Ma jeunesse assassinée
302 pages
Français

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Ma jeunesse assassinée , livre ebook

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Description

« Elle se déclara en moi une belle journée ensoleillée de printemps. »


Elle ? C’est l’anorexie, cette voix insidieuse qui oblige sa victime à se faire du mal.


Ce récit est le témoignage de Bénédicte, le partage de l’expérience intime d’une adolescente anorexique. Bénédicte était une enfant sage, trop sage ! Toute jeune, on lui a appris à se taire, à se conformer aux désirs des autres, à faire bonne figure en toutes circonstances. Alors elle gardait en elle toutes ses colères, ses souffrances sourdes et silencieuses.


Ne pouvant faire de mal à autrui, elle s’en fera à elle-même. L’anorexie sera son arme pour se faire entendre, prendre le pouvoir sur son entourage, se venger de cette famille qui mise tout sur le paraître, de sa grand-mère qui l’humilie, de ce père absent, de cette mère trop présente.


Son corps sera le moyen d’appeler à l’aide, de crier au monde des douleurs inavouables.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414099269
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-09924-5

© Edilivre, 2017
Exergue

« Vos enfants ne sont pas vos enfants »
Ils sont les fils et les filles de l’appel à la vie elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
car ils ont leur propre pensée.
Vous pouvez accueillir leur corps mais pas leur âme,
car leur âme habite la maison de demain,
que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous,
car la vie ne va pas en arrière ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes,
sont projetés.
L’archer voit le but sur le chemin de l’infini et il vous tend
de sa puissance pour que ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’archer soit pour la joie.
Car de même qu’il aime la flèche qui vole,
il aime l’arc qui est stable.
Khalil GILBRAN (« Mais moi je vous aimais »)
De Bénédicte DAMBRICOURT.
Prologue
Ma jeunesse assassinée
Je suis dans l’espérance…
Ce livre n’est pas une romance.
Il est une expérience. La mienne.
J’ai toujours eu besoin de donner un sens à ma vie.
Sinon, je n’aurais pu tenir le coup face à ma souffrance.
Ce récit est le témoignage d’un moment important de ma vie.
Il n’est pas la vérité. Il n’est pas une vérité.
Ce récit est uniquement ma vérité.
Peut-être ce témoignage et les questions qu’il soulève pourront apporter quelque chose à quelqu’un ?
Ce serait sans doute un soulagement de me dire que ma souffrance ne sera pas restée vaine et stérile…
Kaspar disait : « Aussi audacieux soit-il d’explorer l’inconnu, il l’est plus encore de remettre le connu en question ».
Et…
Oscar WILDE : « S’aimer soi-même, c’est s’engager dans une belle histoire d’amour qui durera toute la vie ».
J’ai encore tellement à apprendre pour y parvenir…
Dédicace

à maman , que la Médecine et « l’entourage » ont violemment accusée de « non amour », ce crime qu’elle n’a jamais commis…
à papa , que je n’ai pas su reconnaître à temps et que j’ai souvent relégué au rang des « abonnés absents »…
à mes trois sœurs aînées , Christilla, Véronique, Marie-Laure , à qui j’en ai voulu de vivre leur propre adolescence…
à mon grand frère Bertrand qui m’a ouvert le beau chemin qui mène vers la rencontre au cœur par l’accueil de l’autre qui est différent de moi. Bertrand qui ne se rebellait jamais face à l’injustice…
à Olivier et Florence , mes petit frère et petite sœur , à qui j’ai volé malgré moi des pétales de jeunesse et d’innocence…
à tous ceux qui ont croisé ma route , bons ou mauvais, qui me permirent de grandir…
à tous mes amis d’aujourd’hui qui ont su m’aimer avec tendresse et vigueur, sans me juger, et qui furent comme des petites lumières tout au long de mon chemin…
à vous tous que j’aime avec infiniment de tendresse , au-delà de mon incapacité à vous le partager le plus souvent !
au monde entier et à nous tous qui le faisons …
Nous qui sommes en même temps gens de pouvoir et gens de bonne volonté, justiciers et pacifistes, bourreaux et victimes, Hommes de loi et Hommes de foi, intelligents et idiots, jeunes ou vieux, parents ou enfants, hommes ou femmes, professeurs ou élèves, croyants ou non croyants, orgueilleux ou humbles, aimants ou haineux, etc…
Je nous pose aujourd’hui 3 questions :
– Qu’en est-il du don de nous-même, unique, irremplaçable, là où nous sommes ?
– Qu’en est-il de notre part de responsabilité dans ce monde de « Paraître » ?
– Pourquoi l’amour n’est-il pas aimé et si souvent pris en otage ?
Moi, Elle et Lui. Moi, Elle et Eux. Moi, La maladie et ses symptômes…
Elle se déclara en moi, dans ma vie, une belle journée ensoleillée de printemps. Printemps 1979. C’était à la mi-mai. Sans doute y avait-il eu des signes précurseurs de cette grossesse invisible, imprévisible et insaisissable. Mais l’époque ne se prêtait pas à la reconnaissance des signaux d’alarme. L’important résidait de toujours rester à sa place, la place qui dérangeait le moins, la place qui faisait le moins de bruit possible, la place silencieuse et complice… même si cette place n’était pas la vôtre. J’étais bien loin d’imaginer que j’enfanterais d’une monstruosité… Une sorte de ver solitaire anonyme. Un truc qui vous bouffe de l’intérieur. J’étais une révoltée depuis bien longtemps, des années déjà. Et pourtant je me taisais. J’avais appris l’asservissement très jeune, cette attitude d’entrer dans le désir de l’autre parce que l’autre vous y invite, l’air de rien, comme s’il s’agissait d’une situation normale. Je savais que ce n’était pas une situation normale de se laisser tripoter. Violeurs d’innocence… Et puis, il y en avait d’autres. Personnes avec de gros nez rouges. Des générateurs d’injustices. Des promoteurs de l’humiliation. J’avais déjà bien compris à quel point il est facile de démolir un enfant… Mais que pouvais-je faire ? Je n’étais qu’une toute petite fille. J’étais perdue, et l’époque prônait le silence. Un silence meurtrier… Et je ne connaissais que l’obéissance.
Printemps 1979
Nous sommes à la mi-mai. Il reste un mois de cours avant les grandes vacances. Le collège étant centre d’examens, les élèves se retrouvent en vacances à la mi-juin.
J’ai 13 ans et 6 mois. Il est 16 heures, c’est la récréation, je suis assise par terre, tranquille, je ne demande rien à personne. J’observe les élèves dans la cour du collège, qui déambulent, qui rient, qui crient… Plein de petits groupes formés de garçons et de filles. C’est le temps et l’âge des amourettes, des petits bisous glissés furtivement dans les cous, des langues qui se délectent d’une bouche à l’autre, des corps qui s’enlacent pudiquement… C’est aussi le temps des bandes de copains et copines. Je suis élève de troisième, je me prénomme Bénédicte, et je n’appartiens à aucune bande. Ce n’est pas que je ne le souhaite pas. J’entends toujours dire que je suis un « bébé » beaucoup trop jeune. Cette forme de rejet ne me dérange pas plus que cela. J’apprécie d’être seule, je ne demande rien à personne, et je prends beaucoup de plaisir à observer l’environnement qui m’entoure. L’observation reste selon moi une source d’apprentissage intarissable et sans commune mesure… Si toutefois, je suis reconnue comme un « bébé » beaucoup trop jeune – pourquoi pas, je suis en avance à l’école –, de mon côté je ne me sens plus si jeune que cela… Et tout ce que je peux observer me laisse croire que je ne me trompe guère sur ce cliché complètement gratuit. Trop jeune, bébé… car quelques années de moins que les autres élèves ! Trop jeune, bébé ? Enfant précoce, voilà ce que j’en pense de mon côté. Je ne ressens pas d’affection particulière pour les autres élèves. J’ai le cœur en hiver, c’est pourtant le printemps ! Je sais que je n’intéresse pas les autres. Enfin la plupart du temps. Car je les intéresse quand même à certains moments, quand il faut rendre des devoirs. Là, ils sont plusieurs à me vouer une attention toute particulière. Je suis très bonne élève, ils le savent et me sollicitent souvent pour les aider, voire faire les devoirs à leur place. Je ne sais pas au juste pourquoi, mais il se trouve que je réponds à leurs attentes, je fais leurs devoirs… Sans doute un besoin malgré tout de reconnaissance, d’exister pour quelque chose, et de ne plus entendre de leur part que je suis un bébé. Je joue à leur jeu… Pour seul bénéfice d’obtenir quelques heures de respect. Pour tout inconvénient d’obtenir les punitions à leur place – je suis suspectée de tricherie par mes professeurs – Les professeurs ne me regardent pas non plus. Car s’ils me regardaient, ils sauraient que je ne suis pas une tricheuse. Peut-être que ces quelques heures de respect de la part des élèves valent pour moi davantage que l’ingratitude de mes professeurs ? C’est important, le respect, non ?!!!
C’est donc la récréation et j’attends assise par terre le cours de travaux manuels, dernier cours de la journée. Je vais pouvoir pendant le cours me badigeonner les bras de colle forte, laisser sécher un peu, sniffer l’odeur beaucoup, et retirer la colle de mes bras comme si j’enlevais ma peau. Peut-être pour avoir l’impression d’une nouvelle peau ? Nouvelle peau, nouvelle Bénédicte, nouvelle vie… La sonnerie se fait entendre, je m’apprête à me lever pour me rendre dans la salle de cours. Et voilà qu’Hélène et Sandrine se plantent devant moi, se dressent face à moi, et se mettent à me piétiner les pieds tout en riant comme deux bécasses. Comme cela, sans raison, juste le plaisir de m’humilier sans doute. Je les regarde faire, je les laisse faire sans rien dire. Impossible d’ouvrir la bouche, impossible d’émettre un son quel qu’il soit, impossible de riposter. La colère sourde en moi, silencieuse et invisible. J’évite de pleurer devant tant de méchancetés. Je retiens mes larmes aussi fort que possible. De toute manière, elles sont tellement occupées à me blesser qu’il leur serait absolument incapable de déceler autre chose que leur ego repu de domination. Je ne comprends pas. Je ne leur ai rien fait. La méchanceté, c’est juste pour le plaisir. Leur soif de pouvoir enfin satisfaite, elles repartent comme elles sont venues, jacassant toujours comme deux bécasses, se retournant pour mesurer le résultat, se vautrant dans ma douleur, fières, tellement fières. Et moi, triste épave échouée sur le sol, je m’en veux terriblement de ne pas m’être défendue, de ne pas avoir réagi. Mais aucun son n’est parvenu à sortir de ma gorge. Oui, triste épave muette échouée sur le sol…

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