Né Israélite français en 1925
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Né Israélite français en 1925 , livre ebook

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Description

Né Israélite français en 1925 est une autofiction qui se veut le récit du changement radical vécu par les Juifs français lors de la Seconde Guerre mondiale.

Jérôme naît dans une famille bourgeoise parisienne, parfaitement intégrée et fière d'être française. Comment va-t-il réagir en s'apercevant qu'il est devenu un Juif pourchassé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334113090
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-11307-6

© Edilivre, 2016
Dédicaces


Je dédie cette nouvelle à Aristides de Sousa Mendes, consul général du Portugal, qui a réussi la plus grande action de sauvetage menée par un homme seul pendant la Shoah . Il a sauvé 30.000 personnes dont 10.000 juifs.
Lorsque la guerre éclate, le dictateur du Portugal, Salazar, qui tient à rester strictement neutre, ordonne aux consuls de ne délivrer aucun visa aux étrangers à la nationalité contestée, aux apatrides, aux juifs expulsés de leur pays.
Aristides de Sousa Mendes, qui a été nommé Consul Général du Portugal à Bordeaux en 1938, trouve ces directives inhumaines, contraires à sa conscience de catholique pratiquant.
Fin 1939, il rencontre le rabbin Jacob Kruger qui le convainc de sauver tous les juifs qui affluent à Bordeaux voulant fuir les nazis. Avant même la signature de l’armistice, à partir du 16 juin, Aristides de Sousa Mendes décide de désobéir et de délivrer des visas à tout le monde. Jour et nuit, sans relâche, aidé par sa famille, le consul signe des visas et tamponne des passeports.
Le 23 juin, Salazar le démet de ses fonctions.
Le consul n’en tient pas compte et marche à la tête d’une colonne de réfugiés qu’il guide vers un poste-frontière espagnol. N’ayant pas de téléphone, le douanier n’est pas encore informé de la décision de Madrid de fermer la frontière avec la France. Tous les réfugiés peuvent passer, munis de leur visa, et rejoindre le Portugal.
Aristides de Sousa Mendes vit le reste de sa vie dans la misère, soutenu par la communauté juive de Lisbonne. 1
1 . Source : www.ajpn.org (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie dans les communes de France, site web ouvert aux contributions d’Internautes)
Première partie
Dors mon enfant, mon fils chéri, dors sans tarder
L’oiseau, la rose se sont couchés
J’aime cette chanson, cette mélodie, ta voix.
L’enfant ne veut pas s’endormir,
Et la maman doit revenir
Près de son lit pour qu’il repose
 
Oui, reviens, je vais dormir…
Tu pars, le froufrou de ta robe…
Je dors.
J’ai besoin de toi, mère, tu es là ?
Suis-je vraiment ton enfant ? M’a-t-on trouvé dans la rue, dans un bois ?
Ça ne fait rien, je sais. Mais j’ai envie de ne pas savoir, d’imaginer.
L’appartement est vaste.
Le matin, par le téléphone intérieur, ma mère parle à la cuisinière et décide avec elle du menu du jour.
La cuisinière part faire les courses. Je n’ai pas le droit d’aller à la cuisine, ce n’est pas la place des enfants.
La femme de chambre arrive avec l’aspirateur, elle frappe à ma porte, je dis : « Entrez. »
Le soir la femme de chambre ferme les volets et fait la couverture.
L’après-midi je vais souvent à la lingerie voir repasser et je me love dans le panier à linge. Ou bien je joue au cerceau dans la galerie.
Ma gouvernante m’apprend à lire, à écrire et à compter. Elle est anglaise. Elle est sévère.
« Si tu fais des pâtés tu auras un bonnet d’âne. »
J’ai fait des pâtés.
J’ai assisté à la lente confection du bonnet d’âne. Avec un centimètre on a mesuré mon tour de tête. On a découpé dans un carton de longues oreilles et on les a cousues. C’était amusant à regarder faire. Moi je ne savais pas ce que c’était qu’un bonnet d’âne. Après on me l’a mis sur la tête comme un chapeau et tout le monde s’est moqué de moi.
J’ai beaucoup pleuré.
L’appartement est sombre. Les armoires sont très hautes. Le grand salon est fermé, on ne l’ouvre que lorsqu’il y a des invités. Dans le petit salon il y a une TSF. Parfois elle fait de la musique alors on l’écoute et il faut se taire.
Ma chambre à moi est bleue et sur les murs il y a du papier à fleurs.
Mon lit aussi est bleu avec des barreaux de bois. J’ai beaucoup de jouets dans un grand coffre.
Le père Noël ne m’en a pas apporté cette année ; il a peut-être pensé que j’en avais trop. Il m’a apporté un bureau avec un pupitre qui se soulève, on peut y mettre des livres et des cahiers. Dessus il y a des rainures pour poser les porteplumes. Il y a deux encriers.
Quand on part en promenade, l’après-midi, ma gouvernante me met des bottines blanches et serre les lacets ; elle me recommande d’essayer de ne pas les salir.
Quand j’arrive à mettre six anneaux sur mon bâton, le monsieur des chevaux de bois me donne un sucre d’orge enveloppé dans un papier. Il est très mince mais il a un goût délicieux… et puis je l’ai gagné !
Ma gouvernante s’assied sur une chaise. La chaisière arrive, on lui donne des sous, elle donne un ticket.
Je vais au tas de sable avec mon seau, ma pelle et mes moules. Je reviens m’asseoir de temps en temps. Ma gouvernante lit. On rentre à la maison pour le goûter. Le soir je mange seul dans la salle à manger. Les grandes personnes mangent plus tard.
Je me couche tôt et maman vient chanter.
Ma gouvernante s’appelle Miss Mac. Elle a deux grandes dents devant qui avancent. Elle semble avoir envie de mordre même quand elle sourit.
Quand elle me donne mon bain elle ne me laisse pas jouer assez longtemps avec mon poisson en celluloïd et mon bateau à voile. Elle dit : « Enough. »
Pour me laver la tête elle me renverse brusquement dans l’eau et je reçois du savon dans les yeux. Je pleure.
Elle dit : « Enough. » Ça m’est égal qu’elle parle anglais ou français puisque j’ai appris à parler les deux langues à la fois.
Il y a des jours où tout semble changé dans l’appartement. Une femme de ménage fait les cuivres, les boutons de porte et l’huis des armoires. Un bruissement inhabituel s’entend dans la maison où tout le monde s’active.
Il va y avoir une réception.
Le grand salon est ouvert, il y a des fleurs dans les vases, tous les lustres sont allumés.
On sonne à la porte. Les dames arrivent les unes après les autres. Elles donnent leur manteau et gardent leur chapeau sur la tête.
Derrière la porte fermée du grand salon j’entends un bruit assez fort ; c’est un bruit de fond qui enfle puis décroit puis enfle à nouveau et parfois quelques notes suraigües couvrent des notes plus graves. Ça ne cesse jamais…
Tiens, le bruit s’éloigne mais se retrouve dans la pièce à côté, la salle à...

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