MÉLITÉ ou Le Trésor Des Athéniens
133 pages
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MÉLITÉ ou Le Trésor Des Athéniens , livre ebook

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Description

Ouvrage Jeunesse.
En 431 avant notre ère, alors que la guerre entre Athènes et Sparte était imminente, les Thébains envahirent sans préavis leur petite voisine Platées, mais se retrouvèrent piégés dans la ville dont les Platéens avaient bloqué les portes ; cependant certains, raconte Thucydide, purent briser une porte et s'enfuir, “une femme leur ayant donné une hache”. Qui était cette femme ? Pourquoi avait-elle ainsi trahi les siens ? Que devint-elle ? Ce livre est né d’une rêverie sur cette ombre fugitive passant dans le récit de Thucydide. Mélité est une jeune fille qui va connaître la guerre et de nombreuses aventures, hésitant entre l'amour d'un jeune Thébain et celui d'un Athénien, avant de connaître le bonheur, un bonheur toujours menacé par la guerre.

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312006086
Langue Français

Extrait

MÉLITÉ ou Le Trésor Des Athéniens
Danielle Jouanna



MÉLITÉ ou Le Trésor Des Athéniens












LES É DITIONS DU NET 70, Quai Dion Bouton – 92800 Puteaux
Du même auteur



Aspasie de Milet , Fayard, 2005

L’Europe est née en Grèce, L’Harmattan, 2009






















© Les Editions du Net 2011 ISBN : 978-2-312-00608-6
En 431 avant notre ère, alors que la guerre entre Athènes et Sparte était imminente, les Thébains envahirent sans préavis leur petite voisine Platées, mais se retrouvèrent piégés dans la ville dont les Platéens avaient bloqué les portes ; cependant certains, raconte Thucydide, purent briser une porte et s'enfuir, “une femme leur ayant donné une hache”.
Qui était cette femme ? Pourquoi avait-elle ainsi trahi les siens ? Que devint-elle ? Ce livre est né d’une rêverie sur cette ombre fugitive passant dans le récit de Thucydide.
Partie I Platées, le temps du bonheur
Chapitre 1 L’invasion
Sur la place centrale de Platées que sa troupe avait brutalement envahie à la faveur de la nuit, le jeune Thébain Léonidas se battait comme le lion dont son nom le disait fils. Il avait dix-huit ans, et c'était sa première campagne.
Il avait quitté Thèbes l'avant-veille, très excité à l'idée de combattre enfin un véritable ennemi. Il avait passé sur sa tunique rouge une cuirasse neuve qui resplendissait comme celle des héros d'Homère. Sa mère pleurait, mais les jeunes filles le regardaient passer avec admiration – ce qui importait fort peu à Léonidas, soucieux seulement de l'opinion de ses compagnons d'armes, et surtout de celle de son ami Pythias. Pythias était en fait plus qu'un ami : un grand frère, un modèle, un demi-dieu, et il serait mort mille fois plutôt que de le décevoir.
Ils étaient entrés (un contingent de trois cents hommes) par surprise dans la ville, sans que la guerre entre Athènes et Sparte soit déclarée. Platées, alliée inconditionnelle des Athéniens, était une véritable épine dans le pied de Thèbes toute dévouée à Sparte. L’invasion nocturne avait accru l'ivresse de Léonidas, mais il regrettait de n'avoir pas eu l'occasion de donner le moindre coup d'épée : Naucleidès, leur allié dans la place, leur avait ouvert l'une des portes de la ville ; les Platéens arrachés à leur sommeil avaient apparemment accepté sans difficulté l'ultimatum que leur avait proposé Pythangélos, le chef du contingent thébain.
Cet ultimatum était simple (et généreux, selon les Thébains) : on aurait pu arrêter immédiatement les chefs politiques, mais on préférait la conciliation. On laissait donc aux Platéens jusqu'au matin pour réfléchir, c’est-à-dire abandonner l'alliance athénienne et entrer dans celle des Spartiates et des Thébains, leurs frères de race. Sinon, on considérerait Platées comme une prise de guerre, et l'on savait ce que cela signifiait : massacres, déportation et esclavage. Ils devaient rentrer dans leurs maisons, et n'en sortir que pour venir se ranger aux côtés des envahisseurs. Toute autre circulation dans les rues était interdite.
Les Thébains, eux, avaient pris position sur la grande place, l'agora, tandis que des patrouilles de reconnaissance venaient régulièrement faire leur rapport au long de la nuit. Tout était calme, tout se présentait bien.
Peu à peu, cependant, le malaise s'était insinué. Aucun Platéen ne venait témoigner de son adhésion à l'offre bienveillante de Pythangélos. La nuit d'un noir d'encre était traversée d'éclairs aveuglants, annonçant un orage qui ne se décidait pas à éclater. L'attente interminable mettait les nerfs à rude épreuve. Les voisins de Léonidas, plus expérimentés, jugeaient l'affaire mal engagée ; Pythias lui-même paraissait soucieux.
Le jour n'était plus très loin quand Léonidas entendit soudain une clameur sauvage. Il perçut vaguement l'ordre jeté par Pythangélos et répété par ses lieutenants de saisir les armes et se mettre en défense ; mais déjà il l'avait exécuté d'instinct et il vit – pour autant qu'on pouvait voir dans cette maudite obscurité – une horde de Platéens déchaînés, surgis d'on ne savait où, qui se précipitaient sur eux.
Un Platéen s'avançait sur sa gauche. Il fit face vivement, et se mit à combattre avec moins de science que de véhémence ; mais sa fougue surprit le Platéen qui s'effondra, la poitrine transpercée.
Léonidas en éprouva surtout une grande surprise. Avait-il vraiment tué un homme ? Peut-être après tout celui-là n'était-il pas un vrai soldat, mais quelque brave père de famille, qui avait oublié le maniement des armes durant les années de paix ? Mais l'heure n'était pas aux réflexions : deux autres Platéens se jetaient sur lui, et il essayait de parer les coups de l'un avec son bouclier tout en ferraillant contre l'autre. Le premier tomba tout à coup, percé par derrière par l'épée de Pythias, et Léonidas, à la fois soulagé et humilié de cette intervention, continua à se battre contre l'autre qui l'inquiétait par son endurance et son habileté.
Celui-là était certainement un vétéran expérimenté. À la lueur des éclairs, Léonidas apercevait parfois son visage sombre et sa barbe bouclée que la pluie, qui tombait maintenant en abondance, faisait friser plus encore. À un éclair plus brillant que les autres, le Platéen regarda le visage de Léonidas, poussa un juron et eut un instant d'hésitation. Sans doute se disait-il : “Comme il est jeune ! Mais c'est contre un enfant que je me bats !” Léonidas profita de cette hésitation : il poussa de toutes ses forces son épée dans la gorge du Platéen, avec un mélange de jubilation et de honte : cet homme avait retenu son épée par pitié pour sa jeunesse, et lui en profitait pour le tuer. C'était cela la guerre, il était un monstre, il était un homme, il avait sauvé sa vie pour cette fois-ci. Et l'intense soulagement qu'il éprouvait en voyant le Platéen plier les genoux et rouler au sol lentement l'emportait sur toutes les autres considérations.
Il aurait aimé s'arrêter là et méditer sur les deux morts qu'il avait déjà à son actif, réfréner aussi comme une envie de pleurer qui le prenait à la gorge. Deux morts en quelques minutes, c'était beaucoup pour un enfant de dix-huit ans qui n'avait encore jamais combattu. Mais impossible de s'arrêter : de toutes parts les Platéens revenaient à l'assaut.
Léonidas n'aurait su dire combien de temps il se battit ainsi, s'escrimant à l'aveuglette contre des ombres ; des minutes, des siècles. De temps en temps, il se demandait où était Pythias, et pourquoi Pythangélos ne donnait aucun ordre. Peut-être l'avait-il fait ; mais comment l'entendre dans le fracas de l'orage, les hurlements des femmes qui les insultaient maintenant du haut des toits ? Peut-être était-il déjà reparti, abandonnant ici Léonidas et quelques compagnons dont il distinguait autour de lui les ombres et les cris.
Le combat marqua soudain une accalmie, tandis que les Platéens reculaient pour se regrouper ; et comme par miracle, Léonidas vit Pythias à ses côtés. Un intense soulagement l'envahit. Pythias chuchotait :
– « Il paraît que les Platéens ont barricadé toutes les rues qui menaient à l'agora.
– Mais alors, dit Léonidas, nous sommes bloqués ici ?
– Peut-être pas, répondit Pythias. On vient de me dire que la voie ouest a été dégagée. Viens vite, on va essayer de passer par là.
– Mais, objecta Léonidas, et Pythangélos ? Il faut attendre ses ordres. »
On lui avait bien répété, alors qu'il commençait son service militaire, qu'un soldat ne doit jamais abandonner son chef.
– « Si tu sais où il est, ricana Pythias, va prendre ses ordres. Allons, viens ; j'ai déjà eu assez de mal à te trouver, toi. Dans ces cas-là, crois-moi, la consigne est que chacun essaie de s'en tirer, et on se regroupe à l'extérieur. Viens, te dis-je ; on a déjà perdu trop de temps. »
Léonidas hésitait encore ; mais quand il vit Pythias s'éloigner, il lui emboîta le pas. Aucun Platéen ne les poursuivit.
Ils s'engagèrent dans la voie o

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