Mémoires
294 pages
Français

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Description

Ceux d'entre nous qui s'interrogent sur leurs origines parce que leur nom ne figure pas dans l'armorial, auraient tort d'être inquiets. “Les Auvergnats descendent de leurs ancêtres” dit péremptoirement Alexandre Vialatte, qui a étudié la question. Plus encore que ses propres mémoires, ce sont celles de son village auvergnat, de ses castes, de ses clans, de ses habitants durs à la tâche que conte Henri Soulier… Comme il aurait pu le faire, avec verve et faconde, le soir autour de l’âtre. Les moins de vingt ans n’ont pas connu la guerre et la rudesse des hivers campagnards, la rivalité des gens des plaines et des montagnards, mais tous, gageons-le, se retrouveront dans les habitants pétris d’humanité de ce bout de terre auvergnate cher à Henri Soulier. Quand les souvenirs affluent, l’auteur les réorganise en thématiques qui constituent autant de petites nouvelles, à lire d’une traite pour les plus impatients, ou à grappiller simplement, au fil des envies.

Informations

Publié par
Date de parution 22 décembre 2011
Nombre de lectures 27
EAN13 9782748372649
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0101€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoires
Henri Soulier Mémoires
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0116562.000.R.P.2011.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011
Le 11 novembre 1918 Le 11 novembre 1918. J’ai de bonnes raisons de m’en souvenir. C’est le jour où notre vache Violette faillit cre-ver. Si je puis attester la date de cet événement, dont j’ai gardé le souvenir très présent, c’est que, le même jour, il s’en produisit un autre, qui eut un retentissement plus con-sidérable dans le monde, et même dans notre village, mais qui, sur le champ, me parut beaucoup moins lourd de con-séquences. Dans la nuit, donc, un petit veau était né dans notre éta-ble, et, dès le réveil, ma sœur et moi, nous étions allés le caresser, encore tout flageolant sur ses pattes grêles, mais les yeux déjà bien ouverts sur le monde où il venait de faire son entrée, et que sa mère, affalée devant la crèche semblait près de quitter. Les deux vieux du voisinage, appelés en consultation, étaient accourus clopin-clopant : le père Masse, que nous appelions Baptistu, tout blanc de poil, tout rond sur ses jambes courtes : le père Moury, doyen du village, grand sec, appuyé sur la canne qui ne le quittait jamais. Ils avaient hoché la tête, évoqué des situations semblables, qui, toutes, avaient mal tourné. Puis, ils étaient partis, lais-sant ma mère à son inquiétude. En partant pour la guerre, mon père lui avait confié la ferme, et le poids de ses res-ponsabilités l’accablait.
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Son inquiétude était si visible qu’elle nous avait ga-gnés, et, ce matin-là, nous avions oublié de nous chamailler. Vers onze heures, elle revint à la cuisine, où nous nous étions réfugiés et se mit en devoir de préparer le repas de midi. Soudain, elle tendit l’oreille : — Tiens, dit-elle, surprise. On entend la cloche de Ver-nassal. Le temps va changer. Elle se dirigea, pour voir, vers la porte restée ouverte, puis, brusquement, elle se précipita sur la route, où je la suivis, étonné. C’était un de ces jours d’automne où le ciel est plus limpide, le soleil plus brillant, la lumière plus crue qu’au cœur de l’été : une lumière de jour de fête. De la route, on entendait maintenant les cloches sonner à toute volée de toutes parts : d’Allègre, de Céaux, de Vernassal, et, semblait-il, de plus loin encore ? Je n’avais jamais entendu cela. Déjà, chaque maison avait dégorgé ses habitants sur la route où se formaient de petits groupes. Je vis des visages épanouis ; il y eut des interpellations joyeuses, puis j’entendis des pleurs bruyants devant la ferme des Moury. Du pré qui s’étendait sous la ferme des Martin, face à notre maison, d’autres sanglots leur répon-dirent. Le sourire de ma mère se ferma. Elle me prit brusquement par la main, et m’entraîna dans la maison. Je demandai : — Pourquoi elles pleurent, la Clémence, la Maria ? La guerre est finie, dit ma mère, et leurs soldats ne revien-dront pas. Mais ton papa, lui, va revenir. Il se passait, décidément, ce jour-là, des choses éton-nantes.
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