Méharées
90 pages
Français

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Description

Aux lecteurs qui voudraient connaître d’autres cultures, ce récit captivant écrit avec un style recherché est pour vous. Le narrateur, le père de l’auteur, nous entraîne dans une vie merveilleuse, dans le désert, à travers les événements marquants de sa vie : enfant perdu et ayant vécu plusieurs années avec les autruches, il sera finalement récupéré par sa famille d’origine. Attaché à la présence apaisante du désert et au mode de vie bédouine, son parcours montre beaucoup de courage et d'abnégation. L'enfant adopté deviendra un véritable sage alliant les besoins de la vie matérielle à la nécessité d’une profonde spiritualité. Isselmou Boukhary donne à lire le précieux héritage spirituel d’une valeur inestimable laissé par son père dont il souhaite faire profiter le maximum de lecteurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414007660
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00764-6

© Edilivre, 2017
Prologue
À la mort de mon père, je ressentis un immense vide. Ce vide était d’autant plus grand que j’avais perdu ma mère quelques années auparavant. Bien qu’adulte et même père de famille, je me sentis doublement orphelin.
Pendant quelques jours, sa chambre resta hermétiquement close, comme si je voulais me faire l’illusion qu’il était toujours vivant et qu’il pouvait surgir d’un moment à l’autre, avec son éternel sourire bienveillant. Un beau jour, je décidai de l’ouvrir pour y mettre un peu d’ordre. En rangeant ses affaires personnelles, je tombai sur un cahier d’écolier, que j’ouvris par curiosité. Le cahier était rempli de la belle écriture de mon père. Certains chapitres étaient en arabe et d’autres en français, car mon père était parfaitement bilingue. Les parties relatives à sa vie privée étaient écrites au style direct, en arabe, et celles concernant le contexte historique, au style indirect, en français. À l’intérieur du cahier, je trouvai aussi une lettre qui m’était adressée. Après avoir lu la lettre et le manuscrit où il racontait les principaux épisodes de sa vie si riche en événements et en enseignements, je décidai de traduire en français les parties écrites en arabe et d’essayer de le publier. Entre-temps, j’ai pu obtenir d’autres informations qui m’ont semblé importantes pour comprendre le contexte de certains épisodes racontés par mon père, que j’ai insérés dans la version finale. J’ai essayé d’être le plus fidèle possible au texte originel, c’est pourquoi les parties traduites sont en italique, pour permettre au lecteur de les distinguer de celles qui étaient originellement écrites en français.
Voici le contenu de la lettre que j’ai trouvée dans le manuscrit :
Mon fils,
Tu me demandais souvent, en me voyant écrire, ce que je faisais, et je te répondais invariablement « tu le verras après ». Maintenant, tu peux à loisir lire ce que je te laisse, car c’est pour toi que je l’ai écrit.
À défaut de te laisser un héritage qui pouvait te mettre à l’abri du besoin matériel, je te lègue ce manuscrit, qui m’a demandé beaucoup de travail et de longues nuits d’insomnie, car l’évocation de certains souvenirs m’empêchait souvent de dormir. J’espère qu’en le lisant, tu comprendras certaines choses que je ne pouvais t’expliquer face à face, parce que c’était difficile pour moi de le faire pour diverses raisons, notamment culturelles ; car tu sais que dans notre culture, on ne peut parler de certaines choses entre père et fils.
Je ne te demande pas de suivre mon exemple, car l’époque que j’ai vécue est à jamais révolue et de toute façon, je ne suis pas sûr que la voie que j’ai suivie soit exemplaire, peut-être est-elle même mauvaise. Dans tous les cas, c’est à toi de décider ce que devra être ta vie, mais essaie toujours de t’accrocher à un fil conducteur, car tu connaîtras des moments d’égarement où, sans ce fil, tu risqueras de te perdre à jamais. Quel que soit ce que tu feras, sois toujours en paix avec toi-même et avec ta conscience. Mon père m’avait laissé par écrit des conseils que je te lègue à mon tour ; j’en avais fait un code moral que j’ai essayé tant bien que mal d’appliquer. J’avoue que cela n’a pas été toujours facile, mais j’avoue aussi que cela m’a beaucoup aidé à rester heureux, en accord avec moi-même et ma conscience ; surtout dans les moments les plus difficiles.
Voici les conseils tels que consignés dans le vieux parchemin que j’ai toujours gardé :
« Mon fils, pour être heureux dans cette vie et bienheureux dans l’Au-delà, essaie de ne jamais faire trois choses et essaie de toujours faire trois choses…
Les trois choses à ne jamais faire sont :
1. ne parle jamais du bien que tu as fait aux autres, cela t’aidera à ne pas être hautain ni orgueilleux ;
2. ne parle jamais du mal que les autres t’ont fait, cela t’aidera à ne pas être rancunier et à cultiver l’Amour dans ton cœur ;
3. ne parle jamais des faiblesses et des insuffisances des autres, cela t’aidera à être humble et modeste.
Les trois choses à essayer de toujours faire sont :
1. sois éternellement reconnaissant envers tous ceux qui t’ont fait du bien, fût-il un sourire ;
2. sois bien intentionné envers tout le monde, à ne vouloir que du bien pour les autres, y compris tes pires ennemis ;
3. sois exigeant envers toi-même, reconnais tes faiblesses et tes erreurs. Chaque faute commise est une occasion pour mieux faire la prochaine fois.
Enfin, suffis-toi avec ce que tu as et ne sois jamais jaloux des biens matériels que les autres ont. La véritable richesse est la richesse de soi. »
Je te conseille d’y jeter un coup d’œil de temps à autre. Cela pourrait te servir dans les épreuves que tu ne manqueras pas de rencontrer dans la vie.
Que Dieu guide tes pas, et n’oublie pas de prier le plus souvent possible pour le repos de mon âme ».
Pour revenir à ce cahier, j’y ai simplement consigné quelques épisodes de ma vie, telle que Dieu a voulu qu’elle soit. J’y raconte mes moments de bonheur, mais aussi mes heures de peine : je n’ai pas voulu exagérer les uns, ni escamoter les autres.
Il m’arrive souvent de me demander : si ma vie était à recommencer, est-ce que je ferais la même chose ? Je pense que les événements les plus importants de ma vie, je les vivrais exactement comme je les ai vécus.
Voilà donc le contenu de la lettre qui accompagnait le manuscrit, dont je vous souhaite une bonne lecture.
Chapitre 1 L’année de la pluie de sept nuits
Le campement se situe dans une cuvette surplombée par la montagne à l’est et au nord, entourée par les dunes au sud et à l’ouest. Il apparaît comme pris en tenaille entre les deux géants de sable et de roche. La couleur ocre de la montagne contraste avec la blancheur presque immaculée des dunes. Le contraste est surtout frappant au niveau des points de jonction, là où les dunes escaladent hardiment la montagne. Il y a des moments où le jeu des couleurs offre un spectacle inédit : lors du coucher du soleil, quand les rayons solaires se projettent perpendiculairement sur le flanc de la montagne, celle-ci apparaît comme striée par des bandes de couleur allant de l’ocre clair au rouge cuivre le plus foncé, alors que les dunes semblent couvertes d’une pénombre à peine perceptible. Pendant les nuits de pleine lune, c’est le phénomène inverse qui se passe : la blancheur du sable est telle qu’on se demande si c’est la lune qui éclaire les dunes ou le contraire ; le contraste est d’autant plus saisissant que la montagne apparaît comme si elle était l’ombre gigantesque d’un monstre préhistorique.
La vue de ce panorama donne souvent une impression de paysage lunaire, voire irréel, mais en même temps d’une beauté extraordinaire. La situation du campement, entre la montagne et les dunes, en fait un site idéal pour avoir une vue d’ensemble des reliefs ainsi que des végétations et pour contempler les variations de couleurs de la montagne et des dunes pendant ces moments féeriques.
Le campement est visible sur plusieurs kilomètres à la ronde. Il est composé de huit tentes, dont cinq sont en toile blanche et trois en poil noir de mouton. Pour un observateur avisé, la disposition et la taille des tentes permettent de faire la carte d’identité du campement. En effet, la grande tente blanche en toile située un peu à l’écart des autres tentes ne peut être que celle du chef, alors que les quatre autres tentes blanches disposées en ligne appartiennent à des membres de la famille du chef. Les tentes des gardiens de bétail se distinguent par leur couleur noire, car elles sont fabriquées en poils de moutons. Elles se distinguent aussi par leur petite taille et par leur disposition : elles se trouvent à une certaine distance des autres tentes et sont disposées au pourtour du campement ; la tente du berger se trouve au nord et est reconnaissable grâce à la clôture, de petites dimensions, faite de branches d’acacia, destinée aux agneaux et aux cabris ; celle du vacher, à l’ouest, à côté de laquelle se trouve une grande clôture pour les veaux, et celle du chamelier, au sud, caractérisée par l’absence de clôture… Il s’agit donc d’un campement qui dispose de beaucoup de bétail, appartenant à une riche et noble famille.
Ce jour-là, le soleil était au zénith et une chaleur torride pesait sur le campement. Tous les habitants du campement s’étaient réfugiés sous leurs tentes et semblaient attendre un événement majeur. Les hommes étaient regroupés sous la tente du chef et buvaient le thé que préparait cérémonieusement Merzoug. L’atmosphère était plutôt crispée, car habituellement, autour du thé, les langues se délient et les bavardages vont bon train, mais cette fois, le silence n’était rompu que par les claquements des langues que font les buveurs de thé après avoir vidé leur verre.
Sous une autre tente, de l’autre côté du campement, les femmes s’attelaient à aider Oumma à accoucher, sous la direction de la vieille Jimbitt, matrone connue et respectée dans tous les environs. Brusquement, d’un geste rapide, mais assuré, la vieille accoucheuse souleva le nouveau-né au-dessus des têtes des femmes assises et cria : « T’fil, T’fil, T’fil » (« un garçon, un garçon, un garçon »). Aussitôt, M’Barka, la vieille servante, poussa un youyou strident, que toutes les autres femmes imitèrent, et se précipita vers la tente du chef pour lui annoncer la bonne nouvelle. Ce dernier était en train de faire ses ablutions pour la prière du dhohr. En entendant les youyous stridents, il avait déjà compris qu’Oumma avait accouché d’un garçon. Si cela avait été une fille, les réactions des femmes auraient été moins bruyantes. Quand M’Barka l

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