Souvenirs d une hôtesse de l air
254 pages
Français

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Souvenirs d'une hôtesse de l'air , livre ebook

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Description

Dès son plus jeune âge, Christine a été attirée par tout ce qui touche à l’aviation. En dépit des réticences de ses parents, elle va bientôt s’engager corps et âme dans le métier d'hôtesse, souhaitant ardemment partager la grande aventure du transport aérien encore balbutiant.
Après des débuts modestes dans des petites compagnies et dessertes de proximité, elle va rapidement gravir tous les échelons pour terminer sa carrière en tant que chef de cabine, sur le Concorde assurant la ligne Paris - New York.
Sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille. Elle sera souvent tiraillée entre ses aspirations professionnelles et sa vie personnelle. Le métier est très exigeant. Il lui faudra faire des choix douloureux à plusieurs reprises.
Mais, fidèle à son idéal de jeunesse, elle optera toujours pour son choix initial.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 11
EAN13 9782334146739
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-14671-5

© Edilivre, 2016

La vocation
Tous les étés, je passais le premier mois des vacances scolaires chez mes grands-parents paternels, dans le Sud-Ouest.
Leur maison, située à une vingtaine de kilomètres de la nôtre, était un ancien manoir restauré, niché dans un bois assez clairsemé, en bordure d’une modeste rivière.
Chaque matin, nous partions en promenade vers dix heures, avec mon grand-père, en respectant une certaine régularité, sans le chercher vraiment.
Arrivés à proximité du cours d’eau qui clapotait joyeusement, nous entendions souvent un grondement d’abord assourdi, puis de plus en plus fort.
En levant la tête, nous ne tardions pas à apercevoir un avion au ventre gris, qui se déplaçait de gauche à droite dans le ciel.
Dès la première fois, je suivis son vol, fascinée par cette masse un peu pataude qui paraissait se mouvoir sans aucune difficulté et se diriger avec sûreté vers une destination que j’imaginais lointaine.
Je questionnais mon grand-père. Il avait longtemps travaillé sur la base aérienne d’Istres. Après le débarquement en Provence, en août 1944, quand les alliés ont récupéré la base, les anciens ont été autorisés à la visiter. Il s’y rendit à plusieurs reprises accompagné de camarades de travail. De nombreux DC3 de l’US Air Force stationnaient en plein air. Aussi il reconnut sans peine le type d’avion qui nous survolait.
— Il s’agit d’un Douglas DC3 , me dit-il. Dans l’armée nous l’appelions un Dakota . C’est un merveilleux engin, robuste, rustique même, qui a rendu d’immenses services aux troupes américaines au cours du conflit. Tout particulièrement au moment du débarquement en Normandie.
— Tu as volé dans cet avion, grand-père ?
— Oui, à deux reprises. La première fois pour un baptême de l’air offert à toute notre unité. Nous avons embarqué par groupes de trente, à tour de rôle, car la capacité de l’avion était limitée à ce nombre. L’avion a mis le cap sur la Méditerranée, survolée une dizaine de minutes avant de faire demi-tour. Si je me souviens bien, le vol avait duré environ une heure.
— Comment c’était grand-père ?
— Fantastique ! Le beau temps nous avait permis de profiter au maximum du paysage, car nous volions à basse altitude, six cents mètres environ avait annoncé le pilote. On nous a permis de faire un tour dans le poste de pilotage, qui n’était d’ailleurs pas séparé de la cabine où nous étions assis sur des bancs adossés à la carlingue. Les moteurs faisaient un vacarme assourdissant ! On ne s’entendait pas parler. Il fallait crier.
— Tu n’as pas été malade ?
— Non, pas du tout. L’avion était stable, sauf au passage entre la terre et la mer où nous avons eu droit à quelques trous d’air.
— Je crois que j’aurais eu peur, moi !
— Non, au contraire, c’était grisant !
Pendant tout le chemin du retour, je repensais au récit de mon grand-père, partagée entre l’envie de voler un jour et l’appréhension à l’idée de quitter le sol. Imaginer de flotter dans les airs, en suivant le bon vouloir de cette machine pour moi si mystérieuse me donnait de délicieux frissons.
Par la suite je me pris à guetter l’avion et j’approfondis mes connaissances en questionnant mon grand-père, ravi de partager son savoir aéronautique.
Bientôt je fus incollable sur le DC3 , car c’était le seul appareil qu’il connaissait.
À la maison, penchés tous les deux sur un vieil atlas, nous avons essayé de deviner d’où provenait ce vol qui semblait régulier, et quelle pouvait être sa destination. Étant réduits à des conjonctures, nous avons pensé qu’il volait du sud-ouest de la France, probablement Bordeaux, vers une ville d’Espagne, peut-être Madrid.
L’avion fut fidèle au rendez-vous durant trois ans. Puis il disparut, me laissant un sentiment de vide. Comme s’il était devenu pour moi une sorte de compagnon dont j’appréciais le retour régulier et fidèle.
* * *
Ayant obtenu le bac mention bien, mes parents m’annoncèrent une grande nouvelle.
Pour récompenser mon bon travail et m’ouvrir au monde, ils me proposèrent d’aller passer un mois de vacances à Paris, chez mon oncle Olivier, le frère de mon père.
Avec sa femme Juliette et leur fils André, à peine plus jeune que moi, ils venaient chaque année au moins d’août passer une semaine à la maison. Je les connaissais donc bien et cette proposition m’enthousiasma, d’autant plus qu’Olivier travaillait à l’aéroport d’Orly dans un service de maintenance des avions. Depuis ma découverte du DC3, je le harcelais de questions sur son travail, ses activités, rêvant à ces heureux passagers qui partaient à la découverte d’autres horizons.
Je pris facilement mes marques dans leur charmante maison, une petite villa bâtie en lisière de l’aéroport d’Orly. C’était pratique pour mon oncle qui était à deux pas de son lieu de travail.
Ma tante avait préparé à mon intention une chambre, qu’elle nommait « la chambre d’amis ». La pièce était petite, décorée avec beaucoup de goût et une touche de préciosité, de raffinement féminin. L’unique fenêtre ouvrait sur un jardinet fleuri orné d’une fontaine qui distillait des cascatelles joyeuses et servait d’abreuvoir aux nombreux oiseaux des alentours.
Au début, je me sentis déconcertée par cet espace exigu, habituée que j’étais aux vastes perspectives de la campagne, chez mes grands-parents. La chaleur de l’accueil et l’agencement soigné des lieux me mirent rapidement à l’aise.
Toutefois, je remarquai le peu d’empressement qu’André, mon cousin, manifestait à mon égard. Pourtant, ses parents ne se faisaient pas faute de l’encourager à s’occuper de moi. Je résolus de ne rien brusquer. Peut-être avait-il peur que j’accapare trop sa famille. Il était fils unique, très choyé. Cette étrangère, cette intruse, n’allait-elle pas le détrôner de la place centrale, dans son foyer ?
J’en eus la confirmation lorsqu’au cours du repas du soir, Olivier m’a proposé de l’accompagner à Orly le lendemain.
— C’est dimanche. Tu as sans doute entendu parler des dimanches à Orly. Ne serait-ce que par la chanson de Gilbert Bécaud. J’aimerais te montrer les fameuses terrasses. Tu verras le mouvement incessant des avions. Ça te tente ?
Il ne pouvait pas me faire plus plaisir.
— Oh, j’adorerais !
Je lui parlai de mes promenades avec grand-père et de mes rendez-vous avec le Dakota.
— Oh, oh, ma fille, tu retardes ! C’est un modèle que tu risques de ne pas voir sur les tarmacs. Une antiquité qui vole encore, employée par des compagnies de seconde zone, sur des dessertes mineures. Mais je serais ravi de te faire découvrir les flottes actuelles. Si ça t’intéresse, bien sûr.
— Oh oui. Je sens que je vais adorer ! Mais, dis-moi ce que sont les tarmacs.
— Les emplacements d’un aérodrome réservés au roulage des avions, au stationnement et à l’entretien. Tout ce qui n’est pas les pistes.
J’avais répondu d’un tel enthousiasme, qu’il parut un peu surpris. Quoi ? Une fille s’intéresserait à l’aviation ? Se souvenant sans doute de mes questions incessantes quand il venait chez nous et de l’attention religieuse que je portais à ses explications, il ajouta :
— Donc, c’est d’accord. Lever à six heures. Départ à sept, pour que j’aie le temps de te piloter un peu dans l’édifice avant de prendre mon travail.
Je m’aperçus qu’il guettait ma réaction, anticipant sans doute une hésitation ou un refus pour un lever si matinal, alors que je commençais tout juste mes vacances. Il en fut pour ses frais.
À voir la tête d’André, je compris immédiatement que je venais de m’en faire un ennemi. Son père allait s’occuper exclusivement de moi pendant une partie de la journée. Il devait se sentir abandonné, laissé pour compte.
J’avais réglé mon réveil sur cinq heures quarante et je fus dans la cuisine avant mon oncle, pour le petit-déjeuner. Ma tante avait tout préparé la veille au soir et nous nous sommes retrouvés seuls, tous les deux.
Anticipant une question, il me précisa qu’André n’était pas un matinal. De plus Orly et les avions n’étaient pas trop son truc. Je compris mieux sa réaction de la soirée. Pour mon oncle, sans doute, l’ordre normal aurait voulu que ce soit le garçon qui se passionne pour l’aviation.
L’arrivée à Orly m’impressionna. Bâtiments que je trouvais gigantesques, trafic routier important, et dans le ciel, le ballet incessant des avions. Décollages et atterrissages se succédaient en une ronde savamment orchestrée, un mécanisme bien rodé et parfaitement efficace.
Olivier gara sa voiture dans un espace réservé au personnel. Je fus intriguée par les contrôles de police, d’autant plus pointilleux qu’il était accompagné par une inconnue. Il m’a fallu décliner mon identité.
En suivant un dédale de couloirs, une succession d’escaliers qui tantôt s’élevaient vers les étages, tantôt paraissaient s’enfoncer dans les entrailles de la terre, nous avons finalement débouché dans un hall gigantesque, éclairé par de nombreuses verrières. Sur notre gauche d’immenses panneaux d’affichage annonçaient les arrivées et les départs. De petits volets mobiles cliquetaient à chaque changement d’annonce. Je fus frappée par le fait que la plupart des gens qui pénétraient dans ce hall levaient les yeux vers ces panneaux. Comme si leurs regards étaient aimantés, qu’ils ne s’intéressaient plus à rien d’autre.
En longeant le hall, je croisai des jeunes femmes en uniforme. Je devinai qu’il s’agissait de celles que l’on appelait des hôtesses de l’air. Un nom qui me faisait rêver. J’en avais déjà vu en photos. Mais les côtoyer d’aussi près, si brièvement que ce fût, et penser que dans quelques instants elles seraient dans le ciel, attentives au confort et à la sécurité des passagers, me causait un trouble bizarr

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