec moi pour que je puisse le voir. Pour nous donner rendez-vous, comme il habitait l’appartement du rez-de-chaussée, je descendais par la fenêtre de ma chambre une ficelle à laquelle j’accrochais un billet doux qu’il récupérait de sa fenêtre.
Il aimait beaucoup le sport et plus particulièrement le cross-country. Il faisait partie d’un club et il était très doué. Il gagnait presque toutes les courses. Le journal de la ville l’avait surnommé « le Jazzy en herbe ». Le seul ennui, c’est que cela se passait souvent en hiver et je me gelais en l’attendant, heureusement qu’à la fin des courses, nous avions droit à un bol de Viandox brûlant que nous dégustions les yeux dans les yeux.
Un dimanche, nous étions partis nous promener avec mes sœurs. Gérald devait participer à une compétition de course à pied sur mille mètres au stade d’athlétisme de Tours. Nous avions un peu oublié l’heure et nous sommes arrivés alors que les coureurs se plaçaient déjà sur la ligne de départ ; sans se changer Gérald s’est aligné, est parti comme une flèche… et il a gagné !
Plus tard, après les présentations aux parents, d’usage en ce temps-là, nous avons eu la permission d’aller au cinéma le dimanche suivant, et encore, l’après-midi. Ma mère n’était pas très enthousiaste car Gérald, à ses yeux, n’était pas un parti brillant et rêvait pour moi d’un meilleur avenir et elle me disait :
— Mécano ce n’est pas un métier, j’aimerais plutôt que tu fréquentes un jeune gendarme célibataire ou un militaire de carrière.
Mais nous étions déjà amoureux. J’ai recommencé à écrire des poèmes, pour lui ; il était le voyou de mon cœur. Il m’emmenait voir des matchs de catch, et j’y prenais plaisir. Ses parents, n’étaient pas très satisfaits de notre fréquentation, car j’étais « plus âgée » que lui et « forcément » j’allais m’amuser avec ses sentiments ! Malgré l’opposition de nos familles, nous avons tenu bon et avons décidé d’attendre que nos familles changent d’avis. Nous voulions absolument nous marier pour enfin vivre ce doux sentiment qui illuminait nos vies.
 
Nouvelle mutation de mon père à Orléans. Mon seul désir est de rester près de mon amour, j’ai loué une chambre chez une personne âgée. Je n’ai pas grand-chose mais je suis près de LUI. Nous étions toute une bande de copains, garçons et filles et nous faisions souvent la fête ensemble. À cette époque, les boîtes de nuit n’existaient pas et nous nous retrouvions dans un café, toujours le même devant un lait fraise. Nous écumions également les fêtes foraines locales ou bien, nous allions batifoler dans les champs. Ma fameuse bicyclette (à la roue dégonflée) m’amenait dans les bois pour cueillir des jonquilles. Un de nos passe-temps favoris était « les concours de baisers ». Il faut dire que Gérald et moi, nous excellions dans cette « discipline » je me souviens de 22 minutes d’un long et passionné baiser !
 
Nous étions sérieux tout en nous amusant avec ce que nous offrait notre époque. Pas question de jeux vidéo, d’Internet mais nous écoutions les chansons à la mode dans les juke-box des cafés, c’était les années sixties. Nous avons connu mai 1968 sans avoir fait les barricades ni jeté de pavés ! Nous avons regardé ce grand chambardement du haut de l’insouciance de notre jeunesse.
Gérald s’est engagé dans l’armée et nous nous sommes fiancés juste avant son départ ; il a été appelé en Allemagne à Saarburg pour y faire ses classes et à l’issue, il a choisi la musique au 46 e Régiment d’Infanterie de BERLIN (avec une recommandation du chef de musique de la ville de Tours puisqu’il faisait partie de la musique municipale).
 
21 ans était l’âge de la majorité à cette époque. Nous nous sommes mariés l’année suivante le 14 février 1970, jour de la Saint-Valentin : j’avais 22 ans et Gérald 19 !
Le mariage a eu lieu à Tours devant nos deux familles réunies. La lune de miel a été de courte durée.
Nous avons vécu 8 jours chez ses parents dans le secret de sa chambre à la découverte l’un de l’autre, dans le plus grand des silences, pour ne pas faire de bruit. Heureusement, j’ai rapidement fait la conquête de ses parents, de ses frères et de sa sœur.

Gérald est reparti seul à Berlin. Il est revenu me chercher en mai, et pour notre voyage de noces, m’a offert deux jours en train militaire… dans un compartiment couchette, un nid douillet rien que pour nous deux. Nous avons vécu ces deux jours au rythme lancinant du bruit des roues sur le ballast. C’est le plus long voyage de ma jeune vie.
 
Berlin, première ville étrangère que je visite. À cette époque, la ville était occupée par les « trois grands », Anglais, Français et Américains. Ces trois armées se partageaient le secteur ouest de Berlin et le secteur Est était occupé par les Russes.
 
Gérald est logé en caserne, au Quartier Napoléon, ancienne caserne de la division Goering, qui fait 4 kilomètres de périphérie.
L’armée me prête une chambre de bonne, tout en face de la caserne.
La fenêtre donnait sur le terrain d’aviation de Tegel et il m’est impossible de guetter le retour de mon chéri. Gérald a droit à deux permissions de nuit par semaine et il ne fait jamais le mur. Combien de fois j’ai rêvé d’être réveillée en pleine nuit, couverte de caresses et de baisers mais il est trop respectueux des règlements et mon rêve de femme n’est resté qu’un fantasme ! Nous avons fait la connaissance du Père Grasser, aumônier militaire et quand Gérald est là, il vient dans notre chambre pour discuter de tout et de rien. Je n’ai jamais oublié une de ses paroles : si un jour vous vous disputez, ne vous couchez pas sans vous être réconciliés ! Bien des fois, nous avons mis son conseil en application.
Notre amour est déjà très fort ; quand il part en manœuvres, je suis désespérée et nos amis se moquent de moi.
J’a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents