Perles de glace et de sang
164 pages
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Perles de glace et de sang , livre ebook

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Description

Ce récit débute par les sensations douces de l'enfance de l'auteure dans une ferme d'un village du nord de la France vers les années cinquante. D'abord tranquille, la vie prend une tournure dramatique à mesure que le temps passe. Les scènes de maltraitance opposent une mère avilie, martyrisée, à la foi chrétienne ardente, à un père violent qui traumatise. Comme ses frères et sœurs, elle devait se soumettre aux ordres : aider aux durs travaux de la ferme tout en étudiant. Sa mère subissait des meurtrissures physiques et morales. L'auteure a toujours travaillé dur à la ferme, comme plus tard au lycée et à l'université pour s’en sortir. Cependant, elle a gardé des images tendres telles cet adieu à la terre : « Je fais glisser entre mes doigts cette poussière argileuse qu'il me faudra quitter pour une autre plus loin. ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334037471
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-03745-7

© Edilivre, 2016
Dédicace


A ceux et celles qui ont souffert de maltraitances intolérables durant leur enfance et leur jeunesse,
A mon frère et à ma sœur, dont l’enfance fut douloureuse et traumatisante,
A mes descendants et à vous, lecteurs de tous horizons et croyances, j’offre ce récit d’une partie de ma vie qui m’a appris comment trouver des instants de bonheur doux et paisibles auprès d’une Maman, comme fut la nôtre, une grande grand-mère au cœur plein d’amour pour ses enfants et petits-enfants.
Conseil : ne pas laisser ce récit dans les mains d’enfants de moins de 12 ans. Il pourrait affecter leur sensibilité et je n’ai aucunement l’intention de traumatiser qui que ce soit.
Citation


« Le passé est un fleuve qu’on ne remonte jamais. »
Henri Bataille (1904)
Prologue
Mercredi, 04 août 2010. Divonne-les-Bains
Cette fois, je me lance. Je m’attable pour ECRIRE mon autobiographie. Occupation toujours reportée par mille excuses, redoutée car je ne suis pas écrivain. Tâche ingrate mais que je sais libératrice. Je fais d’énormes fautes d’orthographe et de syntaxe. Il m’arrive d’écrire de longues phrases « à la Proust » où l’on ne comprend pas où je veux en venir. Mon style sera confus parfois. J’emploierai sans doute des expressions utilisées dans le Nord (59). Je remercie les lecteurs pour leur indulgence. J’écris avec mes émotions personnelles sachant bien que celui qui les reçoit peut les interpréter à sa manière. Je désire seulement coucher là sur le papier (maintenant sur l’ordinateur) des témoignages sans prétention aucune. Une manière peut-être égoïste de me livrer sans artifice, davantage avec le cœur plutôt qu’avec l’esprit. Ce seront des pages de moments forts, vécus avec tous mes sens. Je tâcherai au cours de ce récit de m’exprimer sans animosité dans le but que les souffrances endurées ne se reproduisent jamais plus dans nos familles ni ailleurs.
Pourquoi écrire seulement maintenant ? Sur conseils de personnes à qui j’ai conté des épisodes intenses de ma vie. Conseil aussi d’une psychologue, d’une thérapeute et d’amis proches : « se vider » par l’écriture. Mon enfance souvent douloureuse contraste avec les aventures physiques dures et pleines d’émotions dans la Nature à Madagascar que je relaterai dans d’autres récits si le temps m’est donné de le faire. Ce qui m’a surtout décidée depuis peu, c’est le décès de quelqu’un que j’admirais beaucoup : Bernard Giraudeau. J’ai rencontré un jour ce baroudeur au grand cœur à la fin d’une pièce au théâtre de la Gaîté Montparnasse. Après signature d’un autographe, il prit quelques minutes pour échanger sur Madagascar, là où je savais qu’il avait vécu de grands moments lors d’un Raid Gauloise. C’est lui (à l’époque, il n’était pas encore atteint par le cancer) qui me questionnait sur la situation du moment de la Grande Ile et sur ce que j’y faisais : enseignante de SVT au Lycée, théâtre amateur, toujours à la découverte invétérée de l’exceptionnelle nature du pays. La lecture de quelques-uns de ses ouvrages me donna envie d’écrire mes propres récits.
J’écris donc, dans un premier temps, à Divonne-les-Bains, non que j’y demeure, mais que j’y suis en cure « psy » pour la deuxième année consécutive. Si vous cherchez la spécificité des Thermes de Divonne, vous y découvrirez que l’on y soigne les dépressifs ou que maintes personnes viennent là pour des remises en forme, fatiguées par les rythmes et soucis de la vie actuelle.
Je suis donc « malade » selon certaines personnes, puisque je suis en cure à Divonne et que je pratique, entre mes périodes de soins, le yoga, la sophrologie, la méditation, le Tai chi… etc. Tout cela m’aide à mieux contrôler stress, angoisses, peurs, colères et à évacuer le choc émotionnel du passé. Bref, des méthodes douces qui font également disparaître les douleurs, quand elles sont pratiquées avec conviction. Mais cela ne « marche » pas avec tout le monde et je ne les impose à personne.
Concernant ce récit, je ne sais par quel bout commencer. Choisir un fil conducteur pour toute cette prose n’est pas facile. Je songeais dans un premier temps mettre des fragments de vie bout à bout dans le désordre.
Finalement, je commencerai par le début de ma vie remémorant les moments marquants des années passées en famille en France.
I 1948-1950 Souvenirs « flashs » avant 3 ans à Bévillers
A l’inverse d’Annie Duperey (référence à son livre « le voile noir ») nul besoin de photos, mais des flashs visuels imprimés en mémoire, des repères, pour revivre des scènes remontant à une époque où j’avais moins de deux ans. J’ai gardé souvenir de maints détails : sons, odeurs, sensations tactiles. Mes tantes ou mes parents s’étonnaient quand je leur relatais ces images ou sensations. Ainsi, je revois encore, ma grand-mère Man’Yo – comme on l’appelait tous – aller et venir dans la maison de Bévillers située près du cimetière. Bévillers est un petit village du département du Nord de la France. En fait, Man’Yo (entendre dans Yo le diminutif de Lorriaux, nom de famille de mon grand-père) n’était pas ma vraie grand-mère, puisque papa Yo, mon grand-père, s’est retrouvé veuf avec quatre enfants en bas âge à la naissance de ma Maman. Cette dernière n’a donc jamais connu sa maman, ma vraie grand-mère. Un manque dont elle souffrira.
Maman avait un frère jumeau : Paul, décédé à l’âge de six ans d’une forte fièvre non identifiée à l’époque. Papa Yo s’est remarié quelques années plus tard. Seul, avec « quatre enfants à élever et une ferme à tenir » comme on disait dans le Nord, il lui fallait bien continuer à vivre !
Il avait été « poilu » durant la guerre 14-18, aussi, il nous contait souvent la vie dans les tranchées. J’étais jeune et j’avais peine à imaginer les horribles conditions inhumaines dans lesquelles il avait vécu les combats de cette fichue guerre. Je ne comprenais pas non plus pourquoi il fallait aller au front pour, à chaque minute ou seconde, risquer d’avoir le corps déchiqueté par les bombes.
Je suis née en avril 1948, déclarée à l’état civil Françoise Marie Henriette Leroy mais j’aime ajouter Lorriaux Bricout (noms de famille de mes grands-parents maternels).
Man’Yo s’apprêtait donc ce jour-là d’août 1949, pour m’emmener avec elle à la gare rechercher mes parents de retour d’un grand voyage mystérieux. On ne voyageait jamais pour « faire du tourisme ». C’était un luxe. Et quand bien même on faisait un voyage, il fallait que ce soit pour une bonne raison ou un motif instructif. Je me souviens très bien, Man’Yo me portait dans ses bras en attendant le train et j’avais un gros pansement sur le majeur gauche. Elle m’avait gardée pendant l’absence de mes parents.
Un lapin m’avait mordu le bout du majeur (je porte encore la cicatrice). Man’Yo m’a fait une jolie poupée avec un pansement bandelette sur le doigt. J’étais fière de l’arborer. Mes parents me diront plus tard qu’ils m’avaient repérée de loin avec ce doigt blanc pointé vers le ciel. Je sus, bien après, qu’ils revenaient ce jour là de leur voyage de noce : un pèlerinage à Lourdes et Maman était enceinte. Oui, je suis issue d’une famille très chrétienne, catholique pratiquante, très scrupuleuse d’observer les textes de la Bible et les commandements de l’Eglise. Ceci, surtout du côté maternel donc des « Lorriaux ». Du côté paternel chez les « Leroy », on pratiquait bien en respectant les règles, mais c’était davantage pour se justifier face aux autres : bien « paraître », faire comme tout le monde, plutôt une façade. Nul ne choisit son père ou sa mère.
Avant de poursuivre, quelques mots sur les principes familiaux. Il était de coutume chez nous, que l’aîné de la famille ait droit aux études pour devenir religieux ou religieuse. Les enfants suivants, après avoir reçu quelque éducation à l’école du village, devaient revenir à la maison afin d’aider aux travaux de la ferme ou aux tâches ménagères. Même chose pour les mariages : tout était décidé par les parents ou la famille. Ceci permet de comprendre également la suite.
Ainsi, Maman n’avait pas choisi la vie de femme mariée, encore moins celle qui suivra. Mais quand on se marie, c’est pour le meilleur et pour le pire ! Nous avons retrouvé des correspondances de Maman qui désirait devenir religieuse. Sous la pression d’une tante « marieuse » et des propos de Ferdinand Leroy qui la pressait de choisir une mission dans l’éducation d’une famille, Anne Marie Henriette Lorriaux, se résigna à épouser celui qui deviendra son bourreau. C’était donc un mariage forcé, sans autre choix. Peut-être y avait-il des arrangements entre les familles Leroy et Lorriaux pour des questions d’argent ou de terres agricoles ? Nous avons trouvé des preuves écrites de ce mariage arrangé. Maman dut opter pour une mission de « mère au foyer ». Sans doute s’imaginait-elle qu’elle y trouverait quelques instants de bonheur ?
Cela paraîtra aberrant à certains lecteurs d’aujourd’hui mais c’était ainsi et on n’avait pas à discuter du choix des parents sur l’avenir des enfants. C’est l’éducation qu’ont reçu beaucoup d’autres à cette époque, comme nous, les sexagénaires et septuagénaires d’aujourd’hui. Nous avons adopté depuis ce temps révolu une toute autre attitude face à l’éducation de par l’évolution des technologies et des mentalités. Heureusement pour les jeunes !
Revenons aux « flashs » de ma petite enfance. Peu de temps après l’épisode à la gare avec Man’Yo, je la revois en train d’enfiler des bas dans un coin de la cuisine. Intrigante image pour une petite fille de voir dérouler cette soie sur les fortes jambes noueuses de varices de Man’Yo ! Et un peu plus tard encore, elle me tend les

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