Mémoire d Ambeille
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Mémoire d'Ambeille , livre ebook

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Description

Né en France, de parents espagnols, optant pour la nationalité française (droit du sol), l'auteur a du faire cohabiter ces deux cultures puis une troisième (de 1940 à 1944), germanique, suite à l'annexion, après l'armistice, des départements alsaciens-lorrains.
Les souvenirs de son enfance, la cohabitation des cultures, les vécus de la guerre et de l'après-guerre, ont su nourrir sa vision du monde.
L'auteur analyse ces changements ainsi que leurs impacts sur sa propre évolution et nous donne les clefs de ses opinions et croyances, pour nous amener à explorer les possibilités de nos devenirs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332911964
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91194-0

© Edilivre, 2015
Mémoire d’Ambeille

A mon épouse, Michèle.
A mon fils, Eric.
A ma petite-fille, Jade.
A tous mes frères et sœurs.
A tous mes amis de Lorraine, de Majorque et du Languedoc-Roussillon.
A mes amis de partout et d’ailleurs.
Préambule
Dans la première moitié du XX° siècle, les relations entre parents et enfants étaient beaucoup plus réduites que de nos jours.
Les parents nous donnaient l’exemple d’une bonne « façon de vivre », les tenues et attitudes de la « bonne éducation » et les premières notions de morale, par de modestes louanges et de strictes punitions… Le reste nous était inculqué par l’école, la fratrie, l’environnement social et la catéchèse…
Beaucoup d’affectivité, dans la petite enfance, mais ensuite les contacts et les échanges se résumaient à des directives et des ordres qui n’étaient pas discutables.
Nous n’avions pas à connaître les états d’âme de nos parents, ni leurs pensées profondes, leurs regrets, leurs espoirs ou leurs souhaits.
Il fallait nous contenter d’écouter et de ne pas trop poser de questions, surtout si elles touchaient à l’intime…
C’est ainsi que, l’âge venu, les parents disparus, on se rend soudain compte qu’on ignorait tout d’eux. Les pensées et opinions nées de leurs expériences, les bonheurs comme les tristesses de leur vécu intime, leur éthique et leurs croyances religieuses au-delà des apparences, tout nous était caché, même et surtout les détails de leur vie avant nous.
Je ne sais pas ce que mon père ou ma mère pensaient réellement… Je sais seulement l’image exemplaire qu’ils souhaitaient nous laisser.
Je souhaite que, par cet écrit, mes descendants, enfants, petits enfants et arrière petits enfants, échappent à cette incertitude. Même s’ils n’en retiennent que la dernière phrase, je pense qu’il était bien de l’écrire.
Vivre est un équilibre instable entre l’inné et l’acquis, entre ce que nous pouvions être et ce que nous devenons, entre les pulsions de notre cerveau reptilien, conformé selon nos gènes, et les souhaits de notre cerveau supérieur, cortical, nourri de l’éducation reçue et de l’environnement vécu.
Lieux-communs, il est vrai, mais qui restent et la forge et l’enclume de toutes les destinées humaines.
Socrate disait : gnôthé séauton (connais-toi) et chacun d’entre nous est appelé à devenir la version la plus évoluée de lui-même.
Le Vécu forme l’Etre et l’Etre cherche son Devenir.
Je dirai ici l’essentiel de mon vécu, de la petite enfance à l’âge adulte, période de formation de l’être. J’essaierai de donner les grandes lignes de cet être, puis j’analyserai les devenirs possibles, compte tenu et du vécu et de son moule formateur.
« La vie peut seulement être vécue en regardant vers l’avant mais elle ne peut être comprise qu’en regardant derrière soi »…
(Soren Kierkegaard)
Le Vécu
Mon père, né, à la fin du 19° siècle, dans une petite ville portuaire (Soller), enclavée entre mer et montagne, sur la côte nord de l’île de Majorque, était le troisième fils d’un artisan menuisier qui, bien que propriétaire de son atelier et de sa maison, peinait à nourrir et élever ses cinq enfants.
La situation économique de l’Espagne était, à cette époque, désastreuse et beaucoup de ses jeunes n’avaient d’autres choix que de s’expatrier en France, ou dans les pays de langue hispanique (Amérique centrale et du sud).
A la fin de ses études primaires, sachant juste lire, écrire et compter, mon père, après quelques essais d’apprentissage dans une boulangerie, puis un salon de coiffure, partit rejoindre en France, avant la grande guerre, un de ses amis qui essayait d’y créer des points de vente pour les oranges de Majorque.
Amenées par des nacelles (petits voiliers méditerranéens) jusqu’à Marseille, ces oranges étaient d’abord vendues pour leur peau à des fabricants de Cointreau et autres liqueurs, puis, les oranges pelées étaient récupérées et revendues à des marchands de quatre-saisons qui, avec leurs charrettes, les écoulaient dans les rues de Marseille.
A partir de cette base, les Majorquins remontaient et créaient des comptoirs dans toutes les villes, jusqu’à la mer du Nord. Chaque nouveau dépôt était confié à un frère, cousin, ami, ou simplement « du pays ».
Dans presque chaque ville de France, dans la rue la plus commerçante, il y avait un commerce de fruits et légumes, tenu par un Majorquin.
Mon père suivit cette filière, d’abord employé, puis associé et un jour à son compte. Sa situation faite et consolidée, mon père revint au pays pour y prendre épouse.
Il choisit une des filles du maire, qui, après quelques rencontres (toujours en présence d’un tiers) et une neuvaine au Saint-Esprit, finit par accepter…
La messe dite, mon père revint à ses affaires en France, accompagné de ma mère qui s’efforçait de perfectionner au plus vite son français…
Autres temps, autres mœurs…
Je vins au monde à la fin du premier tiers du vingtième siècle, (1933), à Metz, en Lorraine, où mes parents, à force de savoir faire, de travail et de disponibilité, jouissaient déjà d’un commerce florissant (mon père avait eu la bonne intuition d’étendre ses activités à toute l’épicerie fine, créant en Lorraine l’équivalent, à l’échelle locale, des meilleures épiceries parisiennes comme « Fauchon » ou « Hédiard »).
Quatrième enfant d’une famille qui en comptera sept, je dois dire que cette importante fratrie fut très active dans le développement progressif de mon moi et de mon sur-moi.
Au rang de quatrième, j’étais encadré par trois plus âgés et trois plus jeunes, et j’avais trois frères et trois sœurs. Il m’a toujours semblé être le centre de gravité, le point d’équilibre de cette belle fratrie. Belle, en effet… Nous totalisions ensemble plus qu’un demi-millénaire, et paraissions indestructibles.
Mais surtout belle par son esprit et sa fidélité. Personne ne juge personne, on peut chercher à comprendre, mais on reste toujours solidaires et disponibles.
Malgré les aléas de la vie, les séparations et les distances, nous sommes restés rarement plus d’un an sans faire l’effort de nous retrouver, soit à Majorque, pour des vacances ou des obligations familiales (mariages, naissances ou décès), soit pour des week-end prolongés que nous organisions d’un commun accord, à Paris, Londres, Séville, Valencia, Madrid, les Vosges… ou Collioure.
Enfants, nos parents ne nous parlaient qu’en français. Nous avons quand même très vite acquis un peu de parler catalan, ou plutôt majorquin, d’abord en les écoutant débattre entre eux de sujets qu’ils préféraient que nous ne comprenions pas, et ensuite, au cours des grandes vacances que nous passions chaque année à Majorque, où il fallait bien communiquer avec nos grands parents, oncles, tantes et une tribu de cousins et cousines.
Une de ces grandes vacances nous vit même rester à Majorque presque toute une année, à la demande de mon père, qui, suite à l’offensive allemande, préféra que nous attendions la fin des combats pour rentrer.
Ma mère avait l’habitude de partager nos séjours à Majorque entre mer et montagne. Nous avions une villa en bord de mer, sur la baie de Soller, et une propriété rurale, une vallée à l’intérieur de la partie montagneuse de l’île, faite de beaucoup de rochers sur les crêtes, un peu de forêts sur les versants (pins méditerranéens et chênes lièges) et le val en amandiers, oliviers, garouviers et figuiers.
Cette propriété de campagne était très isolée et hors la famille du fermier, les plus proches voisins étaient à plus de trois kilomètres.
Ma mère nous y imposait le séjour à notre arrivée, pour nous habituer au soleil et les dix derniers jours avant le retour, pour nous calmer de l’air marin qui, disait elle, nous mettait trop les nerfs à vif… Le reste des vacances, nous alternions les séjours à la mer et le retour au calme dans cette propriété.
Les séjours au bord de mer nous permettaient de retrouver tous les matins nos amis à la plage, chacun dans sa bande d’âge, et d’organiser pour l’après-midi une excursion vers une des multiples sources s’écoulant au pied des montagnes, où nous pouvions rafraîchir, puis manger le melon que nous avions apporté, entre deux chansons et trois histoires drôles…
Au fil des années ces occupations très innocentes, évoluèrent tout normalement vers les surprises parties, et les flirts… A cette époque, nous préférions tous le séjour à la mer… !
Mais, avec le recul de l’âge, j’ai maintenant la plus grande nostalgie de notre campagne (« San Creuz »). C’était une propriété, autrefois fortifiée, reconstruite probablement sur les murs d’une ancienne résidence d’un seigneur arabe.
On y accédait par une route en terre qui sillonnait dans la propriété entre la route départementale (reliant le village aux hameaux de la vallée) et l’entrée de la demeure, qui se faisait par un long porche voûté débouchant sur une grande cour intérieure empierrée, au centre de laquelle trônait un bassin de pierre rond, surmonté d’un jet d’eau central dont j’ai encore le chant dans les oreilles…
Le fond de ce grand patio était occupé par la maison du fermier et les écuries des mules. Le côté sud était clôturé par une murette qui surplombait un jardin potager trois mètres plus bas et permettait de voir toute la vallée orientée vers la baie de Palma, (et probablement de guetter, autrefois, les visiteurs indésirables…).
Les deux autres côtés étaient occupés par la maison principale, en L, dont la grande face portait en diagonale un long escalier menant de la cour intérieure à l’étage qui était la vraie demeure.
Le rez-de-chaussée était utilisé par le pressoir à olive, (nous faisions notre propre huile), par la réserve où trônai

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