Rue du Bois
288 pages
Français

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Description

« Dans les années soixante, la jeunesse chantait, dansait, cassait les fauteuils des music-halls, et parfois faisait aussi le coup de poing ! Car des “blousons noirs” commençaient à hanter la nuit des villes et des banlieues. Une nouvelle peur qui s'installait sur la cité, et qui incitait à ne pas trop sortir de chez soi, une fois la nuit tombée. La trouille, c'est ce qui maintient les peuples sages ! Peur de la mort, de la prison, de la guerre, de la misère, que sais-je avec quoi on est capable de leur faire peur aux braves gens, pour leur soutirer leur bulletin de vote ! Ils en avaient vu tellement depuis l'an 40 les braves gens, qu'ils en étaient comme anesthésiés, tout ramollis ! Pensez donc, la guerre, l'Occupation, la déportation, l'Indochine, l'Algérie, la guerre froide, etc. ! Pas une seconde pour souffler ! De la trouille en flux tendu, qu'on lui distillait au peuple de France ! Alors forcément, un jour ou l'autre, il faut bien que ça cesse ! » Pour le premier tome de son autobiographie, l'auteur dépasse de loin la sphère personnelle et la fameuse rue du Bois si chère à son cœur. Pour donner vie à sa saga familiale, il remonte le temps jusqu'au début du siècle et revisite l'Indochine avant de croquer d'une plume haute en couleur le Pantin des années cinquante et soixante. À mi-chemin entre témoignage, page d'histoire et chronique sociale, il orchestre un concentré de nostalgie et de légèreté qui ne peut laisser indifférent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342056884
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rue du Bois
Alain Roué
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Rue du Bois
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://alain-roue.societedesecrivains.com
 
 
 
À ceux qui me furent chers, et qui ne sont plus là pour lire ces lignes.
 
 
 
Trilogie
De pas grand-chose, à presque rien
 
 
 
 
 
 
 
 
TOME 1        RUE DU BOIS
 
TOME 2        BANLIEUE NORD-EST
 
TOME 3        PAR-DESSUS LA BARRIÈRE
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Longtemps, on se dit que l’on a le temps, que l’on a la vie devant soi ! Et puis un jour, on se retourne, et là, surprise, la vie elle est dernière. Sans même s’en être rendu compte, on lui a brûlé les ailes à force de tuer le temps. En définitive, c’est terriblement court une vie ! Et le plus stupide, c’est que l’on n’en prend conscience que beaucoup trop tard.
Cet ouvrage s’attarde sur une existence, qui ne fut en définitive ni plus ni moins intéressante qu’une autre. Il n’a d’autres prétentions, que de témoigner à sa façon d’une époque révolue, d’être le récit d’un voyage effectué au cœur des décennies passées. C’est aussi un regard que d’aucuns jugeront sans doute parfois un peu irrespectueux sur la société, et sur les évènements dits importants qui marquèrent le monde au cours de ces décennies. Une vision dans laquelle, ceux qui ont su prendre un peu de recul et de détachement par rapport aux faits se reconnaîtront sans doute au moins partiellement.
Ce premier volume intitulé Rue du Bois nous conduit de ce que j’appellerai mes origines, jusqu’à ce que j’estime avoir été la fin de mon enfance, et ma première véritable prise de conscience du monde qui m’entourait.
 
 
 
Prologue
 
 
 
Je viens de signer !
Cette fois, c’est fait, l’appartement ne m’appartient plus !
Un simple trait de plume et quelques paraphes au bas d’une liasse de pages dactylographiées ont suffi pour me séparer à jamais du cadre de mon enfance.
Je n’en éprouve pas de véritables regrets !
Bien sûr, cela ne m’aurait pas déplu qu’il continue d’être occupé par un proche, ou d’appartenir à un membre de la famille !
Cela, aurait fait la quatrième génération à vivre entre ces murs.
Ce ne fut pas le cas !
Eh bien ! tant pis !
Il faut dire que la vie a pas mal changé depuis l’année 1940, et les aspirations des nouvelles générations n’ont plus rien à voir avec celles des anciennes. Presque les trois quarts d’un siècle, pensez donc, ça fait un sacré bail !
Alors étrangement, je n’éprouve pas de regrets !
De l’émotion, bien sûr !
Mais de véritables regrets, non !
Peut-être même, une sorte de soulagement, de tourner définitivement la page !
En fait, je referme une porte derrière moi. Conscient que le fait de ne plus être en mesure de la pousser ne me privera en rien des souvenirs qu’elle protégeait et qui resteront éternellement liés à ce lieu.
À présent, le 129 sera dans ma tête. Et bien sûr, également dans mon cœur !
Parce qu’une tête et un cœur sont chose fragile, j’ai préféré faire vivre une fois encore cette adresse au fil de ces lignes, en couchant sur le papier, l’histoire qui me lie à ce lieu. Un témoignage, que je me devais de laisser, avant que ce cœur ne s’arrête, ou que dans cette tête, les souvenirs se diluent jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
 
 
 
Chapitre 1. De Flandre
 
 
 
Tout bien pesé, l’adresse de l’appartement dans lequel j’ai passé mon enfance, en valait bien une autre. Elle avait déjà pour elle, contrairement à beaucoup, de ne pas porter le nom d’un militaire sanguinaire, héros sans gloire de l’une des innombrables défaites de notre trop vieille République.
On aurait même pu lui prêter un petit côté « seizième », si l’on avait voulu se laisser croire en la rédigeant sur une enveloppe que le bois en question puisse être celui de Boulogne. Pas si mal, vous en conviendrez, pour une rue somme toute bien banale, traversant une banlieue ouvrière plus banale encore !
D’autant moins mal qu’autrefois son appellation sonnait plus chic encore, lorsque cette même artère affichait fièrement le qualificatif avantageux de « boulevard ». Mais bon, un jour l’immeuble avait changé de commune, et le boulevard s’était transformé en simple rue !
Enfin, ça, c’est une autre histoire, Eugène Bidule avait perdu un boulevard, et le bois avait gagné une rue ! Sans bouger du moindre centimètre, l’immeuble et quelques pavillons à l’entour, avaient glissé ce jour-là, d’un simple trait de plume, d’une commune à une autre.
Pas banal, me direz-vous, un immeuble qui voyage ! Parce que vous croyez banal peut-être, deux maisons qui se disputent le même numéro de la même rue ? Pas de bis, de ter ou de je ne sais quoi, non 129 tout court, 129 et puis c’est tout !
Le boulevard devenu rue grimpait en pente douce vers Paris, et le 129, je devrais dire les 129 se trouvaient sur la droite, lorsqu’on le remontait. Là-bas au loin c’était la porte des Lilas avec son marché aux puces et son cinéma, avec ses bistrots et avec sa station de métro. Pour parvenir jusqu’à cette porte, il fallait encore à cette époque franchir quelques terrains vagues, devenus plutôt au fil du temps de vagues terrains, vestiges de « la barrière » d’antan. Dernière subsistance forcément éphémère, d’un temps où les chiffonniers vivaient sur la zone dans des baraquements de fortunes, et où les préposés à l’octroi taxaient encore les marchandises qui entraient dans la capitale.
Dans le sens de la descente, on débouchait aussi sur de la verdure. L’appellation « bois » était cependant un peu flatteuse pour désigner cet espace désordonné fait de terrains vagues vallonnés alternant avec quelques bouquets d’arbres. Il y avait cependant assurément là un côté champêtre, aux allures même un tantinet sauvages, à un petit kilomètre à peine des boulevards des maréchaux.
Au 129, je vous l’ai dit, se dressaient deux habitations. Un pavillon de banlieue des plus banals donnant directement sur la rue et un immeuble de trois étages qui se disputaient, ou plutôt se partageaient l’adresse, puisque tous deux appartenaient aux mêmes propriétaires. L’immeuble était maigre et lançait vers le ciel sa silhouette de briques, qui se détachait largement au-dessus des toits des maisons individuelles, majoritaires dans ce quartier paisible, posé délicatement à l’écart de la fureur du centre-ville. En raison de son aspect, cette construction n’aurait pas déparé sur les boulevards de ceinture. Elle avait, du reste, sans doute été construite à la même époque, dans un style semblable à celui des immeubles qui se trouvaient là-bas, et datait comme eux de cette partie de l’entre-deux-guerres, plus proche de la fin de la première, que du début de la seconde.
Un boulevard qui descendait en pente douce vers la route nationale trois, ou qui grimpait lentement vers la capitale, c’était selon. Un immeuble de briques trop maigre posé sur ce boulevard aux larges trottoirs bordés de platanes vigoureux plantés tous les dix ou quinze mètres, et que l’on taillait une fois l’an. Des platanes partout, sauf devant l’immeuble trop maigre. Celui qui avait été planté là était mort asphyxié, victime d’une fuite de gaz. Car dans l’immeuble, de tout temps il y eut le gaz à tous les étages, l’eau courante et même la fée électricité. En fait, un immeuble moderne pour son époque, dans lequel les commodités n’étaient pas même sur le palier, mais bien dans chacun des huit appartements qui le composaient.
Mais, revenons au gaz ! Une fuite donc, l’immeuble aurait peut-être pu sauter, et dans ce cas tout aurait sans doute été différent. Si l’immeuble avait explosé, je n’aurais sans doute jamais existé ! À quoi tient l’existence tout de même, il en faut des concours de circonstances, pour faire un être humain ! Mais l’immeuble n’a pas sauté et le platane est mort. On l’a coupé, débité, on a tout déblayé et voilà, tout est resté comme ça, on ne l’a jamais remplacé. Il n’avait qu’à pas crever ce putain d’arbre, comme si dans les communes, on avait des budgets pour remplacer les arbres défunts ! Alors que l’on peine déjà, pour remplacer les chaussettes à clous des sergents de ville. Un sergent de ville c’est quand même plus utile qu’un arbre, nom de Dieu ! Il faut faire des choix, c’est comme ça. Alors, l’emplacement de l’arbre mort est resté vide pendant des décennies, semblable à un œil de terre noire tout rond dans le pavage du trottoir.
Véhicules et piétons pouvaient à leur guise monter ou descendre le boulevard, et se diriger au choix vers Paris ou vers sa banlieue. Mais dans les caniveaux, l’eau ne disposait pas de ce même choix, l’incontournable exigence de la gravité la contraignait à se diriger toujours immuablement vers la banlieue. L’automne venu la conduisait à emporter avec elle les feuilles couleur de feu tombées des arbres, aidé de temps à autre par le balai constitué de branches nouées autour d’un manche, qu’un balayeur municipal activait dans le sens du courant. En ce temps, l’eau coulant dans les caniveaux ne rencontrait pour ainsi dire jamais alors, l’obstacle aujourd’hui devenu omniprésent que constituent les pneus des automobiles en stationnement, car à cette époque les banlieusards allaient à pied, ou bien prenaient le bus ou le métro. Le filet d’eau pouvait donc en toute quiétude filer vers la première bou

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