Tu honoreras ton père, mon semblable au cœur de pierre
360 pages
Français

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Description

Voici l'histoire crue et brutale de la vie de Michel. Dans le cocon familial, il évolue entre sa mère attentive, son père autoritaire et violent, et ses grands-mères, lesquelles lui offrent de purs moments d'évasion.

Rien ne nous est épargné dans ce récit : ni les scènes catastrophiques régulièrement provoquées par ce père schizophrène, ni les premiers émois, ni les premiers écrits, ni les premières amours, ni les peines, ni les joies. On progresse ainsi pas à pas dans la vie de celui qui aura tant de mal à aimer son père.

Il ira même jusqu'à l'oublier. Puis survient le moment où, alors que Michel est paisiblement installé dans la vie, ce père si soigneusement évité revient sans crier gare, et l'on se retrouve sur le quai de la gare, à crier...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332858153
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-85813-9

© Edilivre, 2015
Dédicace


… à Mourette.
Préambule
Comment sortir indemne d’une existence au cours de laquelle les relations avec le père ont été systématiquement compliquées, tendues, violentes, en dépit de pauvres éclaircies ménageant de rares instants de bonheur sous un ciel bien orageux ?
Comment pardonner ces brimades, ces cris, ces emportements, ces coups généreusement distribués ? Comment effacer l’ambiance de crainte et de terreur qui régnaient de façon quasi systématique lors des repas ? Comment effacer le harcèlement moral qui, dans la solitude que mon père s’était choisie, le conduisit à me tourmenter à distance à la fin de sa vie ?
La maladie, en l’occurrence la schizophrénie, peut-elle être seule responsable de ces états d’âme véhéments ?
Comment faire comprendre aux personnes du large cercle familial, aveuglées par l’aura artistique et le charisme de celui qui pouvait se montrer prodigieusement intéressant, attentionné, affectueux, attentif, que le même homme, artiste, poète et troubadour, pouvait exceller dans les propos véhéments et l’incontournable violence physique lorsque il redevenait père et époux ? L’aveuglement était tel qu’il pouvait aller jusqu’au déni.
Comment expliquer aux innombrables admirateurs, amis et sympathisants divers ayant croisé le sentier du « troubadour » que ce dernier pouvait se montrer ô combien exécrable envers ses proches ?
Le récit qui suit décrit mon existence de mon plus lointain souvenir d’enfance jusqu’au dénouement suprême, quelques cinquante années plus tard, au cours desquelles j’eus régulièrement à subir et à supporter les sautes d’humeur de mon honorable géniteur, artiste génial, autodidacte, prolifique mais aussi cruel, jusque dans l’ultime phrase qu’il me dédia.
M.W.
« Pourquoi papa ne travaille-t-il pas ? » demandai-je un jour à ma mère. Si la question lui parut certainement embarrassante, la réponse dût l’être tout autant car elle m’était destinée, du haut de mes sept ans. Maman, que mon père appelait Anna, se devait de trouver les mots justes.
« Tu sais bien, il a fait le facteur.
– Oui, mais ça fait longtemps, répliquai-je
– Il est malade.
– Pourquoi n’est-il pas tout le temps au lit, alors ?
– Il joue de la musique et il écrit », conclut alors ma douce mère.
Je dus momentanément me contenter de cette explication car elle n’était pas fausse. En effet, mon père Ludovic jouait fréquemment de la guitare, composait et interprétait les chansons qu’il écrivait. Il avait même fait partie d’un, puis deux orchestres de bal musette qui animaient les fêtes de la vallée du Comminges où nous résidions. L’un s’appelait : « les diables rouges », l’autre : « les bat mens ».
Il arrivait également à papa de s’aliter de façon impromptue.
Chapitre 1 La maison de Gaud – Merci mamie
Le plus lointain souvenir de mon père remonte à ma deuxième année : je suis fou de joie, assis sur les genoux de ma mère, elle-même sur le siège passager de la Simca 6, tandis que le paternel manœuvre avec brio l’immense volant tout blanc de cette auto de couleur rouge… Je revois aussi le levier de vitesse au pommeau blanc, et il me semble entendre encore le vrombissement du moteur de ce « bolide » mené par mon père tout sourire.
« Ludo, il est fou de cette voiture ! » criait alors ma mère, aux anges.
Nous étions au début des années soixante, le transistor crachotait des musiques modernes et des chansons dont certaines étaient incompréhensibles, mais à leur écoute on ne pouvait s’empêcher de battre la mesure en tapant du pied, ainsi que j’avais vu certains adultes le faire. Papa ne les chantait pas. Par contre, il jouait fréquemment à la guitare l’air : « Enfants de tous pays » de Enrico Macias, et le médiator était pris d’une frénésie magique en grattant les cordes. La casse d’une d’elles mettait bien souvent un terme à la séance, tandis que le virtuose entonnait : « Anna ! je n’ai plus de corde. Il me faut une MI Argentine ! ». Un jour, ce fut le plectre qui cassa. Avec rage, Ludovic se saisit d’un couteau et tailla dans la poubelle un nouveau médiator. Je ne me souviens pas si le nouvel accessoire fut aussi efficace qu’un vrai, mais la poubelle s’en trouva mutilée à vie !
Nous habitions alors une petite maison louée à tante Joséphine (sœur de Louise, ma grand-mère maternelle), au bord de la nationale 125, juste devant le panneau signalant la localité de Gaud.
Ce n’était pas un palais, loin de là, mais elle avait l’aspect d’une petite bicoque grise aux volets de bois délavés, lui donnant un air gentillet de maison de conte. Elle était composée d’une entrée avec à droite la porte donnant sur la cuisine, et en face un escalier. Sous cet escalier ; un petit réduit tenait lieu de point d’eau, avec un lavabo de pierre rouge surmonté d’un robinet en bronze, le tout éclairé par une fenêtre donnant sur la scierie des voisins. Deux chambres constituaient l’étage : la première qui m’était destinée, de par ses modestes dimensions, la plus grande étant la « suite » parentale. De mon lit, je pouvais voir les marches d’un autre escalier permettant d’accéder au grenier, condamné par une porte verrouillée. Sur une de ces marches qui partaient en colimaçon était disposé mon pot de chambre en émail bleu, car à l’époque les sanitaires se réduisaient bien souvent à ce genre d’accessoire. Mes parents utilisaient un seau muni d’un couvercle.
De temps à autres, des cris et des disputes résonnaient dans cette petite maison, probablement étouffés par le bruit de la circulation sur la route, par le vacarme de la scierie de l’autre côté, et par les remous du torrent de La Pique toute proche. Mais moi, je les entendais.
J’ignorais bien entendu les raisons de ces échanges violents, et inconsciemment je tremblais de peur. Pour ma mère, bien sûr, mais aussi pour moi, car les corrections physiques étaient fréquentes. Papa criait plus fort qu’elle.
Maman travaillait dans un grand hôtel à l’entrée du village, et semblait heureuse de cet emploi. Papa à cette époque faisait tour à tour le cantonnier, les annonces municipales au porte-voix et aussi le facteur, à titre de remplaçant. Ses cheveux étaient coupés en brosse, il portait la moustache et fumait souvent des cigarettes, ce qui lui donnait l’occasion de toussoter en petites quintes répétées, comme un tic nerveux. Bien qu’il ne fut plus militaire actif, il se coiffait d’un béret basque porté à la façon des chasseurs alpins, bien calé du côté droit.
Un jour, la Simca 6 tomba définitivement en panne, malgré les efforts de tonton Michel qui avait mis tout le moteur en pièces sur une couverture. Une fois remonté, le moteur redémarra aussitôt, mais finit par rendre l’âme peu de temps après, vaincu par l’usure.
Ce fut donc un superbe vélo jaune aux minuscules sacoches métalliques qui remplaça l’auto. Assis en amazone sur la barre supérieure du cadre, mes mains sur le milieu du guidon, je prenais place sur cette bicyclette, tandis que le paternel m’entourant de ses bras velus pédalait ferme pour me conduire à l’école Notre Dame, où je débutais ma scolarité.
Les nones appartenaient à l’ordre des Servantes de Marie et assuraient les cours. A la cuisine, une brave sœur d’origine basque et à la voix forte s’activait aux fourneaux, mais le résultat n’était pas toujours à la hauteur des efforts déployés. Il était fréquent que je demeurasse longtemps après le repas devant mon bol de soupe froide couvert d’une pellicule peu appétissante, contraint de finir le peu ragoûtant breuvage… Sinon, les nones m’adoraient, et si la majorité des élèves étaient des filles, cela ne me posait pas de problèmes. J’adorais partager leurs jeux de poupées.
L’apprentissage de la lecture m’était fort pénible ; je me revois butant sur les mots, ponctuant mes phrases de longs silences mis à profit par mes congénères augurant de mes hésitations pour se dissiper.
Les journées étaient fort longues, aussi avais-je hâte de rentrer le soir, afin de retrouver mes livres de « Tartinet » ou « le journal de Mickey ». Je ne me lassais pas de contempler les pages illustrées et tentais d’en comprendre l’intrigue.
Le jeudi, j’allais chez mamie à Cierp, le village adjacent au nôtre. Il suffisait de quelques minutes de marche pour s’y rendre. Là, j’étais attendu comme le Messie. Entouré de mémé, veuve de guerre, de Monsieur Isidore Artigue (on avait fini par contracter Monsieur et Artigue, ce qui donnait phonétiquement : « meussiartigue » !) son compagnon, ancien combattant de la Grande Guerre, et de mamie, j’étais comme sur un nuage, jouant sans répit dans l’immense jardin savamment cultivé entre rigoles, fontaine, allées et massifs. Aussi quand sonnait l’heure du retour au foyer, je n’étais pas forcément volontaire !
Chez mamie Louise, donc, la vie semblait rythmée par les travaux du jardin, les commissions au village, et surtout par les « informations » écoutées religieusement toutes les heures par mémé et M. Artigue, devant l’unique récepteur de radio de la maison, un PHILIPS en bakélite au cadran transparent sur lequel d’innombrables noms de villes étaient inscrits en lettres blanches, savamment éclairées lorsque l’appareil était allumé. N’importe où que l’on soit dans la maison ou le jardin, lorsque l’indicatif musical des « nouvelles » retentissait, on ne pouvait ignorer qu’une heure venait de s’achever et que, devant le poste, deux êtres se recueillaient en raclant la gorge, opinant du chef ou secouant la tête à l’énoncé du journal parlé… Ce qui me paraissait bien étrange, c’est que toutes ces informations étaient captées par un curieux fil marron boudiné en un long ressort courant sur plusieurs mètres

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