Mon cauchemar sucré
522 pages
Français

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Mon cauchemar sucré , livre ebook

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Description

Sous la forme d’un journal, l’auteure nous confie son long parcours pour venir à bout de sa maladie et nous fait partager ses nombreuses interrogations. Pourquoi la nourriture est-elle une obsession, un cauchemar, alors que les autres ont l’air de si bien gérer cela ? Après quatre ans d’anorexie et deux ans de boulimie, avec tout son cortège de purs moments de désespoir, il est temps de sortir de là. Mais comment vivre sans les « crises » ? Si la dépendance pour la nourriture est guérie, une autre ne va-t-elle pas prendre sa place ? Ces crises qui calment, qui canalisent la colère : acheter de la bouffe, manger à n’en plus pouvoir bouger, vomir. Heureusement, il y a la musique qui offre de petites bulles de légèreté, qui permet de s’évader en se promenant un casque sur les oreilles ou de bien débuter une journée. Déménagement à Dijon et nouveau traitement à base de nutrition entérale à l’aide de sondes. Stress, découragement, c’est dur de tenir sa motivation... et dur de ne pas manger, de ne pas criser une fois la sonde posée. Le premier essai ne s’avère malheureusement pas très concluant. Juste dix heures.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414156375
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15635-1

© Edilivre, 2017
Stop – crying
Mardi 5 mai 2009
Huit ans que la nourriture est une obsession pour moi. Deux ans passés à l’apprivoiser, à jouer à fuis moi je te suis, suis-moi je te fuis, à apprendre par cœur les régimes et les bases de la diététique, deux ans à apprendre comment faire pour plonger directement en enfer.
Puis la chute, l’anorexie, le poids qui descend mais l’image dans le miroir qui ne fais qu’enfler, grossir, se déformer jusqu’à en devenir hideuse, repoussante, le corps devenu objet de haine, les journées rythmées par une seule obsession : le faire plier. “Show your body who’s the boss !”
L’incompréhension… pourquoi les autres sont-ils heureux ? Pourquoi mangent-ils ce qu’ils veulent sans avoir à compter, sans avoir à faire du sport après, sans avoir peur de prendre des kilos, sans avoir peur de grossir et grossir encore sans que jamais ça ne s’arrête… et pourquoi sont-ils si minces, tous, pourquoi moi suis-je si grosse ? Pourquoi me disent-ils que je suis maigre alors que je suis énorme… disent-ils cela parce qu’ils ont pitié de mon obésité ? Seraient-ils tous hypocrites, autour de moi ?
Et un jour, le corps qui se rebelle. Si la tête refuse de l’admettre, le corps, lui, n’en peux plus. Alors une fois, on craque. Puis deux fois, puis trois fois… la panique, la terreur, et la hantise de grossir est toujours là, le mental reste anorexique mais le corps s’est mué en un monstre insatiable videur de placards, frigos, véritable gouffre sans fond qui se satisfait autant de sucré que de salé, de cuit ou de cru, de périmé ou dé congelé, peu importe, tout ce qui se mange est bon pour lui… Mais la peur des kilos est là, toujours là, même plus forte que jamais, la lutte contre le corps continue, il a voulu avaler, je le ferai recracher, et les journées se transforment en allers et retours incessants entre la cuisine et les toilettes, entre les supermarchés et la pénombre rassurante d’un appartement devenu territoire de la boulimie. La vie se résume à manger, vomir, se scarifier, s’isoler, manger, vomir…
Les amis, il n’y en a pas. La famille, on l’évite. Seule reste la boulimie, la seule amie, amie destructrice, amie bourreau mais si rassurante, si tentante, lorsqu’elle vous chuchote à l’oreille que tout ira bien, qu’elle est là, qu’elle ne vous laissera jamais tomber… elle ment, elle ne nous veut pas de bien. Elle ment, elle ne veut pour elle toute seule jusqu’à la mort. Mais elle ment si bien…
C’est de tout cela que je veux me sortir. Quatre ans d’anorexie, deux ans de boulimie, accompagnées de dépression, d’automutilation, et de kilos de larmes. Ça sera dur, ça sera long, peut-être aussi que ça sera inutile… mais je veux essayer, pour ne pas avoir de regrets. Pour enfin redécouvrir celle que je suis sans les troubles alimentaires… et que j’ai oublié depuis bien longtemps.
Mardi 6 mai 2009
Excessive.
Aller toujours à l’excès, telle est ma philosophie. Ce n’est pas un choix… c’est mon tempérament, et sans doute va-t-il falloir que je me batte toute ma vie contre cette tendance-là.
Toujours cette recherche de jouissance, que ce soit par le fait de ne pas manger et maigrir, ou bien de trop manger puis se purger, ou bien de faire du sport jusqu’à suer sang et eau, ou bien en écoutant mes musiques du moment en boucle jusqu’à m’en écœurer, juste pour oublier le monde qui m’entoure.
Sans doute car je n’ai jamais trouvé de plaisir ou de joie nulle part ailleurs. Les amis, la famille ? Quel ennui. Les cours ? Le travail ? So boring . Les loisirs, divertissements, les soirées, les fêtes, les sorties… ça divertit les autres, moi ça ne m’a jamais divertie.
Depuis toujours je suis une égoïste solitaire, j’ai toujours préféré être seule, petite je jouais toute seule avec mes Barbies ou mes Playmobils, je les faisais parler dans ma tête, avec moi pas d’histoires de princes charmants ou de princesses dans des donjons, ils vivaient à la dure mes jouets, ils devaient traire les vaches et faire les boxes de chevaux, que voulez-vous j’ai toujours été plus attirée par la vie à la campagne que par le strass et les paillettes !
Je dessinais beaucoup, j’écrivais beaucoup, les copines c’était réservé pour l’école, le collège et le lycée, mais en-dehors, pas question, hors de question que je supporte une présence autre dans mon petit monde à moi, avec mes occupations à moi, mes rêves à moi, mon temps à utiliser comme je l’entendais.
L’anorexie a juste été dans la continuité de tout cela. J’ai grandi et les Barbies et Playmobils ne m’ont plus intéressée… peu à peu, je suis passée aux débuts d’après-midi devant C’est Mon Choix vautrée dans le canapé à manger des Snickers. Ou la lecture de magazine allongée sur mon lit avec un bol de Chocopops. Le soir, c’était sandwich au jambon devant Qui est Qui. Plaisirs simples, basiques même, la bouffe remonteuse de moral… puis est venu le temps des défis, « et si aujourd’hui je me limitais à huit carrés de chocolat, et si je bannissais les Snickers, et si je tentais de suivre les conseils d’alimentation équilibrée dont parlent les magazines que je lis… »
L’anorexie n’est pas partie d’une envie de maigrir. Malgré les plaisirs alimentaires que je me suis accordés pendant un an, je n’ai pas grossi, j’ai la chance d’être née dans une famille où tout le monde est fin et mince. Non, c’était une envie de contrôle, une envie d’être fière de moi, une envie d’asservir mon corps, finalement une recherche de sensations fortes, de plaisir, comme un but à atteindre qui me motivait pour me lever chaque matin.
Je vivais à cent à l’heure, tout était calculé, heures de cours, heures de marche, heures de sport, heures de devoirs, heures de télé, heures de ménage, tout prévu, un plan bien rodé que je m’imposais chaque jour, et sans arrêt des calculs dans ma tête, calories absorbées, dépensées, courbe de poids, variations, projections, pas étonnant que je sois passée de sept à quinze de moyenne en maths !! La boulimie, elle correspond à une légère mutation de tout cela, un transfert de « l’orgasme de la faim » vers « l’orgasme du remplissage ». Certes la boulimie m’a apporté une chose que l’anorexie n’avait pas : la honte, la culpabilité, le sentiment de nullité, d’être bonne à rien, la honte d’avoir craqué… mais j’ai bien vite appris à contrecarrer cette culpabilité, par les vomissements, façon de se laver tant de la nourriture, ce corps étranger qui me salit, que de la culpabilité et la colère, façon de se vider tant le corps que l’esprit.
Et c’est devenu pour moi un nouveau passe-temps, ne plus éviter les aliments, mais au contraire les dévorer, passer des heures au supermarché à chercher de quoi j’ai envie, être hypnotisée par toute cette bouffe qui devenait accessible alors qu’elle m’était interdite, et moi qui étais une pro des calories, je suis devenue une pro en matière de « vomissabilité » des aliments.
Je crois que c’est pour cela que je n’ai jamais réussi à m’avouer que je suis dépressive, malgré ce que m’ont dit les différents psys et médecins que j’ai rencontrés. Comment puis-je être dépressive alors que ma vie entière est tournée vers mes propres plaisirs, mes propres jouissances, comment puis-je être dépressive alors que j’ai l’impression de vivre mes passions (passion de la non bouffe ou de la bouffe) ? Pour moi, dépression rime avec malheureux, triste, sans espoir, pleurs, or ma vie est toute autre… peut-être que la tristesse je la cache, peut-être que si je vis à 100 à l’heure c’est pour ne pas avoir à réfléchir, peut-être que derrière cet équilibre instable de bonheur de façade il n’y a qu’un grand vide, un trou béant dans lequel j’ai jeté toutes mes peurs et mes peines… Mais ce trou, je l’ai recouvert à coup d’anorexie et de boulimie. Et si je n’ai plus ça, j’ai peur d’y tomber, dans ce trou noir.
Jeudi 7 mai 2009
Sonde en vue…
Ça se précise pour la sonde… on a enfin trouvé un « accord » avec la nutritionniste de l’hôpital de Dijon. Au départ, elle avait prévu que je passe deux poches d’un litre par jour, une de vingt-deux heures à six heures trente (ce qui ne me dérangeait pas) et une de sept heures à quatorze heures (et donc, j’aurais dû passer la matinée au travail avec la pompe en marche…) Or, je bloque complètement là-dessus, déjà qu’arriver au travail la première fois avec mon tuyau ça va être extrêmement dur (je ne sais pas comment je vais gérer ça, ni si je vais y arriver…), mais alors devoir en plus faire passer une poche là-bas, ça je crois que c’est au-dessus de mes forces !
J’ai expliqué le problème à la nutritionniste : je lui ai dit que je ne me sentais vraiment pas le courage de devoir aller travailler avec une poche de nutrition et que s’il n’y avait pas d’autre solution, me connaissant, je risquais fort de me dégonfler et de tout arracher le matin venu…
Heureusement, et le hasard faisant bien les choses, le Pr Rigaud est passé à ce moment-là dans son bureau, alors que j’étais au téléphone avec elle, et elle a donc pu voir directement avec lui pour trouver une solution.
Donc finalement… je ne passerai pas deux poches d’un litre par jour, mais une d’un litre et une de cinq cent millilitres (à calories égales bien sûr… n’empêche que j’ai quand même posé la question, sait-on jamais, des fois qu’elle ait décidé de m’enlever 500 kcal !!)
La poche d’un litre la nuit est maintenue. En revanche, je passerai la moitié de la poche de cinq cent le midi et le reste en début de soirée. Ou, si je le sens, la totalité de la poche de cinq cent en soirée (mais comme le midi est assez critique pour moi je préfère en passer un peu à cette heure-là pour être sûre de ne pas criser).
J’ai été vrai

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