Tables bancs
134 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
134 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Admis en classe de sixième au lycée de Bonaberi, le jeune Akosso voit sa vie scolaire basculer dans un nouvel environnement. Une école plus grande, de nouveaux camarades, et en salle de classe, une valse ininterrompue de ''professeurs'' dispensant chacun l'une des nombreuses matières dont se chargeait il y a moins d'un an le ''maître ou la maîtresse'' d'école. Réussira-t-il à trouver sa place dans ce nouveau cosmos malgré le chaos que cela lui inspire? A travers le regard naïf et innocent du jeune Akosso, faites une immersion dans l'univers scolaire précaire mais attachant des lycéens du Cameroun et d'Afrique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2021
Nombre de lectures 149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TABLES BANCS
Roman
1
LEONEL AKOSSO
TABLES BANCS
Roman
2
© Copyright Éditions Camaroes, 2019
Makepe-Douala
Email : camaroesbook@gmail.com
3
Du même auteur
La honte, pièce de théâtre, 2021 Réflexions écologiques, essai , 2020 Platoniques,recueil de poèmes, 2019
4
Cette histoire, bien qu’inspirée de faits réels, est une pure fiction. Les noms des personnages sont le fruit de mon imagination. Quant aux évènements, je suis certain que beaucoup de personnes que j’ai rencontrées s’y reconnaitront.
5
L’AUTEUR
-1-
Débuts
Une salle de classe. Des élèves plutôt grands, plus costauds et plus charnus que moi sagement assis sur leurs tables bancs. Devant, un maitre,ou plutôt un professeur en train d’expliquer un problème mathématique. Moi, je ne fais que regarder autour de moi, l’air hagard. Qu’est-ce-que je fais là ? La rentrée, ce n’étaitpas censé être pour demain ? Et puis, pourquoi ces élèves-là me regardent avec un sourire au coin de la joue, l’air moqueur ? Peut-être ce sont mes lacets, il arrive qu’ils se délacent tout seul. Pourtant, maman m’a appris à les nouer chaque matin que j’allais à l’écoleprimaire, mais, nonchalant que j’étais, je ne pigeaisalorsrien. Ou c’est mon col, j’ai oublié de le plier comme il se doit. Ou bien ce sont mes cheveux. Ouais, j’ai encore oublié de les peigner. Et le professeur, je le vois qui s’arrête et me regarde ; lui aussi va-t-il me faire un constat malveillant ? Va-t-ilm’expulser? Je l’entends qui m’appelle:
6
-AKOSSO, c’est bien vous, non? Au tableau.
-Oui, monsieur
Et je me lève, lentement, fidèle à ma démarche nonchalante, je me dirige vers le tableau. Autour de moi, les sourires moqueurs deviennent moins discrets, ils se transforment en ricanements sous les casiers ou en chuchotements entre condisciples. Ce n’est qu’en face du professeur que je comprends enfin la raison de ces railleries acerbes.
-Mais quel est cet accoutrement monsieur, où est votre pantalon ?
- Mon pantalon ? Mon pantalon !
Et c’est sous un concert plus prononcé de rires, de craquements de côtes et de tam tam dans les casiers que je sors précipitamment de la salle de classe, cachant mon caleçon français. La voilà la gaffe: je n’ai pas mis mon pantalon. Dehors, une lumière m’éblouit et bientôt m’aveugle. Et j’entends en arrière fond la voix berçante mais insistante de ma mère qui me dit : « Réveille-toi, réveille-toi…»
-Réveille-toi, Bili. Tu as oubliéqu’aujourd’hui,c’estle jour de la rentrée ? Tu ne veux quand même pas être en retard pour ton premier jour de collège ?!
7
C’est en sursaut, qu’enfin, j’émerge. Loin de ce cauchemar traumatisant qui m’a accompagné toute la nuit« : ce n’était qu’un mauvais rêve».
-Maman, si tu savais le rêve que je viens de faire, c’étaitterrible, j’étais à l’écoleet
-Pas le temps de suivre tes rêves, il est six heures et vingt minutes, si tu ne te prépares pas immédiatement, tu seras en retard. Ton seau d’eau t’attend dans la douche, brosse-toi vite les dents etva te laver, n’oublie pas que tu n’es pas seul.
Stop. Celle qui fait la maniaque de la préparation, c’est ma mère. Bref focus sur ce bout de femme: elle est celle qui m’a tenue la main depuis que je suismorveux pour aller à l’école, pour répéter mes courset m’aider à faire mes devoirs. C’est un peu grâce à elle sije suis arrivé jusqu’ici, en SIXIEME. Je ne vous dis pas quel a été le « lourd tribut » de ce brillant parcours du néophyte de dix ans qui se prépare pour son premier jour au Lycée de BONABERI. Des bosses sur la tête, des jeux avec les amis interrompus ou avortés et des dessins animés censurés par l’opiniâtreté de cette maitresse de maisontyrannique. Et à voir le rythme qu’elle m’imposait à cet instant, on dirait bien que c’était reparti.
8
Sitôtréveillé, j’ai enfoui ma vieille brosse à dents dans la bouche et zest ! Direction la douche pour une brève mais rigoureuse toilette corporelle. L’opération n’avait pas duré plus de quinze minutes.
Chez les AKOSSO, le réveil au matin se fait toujours tambour battant, en période de classe comme en période franche. Et cela est dû à la discipline quasi-militaire imposée par la maitresse de maison, elle-même fille de militaire. Tout est réglé au millimètre près. Ce qui nous a fait développer des réflexes quasi pavloviens. Prière matinale, lavage des dents, toilette corporelle, petit-déjeuner et direction l’école. Tel était le train-train matinal de ces sept dernières années d’école primaire et visiblement, ce n’était pas prêt de s’arrêter, surtout que dans son rôle de ménagère, ma mère ne recevait aucune opposition, encore moins de celle de mon père qui assistait à ce spectacle dans une indifférence et un mutisme que nous tous lui reconnaissions. Non, lui, c’était plutôt le tiroir-caisse de la maison, le guichet de sortie auprès duquel tous les rejetons AKOSSO devaient passer pour recevoir leur argent de poche. J’avais déjà fini de me préparer et je m’apprêtais à me présenter au « guichet » pour recevoir ma pension journalière, parfois
9
hebdomadaire. Auréolé par mon statut de collégien, je me doutais bien que celle-ci allait être revue à la hausse.
-Je vois que tu as troqué ta culotte bleue de l’école primaire pour un pantalon plus élégant, tu grandis, petit !ça mérite deux cents francs ! Tu prends le petit-déjeuner à la maison, je crois que cela suffira. C’est cent francs de plus.
-D’accord, papa.
Je m’en retournai quand il me rappela pour me faire un long sermon sur l’importance de l’école, de la discipline et du sérieux en milieu collégien. L’enfant que j’étaisrecevait plutôt bien ces sermons, mais l’adolescent que j’allais devenir n’allait pas tarder à les trouver ennuyeux.
Mais revenonsà ce premier jour d’école. C’est donc gavé par le sermon paternel et riche de deux cents francs que je sortis de la maison familiale pour prendre la direction du lycée. Je n’avais pas encore fait cent pas qu’une pluie battantes’abattit sur ma tête comme il en tombe étrangement tous les premiers jours d’année scolaire. Elle crépita sur moi et sur toute la ville. C’est aux pas de course que je revins à la maison chercher mon imperméable. En ouvrant la barrière rouillée de notre rustique maison, je vis ma mère munie d’un imperméable et d’un
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents