Luca ou la mémoire d autrefois
122 pages
Français

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Luca ou la mémoire d'autrefois , livre ebook

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Description

L’auteur raconte ici la vie d’une famille d’immigrés italiens ayant quitté dans les années d’après guerre son petit village d’Italie du sud pour tenter sa chance en France.

Tous les événements racontés se sont réellement déroulés et pour une partie, les protagonistes de cette histoire sont toujours parmi nous.

Cet ouvrage est un simple témoignage, une empreinte qui aura traversé le temps pour arriver jusqu’à nous.

Sur bien des points, beaucoup pourront s’y retrouver et se remémorer ce qu’ils ont eux-mêmes vécu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332916242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91622-8

© Edilivre, 2014
Préface
J’ai si souvent scruté cette ligne d’horizon au bleu intense, que j’aurais pu, si les dures réalités de la vie ne m’avaient rappelé à leur bon souvenir, chaque fois, m’envoler au gré du vent la rejoindre.
Seul, évoluant à pas feutrés dans un bureau à fenêtre sous toit, confortablement installé, je pensais…
Si seulement je savais écrire ! Prendre une feuille blanche aux senteurs d’autrefois et écouter le crissement d’une plume transposer mes pensées en de belles phrases… j’enviais soudain ces grands messieurs que l’on appelle écrivains. Pourtant, ce jour-là, je ne sais quelle force mystérieuse me poussa, je décidai de prendre ma plus belle plume.
Quelle histoire allais-je bien pouvoir raconter ! En serais-je capable ?
Comme disait Epictète : « N’attends pas que les évènements arrivent comme tu le souhaites ; décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux ». Voilà tout le problème.
Issu d’une famille italienne, j’ai toujours été profondément fier de mes racines et viscéralement attiré par cette Provence aux arômes si enivrants. Certains villages varois chers à mon cœur me rappellent tellement Capri et Ischia, îles tyrrhéniennes italiennes.
Savez-vous qu’après les pyramides de Guizèh, le phare d’Alexandrie, le colosse de Rhodes, le temple d’Artémis, le tombeau de Mausole, la statue de Zeus à Olympie et les jardins suspendus de Babylone à Ephèse, on dit que Capri est la huitième merveille du monde !
C’est donc là, à Capri et à Ischia sa petite sœur, quand mon imagination commence à vagabonder que je me rends. Ce sont des voyages où les senteurs se mélangent aux images et où le temps n’a aucune emprise sur les choses ; au contraire, elles sont toujours plus présentes, immuables, traversant les siècles sans changer.
Les vieilles femmes en noir, elles non plus, ne changent pas. Elles sont toujours traditionnellement coiffées du même foulard et les vieux, si vieux, la peau burinée par le soleil, vous regardent avec des yeux qui semblent surgir d’un antique passé. Les maisons blanches, ocres et pastelles, les barques bleues des pêcheurs, les filets jetés çà et là sur le port, l’odeur de la cuisine locale, le bleu de la mer et ce soleil, ce soleil qui vous rend si nonchalant ; tout me transporte en me rappelant aussi certaines îles grecques. Incontestablement, ces lieux possèdent une empreinte mythologique d’une présence envoûtante.
Luca ou la mémoire d'autrefois
 
Vivant en France, en Seine-Saint-Denis et originaire du sud de l’Italie précisément de deux villages nommés Cardito du côté de sa mère et Vallerontonda du côté de son père province de Frosinone dans le Latium entre Rome et Naples, Luca naquit à Paris, un jour de janvier 1953.
Son enfance fut très heureuse, bercée par l’amour d’une Mamma italienne, d’un Père à la culture très napolitaine et d’une famille très unie malgré certains moments difficiles.
Deux années plus tard, en janvier aussi et à la même date, naquit sa sœur. Elle s’appelait Silvana. Elle avait les cheveux noirs comme l’ébène et dans le regard quelque chose d’étrange et d’indéfinissable. Elle était de taille moyenne, mince, très élégante, studieuse, beaucoup plus appliquée que Luca de qui les professeurs disaient : « C’est un élève très intelligent, mais il ne travaille que lorsqu’il a envie ! ».
* *       *
La vie s’écoulait comme ça, doucement, simplement, comme un long fleuve tranquille. Chaque moment important lié aux enfants était ponctué par une fête et chaque mois d’août par le fameux départ en Italie où tout le monde se retrouvait. Ce dernier était l’événement de l’année, le retour aux sources, l’occasion de revoir les siens restés là-bas. Tous ne pouvaient partir.
Le voyage s’effectuait en voiture car à l’époque personne n’avait les moyens de prendre l’avion. Alors c’était la grande révision et tout était vérifié… Quand enfin, elles étaient prêtes, elles étaient chargées au maximum et il ne fallait surtout pas oublier les petits cadeaux : le sucre, le chocolat, le café, quelquefois plus pour qui le pouvait. C’était la tradition ! Pourquoi le café ? Allez savoir ! Il est quand même bien meilleur au pays du Cappuccino mais bon c’était comme ça car au village, à l’époque, ils étaient encore plus pauvres alors les denrées alimentaires étaient très appréciées.
* *       *
Là-bas, chez lui, à Cardito, dans son village, comme presque tout le monde, Emilio travaillait dans les champs, cultivait la terre, gardait ses moutons, ses brebis et, quelquefois, coupait du bois pour le revendre, cette dernière activité restant malgré tout assez rare. Quand il le pouvait, il élevait durant l’année un cochon pour qu’à la fin de celle-ci il puisse le transformer en charcuterie. Saucisses, lard, prosciutto, ceci restait quand même une alimentation de luxe pour lui et les autres villageois.
Ils n’avaient aucun revenu et vivaient de la terre et des animaux. L’électricité n’existait pas dans ces lointains villages de montagnes et ils s’éclairaient avec les flammes de leurs feux et quand, dans le noir, ils devaient sortir ne serait-ce que pour satisfaire à leurs besoins naturels, ils s’éclaraient également… au tison (bûche ardente) agité de gauche à droite.
Leur mode de transport était l’âne, ce qui lui donnait une valeur inestimable. Il leur permettait de transporter les fagots de bois et autres charges pour lesquelles Emilio était quelquefois payé. Cette vie était le lot quotidien de chacun.
Puis, la guerre fut déclarée, la région était en feu, les batailles de Monte Cassino, de Collelungo, des Mainarde laissèrent une empreinte indélébile sur tous. Un lourd tribut fut payé par la famille de Luca où onze membres civils de celle-ci furent fusillés sur place dans leur village par les allemands. Une famille presque entièrement décimée pour rien, comme ça !
Di Mascio : Requiescat in pace.
Quant au monastère de Monte Cassino, lieu géographique stratégique culminant à 517 mètres, le 15 février 1944 il subit des attaques de bombardiers qui le réduisirent en d’informes ruines. PAX est le mot qui figure sur son fronton d’entrée, quelle ironie ! Ressuscité grâce au financement du gouvernement italien, encore plus resplendissant que par le passé, il reste fidèle à ses armoiries et à sa devise : un chêne brisé qui reprend vie :
«  Succisa virescit  : Brisé, il reprend vigueur  ».
Puis, l’exode commença, l’émigration aussi avec sa sensation désagréable d’être déraciné, de ne pas être à sa place où que l’on soit. Dans le sport également car tout le monde s’accorde pour le dire, les Italiens sont des tifosi incomparables quand ils supportent leurs équipes de football dans le calcio ou pire encore dans les championnats européens ou à la coupe du monde avec la Nazionale. Alors, quand vous vivez dans un autre pays, quelle équipe supporter : l’Italie ou la France ? ITALIA, évidemment, mais cela ne va pas sans débats animés avec les supporters de l’équipe de France « les frères ennemis ». En général, aux plus chauvins, à ceux-là, il suffit juste de porter à leurs souvenirs le nombre d’étoiles figurant sur le maillot italien et de comparer. Cela calme tout de suite. Cela reste bon enfant, mais qu’il est difficile de choisir. Les Italiens aiment beaucoup la France c’est certainement exception faite de leur pays bien entendu, leur autre pays préféré. Entre les deux mon cœur balance comme on dit !
Luca et les siens connaissent bien cette sensation car ils l’ont vécue dès leur arrivée en France où ils décidèrent de s’établir.
Comme presque tous les émigrés italiens vivant en France, Emilio le père de Luca, travaillait dans le bâtiment. Il était maçon plâtrier et exerçait son art dans l’entreprise de Paolo, son neveu, qu’il rejoignit comme la plupart des membres de la famille et des proches amis venus eux aussi en France tenter leur chance.
Plus tard, il offrit ses services à Gianni, un autre de ses neveux, lui aussi chef d’entreprise dans le bâtiment.
Emilio était un homme bon, bien charpenté, pas très grand, aux larges sourcils, d’une force physique impressionnante à la mesure de sa douceur.
Dans son regard on pouvait lire tout l’amour et la tendresse qu’il éprouvait pour ses enfants et pour Gina sa femme. Quand il souriait tout s’illuminait c’était magique.
Vêtu de son « bleu de travail », coiffé de sa casquette du même coloris, le mètre pliant et le crayon en bois rouge dans la fente extérieure droite de son pantalon, sa gamelle dans la musette, il partait le matin de très bonne heure travailler. Luca attendait chaque soir son retour avec impatience pour lui prendre la main et se serrer tout contre lui ; une main un peu rugueuse à cause de son métier mais tellement douce à son cœur… si forte aussi ! Elle le rassurait, rien ne pourrait arriver.
Quand Emilio rentrait le soir du travail en ayant oublié soit une cigarette soit un petit bout du crayon rouge sur l’oreille cela faisait toujours rire Luca.
Il arrivait parfois pour des raisons familiales, que Emilio doive se rendre seul au « pays » en Italie. À son retour, Gina, Silvana et Luca allaient l’accueillir gare de Lyon. À la descente du « Palatino » le fameux train, de ses valises ceinturées de courroies de cuir, se dégageait toujours une odeur de fromages de brebis, de saucisses et de jambon de pays. C’était le cadeau de la famille restée là-bas, leur propre production, c’était aussi la tradition. À l’époque, cela faisait un peu honte à Luca qui ne disait rien mais pressait le pas de tout le monde pour sortir de la gare de Lyon. Aujourd’hui, que ne donnerait-il pas pour revivre ces moments-là, ils étaient tendres, délicieusement comiqu

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