Saveurs anecdotiques
190 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
190 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« C'est avec un enthousiasme démesuré que j'ai entretenu une flamme ardente pour les loisirs de plein air. Cependant, je me rends compte aujourd'hui que je suis passé à côté d'autres sujets que j'aurais pu exploiter avec un certain talent. Je suis d'ores et déjà à la poursuite du temps perdu, avec l'intime conviction que je ne le rattraperai jamais. » Jean Maynadies se retourne sur son passé pour prendre acte de ce qu'il a vécu et en léguer une trace à la postérité. Originaire de Béziers, ses années d'enfance sont marquées par le drame de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi par le souvenir heureux des parties de pêche en compagnie de son père, de la colonie de vacances, des premiers émois amoureux, sans oublier le sport et le cinéma... En parallèle de son service militaire, il commence à travailler pour l'industrie du gaz, activités qui l'entraînent à sillonner la France entière et occasionnent de belles rencontres. Il trouve l'amour et coule dès lors des jours paisibles en compagnie de son épouse. Il se ressource au contact de la nature et dans la pratique de la peinture, art pour lequel il éprouve une passion débordante depuis l'adolescence. Ce récit de vie authentique ne manque pas d'humour, égrenant volontiers anecdotes savoureuses et traits d'esprit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342158786
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Saveurs anecdotiques
Jean Maynadies
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Saveurs anecdotiques

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jean-maynadies.societedesecrivains.com
Préambule
Avant d’écrire mes mémoires, je n’avais que très rarement effectué des rétrospectives sur mon passé.
Cela se traduisait, en quelque sorte, par une amnésie quasi permanente. Pourtant, il serait dommageable d’arriver à la fin de ma vie sans se souvenir de mon vécu, j’aurais le sentiment de ne pas avoir existé.
Mon cheminement dans la vie fut semé d’embûches comme tout un chacun, mais aussi de faits pittoresques qui méritent d’être relatés. Si mes parents m’avaient inscrit à des cours particuliers de mathématiques, j’aurais pu, tout comme mon ami intime de jeunesse, le docteur Francis Montané, poursuivre mes études en faculté. Ce fut d’ailleurs un rêve inassouvi qui trottait dans ma tête lorsque j’étais infirmier dans l’Armée de l’air.
Mon père m’a traumatisé dès mon enfance en me rabaissant constamment. C’est probablement pour cette raison que durant toute ma vie j’ai essayé de m’élever en m’investissant dans beaucoup de domaines. De toute évidence, j’étais plus doué manuellement qu’intellectuellement. J’avais une aspiration, celle de suivre des cours aux Beaux Arts pour devenir peintre artistique. Le seul point positif émanant de mon père est de m’avoir initié à la pratique de la pêche, elle devint une passion qui m’anima tout au long de ma vie. Il suscita aussi, en moi, le désir d’aimer la nature en m’y promenant dès mon plus jeune âge. J’ai donc vécu pour elle avec un goût insatiable, sans ambition, en vivant seulement pour vivre et non pour arriver. C’est avec un enthousiasme démesuré que j’ai entretenu une flamme ardente pour les loisirs de plein air. Cependant, je me rends compte aujourd’hui que je suis passé à côté d’autres sujets que j’aurais pu exploiter avec un certain talent.
Je suis d’ores et déjà à la poursuite du temps perdu, avec l’intime conviction que je ne le rattraperai jamais.
Mémoires de Jean Maynadies
Né en 1939, alors que la Seconde Guerre mondiale venait d’être déclarée, je voyais le jour à la clinique Brémond de Béziers. Mes parents habitaient rue Boudard, l’école du même nom était en face de notre domicile. Une entrée du lycée Henri IV était à une vingtaine de mètres de chez nous. Mon père franchissait cette porte tous les jours pour exercer son métier de cuisinier. Il avait précédemment occupé des postes saisonniers dans différents hôtels de la Manche et de la Côte d’Azur, le Négresco entre autres. Au fil des ans, la lassitude de voyager s’empara de lui, la stabilité et la sécurité de l’emploi prévalurent.
Comme souvenirs de mon plus jeune âge, que reste-t-il   ? J’ai toujours, gravé dans ma mémoire, la chute sur le rebord d’une fenêtre et le fait de m’être fendu la lèvre avec obligation de la recoudre. Ma grand-mère qui me gardait était catastrophée, elle n’arrivait pas à se consoler et n’avait de cesse de se culpabiliser. Je l’aimais beaucoup, elle me prodiguait de l’affection contrairement à mes parents qui étaient plus modérés.
Les jours d’école, j’allais à la maternelle du lycée Henri IV. Un soir, alors que j’étais en classe d’études, je fus pris de maux de ventre. Des flatulences discrètes s’échappaient sournoisement, et une, et deux et trois et puis d’autres encore   : ça commençait à sentir mauvais. La chaise devenait glissante, une odeur nauséabonde se faisait sentir et se propagea autour de moi jusqu’au fond de la classe. Plus ça coulait sur la chaise, moins j’osais bouger, j’étais paralysé et ne savais quoi faire. Mes proches camarades alertèrent le surveillant. Mon père fut prévenu aux cuisines et vint me chercher pour me raccompagner à la maison. Ma mère m’emmenait les après-midi au jardin des Poètes. Nous avions un lieu de prédilection qui était un petit ruisseau maçonné sur les côtés et bordé de bancs ombragés. J’avais toujours avec moi un petit seau et une pelle pour jouer dans le sable. Mais là, il n’y avait pas de sable, j’avais quand même ma pelle et avec celle-ci je passais derrière les bancs sur lesquels étaient assises des mamans ou des nurses. Je leur donnais un coup de pelle sur la tête seulement si elles portaient un chapeau. Pourquoi   ? Là est la question. Alors, ma mère furieuse me rattrapait pour m’emmener voir les poissons du grand bassin. Il y en avait de toutes les couleurs, et les remous que provoquaient les gobages des grosses carpes me fascinaient. Est-ce l’origine de ma véritable passion pour la pêche   ? Avec ma grand-mère nous allions nous promener à deux pas de chez nous, place de la Tour   ; de là, une vue splendide s’offrait à nos yeux. Mais, quand elle n’était pas là, je m’amusais dans la rue jusqu’au jour, où au cours d’une bagarre avec un môme du quartier, je lui cassai le nez en lui lançant une pierre.
En l’an 1944, mon père fut muté au lycée Henri IV de Nîmes, nous devions mettre un terme à la location de notre appartement dans lequel nous étions si bien. Mes parents le quittaient avec regret surtout parce qu’il était à proximité du lieu de travail de mon père. Le jour du départ, nous nous rendîmes à la gare, à pied, nos valises à la main   ; moi, je portais une bonbonne de cinq litres vide et le parapluie. Durant l’arrêt en gare de Cette, mon père critiqua l’orthographe, il était loin de penser que Cette deviendrait Sète plus tard.
Arrivés à Nîmes, nous découvrîmes l’appartement de fonction attribué à mon père, il y avait une trotte, et comme mes parents marchaient d’un pas accéléré, j’avais du mal à les suivre avec mes courtes jambes. Il se situait en face d’une place sur laquelle se profilait un temple et sur ce dernier un panneau signalait la présence d’un abri. Une petite porte d’entrée donnait accès à l’appartement par un couloir étroit et sombre. Au rez-de-chaussée, une fenêtre s’ouvrait sur une cour et un escalier montait au premier étage débouchant sur une terrasse. C’était la propriétaire, d’après les dires de mon père, qui habitait là. Nous eûmes vite fait le tour des lieux, cuisine, deux chambres, une petite salle d’eau, les W.-C. se trouvaient dans la cour. Quelle déception, une grande tristesse s’empara de nous, on ne voyait pas le soleil de la journée, quel contraste avec le troisième étage de la rue Boudard à Béziers   !
Nous n’étions pas très loin du jardin de la Fontaine, c’était appréciable pour ma mère et moi, une petite consolation tout de même. La nuit pour se donner un peu d’air, nous dormions la fenêtre ouverte, le pas de l’oie des patrouilles allemandes résonnait d’un son métallique, c’était stressant, surtout le soir avant de s’endormir. Le matin, dès que je franchissais le pas de porte donnant sur la rue, je voyais un char que deux militaires arrosaient abondamment. La journée, avec des enfants du quartier, nous le regardions avec extase   : pour nous, gamins, c’était plutôt un jouet qu’un engin destructeur. Quand nous nous approchions, les troufions nous donnaient du chocolat et du chewing-gum   ; ils étaient gentils et nous adressaient quelques mots.
Je me souviens de la première alerte   : nous n’avions que la rue à traverser pour rejoindre l’abri. Ma mère emportait toujours un paquet de sucre et une bouteille d’eau. L’attente de la fin de l’alerte était angoissante, les gens étaient assis ou debout, figés, comme interdits de paroles. Le silence pesait lourdement, et quand retentissait la sirène annonçant la fin de l’alerte, c’était une délivrance. Au fil des jours, cette scène se répétait et devenait coutumière, nous avions moins peur. Nous retrouvions toujours les mêmes personnes, elles parlaient entre elles de plus en plus après chaque alerte.
Au bout de quelques mois, six mois peut-être, nous fûmes réveillés en sursaut au milieu de la nuit par un bombardement intense   ; il était pourtant assez loin, mais nous avions l’impression que tout s’écroulait autour de nous. En toute hâte, nous enfilâmes nos vêtements et en courant nous fonçâmes vers l’abri.
Le lendemain, nous apprîmes que cent dix personnes avaient péri. Nous étions peinés, mais soulagés de ne pas faire partie du nombre des victimes. Les jours se succédaient et se ressemblaient, nous n’avions pas d’automobile, la seule sortie se passait toujours au jardin de la Fontaine. Nous attendions la fin de la guerre avec impatience, car nous ne mangions pas à notre faim. Pourtant mon père manipulait de la nourriture tous les jours, il aurait pu calmer nos appétits   ; seulement, voilà, il était honnête et ne rapportait rien des cuisines du lycée. Quand la propriétaire en été, les fenêtres grandes ouvertes, battait des œufs pour faire une omelette, nous nous disions que par pudeur, vis-à-vis de nous, elle aurait pu être plus discrète. Nous n’en avions évidemment pas, seul le marché noir aurait pu nous en procurer. Un jour, un gros orage éclata, j’étais dans la cour pour faire je ne sais quoi, mon père m’ordonna de rentrer, l’endroit devenait dangereux, il avait raison, le tonnerre grondait et les éclairs fusaient dans le ciel. Une fois à l’intérieur, je m’assis sur une chaise et m’installai devant la fenêtre en allongeant mes jambes sur le rebord. Quelques minutes après, un éclair foudroyant s’abattit dans la cour où je me trouvais quelque

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents