Mon histoire aux sapeurs-pompiers de Paris
152 pages
Français

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Mon histoire aux sapeurs-pompiers de Paris , livre ebook

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Description

Le courage consiste à dominer sa peur. C'est ce qu'a appris l'auteur au cours de ses vingt-six années comme pompier de Paris. Jeune provincial du midi de la France, il n'avait alors qu’une idée en tête : le sport, n’importe lequel, de quelque façon que ce soit. Le seul diplôme obtenu à l’issue de ses jeunes années est celui de moniteur de culture physique et sportive. Après son service militaire, il saisit la possibilité de servir au régiment des sapeurs-pompiers, ce qui fut pour lui une consécration. Au cours de sa carrière, il a de maintes fois eu l’occasion de constater qu’une bonne condition physique était indispensable pour dominer sa peur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782334074414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-07439-1

© Edilivre, 2016
Dédicace


À mes enfants, et mes collègues du métier.
Mon histoire aux sapeurs-pompiers de Paris
 
 
Pompiers de Paris. Bigre ! Le nom sonne fort bien aux oreilles françaises, voire mondiales… et plus encore aux franciliens. Qu’en est-il réellement ?
Ce sont des hommes, comme vous et moi, partis de leur province natale, un brin sportifs et stoïques, embrassant d’un coup une carrière, ou plutôt un idéal fait d’embûches, de surprises, de doutes, de contraintes physiques et morales, devenant plus une vocation qu’un métier. Le pompier, le terme à mon sens suranné, est incomplet. Il n’est plus un simple manœuvre mais au service de la population humaine et animale, ne faisant cas ni de philosophie, ni de religion, ni de tendance politique, que l’on soit jeune ou vieux, riche ou pauvre, français ou étranger, il n’a qu’un but : secourir, car sa devise est sauver ou périr .
Je suis né à Marguerittes le 10 novembre 1931 dans le Gard, sportif dans l’âme, pratiquant le football, le judo, l’athlétisme et le culturisme avant l’heure. J’obtiens en 1952 à Bordeaux le monitorat national d’éducation physique. Ce brevet me permet d’enseigner le sport lors de mon service militaire en Tunisie, dans l’infanterie de marine au cours des années 1952-1953. De retour au pays avec le grade de sergent, je me marie en octobre 1953. Une information radiophonique me motive très vite : les pompiers de Paris recherchent des volontaires, anciens militaires ou non.
À la suite de ma demande écrite, un premier test de culture générale me mobilise une journée entière à la gendarmerie de mon village. Huit jours plus tard, par un matin pluvieux du 9 décembre 1953, me voilà à la sortie de la gare de Lyon à Paris, planté avec ma valise à la main devant un plan du métro pas très compréhensible pour moi. Alors que je suis plongé dans mon incertitude, quelqu’un me frappe sur l’épaule. Je me retourne, une jeune femme se tient devant moi.
– Que cherchez-vous monsieur  ?
Interloqué, je lui indique mon point terminal : le boulevard de Port-Royal . Elle comprend très vite, avec mon accent, la nécessité de son intervention.
– Qu’à cela ne tienne monsieur ! Voilà, vous prenez…
Et elle me démontre, gestes à l’appui, le méandre des directions, des changements de lignes, des correspondances. Puis, très sérieuse :
– Avez-vous compris ?
– Oui madame, je crois !
Après mes remerciements, elle m’adresse un charmant sourire et, du même coup, ma première leçon de courtoisie :
– Pas madame, mais mademoiselle.
En partant de son petit pas pressé vers son destin, elle me fait un petit geste de la main.
Ce sourire est mon premier contact avec la vie parisienne.
Vers 7 h 30, en émergeant de la station Port Royal, ma première vision est, à la lueur falote des réverbères, quelques ombres furtives vêtues de grandes capes sombres se hâtant sur le trottoir mouillé. Je crois d’abord à des moines. Mais non, ce ne sont pas des moines, car tous s’engouffrent par une petite porte à l’adresse indiquée sur ma convocation. J’emboîte le pas de ces silhouettes noires pour me retrouver parmi eux dans la cour de la 5 e Compagnie. Ce ne sont pas des religieux, mais des pompiers de Paris ! Plus tard, je me rends compte d’une certaine similitude entre ces deux corporations.
Donc dans cette cour, où règne déjà l’agitation d’un rassemblement imminent, je demande l’infirmerie régimentaire. Elle se trouve en bout de cour dans des établissements proches. Sur la présentation de ma convocation, on me fait entrer dans une salle d’attente. Nous sommes dix, tous anciens militaires, venant des quatre coins de France. Je suis le seul méridional. À huit heures, la visite médicale nous sépare pour toute la matinée, et vers midi le médecin-chef, un homme corpulent, sympathique, d’un franc-parler qui roule les « r », nous réunit et nous annonce :
– Jeunes gens ! Revenez ici demain à 9 h. Les résultats seront là. Pour le moment vous êtes libres.
Parmi les dix, nous sommes deux mariés, moi et un gars de Lyon. Les autres célibataires sont allés dieu sait où dans la grande capitale. Sagement, le lyonnais et moi avons pris une chambre à l’hôtel du coin.
Le lendemain, le verdict tombe. Un jurassien, pour des problèmes articulaires, et mon copain, pour une trop importante transpiration des pieds, sont refusés. Vers dix heures nous sommes huit à franchir, à l’arrière d’un camion, la voûte d’entrée de la caserne Chaligny, près de la gare de Lyon, et du même coup dans la 1ère Compagnie. Ce lieu me paraît austère, voire monacal : une grande cour rectangulaire, cernée de constructions à trois étages d’aspect sévère. À priori l’ordre y règne en maître.
À notre descente de camion, un caporal nous accueille au centre de la cour.
– Je m’appelle Norin 1 . Bienvenue à la 1 ère Compagnie. Je vais vous conduire à votre chambre. Demain réveil à 6 h. Le réfectoire est là, sur votre droite. Repas à midi et à 19 heures.
C’est une grande chambre collective au premier étage, plus longue que large. Une double rangée de fenêtres éclairent les lieux. D’un côté elles dominent la rue de Chaligny, de l’autre elles offrent une vue sur la cour de la caserne. Une trentaine de lits en fer en occupent les côtés. Chaque lit est pourvu d’un placard métallique. Une dizaine de sapeurs, tout juste sortis de leur instruction, y cohabitent avec quelques anciens, dont certains ont la distinction de sapeur de 1ère classe.
Lits attribués, affaires déballées, vignettes à notre nom apposées sur les placards individuels, le caporal nous fait ensuite pénétrer dans le réfectoire déjà bien occupé. Un quasi-silence y règne : pas de chahut, d’éclats de voix. Non, les quelques vingt jeunes hommes mangent pratiquement en silence. Il est vrai, chose nouvelle pour moi, qu’un poste de télévision, bien en évidence, diffuse en direct le couronnement de la reine Elizabeth d’Angleterre.
Passionnés par les images défilant sur le petit écran, nous mangeons un bifteck aux pommes (mets que je ne connaissais pas) lorsque soudain une sonnerie stridente, venant du plafond, nous fait sursauter. Tantôt brève, tantôt plus longue, elle semble formuler un message. Les sapeurs aux tables voisines s’arrêtent immédiatement de manger. Attentifs, ils écoutent. À la fin du dernier son, le plus long, tous crient : « C’est la grosse ! » Certains, déjà debout, se rassoient de nouveau, d’autres partent en courant, mastiquant leur dernière bouchée.
Giraudeau, un de mes huit copains qui avait acquis ses galons de caporal-chef dans les rizières d’Indochine en tant qu’engagé dans la Coloniale, s’adresse à notre guide :
–  Hé, Norin ! C’est quoi ça ?
Norin le foudroie du regard :
– Caporal Norin s’il vous plaît.
Puis, se tournant vers nous.
– C’est rien. Ça décale.
Devant la froideur de son regard, le ton de sa voix, la discussion s’arrête là. Pourtant, à la fin du repas, je m’adresse à lui :
–  Décaler et la grosse veulent dire quoi ?
Avec un flegme tout germanique, car il venait de l’Est, il me répond froidement :
–  Décaler vient du temps où les engins hippomobiles étaient munis de cales pour immobiliser les roues. La grosse est composée de deux véhicules fortement munie en moyens hydrauliques. Vous apprendrez cela plus tard.
À quatorze heures, dans la salle d’enseignement, l’adjudant de compagnie Menez nous présente le sergent Bondin .
– Il sera votre instructeur pour les trois mois à venir avec le caporal Norin. Maintenant vous allez passer un petit test d’instruction générale.
Sur ces mots, il répond aux saluts de nos instructeurs et se retire.
Bondin, originaire des Ardennes, de taille moyenne, dégage à priori une énergie musculaire évidente : sa largeur d’épaule est mise en évidence par un ceinturon de cuir, sur sa veste de tissu jaune clair, accentuant la sveltesse de son tour de hanches. Son regard bleu est incisif mais sans rudesse.
Il nous fait asseoir devant nos pupitres, nous dit quelques mots de bienvenue et nous invite à nous présenter individuellement. Chose faite, l’examen commence : problèmes, dictée, composition française sur le thème « le sport dans la vie », histoire, et surtout la moralité citoyenne. L’après-midi se déroule entièrement dans l’ambiance studieuse d’une classe d’école secondaire.
Le soir venu, dans la chambrée, enfin en compagnie de nos aînés, dont certains reviennent d’un service de sécurité dans un théâtre parisien renommé, l’ambiance est tout de suite sympathique : Tu viens d’où toi  ! Quel est ton nom  ! Bienvenue à la 1 ère  ! etc, etc.
L’un deux m’adresse la parole :
– À ton accent, tu viens du midi !
– Oui, de Nîmes.
– C’est pas courant ça un méridional ! Pourquoi t’es venu ?
– Ben, j’aime le sport. Je n’ai pas de métier. Je suis marié et…
– Tu es marié ! Tu sais il n’y a pas de mariés ici. Les gradés, et encore. Jusqu’en 52 le mariage pour les sapeurs était interdit. Alors tu vois, t’es passé juste ! Quel sport fais-tu ?
– Je suis moniteur d’éducation physique.
– Ah bon, et la gym ça te va ?
– Oui un peu.
– Et bien ici c’est la gym qui compte ! Regarde ce que l’on fait à Paris !
Et cet olibrius du nom de Delamarne ouvre une des fenêtres donnant sur la rue, pique un équilibre en force impeccable sur le rebord extérieur du mur, pieds pointés dans le vide pendant qu’un de ses collègues referme la fenêtre sur lui. Sur un claquement de talon la fenêtre est ouverte et mon Delamarne réapparaît sur un saut de mains dans la salle pour se réceptionner pieds joints, en saluant bras tendus à la verticale, devant mon étonnement, moi qui n’ait jamais su tenir un équilibre sur les mains. Bouleau, un ancien, me dit :
– T’inq

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