Permettez-moi quelques mots
164 pages
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Description

Il n’est pas bon de naître en 1939, avec un père juste en âge d’être mobilisé. Heureusement pour le petit Jean-Claude, sa mère, à peine âgée de 19 ans, ne manque ni de courage ni d’audace et devient bientôt championne de la débrouillardise. Les voici tous deux sur la route de l’exode qui les mènera du nord de la France jusqu’à Orléans en passant par Paris. Une fois passé la Loire, c’est la zone libre. Mais la jeune femme ne peut se passer de son Jules, son époux bien aimé, et elle décide de retourner dans leur petite ville du Cateau. Confié à une voisine, Jean-Pierre multiplie les bêtises puis semble se résigner, même si dans son cœur il ne cesse d’appeler sa mère. Au bout de quatre longues semaines, et un périple digne d’une grande aventurière, celle-ci revient enfin, amaigrie, épuisée, et surtout sans son Jules chéri. Mais où est-il donc ? Heureusement avec toutes les démarches et autres folies de sa très jeune épouse, il lui est facile de la retrouver et bientôt, il obtient une première permission.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414113699
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11367-5

© Edilivre, 2017
+. 1939
Je m’appelle Jean-Claude et puis aussi Emile et Gaston, prénoms hérités de mes deux grands-pères. Le premier, héros de la grande guerre, décoré comme pas un , gazé en 1916, est mort pour la patrie en 1934. Le second, toujours là et bien là, d’une rare intelligence puisqu’il a réussi à rester vivant, – il n’a pas fait la guerre ! passionné de farniente, est toujours prêt à faire travailler les autres.
Bon, revenons à moi. Je suis né le 20 août de cette année, quelques jours avant que n’éclate la seconde guerre mondiale, dans une petite ville du nord de la France qui porte le nom de LE CATEAU, d’une Mère de dix huit ans, Héléna, et d’un Père ayant juste l’âge pour être mobilisé. Ce qui fait que JULES, en l’occurrence c’était son prénom, n’eut le plaisir de m’entendre brailler que peu de temps, puisqu’il partit lui aussi, comme son père, à vingt ans près, à la guerre contre les prussiens. Début septembre, il se trouva incorporé dans un régiment appelé les transmissions . On lui confia, dès son arrivée, une belle moto. C’est ainsi qu’il devînt, sur le champ, motocycliste, chargé du transport des messages par voie terrestre. Je vois encore sur le buffet, chez ma grand-mère, une photo où il chevauche une énorme machine. Quel beau soldat il faisait, tout de kaki vêtu ! Je m’égare.
Septembre : La guerre vient d’être déclarée. Tous les hommes jeunes ont été mobilisés et sont sur le front de l’est, attendant le déferlement de l’armée allemande qui ne vient pas. C’est presque la victoire : les boches ont la trouille ! Se frotter à nos défenses aujourd’hui, s’attaquer à la ligne Maginot, ce serait un véritable suicide, dit-on dans les tranchées.
Septembre se passe, la victoire se fait attendre. Mon père reste mobilisé, et moi qui n’ai que quelques jours, je passe la plupart du temps dans les bras de ma mère. Je braille à longueur de journée, c’est mon langage. Le plus terrible c’est que personne ne le comprend. Quand tu es petit, dès que tu te mets à brailler, dans les quelques secondes qui suivent, tu te retrouves avec une tétine dans les gencives, ou mieux encore, avec un biberon plein d’eau, ou de lait, alors que le chat t’a griffé en douce, ou qu’une guêpe est venue délicatement planter dans ton petit corps un superbe dard. Bref, ma vie commence dans l’incompréhension générale !
Les mois passent, octobre, novembre, décembre. Il fait très froid. L’hiver est bien décidé à montrer sa force, et il ne s’en prive pas. Ma mère et moi sommes depuis quelques temps chez les parents de Maman. Nous vivons chez eux. C’est mieux, sinon nous serions déjà morts de faim. A la guerre comme à la guerre disent les riches, mais les pauvres ne claironnent guère, et nous, nous sommes pauvres. Chez nous, celui qui apporte l’argent, c’est Papa ; et, actuellement, il a autre chose à faire que de nourrir sa famille. La patrie est en danger ! Et il doit porter ses messages coûte que coûte. C’est comme ça d’ailleurs que, malgré eux, certains deviennent des héros. Ce ne fût pas son cas heureusement, car, bien souvent, ces demi-dieux de la guerre sont glorifiés à titre posthume.
Nous vivons donc dans l’attente du retour du soldat qui se fait attendre. Nous sommes maintenant à la fin du printemps. Il fait chaud. La guerre est toujours là, latente, mises à part quelques escarmouches, bien-sûr toujours victorieuses. Et chacun d’entre nous imagine que les choses en resteront là, et que, fatigués de cette situation, les allemands demanderont bientôt l’armistice, ou, mieux encore, vue la force que représente notre armée, signeront tout simplement la paix sans conditions !
Nous sommes en mai, le 10 exactement. C’est le moment que choisit le diable pour lâcher les quatre cavaliers de l’apocalypse. En quelques jours, tout est à feu et à sang. D’abord en Hollande, puis en Belgique où notre belle armée se fait tailler en pièces, non sans courage, mais complètement submergée par un déluge de blindés, et une aviation moderne et surtout présente. Le 27, les belges capitulent sans conditions. C’est la déroute, il n’y a pas d’autres mots, le recul général sur tout le front, on peut dire la débandade. Plus rien ne s’oppose au déferlement allemand ; c’est l’inexorable enfoncement du front. Que reste t’il à la population civile ? Rien. Prise par la même panique, elle doit fuir la férocité , d’autant plus que des bruits alarmants circulent alors sur le comportement des cohortes allemandes envers la population civile : empoisonnement des enfants, viol des femmes, etc…, etc… Enfin, une nouvelle invasion des huns qu’il faut fuir à tout prix.
Là, s’annoncent les prémices de mon grand voyage… L’exode , ce mot peu usité jusque là, va prendre toute son importance, et mettre sur les chemins de pitoyables vagues humaines, ayant entassé, sur tout ce qui roule, leurs objets familiers, les enfants et les vieillards. Je n’ai pas encore un an, et me voilà déjà sur les routes, dans mon landau transformé en voiture de course, pilotée par une mère inquiète. Elle scrute sans arrêt le ciel, à la recherche de ces dangereux moustiques appelés stukas, insectes bardés de mitrailleuses, qui sèment la mort sur les routes, fauchant tout ce qui s’y trouve sans distinction. Ils mitraillent aussi bien les civils que les militaires, et bien entendu les enfants. Dieu merci, je suis petit, et de ce fait, une cible difficile à atteindre. Quelle chance j’ai !… Nous roulons vers le sud en direction de Paris, à environ 5 km/h, stoppés par l’apparition du moindre oiseau dans le ciel, et poussés, sans ménagement, dans le fossé heureusement sec à cette période.
Maman, qui n’a pas encore 19 ans, fait preuve d’un grand courage, mais aussi et surtout, d’un extraordinaire sang froid. Nous sommes plusieurs fois pris pour cibles par ces maudits avions. C’est, à chaque fois, un véritable vent de panique qui souffle le long du chemin, où les principes moraux disparaissent et, où l’instinct de conservation prime sur tout le reste, rendant chacun très égoïste.
Survivre est le principal souci, au détriment de ce qui a fait l’humanité. Les places, ou plutôt les bonnes places dans le fossé, sont rares parce que très convoitées. Il n’est pas étonnant de voir de braves gens, en apparence, se transformer en quelques instants en fous furieux pour des retire-toi de là que je m’y mette ! Maman a appris très vite, elle aussi, à jouer des coudes, pour ne pas dire le reste, et crois-moi, quelques-uns l’ont compris à leurs dépens. Il n’empêche qu’à chaque apparition de ces maudits frelons, c’est, pour ma mère et moi, la chute brutale sur le bas-côté, crispés pour ne pas dire tétanisés, par une peur épouvantable, et complètement paniqués par le bruit des impacts des balles crépitant sur le sol, comme par celui d’une pluie violente lors d’un orage. C’était comme à Gravelotte ! Disait Maman, toute fière d’avoir survécu. Comme si elle avait vécu Gravelotte. Au fait, c’était quoi Gravelotte ?
Après chaque passage, c’est un spectacle de désolation et d’horreur qui s’offre à la vue des fuyards que nous sommes. Et malgré cela, dans l’indifférence totale, à chaque fois le long ruban se reconstitue, pour se remettre en marche, sans se soucier des morts et des blessés gisant çà et là. Beaucoup détournent le regard : Ne rien voir, ne rien entendre, ignorer pour ne pas provoquer la dame à la faux . Bref, faire la nique à la mort  !!!
En temps ordinaires, le bébé que je suis, attire le regard des femmes, et les tracasseries de leurs doigts sur mes joues. Heureusement que mes fesses sont bien protégées par un double lange, sinon, on ne peut répondre de rien avec certaines qui s’esclaffent « Mon Dieu qu’il est beau ! », ou encore quel adorable bébé, ce sera un beau mâle plus tard ; il va en faire pleurer des filles !. Là, rien de tout cela. J’entends t’as vu ? Il est blond comme les boches, dis ! T’as vu ? Et, au milieu des rires incongrus, il fait peut être partie de la cinquième colonne ce petit ? Plaisanteries de bas étages, dignes de mégères non apprivoisées.
Maman dans sa logique habituelle, a décidé d’aller rejoindre sa sœur à Paris. Il n’y a qu’environ cent cinquante kilomètres à faire. Nous avançons toujours cahin caha, à quelques kilomètres à l’heure, et cela malgré ma superbe voiture lancée à fond la caisse comme on dira cinquante ans plus tard. Avec les temps de repos obligés et obligatoires, nous n’atteignons Paris, tant bien que mal, qu’au bout d’une petite semaine. Heureux quand même d’être en vie.
On pouvait penser que là, les choses s’arrangeraient. Et bien non, pas du tout ! A Paris, c’est la même panique, la fuite en avant, bien que la ville soit déclarée Ville ouverte. Et nous voilà encore sur les routes, ma Mère, sans sa sœur, elle était déjà partie à notre arrivée, et moi. Direction cette fois-ci, le centre de la France. – Ils s’arrêteront bien un jour les boches, donc nous aussi disait Maman ! Seulement voilà, où ? Huit jours pour faire cent cinquante kilomètres ! Combien de temps resterons-nous encore sur les routes ? Ceux qui n’ont pas vécu ces moments ne peuvent imaginer ce que fut cette tourmente. L’histoire ne le dira jamais assez. La folie meurtrière des hommes est sans limites. Dès que tu les autorises à tuer, en mettant un fusil dans les mains de gamins de vingt ans, ou mieux encore un char ou un avion de combat, là, plus rien ne les arrête, pas même, et moins encore le fait de tirer sur des civils, qu’ils soient jeunes ou vieux. C’est tellement facile d’en haut. C’est comme un jeu, où il suffit, l’espace d’une seconde, d’appuyer sur un bouton pour culbuter quelques silhouettes…
Notre voyage dure d

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