Louis Bergeron
54 pages
Français

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Description

Le 19 novembre 1832, c'est l'ouverture de la session parlementaire. Louis-Philippe doit y prononcer son traditionnel discours du Trône. Son cortège passe sur le pont Royal. Soudain, un coup de feu éclate. Le souverain se tâte quelques instants, il n’a rien et salue finalement la foule en délire qui l'acclame. Dans la confusion, un homme abandonne ses deux pistolets et s'enfuit à toutes jambes. Quelques jours plus tard, on arrête Louis Bergeron, un jeune républicain. On l'accuse d'avoir commis ce régicide, « l'attentat horrible » tel que l'appelle avec ironie le Charivari. Lors d'un procès retentissant, le jeune homme est acquitté, faute de preuves. Ce livre retrace la vie tumultueuse de Louis Bergeron et tente de répondre à cette question : était-il l'homme qui avait tiré sur Louis-Philippe ?

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Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414066575
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06655-1

© Edilivre, 2017
Dédicace

A Maximilien,
L’histoire d’un étudiant révolté.
A Corinne,
Pour sa patience.
Louis Bergeron
 
Dimanche 1 er  novembre 1840. A l’Opéra de Paris, Hector Berlioz donne un « Grand festival ». Sous la baguette du maître, six cents musiciens et choristes enchaînent des pièces de Gluck, Haendel et, bien évidemment, de Berlioz lui-même. Selon ce dernier, c’est la plus grande « solennité musicale » 1 qu’on ait vue jusqu’ici à Paris. Un journal satirique, Le Charivari , n’apprécie guère cette démesure mégalomane et parle quant à lui de « sauvagerie musicale » 2 . Berlioz est d’ailleurs loin de faire l’unanimité auprès du public, et des sifflets concluent la fin de son Requiem , une « musique d’invalide » 3 , selon Le Charivari . Trois mille personnes assistent au concert, et parmi elles, tout le gratin de la bourgeoisie louis-philipparde. Dans une des premières loges, on peut ainsi reconnaître Emile de Girardin, député et grand patron de presse, un personnage qui compte à Paris. L’orchestre termine maintenant un morceau de Haendel. Applaudissements, sifflets… Les musiciens prennent l’accord avant d’attaquer le Roméo et Juliette de Berlioz. Soudain, un cri déchire le silence qui s’est fait. Un homme vient de s’introduire dans la loge voisine de celle de Girardin et a réussi à souffleter le journaliste. L’homme a seulement crié : « C’est moi, Bergeron ! » 4 , puis il s’est enfui aussi vite qu’il avait surgi. Girardin se lève et veut partir à la poursuite de son agresseur. Sa femme et un ami le retiennent par les bras, alors que le journaliste hurle à tue-tête : « Bergeron !!! Bergeron !!! ». Madame Girardin supplie son mari : « Ne vous battez pas avec lui, c’est un assassin ! » 5 . En un instant, la salle se vide, tous les spectateurs sont dans les couloirs et commentent avec gourmandise cet incident bien caractéristique de l’époque.
Louis Bergeron est né le 1 er  octobre 1811 à Chauny. Il est le fils de Louis François Bergeron, praticien, né à Verberie en 1791, et de Louise Geneviève Delescluze, marchande lingère, née à Chauny en 1782. La famille Bergeron, installée depuis longtemps du côté de Verberie, est très certainement liée à l’historien Nicolas Bergeron, l’inventeur des tables synchroniques, né à Béthisy-Saint-Pierre, tout près de Verberie, au milieu du seizième siècle. Quant aux Delescluze, c’est une vieille famille de notables de Chauny, qui a donné plusieurs chirurgiens à l’hôpital de la cité. L’un d’entre eux, François Delescluze, mort en 1793, est le grand-père maternel de Louis Bergeron, mais aussi le grand-père paternel de Charles Delescluze, un des futurs chefs de la Commune de Paris.
Louis passe son enfance à Chauny. Son père, devenu receveur de l’hospice, meurt prématurément en octobre 1819, trois jours seulement après la venue au monde de son dernier enfant, une fille prénommée Louise. Dans les registres de l’état civil chaunois, les deux actes de naissance et de décès se succèdent cruellement sur la même page. A huit ans, Louis devient l’aîné de cinq orphelins. La mère a du mal à joindre les deux bouts, et la famille vit pauvrement. Le 6 septembre 1823, le conseil municipal de Chauny accorde à Louis une bourse scolaire, financée sur les fonds d’une donation faite par l’abbé Bouzier à la ville en octobre 1713. Les attributions des bourses de la donation Bouzier sont extrêmement rares, puisqu’il n’y en a pas eu depuis 1799 et qu’il n’y en aura que neuf jusqu’en 1848. Mais le conseil municipal de Chauny est touché par la situation de Louis, qui montre par ailleurs de bonnes dispositions intellectuelles. Cette bourse lui est accordée pour une période de huit années pendant laquelle il ira faire ses études à Paris. Chaque trimestre, en contrepartie du mandat qu’on lui fera parvenir, Louis sera tenu de produire des certificats irréprochables, tant au niveau de sa conduite que de ses progrès aux études. En outre, il devra « dire tous les jours, soir et matin, un De Profundis pour le repos de l’âme » 6 de l’abbé Bouzier. Et s’il devait manquer à toutes ces exigences, « il demeurerait privé de plein droit de la bourse » 7 qui lui a été accordée.
Louis entre d’abord à l’institution de Monsieur de Reusse, rue de Vaugirard, à Paris. Puis il poursuit ses études au collège royal Saint-Louis. Un bulletin de l’institution de Reusse, daté du 30 novembre 1827, indique de Louis que « cet élève va et atteindra le but, malgré la légèreté de sa tête qui est grande » 8 . On ne sait si cette appréciation vient souligner une incorrigible distraction ou, plus probablement, un esprit gagné par les idées subversives qui animent une bonne partie de la jeunesse estudiantine de l’époque.
Car Louis Bergeron affiche très tôt des opinions républicaines. La France vit alors sous le règne du très autoritaire Charles X, le dernier frère de Louis XVI, qui n’a visiblement pas retenu les leçons de l’histoire. Pour diriger son gouvernement, le roi a même choisi le fils de l’amie intime de Marie-Antoinette, le prince de Polignac, mystique exalté autant que réactionnaire invétéré. C’est une véritable provocation, un déni de tout ce que la France a pu exprimer depuis 1789. Mais le roi n’en a cure. Dans les derniers jours de juillet 1830, il signe quatre ordonnances dont l’une suspend la liberté de la presse. Cette fois-ci, c’en est trop. Durant trois journées, qu’on appellera les Trois Glorieuses, le peuple de Paris se soulève et s’empare de la capitale après de violents combats de rue. Le palais des Tuileries, résidence royale, n’est pas épargné. Bergeron, qui s’est discrètement éclipsé du collège Saint-Louis, vient se joindre aux insurgés qui envahissent le palais. Et tant pis pour le repos de l’âme de l’abbé Bouzier !
Réfugié à Rambouillet, Charles X abdique et prend la route de l’exil. Le pays n’en a pourtant pas fini avec la monarchie. Les républicains sont trop désorganisés pour pouvoir s’imposer. Après quelques jours d’incertitude, le duc d’Orléans, Louis-Philippe, force le destin, escamote la République et devient le roi des Français. Un roi des Français qui remplace un roi de France, la nuance est subtile. Cet habile tour de passe-passe a...

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